Complément (d’objet) indirect, complément circonstanciel et complément de phrase dans les grammaires contemporaines
Résumés
L’étude menée analyse comment un corpus de 40 grammaires françaises contemporaines traite des compléments prépositionnels diversement rattachés au verbe : des compléments fortement liés au verbe (nuire à quelqu’un), et d’autres qui y sont moins liés (manger dans la cuisine). Au-delà des variations terminologiques (complément indirect, complément d’objet indirect, complément circonstanciel, complément adverbial, complément de phrase), les grammaires présentent des variations dans les définitions et les critères d’identification proposés. Il sera observé que ces critères présentent une version traditionnelle et une moderne, mais que la modernité touche davantage la définition des compléments indirects que celle des compléments de phrase ou circonstanciels.
This study presents an analysis of 40 contemporary French grammars, looking out how they deal with prepositional verbal complements. Such complements are more or less tied to the verb (e.g. nuire à quelqu’un vs. manger dans la cuisine). Beyond terminological variations (indirect complement, indirect object complement, adverbial complement, sentence complement), grammars offer variation in terms of the definitions and the identification criteria. Moreover, while the different criteria show a traditional version and a modern one, modernity affects more the definition of indirect complements than the definition of sentential ones.
Entrées d’index
Mots-clés : grammaire, complément indirect, complément circonstanciel, complément de phrase
Keywords : grammar, indirect object, adverbial complement, sentence complement
Texte intégral
Introduction
1Cet article porte sur la façon dont les grammaires contemporaines définissent deux sortes de compléments prépositionnels plus ou moins fortement liés au verbe : d’un côté, les compléments (d’objet) indirects (ressembler à, parler de, etc.) ; de l’autre, les compléments circonstanciels, adverbiaux ou compléments de phrase (manger son repas dans la cuisine).
2La perspective adoptée pour la définition de ces compléments est un indicateur de la théorie grammaticale choisie, malgré d’inévitables variations. En effet, la grammaire traditionnelle—dans sa version orthodoxe—établit une distinction sémantique entre les compléments verbaux : d’une part, les compléments d’objet (objet sur lequel passe l’action décrite par le verbe), qu’ils soient directs ou indirects ; d’autre part, les compléments circonstanciels (temps, lieu, manière, moyen, etc.). La grammaire moderne, quant à elle, construit une distinction entre complément du verbe et complément de phrase sur la base du lien essentiellement syntaxique entre le verbe et le complément. Les premiers compléments sont fortement liés au verbe, au contraire des seconds.
3L’étude présentée ici cherche à déterminer, au travers des critères de définition utilisés, quelle perspective les grammaires actuellement disponibles sur le marché adoptent quant à ces types de compléments prépositionnels.
Corpus
4La recherche porte sur un corpus d’ouvrages qui forment à l’heure actuelle une bonne partie du paysage grammatical francophone. Ce sont des grammaires publiées pour la plupart depuis les années 2000, mais ont été inclus dans le corpus des textes publiés ou réédités au cours des 30 dernières années dans la mesure où ceux-ci constituent des références dans le domaine. Le corpus compte ainsi 40 titres et comprend essentiellement des grammaires scolaires d’envergures diverses, mais aussi des grammaires savantes descriptives ou prescriptives. La majorité des ouvrages ont été publiés en France (21), mais l’on sait qu’ils sont exportés dans toute la francophonie. Le corpus comprend également des ouvrages publiés au Québec (11), en Belgique (7) et en Suisse (1).
Terminologie
5Au sein du corpus, un peu plus de la moitié des publications, soit 22, optent pour la dénomination traditionnelle de complément d’objet indirect (COI). Ce sont, pour la plupart, des ouvrages français, mais l’on y trouve aussi les ouvrages belges de Grevisse (2009) et de Grevisse et Goosse (1995). L’appellation complément indirect (CI) concurrence la dénomination traditionnelle en délaissant la notion sémantique d’objet, associée à l’analyse notionnelle de la grammaire traditionnelle. On trouve la plupart du temps cette dénomination moderne dans des grammaires belges et québécoises.
6En ce qui concerne le second type de complément (par exemple, manger dans la cuisine), le terme complément circonstanciel (CC), issu de la tradition, occupe la place la plus importante au sein du corpus, avec 24 publications contre 14 qui optent pour complément de phrase (CP). La répartition entre les dénominations traditionnelle et moderne est donc à peu près équivalente à celle entre le COI et le CI. Les publications françaises choisissent systématiquement le terme complément circonstanciel et les ouvrages publiés au Québec, le terme complément de phrase. La terminologie des grammaires belges est plus fluctuante : complément adverbial (Grevisse & Goosse 1995), complément circonstanciel (Cherdon 2005), complément de phrase (Gobbe & Tordoir 1984 ; Kostrzewa 2011 ; Breckx 2012).
