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Il a été révélé par le cinéma d’auteur via la nouvelle vague avec À double tour de Claude Chabrol (1959) et surtout avec À bout de souffle de Jean-Luc Godard (1960). Il a été une référence française du film de cape et d’épée grâce à Cartouche (1962) ou Les Mariés de l’an II (1971). Et il est devenu ensuite une icône du cinéma populaire avec de grosses productions comme Le Professionnel (1981) ou L’As des as (1982). Jean-Paul Belmondo, mort à l’âge de 88 ans, résume à lui seul l’évolution du septième art en France dans la seconde moitié du XXe siècle. Son succès s’explique, car Jean-Paul Belmondo avait ce que l’on appelle une « gueule », qu’il accompagnait avec un charisme et un talent d’improvisation extraordinaires. Un cocktail simple, mais qui s’est avéré explosif au point de secouer le cinéma hexagonal durant plusieurs décennies.
Et l’un des faits les plus marquants de la carrière de Bebel est cette propension à porter un film sur son seul nom et à développer le concept du rôle-titre avec des productions comme Le Solitaire, L’Alpagueur, Le Guignolo, Le Marginal, Le Magnifique ou L’Incorrigible, etc. Les autres acteurs du casting, malgré leur talent, étaient réduits à des faire-valoir à part peut-être Bruno Cremer dans L’Alpagueur ou Jean-Pierre Marielle dans Le Clown qui sont parvenus à faire jeu égal avec lui sur un tournage. Pas facile de crever l’écran à ses côtés ! Pour éviter des rivalités intestines et autres crises d’ego durant les tournages, Jean-Paul Belmondo prit donc soin de s’entourer, devant la caméra, de ses vieux amis – dont certains sont issus du Conservatoire national supérieur d’art dramatique.
Figure de proue de la meilleure des générations d’acteur
L’histoire commence donc dans cette institution réputée à partir d’octobre 1952. Bebel y fait les 400 coups avec ses copains. La bande forme une génération d’acteurs qui s’est affirmée très vite comme un club de surdoués dotés d’un naturel incroyable devant la caméra et qui ont largement contribué à l’âge d’or du cinéma français. Pierre Vernier, Jean-Pierre Marielle, Michel Beaune, Jean Rochefort ou Bruno Cremer, des décennies plus tard, ont tous accepté de laisser la vedette à Belmondo qui incarnait à chaque fois la substantifique moelle du film.
Aux côtés de Bebel, le cocktail donnait lieu à des scènes ou à des dialogues devenus cultes qui laissent transparaître une complicité réelle entre les acteurs. On est très loin ici de l’esprit de Hollywood avec les conflits de stars et les imprésarios omniprésents. Jean-Paul Belmondo, qui a toujours su rester modeste, parlait d’aventure collective avec « les copains » lorsqu’on l’interrogeait sur le succès de ses films. « On était heureux de faire ce métier », assure-t-il. Et avec des amitiés qui ont duré, comme avec Charles Gérard, qui le côtoyait depuis plus de 60 ans – la mort de ce dernier en 2019 l’avait beaucoup affecté !
À égalité avec Gabin et Delon
De même, Bebel n’a jamais été effacé par un partenaire sur une production, fût-il un monstre du cinéma français. Encore jeune espoir, il tient la dragée haute à Jean Gabin dans Un singe en hiver (1962) ou à Lino Ventura et Bernard Blier dans Cent mille dollars au soleil (1964). Alain Delon a beau être au firmament et porter magnifiquement le costard depuis les films de Visconti et de Melville, il devra rivaliser avec Belmondo dans Borsalino (1970) qui est aussi crédible que lui dans le rôle du truand à l’ancienne. Idem pour Bourvil dans Le Cerveau, cantonné à un second rôle face à l’omnipotent Jean-Paul, alors qu’il était sur un pied d’égalité avec Louis de Funès dans Le Corniaud ou La Grande Vadrouille.

Même le légendaire Quentin Tarantino s’est incliné devant ce charisme et en octobre 2013 à Lyon il déclarait :« Les films de la nouvelle vague, les films d’action, les films policiers […], Belmondo les a tous faits. Avant que Jackie Chan ne fasse ses propres cascades, Belmondo faisait les siennes. Belmondo, ce n’est pas seulement le nom d’une star de cinéma, ce n’est pas seulement le nom d’un homme, c’est un verbe, qui représente la vitalité, le charisme, une force de l’esprit. Cela représente la supercoolitude. Voilà ce que veut dire Belmondo ! Voici le roi ! »

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Avec son aura hors norme, Belmondo a marqué la culture française, n’en déplaise à ceux qui regrettent sa tendance à enchaîner des films « commerciaux ». Et sa réputation dépasse largement les frontières. Avoir comme fans inconditionnels Jackie Chan et l’ex-interprète de la série à succès The Mentalist Simon Baker n’est pas chose courante. Ce dernier lui emprunte parfois certaines de ses mimiques, notamment dans ses rapports très détachés et ironiques avec la gent féminine.
Au Japon, l’univers manga s’est même inspiré de notre Belmondo national. De l’aveu de Buichi Terasawa, créateur de Cobra, son personnage d’aventurier équipé d’un fusil à la place du bras a une personnalité cocasse directement inspirée par le jeu de Bebel, et notamment ce sourire géant qui monopolise tout son visage. Quant à Castlevania, le jeu vidéo phare de Nintendo des années 1990, il lui fait directement référence avec la famille Belmont. Le talent au service du ludique, un bon résumé de la carrière de l’un des meilleurs acteurs de l’histoire du cinéma.
Mais " les copains d'abord", ce n'était pas Belmondo, désolée de vous contredire. Il n'empêche qu'il a eu un succès phénoménal mérité.
... Il a prêté ses traits au héros culte de la BD Lieutenant Blueberry !
Une figure du cinema francais...