Élection présidentielle mozambicaine de 2024
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Élection présidentielle mozambicaine de 2024 | ||||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
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Inscrits | 17 169 239 | |||||||||||||
Votants | 7 238 027 | |||||||||||||
42,16 % ![]() | ||||||||||||||
Votes exprimés | 6 777 113 | |||||||||||||
Votes blancs | 255 313 | |||||||||||||
Votes nuls | 205 601 | |||||||||||||
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Daniel Chapo – FRELIMO | |||||||||||||
Voix | 4 416 306 | |||||||||||||
65,17 % | ||||||||||||||
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Venâncio Mondlane – Indépendant[a] | |||||||||||||
Voix | 1 639 333 | |||||||||||||
24,19 % | ||||||||||||||
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Ossufo Momade (en) – RENAMO | |||||||||||||
Voix | 448 738 | |||||||||||||
6,62 % | ||||||||||||||
Président de la République | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Filipe Nyusi FRELIMO |
Daniel Chapo FRELIMO | |||||||||||||
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L'élection présidentielle mozambicaine de 2024 a lieu le afin d'élire le président du Mozambique. Des élections législatives et provinciales ont lieu le même jour.
Le président sortant Filipe Nyusi ne peut se représenter pour un troisième mandat consécutif. Son parti, le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), au pouvoir depuis 1975, avance la candidature de Daniel Chapo. Ce dernier est largement favori dans un contexte de fraude électorale répétées en faveur du FRELIMO.
Contexte
[modifier | modifier le code]Le Mozambique est gouverné par le Front de libération du Mozambique (FRELIMO) depuis sa victoire sur le Portugal lors de la guerre ayant aboutie à l'indépendance du pays le 25 juin 1975. D'abord parti unique d'une république populaire marxiste-léniniste, le FRELIMO accepte de faire passer le pays au multipartisme en 1992 à l'issue de la guerre civile l'opposant à la Résistance nationale du Mozambique (RENAMO), tout en remportant l'ensemble des scrutins organisés depuis.
L'élection présidentielle d'octobre 2019 voit ainsi la réélection du président sortant Filipe Nyusi avec plus de 73 % des voix à l'issue d'une campagne électorale marquée par des violences et des intimidations envers la société civile. Il bat notamment Ossufo Momade, candidat du principal parti d'opposition, Résistance nationale du Mozambique (RENAMO), ainsi que Daviz Simango, candidat du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM). La constitution de 2004 limitant à deux le nombre de mandats présidentiels, Filipe Nyusi ne peut pas être candidat en 2024[1],[2],[3].
Le 5 mai 2024, un congrès du comité central du FRELIMO abouti à la désignation de l'ancien gouverneur de la province d'Inhambane, Daniel Chapo, comme candidat pour parti à la présidentielle[4]. C'est la première fois que le parti au pouvoir présente quelqu'un né après l'indépendance, et non un vétéran de la guerre d'indépendance. Largement favori du scrutin, Chapo bénéficie ainsi d'une image de renouveau, tandis que ses opposants l'accuse de n'être qu'un pantin pour la veille garde du parti[5],[6].
Outre Daniel Chapo, l'élection voit s'opposer Ossufo Momade (en) de la RENAMO, Lutero Simango du MDM et Venâncio Mondlane un indépendant transfuge du RENAMO soutenu par le Parti optimiste pour le développement du Mozambique (PODEMOS) et la Coalition alliance démocratique (CAD). Sept autres candidats dont notamment Miguel Mabote du Parti travailliste (PT) ainsi que Dorinda Catarina du Mouvement national pour la récupération d'un Mozambique uni (MONARUMO) présentent leur candidature mais ne parviennent pas à la valider faute d'avoir rassemblé le nombre requis de signatures[7],[8],[9],[10].
Système électoral
[modifier | modifier le code]Le président de la République est élu au suffrage universel direct uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans. Si aucun candidat ne remporte la majorité absolue des voix dès le premier tour, un second est organisé entre les deux candidats arrivés en tête. Celui recueillant le plus de suffrages est alors déclaré élu. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs[11].
Campagne
[modifier | modifier le code]La campagne est marquée par l'échec du gouvernement à mettre fin à la rébellion djihadiste de l'État islamique dans la province de Cabo Delgado, à l’extrême nord du pays[12]. Cette dernière a notamment pour conséquence d'empêcher le gouvernement de mettre en œuvre l'exploitation des gisements de gaz naturel de la province, sur lesquels il compte pourtant pour développer le pays. Malgré cette crise, le ralentissement de l'économie ainsi que les dissensions internes au FRELIMO, ce dernier conserve sa prédominance sur la vie politique mozambicaine[13],[14],[15].
