Principaux faits
- En 2023, on estime à 263 millions le nombre de cas de paludisme et à 597 000 le nombre de décès dus au paludisme dans 83 pays.
- La Région africaine de l’OMS supporte une part importante et disproportionnée de la charge mondiale du paludisme.
- En 2023, 94 % des cas de paludisme (246 millions) et 95 % des décès dus à la maladie (569 000) ont été enregistrés dans la Région africaine.
- Les enfants de moins de cinq ans représentaient quelque 76 % des décès dus au paludisme dans la Région.
Vue d’ensemble
Le paludisme est une maladie potentiellement mortelle qui est transmise à l’être humain par les piqûres de certains types de moustiques. Il sévit principalement dans les pays tropicaux. Il s’agit d’une maladie évitable dont on peut guérir.
L’infection est causée par un parasite et ne se transmet pas d’une personne à l’autre.
Les symptômes peuvent être bénins ou engager le pronostic vital. Les symptômes bénins sont la fièvre, les frissons et les maux de tête. Les symptômes graves sont la fatigue, la confusion, les convulsions et des difficultés à respirer.
Les nourrissons, les enfants de moins de cinq ans, les femmes et filles enceintes, les voyageurs et les personnes vivant avec le VIH ou atteintes de sida courent un risque plus élevé d’infection grave.
Il est possible de prévenir le paludisme en évitant les piqûres de moustiques et en prenant des médicaments. Les traitements peuvent empêcher les cas bénins de s’aggraver.
Le paludisme se propage à l’être humain essentiellement par la piqûre de certains moustiques anophèles femelles infectés. Le paludisme peut également se transmettre par transfusion sanguine et par des aiguilles contaminées. Les premiers symptômes peuvent être bénins, semblables à ceux de nombreuses maladies fébriles, et difficiles à reconnaître. En l’absence de traitement, le paludisme à P. falciparum peut évoluer vers une affection grave, voire mortelle, dans les 24 heures.
Sur les cinq espèces de parasites du genre Plasmodium responsables du paludisme chez l’être humain, P. falciparum et P. vivax sont les plus dangereux. P. falciparum est le parasite provoquant le plus de décès et aussi le plus répandu sur le continent africain, tandis que P. vivax est l’espèce dominante dans la plupart des pays en dehors de l’Afrique subsaharienne. Les autres espèces qui peuvent infecter l’être humain sont P. malariae, P. ovale et P. knowlesi.
Symptômes
Les premiers symptômes les plus courants du paludisme sont la fièvre, les maux de tête et les frissons.
Les symptômes apparaissent généralement dans les 10 à 15 jours suivant la piqûre d’un moustique infecté.
Ils peuvent être bénins pour certaines personnes, en particulier pour celles qui ont déjà eu une infection palustre. Étant donné que certains symptômes du paludisme ne sont pas spécifiques, il est important de se faire tester rapidement.
Certains types de paludisme peuvent causer des manifestations graves et la mort. Les nourrissons, les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes, les voyageurs et les personnes vivant avec le VIH ou atteintes de sida courent un risque plus élevé. Les symptômes graves comprennent :
- une fatigue extrême et un épuisement
- des troubles de la conscience
- des convulsions répétées
- une difficulté à respirer
- des urines foncées ou du sang dans les urines
- un ictère (coloration jaune des yeux et de la peau)
- des saignements anormaux.
Les personnes présentant des symptômes graves doivent être prises en charge immédiatement. Un traitement précoce en cas de paludisme léger peut empêcher l’infection de s’aggraver.
Une infestation palustre pendant la grossesse peut en outre provoquer un accouchement prématuré ou une insuffisance pondérale à la naissance.
Charge de morbidité
Selon le dernier Rapport sur le paludisme dans le monde, on comptait 263 millions de cas de paludisme en 2023 contre 252 millions en 2022. Le nombre estimé de décès imputables au paludisme s’est quant à lui élevé à 597 000 en 2023 contre 600 000 en 2022.
La Région africaine de l’OMS continue de supporter une part importante et disproportionnée de la charge mondiale du paludisme. En 2023, environ 94 % des cas de paludisme et 95 % des décès dus à la maladie ont été enregistrés dans cette Région. Les enfants de moins de cinq ans représentaient quelque 76 % des décès dus au paludisme dans la Région.
Plus de la moitié de ces décès sont survenus dans quatre pays : le Nigéria (30,9 %), la République démocratique du Congo (11,3 %), le Niger (5,9 %) et la République-Unie de Tanzanie (4,3 %).
Prévention
Il est possible de prévenir le paludisme en évitant les piqûres de moustiques et en prenant des médicaments. Consultez un médecin pour savoir si vous pouvez prendre des médicaments tels qu’une chimioprophylaxie avant de vous rendre dans des régions où le paludisme est fréquent.
Limitez le risque de contracter le paludisme en évitant les piqûres de moustiques :
- Utilisez des moustiquaires lorsque vous dormez dans des endroits où le paludisme est présent.
- Utilisez des répulsifs contre les moustiques (contenant du DEET, de l’IR3535 ou de l’icaridine) après le crépuscule
- Utilisez des serpentins et des vaporisateurs.