7Il est à noter que des ouvrages faisant usage des termes traditionnels de COI et de CC pourront présenter des définitions modernes de ces fonctions. C’est le cas de Riegel et al. (2014) ou de Cherdon (2005). Par contre, en général, le choix de la terminologie moderne CI et CP va de pair avec des définitions modernes.
Critères de définition
8Les grammaires du corpus proposent en tout huit critères pour définir et opposer les deux sortes de compléments. Il s’agit essentiellement de critères d’identification, c’est-à-dire des procédures de reconnaissance des compléments (effacement, déplacement, remplacement, dédoublement et cumul), mais aussi de caractéristiques d’ordres divers (sens, rattachement et préposition). Ces critères seront explicités dans les sections suivantes.
9Les critères les plus exploités dans le corpus pour définir le COI / CI sont, par ordre d’importance, le déplacement, l’effacement et le rattachement (voir le Tableau 1). Le remplacement et le sens sont moins représentés, mais bien implantés malgré tout, tandis que le critère portant sur la préposition et celui du dédoublement sont nettement moins exploités.
Tableau 1. Les critères de définition des COI / CI et des CC / CP dans les 40 grammaires du corpus
Critères pour le COI / CI | Critères pour le CC / CP | ||||
Critères | Grammaires du corpus | Critères | Grammaires du corpus | ||
Déplacement | 28 | (70 %) | Effacement | 31 | (78 %) |
Effacement | 27 | (68 %) | Déplacement | 27 | (68 %) |
Rattachement | 25 | (63 %) | Sémantique | 25 | (63 %) |
Remplacement | 23 | (58 %) | Remplacement | 16 | (40 %) |
Sémantique | 21 | (53 %) | Rattachement | 15 | (38 %) |
Préposition | 15 | (38 %) | Dédoublement | 10 | (25 %) |
Dédoublement | 10 | (25 %) | Préposition | 8 | (20 %) |
Cumul | - | Cumul | 9 | (23 %) |
10Les définitions du CC / CP n’exploitent pas l’ensemble des critères avec la même force ni dans le même ordre. Ainsi, ce n’est pas le critère du déplacement qui est le plus utilisé (voir le Tableau 1), mais celui de l’effacement, qui apparaît comme le critère le plus caractéristique de cette fonction, 78 % des grammaires en faisant usage. Viennent ensuite le déplacement et le sens.
11Si les critères les plus exploités pour caractériser les deux fonctions de COI / CI et de CC / CP sont l’effacement (davantage pour le CC / CP) et le déplacement (davantage pour le COI / CI), il faut surtout souligner qu’aucun critère ne fait l’unanimité. D’une part, les deux fonctions sont censées s’opposer sur le plan fonctionnel et donc présenter un résultat inverse lors de l’application des critères d’identification (le résultat positif d’un critère définit l’une des deux fonctions et donne un résultat négatif pour l’autre fonction) ; or cela ne se reflète pas dans l’exploitation des critères définitoires puisqu’ils ne sont pas exploités dans les mêmes proportions par les grammaires du corpus. D’autre part, on constate qu’aucun critère ne permet de définir unanimement chacune de ces fonctions. En effet, le score le plus élevé d’entente sur un type de critère est de 78 % pour le CC / CP et de 70 % pour le COI / CI. Cette situation montre la variation qui existe entre les grammaires, celles-ci ne s’entendant pas même à ce niveau de généralité, puisque l’on regarde ici le type de critère et non sa description précise.
12La plupart des critères présentent une version traditionnelle et une autre, moderne (voir le Tableau 2), ce que nous détaillerons dans les sections suivantes. Le CC / CP résiste davantage à l’approche moderne que le COI / CI, mais celle-ci est désormais indéniablement ancrée dans le paysage grammatical.
Tableau 2. L’approche moderne des critères de définition
Critères | COI / CC | CC / CP | ||
Grammaires du corpus | Grammaires du corpus | |||
Effacement | 27 | (100 %) | 26 | (84 %) |
Déplacement | 28 | (100 %) | 24 | (89 %) |
Rattachement | 21 | (84 %) | 15 | (100 %) |
Remplacement | 18 | (78 %) | 9 | (56 %) |
Préposition | 8 | (53 %) | - | |
Sémantique | 9 | (43 %) | 9 | (36 %) |
Effacement
13Les grammaires qui utilisent ce critère pour le COI / CI s’entendent sur le fait que le complément ne peut pas être supprimé, enlevé, effacé ; que c’est un complément essentiel, indispensable, obligatoire ; que c’est un groupe, un constituant obligatoire :
Le complément de verbe est un constituant indispensable du groupe du verbe. […] On ne peut pas le supprimer. (Éluerd 2009 : 195)
La T [transformation] effacement est impossible. (Breckx 2012 : 101)
Le COI est indispensable à la compréhension de la phrase. Le supprimer est impossible. (Bayol & Bavencoffe 2013 : 97)
14Par contre, la position face au caractère facultatif ou non du CC / CP n’est pas unanime. On distingue deux attitudes : d’une part, les tenants des CC / CP qui sont tantôt essentiels, tantôt facultatifs (position traditionnelle) ; d’autre part, les tenants des compléments qui sont uniquement facultatifs (position moderne).
