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Le Hodna occidental entre régions méditerranéennes et plaines désertiques : organisation des terroirs, communautés rurales et productions agricoles au Moyen Âge

The western Hodna between mediterranean regions and desert plains: organization of the soils, rural comunities and farm productions in the Middle Ages
Mohamed Meouak

Résumés

Les objectifs de notre contribution reposent sur deux axes méthodologiques précis : proposer une lecture critique des sources arabes et offrir un tableau précis des terroirs du Hodna occidental, région située entre la Kabylie maritime et les zones désertiques du Maghreb central à l'époque médiévale. Dans un premier temps, nous concentrerons nos efforts sur les lieux d'activités des communautés rurales afin d'établir un inventaire des diverses structures de peuplement. Dans une deuxième partie, il sera question des principaux aspects de l'organisation tribale comme moteur du peuplement rural dans le Hodna occidental avec la présence fondamentale de groupes arabes, tribus berbères et autres « étrangers ». Enfin dans une troisième et dernière étape, nous essaierons de dresser un tableau des paysages agraires et des productions agricoles en mettant l'accent notamment sur la gestion des espaces agricoles.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Cité par Baradez, 1949 : 172.
  • 2 Voir Matveyev, 1999 : 130-133 ; Benhima, 2001 : 259-263 ; Meouak, 2006 : 173-177.

1« La prospérité de l’Afrique ne fut pas une question de météorologie ; elle était le prix du travail ». Telle est la réflexion faite par Du Coudray de la Blanchère en exergue à son ouvrage sur l’aménagement de l’eau dans l’Afrique ancienne, et qui constitue en partie l’une de nos préoccupations en matière de recherches sur les divers facteurs naturels et anthropiques qui contribuèrent, ou non, au développement d’une agriculture forte et variée dans le Maghreb1. Outre ce dernier point signalé dans le but de montrer l’envergure des problèmes liés à l’histoire du monde rural nord-africain, indiquons que l’un des objectifs principaux de notre étude est marqué par une double volonté : essai de lecture critique des textes arabes et présentation d’un tableau le plus précis possible des terroirs d’une région située entre la Kabylie maritime et les espaces steppiques du Maghreb central. Ce travail, qui se base sur le dépouillement de sources géographiques et historiques, s’inscrit dans un champ résolument pluridisciplinaire mettant en pratique des outils comme l’anthropologie historique, l’analyse sémantique et la géographie rurale. Cette prise en compte du vocabulaire arabe au service de l’histoire permet, selon nous, de mieux cerner, entre autres choses, les problèmes du peuplement, de l’habitat et de l’agriculture qui seront posés dans notre travail2.

  • 3 Voir Ḥasan, 1999 : I, 7-24.

2Partant de la relecture préliminaire de divers travaux publiés entre les années 1940 et 1970, notamment par des géographes et des historiens, nous souhaiterions réouvrir le dossier relatif aux études régionales dans le but de mieux saisir les structures du territoire, les principaux caractères de la société rurale, les communautés paysannes ainsi que les différentes productions agricoles générées par une agriculture dynamique et variée. Pour cela, nous centrerons nos efforts sur l’étude monographique d’une zone concrète, enclavée entre façades méditerranéennes et bassins désertiques : le Hodna dans sa partie occidentale. Il est nécessaire de préciser que malgré cette position géographique, à priori peu favorable, nous verrons que les atouts concernant un développement rural suffisant et une relative cohésion sociale ont permis la mise en valeur de cette région (Baradez, 1949 : 334, 345-347, 348, 353-354 ; Despois, 1953 : 15-94). Les signes de cette croissance sont perceptibles dans la documentation arabe et grâce à cela, il est autorisé de soutenir l’idée selon laquelle le Hodna n’était pas aussi isolé et déprimé qu’on a pu le dire mais bien au contraire car elle a parfois servi de courroie de transmission dans les échanges économiques et sociaux entre les aires maritimes, à savoir la Kabylie et l’Algérois, et les espaces intérieurs notamment ceux de l’Aurès et des Ziban. Cette démarche est, croyons-nous, susceptible de nous aider à mieux saisir la complexité du monde rural vue par lui-même et non plus seulement à partir d’une vision élitiste, à travers le prisme d’une documentation principalement élaborée par des pouvoirs établis dans les milieux urbains3.

  • 4 Sur ce point, voir par exemple Meouak, 2009 : sous presse, pour le site de M’sila et ses environs i (...)

3Dans un premier temps, nous concentrerons nos efforts sur la description succincte du Hodna dans le contexte géo-historique du Maghreb central. Puis, nous passerons à l’étude des terroirs afin de situer les lieux d’activité des communautés rurales. Cette partie sera consacrée à l’établissement d’une nomenclature des principales structures de peuplement ainsi que les hiérarchies produites par les divers modes d’occupation des terroirs. Outre ces éléments significatifs de l’organisation des espaces, nous prendrons également en compte d’autres facteurs comme ceux relatifs à la localisation des modèles de peuplement : le type de lieu d’établissement des communautés paysannes : en plaine, à proximité des cours d’eau, au pied des montagnes (Despois, 1953 : 42-57). Ensuite, dans un troisième mouvement, nous aborderons la question cruciale du tissu tribal comme moteur de l’occupation dans le Hodna occidental. Les sources arabes du Moyen Âge nous renseignent assez bien sur les diverses confédérations tribales qui peuplaient la zone. Outres les textes historiques et les ouvrages littéraires, nous essaierons de mettre à profit les ouvrages de géographie notamment ceux des auteurs orientaux al-Yaʿqûbî et Ibn Ḥawqal, et les écrivains de l’Occident musulman tels qu’al-Bakrî, al-Idrîsî, Ibn ʿAbd Rabbihi et al-Ḥimyarî. Ces derniers offrent une foule d’informations sur les diverses tribus qui vivaient dans la région. Ainsi que nous le verrons, les principales caractéristiques de ce peuplement résident dans la présence d’importantes tribus berbères et arabes. Celles-ci entretenaient des relations plus ou moins pacifiques entre elles qui étaient souvent déterminées par les aléas des alliances faites et défaites au gré des situations politiques et du contrôle plus ou moins total sur les terres fertiles (Despois, 1953 : 58-73 ; Amri, 1997 : 189-232). Enfin, dans une quatrième et dernière partie, nous tenterons de dresser un tableau des paysages agraires et plus particulièrement des productions agricoles. Lorsqu’on évoque la question des récoltes et par conséquent des denrées de la terre, il est indispensable de s’arrêter sur la problématique de l’eau et des moyens mis en place pour en assurer une bonne gestion et un partage équitable. L’étude des ressources hydriques au service de l’agriculture est encore le parent pauvre de la recherche historique sur le Maghreb central au Moyen Âge, et cela malgré quelques rares publications réalisées sur des espaces géographiques précis4.

Le Hodna occidental et sa place dans le Maghreb central : géographie et histoire

4On a coutume de soutenir l’idée selon laquelle le Hodna (Ḥuḍna) est une région déprimée des hautes plaines de l’Algérie, au pied des monts des Ouennougha (Wânnûgha), du Hodna et du Belezma, et ouverte vers le sud-est sur la région pré-saharienne du Zâb de Biskra. Le grand Hodna s’étend sur près de 8 600 km2 et comprend surtout les ensembles suivants : les collines du Jarr au nord et à l’est, de vastes plaines alluviales partiellement inondées par les crues des oueds descendus des zones montagneuses, une grande sabkha de quelques 760 km2 et, au sud, une région sablonneuse appelé le Rmel. Le pays est en règle générale très chaud en été et très sec (150 à 300 mm. de pluie annuelle) et il constitue une véritable steppe pré-désertique privée de la culture de l’alfa. Ce grand territoire est assez riche en eau grâce aux sources calcaires, aux crues importantes mais très irrégulières des oueds, notamment ceux de Barika, Bitham, Ksob, Leham, Magra et Selman ainsi qu’aux nappes en partie artésiennes du sous-sol (Despois, 1953 : 10-11, 16-17).