- Portez des vêtements protecteurs.
- Placez des moustiquaires sur les fenêtres.
Lutte contre les vecteurs
La lutte antivectorielle est une composante essentielle des stratégies visant à combattre et éliminer le paludisme, car elle s’avère extrêmement efficace pour prévenir l’infection et réduire la transmission. Les deux interventions principales sont l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide et la pulvérisation intradomiciliaire à effet rémanent.
Les progrès dans la lutte mondiale contre la maladie sont pourtant menacés par l’émergence d’une résistance de l’anophèle aux insecticides. Cependant, les moustiquaires de nouvelle génération, qui apportent une meilleure protection contre le paludisme que les moustiquaires imprégnées uniquement d’un pyréthrinoïde, sont de plus en plus accessibles et constituent un outil important dans les efforts mondiaux de lutte contre le paludisme.
Anopheles stephensi constitue un problème supplémentaire pour la lutte contre le paludisme en Afrique. Originaire de certaines parties de l’Asie du Sud et de la péninsule arabique, cette espèce de moustique invasive a étendu son aire de répartition au cours de la dernière décennie – elle a ainsi été détectée dans huit pays africains à ce jour. An. stephensi prospère en milieu urbain, supporte des températures élevées et résiste à de nombreux insecticides employés en santé publique.
Chimioprophylaxie
Les voyageuses et les voyageurs se rendant dans des zones d’endémie palustre doivent consulter leur médecin plusieurs semaines avant leur départ. Celui-ci déterminera quels médicaments prophylactiques sont appropriés pour le pays de destination. Dans certains cas, la prise de médicaments prophylactiques doit commencer deux à trois semaines avant le départ. Tous les médicaments prophylactiques doivent être pris en temps voulu pendant toute la durée du séjour dans la zone à risque et leur prise doit être poursuivie pendant quatre semaines après la dernière exposition possible à l’infection, car les parasites peuvent encore apparaître dans le foie au cours de cette période.
Chimiothérapie préventive
La chimiothérapie préventive (ou chimioprévention) est l’utilisation de médicaments ou d’associations médicamenteuses visant à prévenir l’infection palustre et ses conséquences. Il s’agit d’administrer un traitement complet d’un médicament antipaludique aux populations vulnérables à des moments précis de la période où le risque de paludisme est le plus élevé, que la ou le bénéficiaire soit ou non infecté(e) par le paludisme.
La chimiothérapie préventive recouvre la chimioprévention du paludisme pérenne, la chimioprévention du paludisme saisonnier, le traitement préventif intermittent des femmes enceintes et des enfants d’âge scolaire, la chimioprévention du paludisme post-hospitalisation et l’administration de masse de médicaments. Ces stratégies sûres et économiques visent à compléter les activités de lutte antipaludique en cours, y compris les mesures de lutte antivectorielle, le diagnostic rapide des cas suspects et le traitement des cas confirmés au moyen d’antipaludiques.
Vaccin
Depuis octobre 2021, l’OMS recommande une large utilisation du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 chez l’enfant dans les zones où la transmission du paludisme à P. falciparum est modérée à forte. Il est démontré que le vaccin réduit considérablement la morbidité et la mortalité palustres chez le jeune enfant. En octobre 2023, l’OMS a recommandé un deuxième vaccin antipaludique sûr et efficace, le R21/Matrix-M. Ces vaccins sont actuellement déployés dans le cadre des programmes de vaccination systématique des enfants en Afrique. Sur ce continent, les vaccins devraient sauver des dizaines de milliers d’enfants chaque année. Cependant, l’impact sera maximal lorsque les vaccins seront introduits en même temps que plusieurs autres interventions recommandées par l’OMS, telles que l’usage de moustiquaires et la chimioprophylaxie.
Questions et réponses sur les vaccins antipaludiques
Traitement
Le diagnostic et le traitement précoces du paludisme réduisent la morbidité et préviennent la mortalité palustre et ils contribuent aussi à réduire la transmission. L’OMS recommande que, dans tous les cas présumés, le paludisme soit confirmé par un diagnostic basé sur la recherche des plasmodies (par microscopie ou test diagnostique rapide).
Le paludisme est une infection grave qui nécessite toujours un traitement médicamenteux.
Plusieurs médicaments sont utilisés pour prévenir et traiter le paludisme. Les médecins en choisiront un ou plusieurs en fonction :
- du type de paludisme
- de la résistance d’un parasite du paludisme à un médicament
- du poids ou de l’âge de la personne infectée par le paludisme
- du fait que la personne est enceinte ou non.
Voici les médicaments les plus courants contre le paludisme :
- Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine sont le traitement le plus efficace contre le paludisme à P. falciparum.
- La chloroquine est recommandée pour le traitement de l’infection à P. vivax uniquement dans les endroits où ce parasite est encore sensible à ce médicament.
- La primaquine doit être ajoutée au traitement principal pour prévenir les rechutes de l’infection à P. vivax et à P. ovale.
La plupart des médicaments utilisés se présentent sous forme de pilules. Certaines personnes devront se rendre dans un centre de santé ou un hôpital pour obtenir des médicaments injectables.