15La première position est la moins représentée à l’heure actuelle (5 cas sur 31, soit 14 %). On la trouve chez Arrivé et al. (1986), Grevisse et Goosse (1995), Denis et Sancier-Château (1994)1 et Bescherelle (2006, Didier Hatier) :
Les éléments subordonnés au verbe ou compléments présentent une grande variété. Pour établir des distinctions, on prend surtout en considération les trois points de vue suivants : l’étroitesse du lien avec le verbe [compléments essentiels ou non essentiels] ; la construction avec ou sans préposition [compléments d’objet directs et indirects] ; la commutation (ou substitution), notamment avec un adverbe [compléments adverbiaux et non adverbiaux]. (Grevisse & Goosse 1995 : 91, para. 111)
16La seconde position, qui consiste à définir le CC / CP comme un complément facultatif, effaçable, non indispensable, etc. est nettement majoritaire (26 sur 31, soit 84 %) :
Il n’est pas un groupe obligatoire de la phrase (complément non essentiel). (Kostrzewa 2011 : 63)
La phrase peut également s’enrichir d’un constituant facultatif qui précise les circonstances de ce qui est énoncé dans la phrase : c’est le complément de phrase. Celui-ci peut être effacé […] sans que cela nuise à la formation de la phrase. (Clamageran et al. 2011 : 36)
Le complément de P doit avoir toutes les caractéristiques suivantes : 1) Il peut être enlevé. (Lefrançois 2013 : 52)
17Malheureusement, le critère de la suppression d’un complément rencontre très vite des difficultés d’interprétation qui apparaissent avec plus de force dans le cas des COI / CI. On sait qu’un verbe peut présenter des constructions tantôt avec tantôt sans complément, celui-ci étant alors sous-entendu ou apportant une nuance sémantique aussi légère soit-elle. Ainsi, un nombre non négligeable de publications (15 sur les 27 qui utilisent le critère du non-effacement pour le COI / CI, soit 55,5 %) le relativisent-elles : Gobbe & Tordoir (1984) ; Arrivé et al. (1986) ; Bosquart (1998) ; Aslanides (2001) ; Christensen et al. (2005) ; Bescherelle HMH (2006) ; Maingueneau (2007) ; Bled et Bled (2007) ; Boivin & Pinsonneault (2008) ; Cellier et al. (2010) ; Kostrzewa (2011) ; Laporte & Rochon (2011) ; Chartrand et al. (2011) ; Grevisse et Goosse (2011) et Bescherelle Didier Hatier (2012). Les auteurs relativisent diversement la suppression du COI / CI : rarement, peut / peuvent, souvent essentiel, généralement non effaçable, normalement, etc. :
Le caractère essentiel de certains objets indirects est même contestable. (Grevisse & Goosse 2011, para. 281a)
[Le CI] peut ou non être effacé selon la construction du verbe dont il dépend. (Chartrand et al. 2011 : 118)
Il peut rarement être supprimé sans changer le sens de la phrase. (Kostrzewa 2011 : 66)
18Rares sont les auteurs qui signalent l’importance du sens pour juger du test de l’effacement :
En effet, certains groupes syntaxiques s’effacent […] seulement au prix d’une importante altération sémantique [...]. (Bosquart 1998 : 414)
L’interprétation des manipulations syntaxiques doit donc faire intervenir le sens de l’énoncé analysé. (Chartrand et al. 2011 : 118)
Déplacement
19Le critère du déplacement est équitablement utilisé pour définir les deux fonctions qui nous occupent. En ce qui concerne le COI / CI, six ouvrages sont catégoriques : son déplacement est tout simplement impossible (Genevay 1994 ; Denis & Sancier-Chateau 1994 ; Boivin & Pinsonneault 2008 ; Breckx 2012 ; Vassevière 2013 ; Lecavalier 2013), ou alors impossible à l’extérieur du groupe verbal (Chartrand et al. 2011 : 117 ; Laporte & Rochon 2011 : 92). Tous les auteurs ne sont pas aussi péremptoires. Quelques-uns relèvent le comportement des pronoms clitiques :
Quand le complément d’objet indirect est un pronom personnel, il est généralement placé avant le verbe. Pascal lui parle. […] Mais : Parle-lui. (Éluerd 2009 : 199)
20D’autres, surtout, relativisent le critère du déplacement. Certaines publications signalent diverses formes de mises en relief (avec ou sans dislocation) et leur impact sur la position du complément prépositionnel (Grevisse & Goosse 1995 : 2011 ; Bescherelle HMH 2006 et Didier Hatier 2012 ; Dubois & Lagane 2009 ; Éluerd 2009) :
Mais les besoins de la communication ou de l’expressivité amènent en tête de phrase des compléments qui dépendent incontestablement d’un verbe. (Grevisse & Goosse 1995 : 93, para. 111)
Dans certains cas, il est possible de placer le COI à gauche du verbe afin de le mettre en relief […] À leurs parents, ils obéissent volontiers. […] À Jacques, je répondrai non, alors qu’à Jean je répondrai oui. […] Ce gardien, je me souviens de lui. (Bescherelle 2006, para. 287 [Didier Hatier], para. 135 [HMH])
21L’application stricte du test de déplacement impose de ne faire aucune dislocation et donc interdit tout pronom de reprise, ce à quoi contrevient le dernier exemple ce gardien, je me souviens de lui2.