5Les monts de l’Aurès, du Belezma, du Hodna et des Ouennougha constituent un arc de cercle formant ainsi une limite géographique d’une remarquable précision du point de vue physique comme du point de vue des opportunités économiques, entre les régions méditerranéennes du Tell et les plaines désertiques des Ziban et du Hodna. Il est tout à fait extraordinaire que cet arc montagneux n’ait pas servi de limite humaine ou politico-administrative qu’il semblait, à première vue, imposer. Il est admis que les populations des montagnes ont souvent étendu leur domaine économique sur la bordure des plaines et c’est ainsi que les massifs montagneux ont plutôt joué un rôle de refuge aux tribus vaincues ou refoulées des piémonts. Le mode de vie nomade a souvent envahi les hautes plaines du Tell qui ont servi de pâturages d’été aux pasteurs des steppes et du désert. À l’inverse la vie sédentaire semble être descendue tout au long des cours d’eau originaires du Tell et autour des sources en bordure du pays nomade. La frontière politique qui était généralement utilisée pour couper l’Algérie en deux blocs précis, séparant une Algérie dite orientale, soumise aux influences de Carthage, de Kairouan ou de Tunis, et une Algérie occidentale dépendante des capitales et des dynasties du Maghreb occidental (al-Maghrib al-aqâ) ou de Tlemcen, n’a jamais emboîté le pas à la limite climatique, orographique et économique que la nature et le relief paraissaient imposer aux hommes. Elle est en fait toujours passée à l’ouest et au sud du Hodna comme des Ziban, rattachant donc ces deux régions à l’Ifrîqiya (Despois, 1942 : 214-218). Malgré tout ce qui vient d’être dit, signalons que les auteurs arabes du Moyen Âge ont parfois mentionné le nom de la zone, au détour d’une notice, et il suffit de donner par exemple le cas d’Ibn Khaldûn qui évoque le Hodna et ses espaces de la manière suivante : « région d’al-Muṣna / al-Ḥuḍna » (iyat al-Muna [sic]) ; les sites de N’gaous, Magra et M’sila formaient le Hodna (bi-l-una (una) wa-hiya Niqâwus wa-Maqqara wa-l-Masîla) ; Magra, N’gaous et M’sila comme villages du Hodna (wa-qurâ l-una (una) : Maqqara wa-Niqâwus wa-l-Masîla) (Ibn Khaldûn, 2000-2001 : IV, 35, 46, 588). En outre indiquons au sujet de cette région que Mohamed Talbi avait bien souligné le fait que le Hodna, en tant que voie de communication, était également inclus dans le réseau des routes commerciales de l’Ifrîqiya jusqu’à Sijilmâsa, voire à la « croisée des grandes routes maghrébines du passé » selon l’expression heureuse de Mostefa Lacheraf (Talbi, 1968 : 261, 262, 264 ; Lacheraf, 2003 : 13-16).

6Zone d’influence, marche ou région frontière, pendant plus d’un millénaire, aire de passage entre les hautes steppes algéro-marocaines et les hautes plaines de l’Ifrîqiya, entre le Sahara oriental et les marches du Tell, zone de nomadisme traversée par les hommes et les animaux, et habitée aussi par des populations en grande partie pastorales, le Hodna a connu, depuis l’Antiquité, et surtout depuis le ve/xie siècle, un intense mouvement de va-et-vient de groupes humains divers et variés (Modéran, 2003 : 541-561 ; Mattingly et Hitchner, 1995 : 171-174). Après la chute de Rome, le Hodna connaît des conditions historiques nouvelles : deux périodes de troubles causées par des invasions vandales (ve siècle) et par des conquêtes arabes (viie-viiie siècle) alternent avec deux moments de redressement dûs aux Byzantins (vie-viie siècle) d’une part et aux diverses dynasties musulmanes installées en Ifrîqiya d’autre part. Malgré cela, le Hodna, comme les Ziban ailleurs, continue de jouer un rôle de région frontière, ou au moins de marche militaire, administrative et économique face aux steppes et aux déserts échappant à un quelconque contrôle politique (Idris, 1962 : II, 482-486, 491 ; Forstner, 1979 : 54, 61, 66, 96, 98, 102, 172, 185, 188, 197 ; Dachraoui, 1981 : 94, 152, 194, 199, 211, 240, 271, 347-349, 353, 368, 378, 381).

Modes d’occupation des espaces et établissements ruraux dans le Hodna occidental

7Il est impossible d’aborder la question des modes d’occupation et des sites constitués sans prendre en compte la nomenclature de base des différents mots en usage pour désigner les modalités d’occupation des terroirs, voire du “village” comme élément fondamental de peuplement rural. Conscients de la difficulté inhérente aux études de vocabulaire, il est clair que la transposition de la notion de village et sa mise en place à des aires historiques et socio-économiques spécifiques risque de transformer le mot en un concept vide de contenu sémantique. Nous utiliserons le mot village par souci de commodité pour parler de tout habitat permanent et fixe, ayant souvent à sa disposition une communauté d’individus capable de le représenter (Meouak, 2006 : 186-187). Outre le mot qarya, utilisé ici sans référence à des acceptions occidentales, il apparaît dans les textes arabes du Moyen Âge mis à profit dans notre étude, un nombre de termes castraux qui reviennent fréquemment. Il est bien connu que les contenus sémantiques de ces mots accusent diverses disparités marquées par le cours du temps. Sans pour autant prétendre à un essai de systématisation qui n’aurait aucun sens réel, nous croyons qu’il est utile de rappeler brièvement les origines étymologiques des principaux vocables arabes employés.

8* in, pluriel uûn : il s’agit sans conteste d’un mot très connu dans les sources arabes et dans les études relatives à la castellologie. Ibn Manẓûr signale dans son dictionnaire qu’il s’agit de « tout endroit fort (kull mawiʿ aîn) dont on ne peut atteindre le fond ». Il est nécessaire de préciser que le radical {ḤṢN} a donné naissance à plusieurs termes et verbes dont le caractère commun est l’idée de “force” et d’“inaccessibilité” contenue dans le mot arabe manâʿa. Nous pouvons citer en guise d’exemple le cas du mot iân ou “cheval” qui bien que comportant une signification éloignée se trouve dans le même champ car l’animal est considéré comme celui que “fortifie” le cavalier (Ibn Manẓûr, s.d. : II, 901-903). Dans la continuité des remarques précédentes, il est intéressant de noter des structures d’habitats fortifiées signalées dans certaines zones du Hodna occidental. C’est notamment le cas du site de Magra qui était entouré par quelques forts (uûn) : Barjalus, Ṭalma et Jayzûr (al-Yaʿqûbî, 1892 : 351).

9* qar, pluriel quûr : il s’agit d’un vocable renvoyant à un habitat fortifié ou à une petite structure défensive. Au sujet de ce terme, le lexicographe Ibn Manẓûr fournit l’explication suivante : « et le qar est connu pour sa construction ; al-Liḥyânî a dit : c’est la résidence (al-manzil) ; on dit que chaque pièce est en pierre de type qurashite ainsi appelée car on y restreint les “choses sacrées” (uram) c’est-à-dire là où on les enferme ». Les membres de la tribu de Quraysh désignaient par le mot qar toute habitation construite car elle embrasse et délimite l’espace habité, empêchant ainsi ses habitants d’aller et venir sans cap précis. La racine {QṢR} contient avant tout l’idée de délimitation de liberté. Il en ressort le sens de la chose “close”, “délimitée” qui est un concept tout à fait courant dans les milieux nomades (Ibn Manẓûr, s.d. : V, 3647 ; Dozy, 1967 : II, 356-357). La seule référence relevée au sujet d’un site construit sous forme de qar est relative au Qaṣr al-ʿAṭash que l’on peut traduire par “fort de la soif”. Le géographe andalousien al-Bakrî nous a laissé une description relativement détaillée de ce lieu selon les termes suivants : « Fort en pierre, de construction antique (qar min bunyân al-awwal bi-l-akhr) connu sous le nom de “fort de la soif” autour duquel il y a de l’eau salée (sic) » (al-Bakrî, 1965 : 143/275).

