Les relations ÄÃvariste Galois avec les mathématiciens de son temps
Par sa vie si brève et si tourmentée, par l'originalité, l'élégance et l'ampleur de conception de ses découvertes, par la place éminente qu'a prise sa théorie des groupes dans les branches les plus diverses des mathématiques, Ãvariste Galois apparaît comme une des figures les plus attachantes de toute l'histoire des mathématiques.
En mourant des suites d'un duel, à l'âge de 20 ans 7 mois, le 31 mai 1832, il laissa une Åuvre remarquable à la fois par sa brièveté et par les horizons nouveaux qu'elle ouvrait aux mathématiques. Mais, tout en étant sûr de la valeur de ses idées, il gardait l'amertume d'avoir été, pendant sa courte carrière mathématique,, incompris par tous les savants qui auraient dû encourager de leurs conseils l'éclosion de son génie.
Et ses découvertes restèrent ignorées jusqu'en 1846, où Joseph Liouville publia dans son Journal des Mathématiques pures et appliquées les soixante pages qui nous restent de l'Åuvre de Galois (1). Le mathématicien italien E. Betti fut le premier à éclaircir certains passages restés obscurs de ses écrits et à compléter quelques démonstrations, mais l'ampleur même des conceptions de Galois ne fut véritablement dévoilée qu'en 1870 à la parution du Traité des substitutions de Jordan (2). Depuis, de nombreux savants en développant ces théories et en les appliquant à des branches de plus en plus nombreuses des mathématiques ont montré l'importance considérable qu'elles revêtent.
(1) Journal de Mathématiques pures et appliquées, t. XI, 1846, p. 381-444. Les Åuvres publiées par Liouville furent rééditées avec portrait de Galois : Åuvres mathématiques ÄÃvariste Galois, publiées sous les auspices de la Société Mathématique de France avec une introduction par Emile Picard, Paris, 1897. La plupart des manuscrits de Galois furent publiés par J. Tannery, Manuscrits ÄÃvariste Galois, Paris, 1908. (2) G. Jordan, Traité des substitutions et des équations algébriques, in-4°, xvin + 668 p, Paris, Gauthier- Villars, 1870.