22Finalement, quelques auteurs insistent sur le fait que le COI / CI n’est pas totalement fixe, mais occupe plutôt une position privilégiée :
Le complément de verbe a une place assignée et n’est pas déplaçable à volonté. (Éluerd 2004 : 130)
Un déplacement en tête de phrase est parfois possible : À cette lettre, je répondrai plus tard. (Gobbe & Tordoir 1984, para. 39, rem. 5)
On constate d’ailleurs que l’objet indirect est souvent lié au verbe d’une façon moins étroite que l’objet direct. Il est plus facilement déplacé […]. (Grevisse & Goosse 2011, para. 281a)
23En ce qui concerne le CC / CP, les grammaires qui ne font pas usage du caractère déplaçable de ce complément n’utilisent jamais le terme moderne de complément de phrase (Arrivé et al. 1984 ; Aslanides 2001 ; Dubois & Lagane 2004 ; Delatour et al. 2004 ; Cherdon 2005 ; Bled & Bled 2007 ; Poisson-Quinton et al. 2007 ; Dubois & Lagane 2009 ; Grevisse 2009 ; Struve-Debeaux 2010 ; Grevisse & Goosse 2011 ; Porée 2011). Les grammaires qui font usage de ce critère moderne caractérisent ce constituant comme étant mobile, déplaçable, permutable, et ce, à l’intérieur de la phrase : « Ils sont mobiles et peuvent prendre place en différents points de la phrase » (Cellier et al. 2010 : 151).
24Certains auteurs nuancent toutefois les possibilités de déplacement. Leur mise en garde peut cependant provenir de la vision traditionnelle du circonstanciel. En effet, le CC y est défini sur la base des circonstances (temps, lieu, etc.) et entremêle ainsi des compléments aux comportements syntaxiques différents :
La place du complément circonstanciel est plus libre que celle du sujet, du complément d’objet. (Chevalier et al. 2002 : 186)
Mais la même opération révèle des difficultés pour certains types de compléments habituellement considérés comme circonstanciels […]. (Maingueneau 2007 : 60)
25On trouve plus rarement signalé le lien entre déplacement et sens : « La place du complément circonstanciel nuance sa signification. » (Éluerd 2009 : 228).
Sémantique
26La moitié des publications du corpus font appel au sens pour définir le COI / CI, mais elles le font selon deux perspectives, et ce de manière équivalente. D’un côté, 10 publications optent pour une définition traditionnelle, en termes d’objet de l’action (Arrivé et al. 1986 ; Wagner & Pinchon 1991 ; Chevalier et al. 2002 ; Delatour et al. 2004 ; Christensen et al. 2005 ; Bled & Bled 2007 ; Grevisse 2009 ; Dubois & Lagane 2009 ; Éluerd 2009 ; Bayol & Bavencoffe 2013) :
L’action passe indirectement sur l’objet par l’intermédiaire d’une préposition. (Delatour et al. 2004 : 93)
Il convient d’interpréter dans un sens large la notion d’objet et d’y inclure tout ce qui n’est pas nettement circonstance ou agent. (Grevisse 2009, para. 48)
C’est bien à regret, et seulement pour expliciter la terminologie officielle, que nous avons gardé cette définition sémantique. (Dubois & Lagane 2009 : 70)
27À l’inverse, certains auteurs rejettent plus ou moins fermement la perspective traditionnelle :
On dit souvent que le complément d’objet représente ce sur quoi passe l’action du sujet. Mais cette définition sémantique n’est pas toujours satisfaisante […]. (Grevisse & Goosse 1995, par. 112, note 4 ; même contenu dans Grevisse & Goosse 2011, para. 278)
Le caractère extrêmement flou de cette définition, ses dangers […] doivent inviter à abandonner toute interprétation sémantique du complément d’objet. On se fondera donc sur une définition formelle. (Denis & Sancier-Chateau 1994 : 370)
28L’autre perspective est représentée d’une part par des auteurs qui laissent le sens s’immiscer dans la définition (Aslanides 2001 ; Laporte & Rochon 2011 ; Breckx 2012) :
Sur le plan sémantique, le CI peut aussi exprimer le lieu, la manière. (Breckx 2012, para. 123)
29Elle est représentée d’autre part par des ouvrages récents qui renvoient clairement à l’analyse sémantique du verbe (Éluerd 2004 ; Cherdon 2005 ; Maingueneau 2007 ; Lefrançois 2013 ; Riegel et al. 2014) :
Le complément du verbe participe du sens de ce verbe […] habiter implique un lieu appréhendé dans son intériorité, partir le passage d’un lieu à un autre. (Maingueneau 2007 : 123)
30Un nombre assez important de grammaires proposent d’ailleurs des exemples de compléments de lieu comme COI / CI (aller à, revenir de, sortir de, être à, etc.) : Gobbe & Tordoir (1984), Wagner & Pinchon (1991), Genevay (1994), Aslanides (2001), Maisonneuve (2003), Éluerd (2004), Cherdon (2005), Izaute & Roberge (2006), Maingueneau (2007), Bonenfant (2008), Cellier et al. (2010), Clamageran et al. (2011), Laporte & Rochon (2011), Breckx (2012), Riegel et al. (2014).