10* manzil, pluriel manâzil : l’un des sens que l’on donne à manzil est en étroite relation avec le monde mystique et il serait l’équivalent probable d’une étape dans la carrière spirituelle d’un personnage connu pour sa religiosité ou un saint (walî). Mais c’est bien dans la géographie que le mot trouve ses acceptions les plus caractéristiques. Chez Ibn Manẓûr, nous lisons la définition suivante : wa-l-manzil wa-l-manzila : mawiʿ al-nuzûl que l’on traduira par « le manzil et la manzila : lieu de la halte » (Ibn Manẓûr, s.d. : VI, 4400 ; Dozy, 1967 : II, 662). Il faut toutefois prendre garde à la vocalisation du terme qui peut prêter à confusion. Il existe en effet un mot manzal équivalent de “village” qui est attesté au moins pour le cas de Magra qui est en plus un poste de gué (Ibn Ḥawqal, 1938-1939 : I, 85). Outre la mention précédente, nous savons d’après le géographe al-Idrîsî qu’il y avait un site appelé (al-)Manzil situé entre Magra et M’sila (al-Idrîsî, 2007 : 208). Précisons que pour le Hodna occidental, ce sont donc les seules références rencontrées jusqu’à ce jour pour illustrer un groupement de demeures constitué en village ; hameau servant de base à une tribu semi-nomade où les individus déposaient les stocks de céréales et l’outillage agricole. Le manzil pourrait également être considéré comme étape du passage de la vie semi-nomade à la vie sédentaire. Cela dit, et en guise de comparaison, on signalera aussi l’existence de manâzil, “hameaux”, dans la région du Nakûr à l’époque du royaume de Ṣâliḥ b. Saʿîd al-Ḥimyarî ; et trois autres manâzil signalés sur la route de Tlemcen à la Qalʿat al-Mahdî : Manzil, Manzil al-Masṭâsa et Manzil (al-Yaʿqûbî, 1892 : 357 ; al-Idrîsî, 2007 : 196).

11* qarya, pluriel qurâ : il s’agit d’un terme qui entretient une étroite relation avec les questions de peuplement en milieu rural. La qarya constitue un exemple pertinent de structure et d’organisation des collectivités rurales installées dans le Hodna occidental. La documentation arabe mise à profit permet de dégager une définition générale pour désigner les localités rurales organisées en qurâ : ensemble relativement homogène de maisons et de terres aux mains de plusieurs propriétaires. Mais cette définition reste imprécise et elle est parfois accompagnée de l’idée que les qurâ entretiendraient une sorte de relation de dépendance avec les sites fortifiés alentours qui représenteraient l’État. Nous voyons que le problème de compréhension de la terminologie est entier et il est nécessaire de le considérer en tant que pièce fondamentale du puzzle. Selon nous, il ne faudrait pas perdre de vue que la valeur de la langue arabe et l’utilisation spécifique du mot dans la documentation historique relative au Hodna occidental relèvent d’un usage plutôt classique. En outre, et dans un sens complémentaire, il est selon nous nécessaire de procéder à une réévaluation de la place du substrat berbère, fondamental pour comprendre les contours des espaces et la toponymie pré-arabe du Hodna occidental (Ahmed Zaid-Chertouk, 2004 : 121-124).

  • 5 Sur Magra, voir Cambuzat, 1986 : II, 144-147.

12Grâce à l’interprétation critique des données, on se rend compte que cette situation a souvent tendance à cacher la richesse des traditions et des coutumes linguistiques enracinées dans les terres hodnéennes notamment pour le vocabulaire berbère du village et de la terre. Mais cet exposé de la situation résiste-t-il aux informations, parfois contradictoires, fournies pour certains sites par les sources arabes ? Prenons l’exemple de la localité de Magra qui est tour à tour appelée madîna, manzil et qarya (Ibn Ḥawqal, 1938-1939 : I, 85 ; al-Muqaddasî, 1950 : 8/9 ; Ibn Maryam, 1908 : 155 ; al-Maqqarî, 1988 : V, 280)5. Cette constatation faite pour un lieu concret pose à nouveau le problème crucial de l’étude du vocabulaire qui peut être mener à bien si on prend en compte les types de textes, les divers contextes sociaux et politiques et l’évolution structurelle des lieux dans le temps et l’espace (Meouak, 2008 : 56-58).

Organisation tribale et communautés rurales dans le Hodna occidental : espaces, tribus, villages

13Avant l’apparition réelle des formes étatiques d’occupation des territoires au Maghreb, les frontières variaient souvent en fonction de paramètres écologiques : l’espace tribal évoluait suivant les aléas du pacage, de la transhumance et des opportunités de mouvements. Cet espace est devenu une étendue politique du moment où des groupes tribaux antagoniques ont commencé à se disputer des points d’eau, des voies stratégiques ou des zones riches en pâturages. C’est ce que l’on retrouve dans les régions semi-steppiques, comme dans une partie du Hodna occidental, où l’on peut dire que l’espace pastoral est instable même dans les terres de parcours du Tell (Despois, 1953 : 265-266). Si les espaces pastoraux se sont souvent prêtés à diverses formes d’appropriation collective, ou bien d’usage “collectif”, les communautés rurales présentes sur ces espaces ne jouaient plus qu’à l’intérieur du groupe tribal. Selon nous, ce dernier définissait son champ territorial en vertu de trois principes concomitants : principe agronomique, principe pastoral, principe stratégique. Ces trois répertoires de référence à l’espace sont à la base de ce que l’on pourrait appeler l’aménagement endogène du propre territoire et s’articulent suivant des facteurs économiques dominants, dans des proportions variables selon la situation. Nous pouvons dire que là où prédomine l’agriculture comme principal moyen de subsistance, la frontière est celle qui sépare les terroirs “vivifiés” des terres en friche environnantes. C’est ce que l’on évoquerait par l’expression “espace cultural”, là où les activités pastorales y prennent une place tout à fait secondaire et où son champ se superpose à l’espace agronomique. En revanche, là où le groupe pastoral domine, le parcours se définit non pas comme un champ extensible en permanence mais comme un espace vital se reconstituant par différents déplacements saisonniers sans continuité apparente. Et le mode d’occupation étant précaire, on aura vite fait de comprendre qu’aucune trace anthropique “volontaire” n’y figure (Despois, 1953 : 285-290 ; Marouf, 1995 : 29-32).

  • 6 Voir les éléments fournis par Lacheraf, 2003 : 175-235 donnant quelques détails de la vie quotidien (...)
  • 7 Voir un exemple significatif des changements opérés en Algérie à partir de la période coloniale où (...)

14En dépit d’une timide organisation sociale, il est bien connu que les tribus entraient souvent en conflit lorsque leur survie et celle de leurs troupeaux dépendaient des mêmes points d’eau, des mêmes aires de pacage. En d’autres termes, nous pouvons soutenir l’idée que l’espace cultural se construisait comme un champ en expansion, sorte d’enclave à l’intérieur des terres en friche ou non arables, c’est-à-dire des “terres mortes” (mawât) avec des contours ayant une dynamique fondée sur la base juridique du iyâ’, ou “vivification” (Denoix, 1996 : 9-11). Nombreux sont les juristes maghrébins ayant abordé la question épineuse du statut juridique des terres au Maghreb comme par exemple le jurisconsulte de Bougie ʿAbd al-Raḥmân al-Waghlîsî, mort en 786/1384 (al-Wansharîsî, 1981/1983 : V, 90, VIII : 154, 156, 193). Ce dernier préconisait parfois, outre l’application de la doctrine mâlikite en matière de droit musulman, la prise en compte de certains aspects liés à la coutume (ʿurf). À l’autre extrémité de ce point, nous avons l’espace pastoral qui est conçu à partir de sa spatialité mais également de sa temporalité. C’est la raison pour laquelle les conflits y furent plus fréquents et plus violents. Ces affrontements peuvent être considérés comme étant le fruit de la rupture d’un équilibre écologique, mais aussi des rapports de force entre tribus dominantes et tribus contraintes et soumises aux premières. Au sein de ces tribus, les rapports sociaux inégalitaires ont renforcé la volonté d’expansion territoriale, avec une apparente adhésion communautaire, jusqu’à dépasser le seuil du propre équilibre de l’écosystème6. Cet ensemble de données a contribué à la précarité des limites territoriales entre les divers groupes et a renforcé l’enjeu écologique comme pourvoyeur de traditions guerrières mais aussi de structures culturelles et juridiques. Épopées guerrières alternant avec périodes de trêve font des “pactes pastoraux” un élément central de la vie en milieu rural7.