Résultats
[modifier | modifier le code]Candidats | Partis | Premier tour | |||
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Voix | % | ||||
Daniel Chapo | FRELIMO | 4 416 306 | 65,17 | ||
Venâncio Mondlane | Indépendant[a] | 1 639 333 | 24,19 | ||
Ossufo Momade | RENAMO | 448 738 | 6,62 | ||
Lutero Simango | MDM | 272 736 | 4,02 | ||
Suffrages exprimés | 6 777 113 | 93,63 | |||
Votes blancs | 255 313 | 3,53 | |||
Votes nuls | 205 601 | 2,84 | |||
Total | 7 238 027 | 100 | |||
Abstention | 9 931 212 | 57,84 | |||
Inscrits/Participation | 17 169 239 | 42,16 |
Analyse et conséquences
[modifier | modifier le code]Si le scrutin a lieu dans le calme — à l'exception de plusieurs communes de la province de Cabo Delgado où la rébellion islamiste empêche la tenue du vote —, les observateurs internationaux et locaux relèvent qu'il est à nouveau l'objet de pratiques électorales frauduleuses qui portent atteinte à sa crédibilité. Le FRELIMO utilise ainsi l'ensemble des ressources de l'État à son profit lors de la campagne, tandis que le vote lui-même est l'objet d'irrégularités[17],[18].
Selon les observateurs de l'Union européenne, plus d'un tiers des chiffres des bureaux de dépouillement ne concordent pas avec les procès-verbaux des bureaux de vote. Également mises en cause, les listes électorales comportent un total d'électeurs égal à 104 % de la population estimée lors du dernier recensement, mineurs compris. Comparées au précédent scrutin en 2019, les listes ont ainsi augmenté de 30 % contre 17 % pour la population adulte, favorisant la fraude par le vote d'électeurs fictifs. L'opposant Venâncio Mondlane dénonce quant à lui un « banditisme électoral » de la part d'« un régime qui fera tout pour ne pas perdre les élections »[17],[18].
Le 24 octobre 2024, la commission électorale du Mozambique annonce que Daniel Chapo remporte l'élection présidentielle, avec 71 % des voix[19]. En deuxième position avec 20 % des voix, Venâncio Mondlane arrive devant Ossufo Momade, candidat du parti historique d'opposition du RENAMO. À la suite de la proclamation des résultats, des heurts éclatent entre des manifestants et les forces de l'ordre dans la capitale Maputo ainsi que dans les villes de Nampula et Nacala, après l'appel de Venâncio Mondlane à « paralyser le pays »[20]. Le 23 décembre 2024, le Conseil constitutionnel valide les résultats ramenant le score de Daniel Chapo à 65 % des voix[21].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Soutenu par le Parti optimiste pour le développement du Mozambique (PODEMOS) et la Coalition alliance démocratique (CAD).
Références
[modifier | modifier le code]- ↑ « Mozambique : le président Filipe Nyusi largement réélu, l'opposition dénonce des fraudes », France 24, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Au Mozambique, des élections générales sous haute tension », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Mozambique : le président Filipe Nyusi largement réélu, l'opposition dénonce des violences et des fraudes », France Info, (consulté le )
- ↑ (en) AfricaNews, « Mozambique's ruling party names new leader ahead of elections », sur Africanews, (consulté le ).
- ↑ « Mozambique: des élections générales entre nouveau paysage politique et contexte sécuritaire tendu ».
- ↑ AfricaNews, « Mozambique : à 2 jours du scrutin, Daniel Chapo en archi-favori », sur Africanews, (consulté le ).
- ↑ « Mozambique’s election: Who’s contesting and what’s at stake? », sur Al Jazeera, (consulté le )
- ↑ (pt) « Mondlane entrega candidatura para "nova era" na Presidência », Deutsche Welle et Lusa, .
- ↑ (pt) William Mapote, « Moçambique: Novos e eternos candidatos na corrida presidencial », Voice of America, .
- ↑ (en) « Mozambique: Constitutional Council Accepts Four Presidential Candidates », sur allAfrica.com, allafrica, (consulté le ).
- ↑ (en) « Mozambique 2004 (rev. 2007) Constitution - Constitute », sur www.constituteproject.org (consulté le ).
- ↑ « Au Mozambique, la crise au Cabo Delgado, enjeu majeur de l’élection présidentielle », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- ↑ « Cinq questions pour comprendre la crise mozambicaine du Cabo Delgado - Jeune Afrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
- ↑ « Au Mozambique, élections générales sous tension mercredi », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- ↑ « Au Mozambique, la crise au Cabo Delgado, enjeu majeur de l’élection présidentielle », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- ↑ (pt) Conseil constitutionnel du Mozambique, « Conselho Constitucional Acordao n°24/CC/2024 », sur portaldogoverno.gov.mz, (consulté le ).
- « Mozambique: des élections sans incident, l'opposition dénonce des fraudes ».
- « Elections Mozambique: "net favoritisme" pour le parti au pouvoir, selon les observateurs de l'UE ».
- ↑ (en) Danai Nesta Kupemba, Shingai Nyoka, « Mozambique's ruling party wins landslide in disputed poll », sur bbc.com, (consulté le ).
- ↑ « Mozambique: le candidat du parti au pouvoir Daniel Chapo déclaré vainqueur de la présidentielle », sur rfi.fr, Radio France internationale, (consulté le ).
- ↑ « Le Conseil constitutionnel du Mozambique confirme la victoire du parti au pouvoir », sur voaafrique.com, Voa Afrique, (consulté le ).