31À l’inverse, l’insertion du sens dans la définition des CC / CP fait encore majoritairement appel à la notion traditionnelle de circonstance et à une liste de sens comme le lieu, le temps, etc. (Arrivé et al. 1986 ; Denis & Sancier-Chateau 1994 ; Grevisse & Goosse 1995 ; Chevalier et al. 2002 ; Delatour 2004 ; Éluerd 2004 ; Christensen et al. 2005 ; Bescherelle 2006 [HMH et Didier Hatier] ; Grevisse 2009 ; Dubois & Lagane 2009 ; Laporte & Rochon 2011 ; Porée 2011 ; Kostrzewa 2011 ; Clamageran 2011 ; Breckx 2012 ; Bayol & Bavencoffe 2013). La notion de circonstance est tellement prégnante qu’on la trouve même dans des grammaires qui ont opté pour l’approche moderne :
[…] un constituant facultatif précise les circonstances de ce qui est énoncé dans la phrase. (Clamageran et al. 2011 : 36)
32Certains auteurs critiquent cette vision traditionnelle ou tiennent à s’en distinguer (Wagner & Pinchon 1991 ; Cellier et al. 2010) :
Ce n’est pas parce qu’un complément peut être doté d’un nom précis dans une étude sémantique (lieu, prix, mesure...) qu’il doit être appelé circonstanciel. (Wagner & Pinchon 1991 : 78)
33Enfin, on voit poindre dans certains ouvrages des indications, diversement exprimées, sur le fait qu’un CC / CP est un complément qui n’est pas sélectionné par le verbe (Genevay 1994 ; Bosquart 1998 ; Aslanides 2001 ; Maingueneau 2007 ; Éluerd 2009 ; Lefrançois 2013 ; Riegel et al. 2014) :
Les compléments circonstanciels ne sont pas indispensables au sens du verbe. (Éluerd 2009 : 227)
[…] il ne dépend pas de la structure valencielle du verbe […]. (Riegel et al. 2014 : 261)
34Certaines publications concilient les points de vue traditionnel et moderne, ce qui démultiplie inutilement les sortes de compléments, mais qui est courant en période de transition. Ainsi, les grammaires qui introduisent—partiellement ou complètement—des compléments essentiels de lieu, de temps et de mesure (suivant en cela les programmes français) proposent-elles une catégorie de compléments verbaux très nettement extraite des anciens circonstanciels, mais non encore reclassée au sein des compléments directs et indirects3. On constate, à cet égard, que les compléments prépositionnels essentiels (compléments de lieu, en tête) se trouvent plus facilement intégrés dans les COI / CI que les compléments non prépositionnels ne le sont dans les COD / CD.
Rattachement
35Le rattachement syntaxique est un critère de définition et non un test syntaxique. Il découle en fait des comportements des compléments notamment face aux tests de mobilité, d’effacement et de remplacement. Les grammaires définissent davantage le COI / CI que le CC / CP à partir de ce critère. Trois approches sont présentes : le COI / CI complète le verbe (Grevisse 2009 ; Genevay 1994 ; Struve-Debeaux 2010 ; Lefrançois 2013), mais selon la tradition, autant les COI que les CC complètent un verbe, un tel choix de définition du COI / CI à l’heure actuelle est donc ambigu ; il y est lié plus ou moins fortement (Bosquart 1998 ; Aslanides 2001 ; Cherdon 2005 ; Bescherelle 2006 [HMH] ; Bled & Bled 2007 ; Bayol & Bavencoffe 2013 ; Vassevière 2013 ; Riegel et al. 2014) ou il est un constituant du groupe verbal (Arrivé et al. 1986 ; Denis & Sancier-Chateau 1994 ; Maisonneuve 2003 ; Dubois & Lagane 2004 ; Éluerd 2004 ; Christensen et al. 2005 ; Bescherelle 2006 [Didier Hatier] ; Maingueneau 2007 ; Bonenfant 2008 ; Éluerd 2009 ; Cellier et al. 2010 ; Kostrzewa 2011 ; Lecavalier 2013) :
C’est donc un groupe de mots qui complète aussi le verbe […]. (Lefrançois 2013 : 172)
Le COI est une fonction qui se rattache au verbe. On doit savoir le distinguer […] du CC qui est moins directement dépendant du verbe utilisé. (Bescherelle 2006 [HMH], para. 145)
Le complément du verbe est la fonction qu’occupe une expansion du verbe dans le groupe verbal. Il est contrôlé par le verbe, auquel il se rattache […] au moyen d’une préposition s’il s’agit d’un complément indirect. (Lecavalier 2013 : 32)
36Les grammaires qui abordent le rattachement du CC / CP en précisant qu’il ne dépend pas du verbe, qu’il y est moins lié ou qu’il porte sur le reste de la phrase adoptent une approche moderne (Wagner & Pinchon 1991 ; Éluerd 2004 ; Maisonneuve 2003 ; Cherdon 2005 ; Izaute & Roberge 2006 ; Maingueneau 2007 ; Bonenfant 2008 ; Cellier et al. 2010 ; Kostrzewa 2011 ; Lecavalier 2013 ; Vassevière 2013 ; Lefrançois 2013). Ces différentes informations peuvent se côtoyer :