  • 8 Sur Bordj Ghdir et M’sila, voir Cambuzat, 1986 : II, 103-106 et 157-164.
  • 9 Voir Dachraoui, 1981 : 165, 173, 176, 193, 203.
  • 10 Voir Amara, 2005a : 357-361.

15Dans le Hodna occidental, l’organisation du monde rural est profondément marquée par le sceau tribal. Il est facile de s’en rendre compte si on se penche sur les noms de tribus relevés dans les sources écrites pour cette région. C’est bien entendu le domaine berbère (al-Barbar) qui l’emporte avec de nombreux groupes issus des grandes confédérations tribales bien connues des ouvrages généalogiques et de la recherche moderne. Grâce aux informations transmises par Ibn Ḥawqal, nous savons que des sites tels Bordj Ghdir, dont on dit que « sa population est d’origine nomade », wa-ahluhâ badw (al-Idrîsî, 1983 : 117/109-110 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 427) et M’sila abritaient les Banû Birzâl, les Zandâj, les Hawwâra, les Ṣadrâta, les Mazâta, les ʿAjîsa, les Banû Krbrh et les Banû Kamlân8. Concernant le dernier groupe cité, appartenant à la confédération tribale des Hawwâra, on sait qu’ils furent expulsés de M’sila dès la fondation de cette dernière, et qu’ils durent partir pour la zone de l’Aurès puis une partie d’entre eux dans le faḥṣ al-Qayrawân « plaine de Kairouan » (Ibn Ḥammâd, 1984 : 36-37, 42)9. Pour ce qui concerne les petits villages tels que Ûsajît, Tâmasnat, Bûra et Dakkama, il faut noter également la présence de Berbères Kutâma, ʿAjîsa et Îrnâtan10 (Ibn Ḥammâd, 1984 : 37 ; Ibn Ḥawqal, 1938-1939 : I, 85-88). Mais l’un des centres de peuplement les plus intéressants est sans doute celui de Magra qui comptait une population très variée. D’après un géographe oriental du iiie/ixe siècle, ce noyau de peuplement était occupé par des Berbères (Sâdîna/Sârîna et Kurayza), des Arabes (Banû Ḍabba) et des ʿAjam. Ces différentes ethnies apparaissent sous l’appellation de qawm qui est un terme emprunté à la littérature généalogique arabe, et qui signifie avant tout la “tribu” ou l’“ethnie”. Arrêtons-nous un instant sur le terme ʿAjam. Si on prend le cas de l’Ifrîqiya, on est frappé par les occurrences du terme sous la plume d’al-Yaʿqûbî. Le mot revient un peu plus de dix fois pour désigner des collectifs sociaux de manière précise ou vague (ʿAjam « non Arabes », ʿAjam al-alsun « non Arabes de langue » et ʿAjam al-balad « non Arabes nés dans le pays »). Il est bien connu qu’outre les Persans, le vocable ʿAjam sert à signaler un groupe différent des Berbères, et lorsqu’il est escorté par un autre mot, il équivaut aux « non Arabes » (al-Yaʿqûbî, 1892 : 351). Nous pouvons supposer que l’interprétation du géographe oriental se base sur des questions d’ordre linguistique au moment d’identifier les divers groupes : distinction entre Arabes et non Arabes, et parmi ces derniers les Persans d’Orient et ceux autochtones comme les Rûm, les Afâriqa et les Berbères. Si les groupes berbères sont bien représentés, il en est presque de même pour les tribus arabes qui sont attestées par exemple dans l’ouvrage d’al-Yaʿqûbî. Le géographe indique que dans la région des forts de Barjalus, Ṭalma et Jayzûr, se trouvaient les Banû Tamîm, les Banû l-Ṣamṣâma et les Banû Saʿd (al-Yaʿqûbî, 1892 : 346-351). Après avoir fourni quelques éléments permettant d’en savoir un peu plus sur les tribus du Hodna occidental au Moyen Âge, il est permis de se demander quelle était la place sociale et politique qu’elles occupaient dans le cadre des relations intertribales souvent complexes et agitées ? Pour répondre, au moins partiellement, à cette interrogation, nous avons fait appel, entre autres références bibliographiques, à un ouvrage suggestif publié il y a plus de dix ans par Laroussi Amri. Dans son livre, il est question surtout de présenter un modèle général de la société maghrébine médiévale, société tribale au sein de laquelle se seraient développées des entités étatiques plus ou moins éphémères. Au commencement, il y a la “tribu berbère” bien attestée dans nos sources, et que l’auteur oppose volontiers à la tribu arabe “orientale”. Le groupe tribal berbère, dont le fonctionnement obéit en général aux canons d’un système social “segmentaire”, présente néanmoins les aspects d’un « système segmentaire d’anarchie ordonnée » (Amri, 1997 : 11-22). Cependant, les brèves informations recueillies dans la documentation arabe ne nous autorisent pas à élargir le cadre de nos commentaires et voir si ces tribus étaient réellement les principaux protagonistes du contexte social et politique. Au-delà de l’exemple théorique fournie par l’étude de L. Amri, il faudrait reprendre, selon nous, l’examen et l’interprétation de la place des tribus au Maghreb en mettant à profit, si possible, d’autres modèles que ceux empruntés à Edward E. Evans-Pritchard. Il serait par exemple souhaitable de faire une plus grande place à l’analyse de la compétition entre les diverses ʿaabiyyât, les fondations parentales et surtout les rapports de ces tribus au territoire. Ce dernier point est, à notre sens, fondamental pour comprendre la place tenue par les relations intra-tribales et les modes d’organisation villageois.

16Une étude générale de la notion de “village” dans le Maghreb, et par conséquent dans le Hodna occidental, oblige à être conscient du fait que la notion même telle que nous l’employons ici est différente de celle en vigueur dans le contexte chrétien du Moyen Âge. Les diverses relations qui marquent la vie au village sont l’exemple le plus évocateur de la puissance des liens communautaires, et le lieu où les manifestations de la gestion collective sont les plus ancrées dans la société rurale maghrébine. Mais pour comprendre cette situation, il faut tenir compte des divers types de solidarité qui définissent le milieu paysan. Il est utile de se demander quelle est la relation maintenue par une entité telle que le village avec les tribus. Autrement dit, peut-on dire que la tribu, à priori évoluant dans le milieu rural, est compatible avec l’idée de village ? La question est très complexe et a souvent défrayé la chronique des recherches et des débats chez les historiens et les anthropologues. Mais grâce aux travaux de Jacques Berque, il est possible de donner un rapide aperçu des principaux éléments pour mieux saisir la problématique en question. L’anthropologue français a souvent mis en relief le caractère factice de la tribu qui serait selon lui un simple artifice marqué du sceau de l’anthroponymie, et plus précisément des “emblèmes onomastiques” (Berque, 1954 : 264-265). La formation tribale équivaut à une structure organisée qui dirigerait un ensemble territorial plus ou moins étendu, et son pouvoir s’exercerait avec une certaine précarité à cause des conflits, des crises de subsistance et des divers mouvements migratoires. Dans ce contexte, il ne faut pas oublier de signaler que la tribu est l’élément moteur dessinant l’identité d’une région, lui donnant ainsi des caractères propres et créant us et coutumes. Ces derniers aspects sont ceux qui renforcent la cohésion interne de la tribu et régissent les relations sociales et politiques internes et externes.

  • 11 Voir Idris, 1962, II : 519, 563.

