
Le 6 février 2016, à la 77e minute du match de championnat opposant les « Reds » de Liverpool à Sunderland, un événement inédit entre dans l’histoire du football britannique. Près de dix mille supporteurs liverpuldiens quittent le stade d’Anfield Road, temple du ballon rond dans la ville des Beatles, aux cris de « You greedy bastards, enough is enough ! » (« Espèce de connards cupides, trop c’est trop ! »), pour protester contre la décision du club de porter le prix de certaines places dans la tribune populaire à 77 livres (100 euros), contre 59 livres jusqu’alors. Après concertation entre les supporteurs et la direction du club — détenu depuis 2010 par la société américaine Fenway Sports Group —, l’augmentation est annulée.
Ce sentiment d’exaspération des Scousers n’est pas isolé. De plus en plus de voix s’élèvent depuis les travées des stades pour dénoncer la flambée des tarifs des billets et des abonnements aux matchs de première division anglaise. Dans le classement européen des clubs pratiquant les prix les plus élevés, les Anglais sont aux premières loges. Pour la saison 2015-2016, l’abonnement annuel le moins cher pour assister aux matchs de l’équipe londonienne d’Arsenal, propriété d’un milliardaire américain et titulaire de la palme du club le plus gourmand, se montait à 1 200 euros (le double pour la formule la plus onéreuse), soit à peu près l’équivalent du salaire mensuel d’un smicard britannique. À Liverpool, quatrième de ce classement derrière Tottenham et Chelsea, l’abonné de base devait débourser 836 euros par an. Le prix le plus bas du ticket d’entrée à Anfield Road avoisinait quant à lui les 44 euros. Presque dix fois ce qu’il valait en 1990 (entre 5 et 7 euros). En l’espace de deux décennies, le coût moyen de la billetterie a ainsi crû de 1 000 % outre-Manche, contre 77 % pour l’inflation cumulée des prix à la consommation pour la même période. Conséquence : les spectateurs issus des couches les (...)