Le CC ne dépend pas de la tête d’un groupe syntaxique, mais de l’ensemble GN-GV dont il définit en quelque sorte le cadre. (Maingueneau 2007 : 121)
37Le point de vue adopté peut être strictement syntagmatique :
Pas de branchement à l’intérieur du GV (Boivin & Pinsonneault 2008 : 55)
Le complément de la phrase […] s’ajoute à la structure P -> GNs + GV. Il n’appartient pas au GV. (Breckx 2012 : 111)
38Par ailleurs, certains ouvrages établissent une distinction entre compléments intraprédicatifs d’une part, c’est-à-dire des compléments du verbe soit sélectionnés (intégrés, dépendants) soit non sélectionnés (non intégrés, mais constitutifs du groupe verbal et pouvant être mis en relief par c’est...que), et extraprédicatifs d’autre part, c’est-à-dire les véritables compléments de phrase (adjoints, impossibles à mettre en relief par c’est...que). Les critères syntaxiques ne sont cependant pas explicités dans les grammaires :
[Les CP] apportent une information sur l’ensemble de la phrase. […] les CC sont des compléments du verbe. (Christensen et al. 2005 : 98-100)
On désignera ainsi sous l’appellation de compléments circonstanciels intégrés ceux qui entrent dans le groupe verbal, qu’ils complètent étroitement, et l’on donnera le nom de compléments circonstanciels adjoints à la catégorie opposée. (Denis & Sancier-Château 2013 : 88)
Remplacement
39Le test de remplacement est davantage utilisé pour le COI / CI et prend des formes très différentes en grammaire traditionnelle et en grammaire moderne. Des grammaires, peu nombreuses, proposent encore le remplacement par des pronoms interrogatifs, c’est-à-dire qu’elles font appel aux questions traditionnelles (Arrivé et al. 1986 ; Bled & Bled 2007 ; Grevisse 2009 ; Struve-Debeaux 2010 ; Porée 2011) :
Pour trouver le COI, on pose généralement les questions à qui ? de qui ? à quoi ? de quoi ? après le verbe. (Bled & Bled 2007 : 68)
40Davantage d’ouvrages optent pour l’approche moderne, c’est-à-dire le remplacement par des pronoms personnels spécifiques. Ces ouvrages proposent des listes de pronoms plus ou moins longues qui ont le statut de critère de reconnaissance ou servent simplement à décrire la fonction de COI / CI (Genevay 1994 ; Denis & Sancier-Chateau 1994 ; Bosquart 1998 ; Chevalier et al. 2002 ; Poisson-Quinton et al. 2007 ; Boivin & Pinsonneault 2008 ; Cellier et al. 2010 ; Kostrzewa 2011) :
Il peut être pronominalisé par lui, leur, en, y. (Kostrzewa 2011 : 66)
41Certaines grammaires précisent, plus ou moins clairement selon les cas, que la préposition peut accompagner ou non le pronom de remplacement (Maisonneuve 2003 ; Bescherelle 2006 [HMH-Didier Hatier] ; Izaute & Roberge 2006 ; Éluerd 2009 ; Chartrand et al. 2011 ; Laporte et Rochon 2011 ; Breckx 2012 ; Riegel et al. 2014) :
Le complément indirect du verbe peut être pronominalisé par les pronoms compléments indirects lui / leur, en, y, placés avant le verbe […]. Certains GPrép compléments indirects du verbe ne se pronominalisent pas. Seule l’expansion de la préposition peut être pronominalisée par lui / elle / eux / elles ou cela, ça. […] Manuel parle d’eux. (Chartrand et al. 2011 : 116)
42Gobbe et Tordoir (1984) sont les seuls du corpus à adopter un point de vue très restrictif par rapport à la pronominalisation puisque le maintien de la préposition exclut l’analyse en CI :
Quand le GNP [Groupe Nominal Prépositionnel] se pronominalise uniquement derrière le verbe en maintenant la préposition, il est complément de phrase. (Gobbe & Tordoir 1984, para. 39)
43Appliqué au CC / CP, le critère de remplacement peut prendre la forme des questions de la grammaire traditionnelle, ce que proposent encore trois grammaires (Christensen et al. 2005 ; Dubois & Lagane 2009 ; Kostrzewa 2011). On trouve ainsi chez Dubois et Lagane (2009 : 28-32) de nombreuses expressions interrogatives : où, quand, combien de temps, comment, de quelle façon, avec quoi, pourquoi, pour quelle raison, sous l’effet de quoi, dans quelle intention, etc.