17Les manifestations relatives à l’exercice du pouvoir collectif, ou coopté, peuvent être observées dans les assemblées tribales situées à la cime de l’organisation de la communauté villageoise relevées par les géographes arabes. C’est notamment le cas pour la région d’Aghmât, dans le Maghreb occidental, où on note quelques informations concernant un système de gouvernement local rotatoire qui aurait fonctionné en milieu berbère et aurait eu au moins un personnage à sa tête : « Parmi la population d’Aghmât, le pouvoir était transmis de façon rotatoire à un homme nommé pour un an » (al-Bakrî, 1965 : 153/292). Outre cette dernière référence, on peut ajouter un exemple intéressant puisé à la volumineuse collection de fatâwî d’al-Wansharîsî, et dans laquelle nous avons retrouvé une information concernant le problème des relations de l’autorité étatique avec les zones rurales. Si l’on en croit le juriste Abû ʿImrân al-Fâsî (m. 430/1038), nous savons qu’en Ifrîqiya, il y avait des localités qui possédaient leurs propres “conseils de notables” (akâm al-jamâʿa) chargés de juger les affaires locales en l’absence de l’autorité du pouvoir central. En outre, ce type de délégation de pouvoirs en matière de justice existait également dans des lieux administrés par les ʿummâl al-manâzil, c’est-à-dire les “gouverneurs de localités” (al-Wansharîsî, 1981/1983 : X, 102-103)11. Devant une telle information, l’historien se demandera à quoi correspondaient véritablement ces localités ? Quelle était leur extension ? Quelle était l’importance numérique de leur population ? Il semble que nous en resterons, au vue de l’information disponible actuellement, au stade des questionnements.

18L’implantation du village répond à des critères précis en relation étroite avec les conditions d’établissement des habitats, elles-mêmes liées au climat et à la morphologie du terrain. Grâce au médecin andalousien Abû Marwân Ibn Zuhr, il est possible de se faire une idée relativement détaillée des critères à prendre en compte au moment d’élire le site de résidence. Dans un chapitre intitulé al-qawl fî l-ahwiya wa-l-masâkin, « Propos sur l’atmosphère et les demeures », Ibn Zuhr énumère une série de dispositions qu’il serait nécessaire de prendre afin d’avoir la “meilleure demeure” possible. Il suggère notamment que le lieu idéal doit être situé en hauteur, entouré si possible de vignes et proche du littoral. En revanche, il déconseille de résider dans des zones dépressives cernées par des massifs montagneux au nord, mais ouvertes du côté sud (Ibn Zuhr, 1992 : 122/136-137). Cela dit, cette dernière description semble répondre à des situations assez éloignées de celles rencontrées dans un territoire comme le Hodna occidental fondamentalement tourné vers l’intérieur des terres. Lorsque l’on souhaite aborder en profondeur les questions relatives à l’organisation politique du village, il est également important de noter que les différentes exploitations agricoles qui parsemaient les terroirs de l’aire villageoise permettaient la mise en valeur des terres cultivées et l’exécution des récoltes notamment. En guise de comparaison possible avec le Hodna occidental, on citera le cas intéressant d’un lieu situé à Tâghît, dans le Maghreb occidental, où l’on procédait semble-t-il au séchage “collectif” des récoltes de figues puis à la postérieure transformation en raisins secs (al-ʿAzafî, 1989 : 56, 57). Au terme de ce bref résumé consacré au village en tant que pôle de peuplement, on peut ajouter que la qarya, l’un des équivalents les plus répandus du concept de “village”, devait être implantée à côté des moyens de production agricole. Selon nous, l’effort pour choisir des terres et des pâturages apparaît aussi déterminant que la recherche des ressources en eau. Il est certes vrai que plus l’on est à proximité de cours d’eau (rivières, ruisseaux, sources) plus il sera facile d’établir des cultures qui permettront un véritable développement agricole et un essor économique capable de concentrer les collectivités rurales dans, ou autour, des villages.

Paysages agraires et productions agricoles dans le Hodna occidental

19L’examen des différentes structures agraires dans le Hodna occidental nécessite en principe un aperçu sur la genèse et la morphologie des exploitations agricoles. Afin de pouvoir décrire avec toute la précision nécessaire les espaces agraires, il faut savoir que la configuration des surfaces agricoles est le résultat de plusieurs siècles d’agencement du milieu naturel par les groupes humains, afin d’assurer la pérennité de la production agricole, végétale et animale. La réalité spatiale du cadre rural relève ainsi de la conjugaison d’éléments naturels et d’interventions diverses de l’homme (Despois, 1964 : 129-135). Nous savons que la conquête des terres agricoles en Occident médiéval chrétien s’était faite principalement au détriment des zones forestières, à partir de défrichements continus. Il est possible que dans la longue bande occupée par les hautes terres, Hodna occidental inclus, l’extension des zones agricoles ait entraîné un phénomène semblable.

20Il est bien établi que la présence ou non de limites matérielles pour les champs est un problème primordial dans la configuration du paysage agraire. La prépondérance de champs ouverts, sans balisage ni barrière, ou de champs fermés, clôturés et protégés est étroitement liée à la dispersion ou la concentration de l’habitat, aux types de propriétés ou à l’extension et à la richesse des terres agricoles. La distribution de ces deux types de structures agraires sur la majeure partie du Maghreb central est pour ainsi dire méconnue. Afin de tirer le plus grand profit possible des productions issues de la terre, il faut s’employer à pérenniser les dites terres par des dispositifs permanents prenant en compte les règles du droit musulman et certains aspects de la coutume locale (Linant de Bellefonds, 1959 : 111-113). À la lumière des données fournies par la documentation arabe sur le Hodna occidental, il est difficile pour ne pas dire impossible, de restituer avec précision les contours du parcellaire. Mais cependant, il est permis de se faire une idée de la configuration des champs en prenant comme base de travail les diverses formes d’exploitation agraire. Pour cela, nous fixerons notre attention sur trois types d’établissements agricoles : les espaces “ouverts”, les espaces “fermés” et les espaces irrigués. Grâce à plusieurs mentions textuelles, souvent brèves et vagues, il est possible de dresser un tableau succinct de la mise en valeur des campagnes du Hodna dans sa partie occidentale que l’on pourra ensuite comparer avec certaines zones du Maghreb occidental par exemple (Cressier et Meouak, 1998 : 321-325).

a) Les espaces “ouverts” 