Résistance aux antipaludiques
Suivant l’apparition d’une résistance partielle à l’artémisinine dans le bassin du Mékong, l’OMS est très préoccupée par le fait qu’une résistance partielle à l’artémisinine a été confirmée en Érythrée, en Ouganda, en République-Unie de Tanzanie et au Rwanda. Les données disponibles semblent indiquer que cette résistance est également présente en Éthiopie, en Namibie, au Soudan et en Zambie.
En 2022, l’OMS a élaboré une stratégie de riposte face à la résistance aux antipaludiques en Afrique. Un suivi régulier de l’efficacité des antipaludiques est nécessaire pour orienter les politiques thérapeutiques dans les pays d’endémie et assurer une détection précoce de la résistance aux antipaludiques et une intervention rapide.
Pour davantage de précisions sur les travaux de l’OMS concernant la résistance aux antipaludiques dans le bassin du Mékong, consulter la page Web du Programme d’élimination du paludisme dans le Mékong (en anglais).
Mutations génétiques
La plupart des tests de diagnostic rapide (TDR) du paludisme ciblent une ou deux protéines spécifiques produites par le parasite du paludisme P. falciparum : HRP2 et HRP3. Cependant, ils ne détectent pas les parasites présentant des mutations génétiques, qui empêchent l’expression de ces protéines. Il s’ensuit que des patients atteints de paludisme risquent de ne pas être diagnostiqués, permettant ainsi à ces parasites mutants de se propager. En 2023, ces parasites mutants ont été signalés dans 41 pays d’endémie palustre, dont le Burkina Faso, le Tchad, le Togo et, pour la première fois, l’Indonésie. Bien que leur prévalence soit encore faible dans la plupart des pays, elle dépasse 15 % au Brésil, à Djibouti, en Érythrée, au Nicaragua et au Pérou.
Élimination
L’élimination du paludisme est définie comme l’interruption de la transmission locale d’une espèce déterminée du parasite, dans une zone géographique définie, à la suite d’activités spécifiquement menées à cette fin. Les mesures doivent être poursuivies pour empêcher une reprise de la transmission.
En 2023, 35 pays ont signalé moins de 1000 cas autochtones, alors qu’ils étaient à peine 13 en 2000. Les pays n’ayant déclaré aucun cas autochtone pendant trois années consécutives peuvent soumettre à l’OMS une demande de certification de l’élimination du paludisme. Depuis 2015, 14 pays ont été certifiés exempts de paludisme par le Directeur général de l’OMS : les Maldives (2015), Sri Lanka (2016), le Kirghizistan (2016), le Paraguay (2018), l’Ouzbékistan (2018), l’Argentine (2019), l’Algérie (2019), la Chine (2021), El Salvador (2021), l’Azerbaïdjan (2023), le Tadjikistan (2023), Belize (2023), Cabo Verde (2024) et l’Égypte (2024).
Pays et territoires certifiés exempts de paludisme par l’OMS.
Surveillance
Par surveillance du paludisme, on entend la collecte, l’analyse et l’interprétation continues et systématiques de données relatives au paludisme, et l’utilisation de ces données pour la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des pratiques de santé publique. L’amélioration de la surveillance des cas et des décès palustres aide les ministères de la santé à déterminer les zones ou les groupes les plus touchés et permet aux pays de suivre l’évolution épidémiologique. Des systèmes bien établis de surveillance du paludisme aident également les pays à mettre au point des interventions sanitaires efficaces et à évaluer l’impact de leur programme de lutte.
Action de l’OMS
La Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 mise à jour en 2021, constitue un cadre technique pour tous les pays d’endémie. Elle est censée orienter et soutenir les programmes régionaux et nationaux qui s’efforcent de combattre et d’éliminer la maladie.
La Stratégie fixe des buts ambitieux, mais réalistes à l’échelle mondiale :
- réduire d’au moins 90 % l’incidence du paludisme d’ici à 2030
- réduire d’au moins 90 % la mortalité palustre d’ici à 2030
- éliminer le paludisme dans 35 pays au moins d’ici à 2030
- empêcher une résurgence du paludisme dans tous les pays exempts.
Le Programme mondial de lutte contre le paludisme coordonne les activités menées par l’OMS au niveau mondial pour lutter contre le paludisme et l’éliminer. À cet égard :
- il joue un rôle de premier plan dans la lutte contre le paludisme, en soutenant efficacement les États Membres et en ralliant les partenaires afin de parvenir à la couverture sanitaire universelle et d’atteindre les buts et les cibles de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme ;
- il oriente le programme de recherche et promeut la production de données probantes afin d’étayer les orientations mondiales concernant les nouveaux outils et les nouvelles stratégies permettant d’obtenir un impact ;
- il élabore des orientations mondiales conformes à l’éthique et fondées sur des données probantes concernant le paludisme et les diffuse efficacement afin de favoriser leur adoption et leur mise en œuvre par les programmes nationaux de lutte contre le paludisme et d’autres parties prenantes concernées ; et
- il surveille les tendances et les menaces mondiales en matière de paludisme et y réagit.