44Ces questions sont abandonnées par les autres grammairiens au profit d’indications sur l’absence de pronominalisation (Cellier et al. 2010 ; Breckx 2012) ou sur les rares cas où elle est possible (Gobbe & Tordoir 1984 ; Denis & Sancier-Chateau 1994 ; Bosquart 1998 ; Boivin & Pinsonneault 2008 ; Chartrand et al. 2011 ; Laporte & Rochon 2011 ; Riegel et al. 2014), la seconde position étant parfois liée au fait que certaines grammaires analysent comme circonstanciel tout complément de lieu (Denis & Sancier-Chateau 1994 ; Bescherelle 2006). Enfin, Grevisse et Goosse (1995, 2011) signalent que le remplacement par un pronom est envisageable, mais soulignent surtout la possibilité d’un remplacement par un adverbe, ce qui revient aux notions circonstancielles de lieu, de temps, etc. La différence entre les approches traditionnelle et moderne par rapport au critère de remplacement n’est pas une différence de principe (il s’agit toujours de remplacement), mais de type (remplacement par des mots interrogatifs dans un cas ; par des pronoms personnels, voire adverbiaux, dans l’autre).
Choix de la préposition
45Si le COI / CI se construit systématiquement avec une préposition, les grammairiens adoptent des positions diverses au sujet du choix de celle-ci. La majorité des publications ne précisent rien, hormis la présence d’une préposition quelconque, ce qui est un point de vue généralement moderne. Si les grammairiens précisent quelque chose à propos du choix de la préposition, ils se rangent dans deux camps équitablement représentés : d’une part, ceux qui, dans l’optique traditionnelle, restreignent le COI / CI aux prépositions à et de (également en chez Chevalier et al. 2002 ; Christensen et al. 2005 ; Bescherelle 2006 ; Bled & Bled 2007 ; Éluerd 2009 ; Porée 2011) ; d’autre part, ceux pour qui la préposition ne relève pas d’un ensemble de choix préalablement fermé, mais est fixée, imposée par le verbe (Gobbe & Tordoir 1984 ; Denis & Sancier-Chateau 1994 ; Bosquart 1998 ; Aslanides 2001 ; Cherdon 2005 ; Boivin & Pinsonneault 2008 ; Éluerd 2009 ; Breckx 2012).
46Quant au CC / CP, les rares indications que donnent les grammaires consistent à souligner que le choix de la préposition n’est pas imposé par le verbe (Gobbe & Tordoir 1984 ; Chevalier et al. 2002 ; Éluerd 2004, 2009 ; Cherdon 2005 ; Christensen et al. 2005 ; Bescherelle 2006) :
La préposition est choisie en fonction de la circonstance. (Éluerd 2004 : 134)
La préposition n’est pas régie par le verbe. (Cherdon 2005, para. 355)
47Il n’y a pas véritablement dans ce cas de changement d’optique entre les différentes versions de la théorie grammaticale.
48Denis et Sancier-Chateau (1994), qui établissent une distinction entre CC adjoints et intégrés, se positionnent entre les tendances du CC / CP et celles du COI / CI, et stipulent que la préposition est tantôt régie tantôt non régie par le verbe.
Dédoublement et cumul
49Ces deux critères apparaissent peu souvent dans le corpus et relèvent de l’approche moderne. Le dédoublement (insertion de et cela se passe, et il le fait, etc. avant le complément) permet d’identifier un constituant non sélectionné par le verbe. Ce critère est prôné par les grammaires québécoises (Bosquart 1998 ; Izaute & Roberge 2006 ; Boivin & Pinsonneault 2008 ; Chartrand et al. 2011 ; Laporte & Rochon 2011 ; Lecavalier 2013 ; Lefrançois 2013) et quelques grammaires belges (Gobbe & Tordoir 1984 ; Cherdon 2005 ; Breckx 2012). Le critère du cumul des CC / CP est peu exploité et l’est essentiellement par des grammaires françaises (Genevay 1994 ; Denis & Sancier-Chateau 1994 ; Chevalier et al. 2005 ; Christensen et al. 2005 ; Éluerd 2004, 2009 ; Maingueneau 2007 ; Lefrançois 2013 ; Riegel et al. 2014).
Nomenclatures et programmes
50En fonction du public qu’elles cherchent à toucher, les grammaires suivent plus ou moins fortement ce que prescrivent les programmes d’enseignement ministériels ou les nomenclatures officielles et codes de terminologie lorsqu’ils existent. Pour leur part, ces textes officiels, ne pouvant par définition se substituer aux grammaires, proposent souvent des indications lacunaires. Dès lors, la transposition des notions dans les ouvrages publiés ne peut qu’être sujette à interprétation et à variation.