21Dans le but de décrire les grands terrains cultivés et ouverts qui encerclaient les villes et les villages du Hodna, les écrivains arabes ont souvent distingué deux réalités spatiales et juridiques. À partir d’un rapide coup d’œil dans les sources arabes, il est permis de mettre en évidence la prépondérance d’un système organisé autour des mazâriʿ dans l'idée de terres agricoles. Sur la base des informations fournies par Ibn Ḥawqal, on perçoit cette catégorie lorsqu’il évoque les richesses des rasâtiq (“villages”) du Maghreb. Selon le géographe oriental, les zones intérieures des centres urbains étaient occupées par des champs (mazâriʿ) de façon discontinue. Il ne fait aucun doute que le mot (marzra‘, pl. mazâriʿ) est souvent utilisé au pluriel. Al-Bakrî, al-Idrîsî et al-Ḥimyarî évoquent les champs fertiles (mazâriʿ) qui ponctuent les zones de M’sila, Magra et Bordj Ghdir (al-Bakrî, 1965 : 51/110-111, 54/115 ; al-Idrîsî, 1983 : 108/100, 119/112 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 427, 558 ; al-Idrîsî, 2007 : 183, 190, 192, 207, 208, 209). Si le substantif n’est pas utilisé de manière directe, certains auteurs arabes emploient alors le verbe relatif au fait de cultiver : yazraʿûna (“ils cultivent”) ainsi que le mot zarʿ/zurûʿ (“culture(s)”) comme c’est le cas pour les sites de Ûsajît et Tâmasnat avec, pour cette dernière localité, une indication relative à des espaces précis appelés ʿimârât et qui pourraient traduire l’idée de “terres construites”, enclaves à l’intérieur des terres en friche, ou bien zones servant d’entrepôts de matériel voire de produits agricoles (Ibn Ḥawqal, 1938-1939 : I, 87-88 ; Ibn Ḥammâd, 1984 : 43 ; al-Idrîsî, 1983 : 160/147 ; al-Idrîsî, 2007 : 209). Le vocable zarʿ et son pluriel zurûʿ sont abondamment employés pour signifier l’existence de cultures en général. Le caractère générique du vocable mazâriʿ empêche de donner une définition claire et précise. Malgré ce constat, on peut penser que les cultures maraîchères et l’arboriculture seraient à exclure du champ sémantique de mazâriʿ. Ce dernier mot pourrait signifier plutôt les terres de culture sèche avec une nette présence de la céréaliculture. Ainsi que nous l’évoquions plus haut, la fréquence du terme et le nombre des occurrences appuient cette hypothèse illustrée, par exemple, par les quelques indications précisant les divers types de mazâriʿ consacrés au blé, à l’orge et au coton. D’autres mots étaient en usage avec une signification proche mais sans qu’il soit possible de les définir avec précision. C’est le cas de l’expression arûn mubâraka (“terres fertiles”) rencontrée pour le site de Bordj Ghdir qui semble avoir été un lieu particulièrement prospère en matière d’agriculture. Il en est de même pour le pôle de M’sila qui, outre le fait d’avoir drainé des activités économiques liées à l’agriculture, était entouré de ar ayyiba (“bonne(s) terre(s)”) selon certains auteurs arabes ; et le site de Bordj Ghdir était semble-t-il bien connu pour son intense activité agricole : « terres fertiles labourées de façon constante » (al-Idrîsî, 1983 : 117/109-110 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 427). 

b) Les espaces “fermés” 

22Il existe une volumineuse terminologie arabe susceptible d’identifier les diverses exploitations horticoles mises à jour dans le Hodna occidental. Il est bien connu qu’au Maghreb, c’est le mot dialectal jǝnân qui constitue le type le plus employé pour signifier les exploitations dédiées à la culture des fruits et légumes. Cette forme dialectale, issue du classique janna/ajinna/jinân, est parfois substituée ou renforcée par le mot bustân/basâtîn qui est bien documenté dans nos sources. Outre la connotation strictement liée au domaine agricole, on citera la description plutôt littéraire du site de Aïn Toumella (Ṭarfala dans les sources arabes) qui est comparé à un lieu exceptionnel : « Ṭarfala est une portion de paradis » (arfala araf min al-janna) et comme un véritable jardin paradisiaque du fait de la qualité de ses terres (al-Bakrî, 1965 : 60/125-126). Si l’on en croit les données fournies par la documentation arabe, les sites dotés d’espaces produisant des fruits et des légumes de toutes sortes étaient nombreux. Quelques géographes arabes signalent l’abondance des produits issus des basâtîn et des ajinna/jannât de M’sila et Tâmasnat ainsi que les fruits en général (thimâr) de Magra et Bordj Ghdir (Ibn Ḥawqal, 1938-1939 : I, 87 ; al-Bakrî, 1965 : 59/124 ; al-Idrîsî, 1983 : 108/110 ; Ibn ʿAbd Rabbihi, 1958 : 171-172 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 558 ; al-Warthîlânî, 1908 : II, 553, 602).

c) Les espaces irrigués 

23Si les habitants du Tell ont l’habitude de dire que les vallées et les plaines du Hodna ne sont pas insérées dans les zones sahariennes, c’est bien parce qu’il n’y a pas de cultures sans irrigation ou sans l’apport d’eaux dérivées des crues des oueds ou du simple ruissellement. Les ressources hydriques semblent être importantes mais nous avons l’impression que les grandes structures de canalisation et les constructions hydrauliques sont le fait du monde urbain. Cette situation est le résultat d’apports d’oueds nés en montagne ou dans le Tell et des sources, des puits artésiens et du ruissellement (Despois, 1942 : 197-206). C’est bien l’opportunité de mettre en place des cultures qui a permis à certaines régions du Hodna d’avoir une économie agricole et pastorale et de jouer successivement le rôle de frontière, de marche et de zone d’influence pour les formations politiques du Maghreb centro-oriental. Indiquons toutefois, à la lumière de nos recherches sur les textes arabes, que rien ne laisse entrevoir, pour l’heure, l’existence de tels ouvrages dans le contexte régional du Hodna occidental qui rappelons-le ici est fondamentalement rural. Mais prenons garde car cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu des ouvrages chargés de capter, canaliser puis répartir l’eau à travers l’ensemble de la région. Il est probable qu’une recherche archéologique pour la fin de la période antique et le passage à l’époque islamique nous aiderait à en savoir plus sur ces questions fondamentales (Baradez, 1949 : 115, 354).

24Les modes de vie des différents groupes tribaux qui peuplent encore le Hodna sont sans nul doute influencés par leur passé. C’est bien entendu l’abondance ou la pauvreté en eau qui conditionne le fait que certains groupes seront pasteurs et d’autres à la fois éleveurs et cultivateurs. Nous pouvons parler de l’étroite relation qu’il y a entre certains types de terre et la présence de ressources hydriques plus ou moins favorables. L’importance de l’irrigation et l’utilisation correcte et ordonnée des eaux de crue se traduit également par une hiérarchisation des terres, par de nombreux règlements qui président à la répartition des eaux, par la portée plus ou moins intime que prend la propriété de l’eau face à celle du sol qu’elle est sensée fertiliser. Alors nous pourrions nous demander comment se faisait le partage des eaux dans le Hodna médiéval ? La question revêt une importance capitale car cette contrée n’est plus tellienne mais pas encore désertique : le partage des eaux de diverses origines se fera-t-il en vertu des principes en vigueur dans les zones sahariennes ou bien portera-t-il la marque des usages du Tell ? (Différents systèmes, 1909 : 256-258 ; Cressier, 2006 : 39-41). Dans les lignes suivantes, nous donnons quelques indications relatives aux noms des cours d’eau identifiés dans les textes arabes. Cette liste n’a bien entendu aucune prétention à l’exhaustivité :

  • 12 Voir Despois, 1942 : 199-200 ; idem, 1953 : 195-211 ; Golvin, 1957 : 138, 142 ; Forstner, 1979 : 18 (...)

251 : Wâdî Sahur / Nahr Sahur / Wâdî l-Masîla : Oued Saher/Oued Ksob12 (al-Bakrî, 1965 : 54/115, 59/123 ; Ibn ʿAbd Rabbihi, 1958 : 167 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 604 ; Idrîs ʿImâd al-Dîn, 1985 : 191).

  • 13 Voir Baradez, 1949 : 91, 348 ; Forstner, 1979 : 188.

262 : Wâdî Maqqara : Oued Magra13 (al-Bakrî, 1965 : 144/276).

  • 14 Voir Forstner, 1979 : 222.

273 : Wâdî Wânnûgha : Oued Ouennougha14 (Ibn Marzûq, 1981 : 354).

284 : ‘Ayn al-Sûdân/“Source des Noirs” : situé dans le jabal Kiyâna (Ibn Ḥammād, 1984 : 38).

295 : Wâdî Ûba/Awba : situé entre M’sila et Bousaada (Idrîs ʿImâd al-Dîn, 1985 : 403).

30Madeleine Rouvillois-Brigol avait signalé les difficultés rencontrées au moment d’établir l’échelle de mesure et d’influence du climat dans l’organisation des terroirs et les productions agricoles au cours de l’histoire notamment dans le sud-est algérien. À partir de son étude, il a été clairement établi que les modifications culturales opérées de l’époque romaine à la période islamique sont liées à des besoins divers et variés : les Romains consommaient d’abord du blé et de l’huile, les nomades, des dattes. Mais cependant, il semble que les traces de cultures trouvées en liaison avec le Fossatum Africae sont des cultures de colonisation à destination de Rome plus que des cultures vivrières. Facteurs climatiques et facteurs humains ont sans doute joué un rôle considérable dans la mise en valeur des terres, leur exploitation et leur abandon (Rouvillois-Brigol, 1986 : 45-50 ; Baradez, 1949 : 199-201). En guise d’illustration aux remarques précédentes, signalons une brève mention relative aux conditions climatiques à propos de la plaine de ʿAjîsa, non loin de Bordj Ghdir et qui, sous forme de dicton, dit : « Le pays de ‘Ajîsa est froid en été, alors en hiver c’est la mort » (Ibn ʿAbd Rabbihi, 1958 : 167).

  • 15 Voir Vernet, 1976 : 31-36 sur la commercialisation des produits céréaliers au Maghreb en général, a (...)

31Si l’on en croit les sources arabes, ce sont de véritables oasis qui bordent les centres urbains : M’sila, par exemple, se distingue par l’abondance de ses palmiers (Ibn ʿAbd Rabbihi, 1958 : 171-172 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 558). D’ailleurs pour la zone de M’sila, Jean Despois avait repris, à la suite de Jean Bruhnes, l’expression de véritable « oasis d’arbres fruitiers » (Despois, 1953 : 255). Mais ce n’est pas tout car nous savons que le Hodna occidental est une région de céréaliculture et s’agissant d’une autre composante de la triade romaine bien connue (vignes, olives, céréales), on indiquera que la documentation arabe relaie l’idée d’une production agricole riche en céréales. Pour la période islamique, nous savons que malgré des productions souvent irrégulières d’une année à l’autre, le Hodna était un fournisseur céréalier important dans l’ensemble du Maghreb central15. Le blé et l’orge représentent de loin les productions les plus importantes (Despois, 1953 : 227-250). Plusieurs termes sont employés par les auteurs pour désigner le blé/le froment, dont qam et ina. Il est cependant délicat de donner une description précise des variétés en question, et d’établir des correspondances entre le vocabulaire médiéval et les vocables scientifiques en usage chez les botanistes et les agronomes. Aux côtés des étendues de blé et d’orge de M’sila et ses environs, il y a la zone d’al-Baradawân/Namazdawân, en bordure du Hodna occidental, qui était qualifiée de “pays du blé (qam) et de l’orge (sha‘īr)” du fait de conditions géologiques exceptionnelles (Ibn Ḥawqal, 1938-1939 : I, 87 ; al-Idrîsî, 1983 : 159/146 ; al-Idrîsî, 2007 : 209) ; la région de Ûsajît était également réputée pour ses champs de blé (ina) et d’orge (sha‘īr) : (al-Idrîsî, 1983 : 160/147 ; Ibn Ḥammâd, 1984 : 43). Il y a un autre terme plus générique utilisé pour se référer aux céréales. Il s’agit du mot ubûb (singulier abb) que l’on peut traduire par “grains” en référence à toutes les variétés céréalières dont le fruit apparaît sous forme granulée. Nous avons quelques notices de ce type dans le cas de Magra (al-Idrîsî, 1983 : 119/112 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 556). Il est bien connu que l’orge pouvait être cultivée à divers moments de l’année, et surtout pouvait nourrir à la fois les hommes et les animaux. Outre ces productions dites classiques pour de telles latitudes, on ne manquera pas de mentionner la production d’une excellente huile d’olive située dans la localité de Yaksim à l’est du wâdî Maqqara (al-Bakrî, 1965 : 144/276).

32La production du coton (qun) est bien attestée dans les sources arabes. Par exemple, M’sila est connue pour la culture de la nouvelle fibre textile (al-Idrîsî, 1983 : 108/110 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 558). Si le coton semble bien implanté, on n’oubliera pas de signaler la présence du lin (kattân) qui est cultivé notamment à Magra et l’existence d’une rivière appelée ʿAyn al-kattân dans la zone même de Magra (al-Bakrî, 1965 : 144/276 ; al-Idrîsî, 1983 : 19/112 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 556). En plus des produits céréaliers, le Hodna est une région où l’arboriculture a pu se développer grâce à un assez large réseau de terres irriguées. Dès la période islamique, le Maghreb sert de véritable laboratoire pour la circulation des plantes et des innovations en matière de cultures fruitières et maraîchères. Les écrivains arabes insistent surtout sur la variété des espèces arboricoles malgré le caractère souvent laconique des notices glanées dans les textes. Outre le palmier présent dans la zone de M’sila, on trouvait divers fruits secs et humides : amandiers, noyers, figuiers, grenadiers, pommiers et parfois même des agrumes (Despois, 1953 : 251-264). À titre d’exemple, on pourrait citer les cas de M’sila avec “ses fruits de verger et légumes” (fawâqih wa-buqûl), Magra et ses fruits (thimâr) et Tâmasnat et ses arbres sans doute producteurs de fruits (wa-bihâ ashjâr). Bordj Ghdir était également réputé pour ses fruits produits dans des vergers et ceux en général (fawâkih wa-jamîʿ al-thimâr) mais aussi pour son raisin sur lequel on disait la chose suivante : qinâr ʿinâb fîhâ bi-dirham ou « pour un dirham, on obtient un quintal de raisin » (al-Bakrî, 1965 : 51/110-111, 54/115 ; al-Idrîsî, 1983 : 108/110, 160/147 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 427).

33Les activités pastorales ont sans doute tenu une place prépondérante dans l’économie rurale du Hodna occidental. Elles complètent souvent la production agricole classique dans les zones où on trouverait plutôt des modes de vie sédentaire. En outre, il est utile de rappeler que le Hodna occidental avait déjà connu une agriculture sédentaire, parfois associée à un élevage servant de complément, probablement depuis l’Antiquité, liée à des modes de vie semi-nomades et nomades (Despois, 1953 : 265-291). Ces modes de pastoralisme mériteraient une étude de fond dans le cadre d’une monographie plus large tant leurs pratiques économiques et résidentielles sont fondamentales pour une meilleure connaissance des nomadismes au Maghreb. Au-delà des modes inhérents au pastoralisme, il faudrait bien entendu tenir compte de la problématique hilâlienne qui a sûrement joué un rôle fondamental dans le maintien ou l’abandon de certaines pratiques agro-pastorales. Rompant ainsi avec leurs habitudes d’imprécision, les géographes arabes nous informent d’une façon relativement précise sur certains traits de l’économie pastorale. Cette économie liée à l’élevage apparaît souvent associée à un type spécifique de terres et à l’agriculture en général dans les expressions suivantes : dhât mazâriʿ wa-maâriʿ (« ces céréales et ces troupeaux ») pour le site de Dakkama, et kathîr al-zarʿ wa-l-arʿ (« beaucoup de céréales et d’ovins ») pour le bourg de Tâmasnat et le village de Bordj Ghdir (al-Bakrî, 1965 : 54/115 ; Ibn ʿAbd Rabbihi, 1958 : 167 ; al-Idrîsî, 2007 : 209). C’est notamment le cas pour le site de M’sila qui est sans conteste un centre important en matière d’élevage et de production de viande : « Ces habitants possèdent des bestiaux : équidés, ovins, bovins. [...] Ils ont beaucoup de viande » ainsi que le village de Bordj Ghdir qui est considéré comme un lieu où la nourriture et la viande sont bon marché (al-Bakrî, 1965 : 59-60/124 ; al-Idrîsî, 1983 : 108/110 ; al-Ḥimyarî, 1975 : 427, 558).

Le Hodna occidental, un ensemble géographique entre régions méditerranéennes et plaines désertiques

  • 16 Voir Amara, 2001 : 91-93.