51Les textes officiels belges, français, suisses et québécois s’entendent tous sur l’opposition moderne entre les compléments du verbe appartenant au groupe verbal et d’autres compléments situés en dehors de celui-ci. Par contre, des différences apparaissent dès qu’est dépassé le principe de répartition général et que sont apportées des précisions à ce sujet. Par exemple, la terminologie française de 1998 établissait une distinction d’une part au sein des compléments verbaux (COD et COI en opposition, entre autres, aux compléments essentiels « exprimant le lieu, le prix, le poids, la mesure, la durée, etc. » [1998 : 17]), d’autre part, au sein des compléments externes au groupe verbal (CC, « les compléments circonstanciels peuvent être supprimés ou peuvent être déplacés dans la phrase [...] Pierre a offert à Marie un cadeau pour son anniversaire » [1998 : 17], face aux CP, « complément de phrase : déplacement et dislocation possibles, extraction impossible [...] Malheureusement, il est parti » [1998 : 18]). La version des programmes français de 2015 ne fait plus référence à ces distinctions et propose une opposition simplifiée entre compléments du verbe, qui complètent le verbe et appartiennent au groupe verbal, et compléments de phrase, qui complètent la phrase. C’est ce que propose le code de terminologie belge (1986). Dans tous les cas, les textes officiels mettent au premier plan les critères de suppression et de déplacement, sans délaisser celui de la pronominalisation.
52L’étude présentée ici a permis de montrer que ces directives sont transposées, à des degrés divers, dans les publications grammaticales, ou y sont reflétées diversement lorsque les grammaires leur sont antérieures. Ainsi Denis et Sancier-Château (1994) distinguent-elles les CC des CP, mais rangent les premiers dans le groupe verbal. Les différences de classement rencontrées dans notre corpus, notamment celles portant sur les compléments de lieu, tantôt compléments indirects, tantôt compléments essentiels de lieu, trouvent leur origine ou sont reflétées dans les textes officiels. En effet, le code de terminologie belge précise clairement que je vais à Mons, mon frère sera à Paris, etc. présentent des compléments indirects (1986 : 2), tandis que la nomenclature française range de tels compléments dans les compléments essentiels de lieu (1998 : 17). On relèvera une incohérence significative dans la nomenclature française, où il va à la pêche est présenté comme un complément indirect, donnant lieu au classement du verbe aller en transitif indirect (1998 : 16). On notera finalement que Pellat et Fonvielle (2016), dans un ouvrage explicitement présenté comme conforme aux nouveaux programmes, optent pour les compléments essentiels de lieu, de mesure, etc., tandis que Riegel et al. (2014 et 2016) rangent les compléments de lieu dans les compléments indirects et laissent les compléments de mesure dans une catégorie différente de celle du COD.
Conclusion
53Les critères qui servent à départager les COI / CI des CC / CP sont presque tous d’ordre formel, la plupart présentent une version moderne et une traditionnelle. Les dénominations traditionnelles peuvent être associées à l’option théorique moderne, en particulier en Europe. De manière générale, nous avons constaté que l’approche moderne était bien présente dans le corpus, mais semblait opposer une certaine résistance dans le cas des CC / CP. En particulier, les notions sémantiques traditionnelles de circonstances restent ancrées dans les publications (soit dans la définition moderne des CC / CP soit dans les nouveaux compléments essentiels de lieu, de mesure, de durée, etc.) bien que le critère sémantique ait été revisité au moyen de l’approche valencielle. Après avoir délaissé l’analyse notionnelle traditionnelle, la grammaire a réintroduit le sens en considérant le lexique verbal et l’incidence sémantique, voire pragmatique, du déplacement et de la suppression de certains compléments. Malheureusement, des critères comme celui de l’effacement et du déplacement sont sujets à des interprétations variables, ce qui rend la distinction entre le COI / CI et le CC / CP parfois fluctuante d’un ouvrage à l’autre. Enfin, le rattachement d’un complément au verbe ou à la phrase se révèle, lui aussi, labile et mène à des analyses divergentes. Force est de constater que même au sein de l’approche moderne règnent certaines fluctuations.
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Notes de bas de page
1 La position de Denis et Sancier-Château s’inscrit cependant dans une vision plus linguistique puisque sont distingués les compléments du verbe, des circonstanciels intégrés et des circonstanciels adjoints.
2 On notera, au passage, la particularité de la dislocation à gauche d’un groupe prépositionnel. Celui-ci prend habituellement la forme d’un groupe nominal (ce gardien... de lui, et non de ce gardien... de lui).
3 Il faut cependant reconnaître qu’un tel reclassement impose des ajustements non négligeables dans le reste de l’appareil théorique (définition de la transitivité et présentation de l’accord du participe passé).
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