34Si les sources écrites, médiévales ou modernes, offrent un volume non négligeable de renseignements sur le sujet soumis à l’étude, il faut toutefois reconnaître que ceux-ci sont parfois vagues pour ce qui a trait aux questionnements relatifs aux modes de peuplement, aux communautés rurales et à l’agriculture. Quelle serait la solution face à l’imprécision latente, voire le mutisme relatif des textes ? Le recours à l’archéologie constituerait de toute évidence le moyen par excellence qui, en principe, serait susceptible de pallier l’absence de notices textuelles. Inscrire l’examen des modalités de peuplement, des communautés paysannes et de l’agriculture dans le cadre d’une recherche historique n’exclue en rien l’intérêt de l’archéologie. Bien au contraire, car une fois défini l’objet de notre investigation, la méthode archéologique est sans aucun doute appelée à rendre des services notamment pour la compréhension des formes de fonctionnement des zones rurales et permettre ainsi une meilleure identification des modes de peuplement, des influences mutuelles entre diverses situations économiques des collectifs ruraux et le contexte historique d’une part, et la variété morphologique des lieux, leur création sur des territoires précis et leurs places réelles dans les tissus de peuplement d’autre part (Meouak, 2006 : 179-182 ; Meouak, 2008 : 66-67). Mais actuellement, la situation des recherches archéologiques en Algérie, notamment pour la période islamique, ne semble pas très favorable et elle est, selon nos informations, encore inscrite dans une perspective souvent théorique. Il y a bien eu quelques campagnes de fouille dans les zones d’Ashîr et la Qalʿa des Banû Ḥammâd mais rien qui ne laisse présager un retour au rythme frénétique enregistré dans les années 1970 principalement en préhistoire et en archéologie punique et romaine. Dans l’attente d’une plus grande prise en compte de ce versant de la recherche, absolument nécessaire pour mieux interpréter les problèmes évoqués plus haut, il faudra se contenter pour l’heure de l’apport de la documentation écrite et des publications archéologiques utiles mais anciennes comme par exemple celles du Capitaine Rodet, de Lucien Golvin et de Rachid Bourouiba16. Les derniers exemples cités ne doivent pas faire oublier qu’il existe également de nombreux rapports de fouilles restés le plus souvent inédits et qui apporteraient sans nul doute un nouvel éclairage sur l’histoire de l’Algérie au Moyen Âge.

35Au terme de cette recherche, qu’il sera nécessaire de reprendre à la lumière de nouvelles études et sources arabes encore manuscrites, nous voudrions nous arrêter sur une problématique qui a diffusée le fait que le Maghreb médiéval n’était qu’une entité géo-politique où le mercantilisme parasitaire était généralisé. Il semblerait qu’à la lumière des données mises à jour sur les conditions agricoles du Hodna occidental nous soyons plutôt confrontés à une société relativement dynamique, productrice de biens et en outre exportatrice de denrées. L’historiographie arabe montre clairement que les productions agricoles étaient importantes au point où les surplus ont parfois servi de base au développement de l’artisanat spécialisé et à la croissance urbaine au Maghreb central. Même si les conditions géomorphologiques étaient différentes d’une zone à une autre, en plaine ou en montagne, il est difficile de soutenir l’idée selon laquelle les activités agricoles et l’économie rurale avaient été complètement séquestrées par les pouvoirs politiques en place, et par conséquent ont donné naissance à deux mondes définitivement opposés : le rural fossilisé et l’urbain dynamique car déprédateur du monde rural. En relation avec le dernier point abordé, on ne peut s’empêcher de rappeler ici l’existence de certains courants historiographiques qui défendaient l’idée selon laquelle Ibn Khaldûn opposait irréductiblement les nomades aux sédentaires (Megherbi, 1971 : 129-154). Certes le facteur politique et le fait tribal ont parfois joué un rôle négatif dans le difficile décollage économique de certaines régions mais il n’en reste pas moins que l’économie hodnéenne, par exemple, était variée et possédait une remarquable capacité de production. Contrairement à l’idée que les vergers et les jardins ne constituaient qu’une forme d’appoint dans l’économie agricole (Amri, 1997 : 211), nous croyons que les paysages agraires décrits par les écrivains arabes démontrent le contraire lorsque ils nous disent que les productions étaient relativement abondantes et les cultures variées.

36Calée entre la mer et le désert, la région du Hodna a longtemps constitué une aire géographique qu’il était important de contrôler. Cette zone de contact était, aux premiers siècles de l’Islam, une des régions les plus dynamiques, avec les grands ensembles urbains du Maghreb central : M’sila, N’gaous et Tobna d’une part, et la Qalʿa des Banû Ḥammâd qui dominait la plaine du Hodna d’autre part. Nous savons, à la lumière des sources arabes, que la plupart de ces cités ont opéré un déclin dès la fin du ve/xie siècle mais il est également curieux d’observer comment le géographe al-Idrîsî continue à les mentionner et à signaler les routes qui les relient entre elles et aux villes du nord et de l’est. Malgré la perte de vitesse de l’économie du Hodna occidental à partir du viie/xiie siècle, nous pensons que prise dans son intégralité territoriale, des bordures occidentales du Tell en passant par l’Aurès pour arriver enfin dans la grande région de M’sila, il serait possible de mieux comprendre le rôle économique et politique joué par cette zone au sein du Maghreb central. Pour cela, il suffit de s’arrêter sur le cas spécifique d’une cité comme M’sila qui continuera à être un poste stratégique fondamental notamment face à l’espace politique ʿabd al-wâdide et certaines annexions territoriales venues de l’ouest algérien. Mais au-delà du cas singulier de M’sila, nous pensons que le Hodna constitue un véritable laboratoire pour l’étude des différences et des conflits entre groupes nomades et communautés rurales. Cette opposition, qu’il faut placer dans des limites raisonnables, apparaît bien dans les sources arabes, notamment celles postérieures au viiie/xive siècle. Du fait de la présence d’une grande mosaïque tribale, avec Berbères et Arabes en contact presque permanent, le Hodna se prêterait bien à des investigations qui s’intéresseraient à la place réelle occupée par la communauté villageoise face aux groupes tribaux, installés çà-et-là, le temps d’une saison, le temps d’une récolte ... Cette orientation de recherche devra, à n’en pas douter, conjuguer l’utilisation d’outils élaborés par la géographie, l’histoire, l’anthropologie et l’archéologie dans le but d’une pluridisciplinarité susceptible de fournir des résultats de choix.

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Notes

1 Cité par Baradez, 1949 : 172.

2 Voir Matveyev, 1999 : 130-133 ; Benhima, 2001 : 259-263 ; Meouak, 2006 : 173-177.

3 Voir Ḥasan, 1999 : I, 7-24.

4 Sur ce point, voir par exemple Meouak, 2009 : sous presse, pour le site de M’sila et ses environs immédiats.

5 Sur Magra, voir Cambuzat, 1986 : II, 144-147.

6 Voir les éléments fournis par Lacheraf, 2003 : 175-235 donnant quelques détails de la vie quotidienne dans le Hodna occidental au milieu du xxe siècle selon une approche biographique.

7 Voir un exemple significatif des changements opérés en Algérie à partir de la période coloniale où l’on observe une diminution de la place de la coutume au profit du droit qui signifie en fait une adhésion “forcée” aux normes françaises (voir par exemple Berque, 1936 : 943-944).

8 Sur Bordj Ghdir et M’sila, voir Cambuzat, 1986 : II, 103-106 et 157-164.

9 Voir Dachraoui, 1981 : 165, 173, 176, 193, 203.

10 Voir Amara, 2005a : 357-361.

11 Voir Idris, 1962, II : 519, 563.

12 Voir Despois, 1942 : 199-200 ; idem, 1953 : 195-211 ; Golvin, 1957 : 138, 142 ; Forstner, 1979 : 185.

13 Voir Baradez, 1949 : 91, 348 ; Forstner, 1979 : 188.

14 Voir Forstner, 1979 : 222.

15 Voir Vernet, 1976 : 31-36 sur la commercialisation des produits céréaliers au Maghreb en général, ainsi que Ḥasan, 1999 : I, 325, 327 pour l’Ifrîqiya ḥafṣide.

16 Voir Amara, 2001 : 91-93.

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Référence électronique

Mohamed Meouak, « Le Hodna occidental entre régions méditerranéennes et plaines désertiques : organisation des terroirs, communautés rurales et productions agricoles au Moyen Âge »Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée [En ligne], 126 | 2009, mis en ligne le 15 décembre 2012, consulté le 09 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/remmm/6388 ; DOI : https://doi.org/10.4000/remmm.6388

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