
Qui pour succéder à la Zambie ?
Le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des Nations à Durban, mercredi soir, propose des des affiches alléchantes. Tour d’horizon de ces groupes (cliquez sur le lien pour connaître les dates)
GROUPE A
Afrique du Sud, Cap Vert, Angola, Maroc
L’organisateur a hérité d’un tirage favorable même si les Bafana-Bafana ne montrent plus rien depuis leur victoire contre la France en Coupe du monde 2010. L’avantage du terrain est utile dans le contexte africain et il ne faut pas oublier qu’en 1996, dans une période post apartheid, il avait permis aux disciples de Nelson Mandela de remporter le trophée. Ce n’est évidemment plus la même équipe mais elle possède les atouts pour passer au moins ce premier tour. Lucas Radebe (dont je vous livre un lien avec une superbe interview qu’il m’avait donnée) sur le site officiel de le CAF ne vise guère plus : « En 1996, nous avions une équipe stable. Nous étions ensemble depuis longtemps et la compétition a renforcé, au fur et à mesure, la puissance du groupe. Bien sûr nous jouons à la maison, c’est peut-être un avantage mais cela ne peut pas être suffisant. Honnêtement je ne nous vois pas renouveler la performance de 1996. L’objectif le plus raisonnable est de passer le premier tour. » Gordon Igesund, le sélectionneur, insiste sur ce point : « Tous les tirages au sort auraient été difficiles et je pense que l’on s’en sort pas trop mal. A la fin lorsqu’il restait deux équipes à affecter, j’ai redouté que nous tombions sur le Nigeria. Nous avons eu l’Angola. C’est un tirage au sort assez bon pour nous, même si le Maroc est un des Grands d’Afrique. » La nation à surveiller, à ses yeux, est donc le Maroc. Le victoire contre le Mozambique (4-0) en match retour des éliminatoires a redonné au groupe de Rachid Taoussi, successeur d’Eric Gerets, de nouvelles ambitions. Il croit fort en ses hommes. « On ne peut pas dire que notre groupe est facile. Mais le Maroc est de retour, et a bien l’intention de rester aux affaires. » Ce sera dur pour l’Angola et le Cap Vert même si l’élimination du Cameroun ne peut pas être un simple hasard.
Mes favoris : Afrique du Sud et Maroc
GROUPE B
Ghana, RD Congo, Mali, Niger
Voilà un groupe très incertain. Menée par Claude Le Roy, septième CAN sous le manteau, une connaissance du jeu et des hommes immenses, la RD Congo offre un mélange intéressant de locaux, via le TP Mazembe, et d’expatriés. Le Roy tempère toutefois : « Il y a deux favoris dans notre groupe, qui sont le Ghana et le Mali. Nous, on arrive derrière. Nous avons la connaissance de ces équipes mais est-ce que la connaissance suffira pour passer l’examen? Ce sera très intéressant.. » Un signe : Le Roy a toujours atteint les quarts de finale. Le Ghana, son ancienne équipe, apparaît comme le favori logique. Ses talents, sa performance en Afsud, il y a deux ans (quart de finale), lui donnent du crédit. Le Mali, troisième au Gabon, avec notamment le retour programmé de Djila Diarra a des atouts. Ce sera un bon test pour Patrice Carteron, l’ancien entraîneur de Dijon. Le Niger de Gernot Rohr aura peut-être des difficultés à s’extraire de ce quatuor.
Mes favoris : Ghana et RD Congo.
GROUPE C
Zambie, Ethiopie, Burkina Faso, Nigeria
La Zambie a hérité d’un groupe à sa portée. L’Ethiopie revient de très loin et le Burkina Faso compile surtout les performances décevantes depuis des années. Il ne s’est qualifié qu’à la dernière seconde du temps additionnel contre la Centrafrique sur un but d’Alain Traoré. Le tenant du titre, passé lui aussi par un trou de souris lors des éliminatoires, n’a pas une marge phénoménale sur ses adversaires mais le succès à Libreville peut renforcer ses convictions. Hervé Renard, le sélectionneur : « Nous sommes confiants. Le plus important est d’atteindre les quarts de finale. Nous sommes ici pour écrire l’histoire, nous l’avons fait en 2012, alors que personne n’aurait pu dire que la Zambie allait gagner le tournoi. Nous sommes restés une petite équipe, mais nous avons su aller très loin. Nous venons régulièrement en stage de préparation en Afrique du Sud, nous nous sentons presque chez nous. » Ce sera une force supplémentaire. La question avec le Nigeria est assez simple : dans quel état d’esprit ses joueurs aborderont-ils cette compétition ? Stephen Keshi, le sélectionneur, rassure : « C’est un bon groupe et nous devrons être prêts. Maintenant notre travail consiste à rentrer chez nous et à nous préparer stratégiquement ». Et psychologiquement surtout…
Mes favoris : La Zambie et le Nigeria.
GROUPE D
Côte d’Ivoire, Togo, Tunisie, Algérie
Le groupe de tous les dangers où le moindre faux pas pourrait se payer cash. Rarement le tirage n’avait proposé un tel regroupement d’équipes aux histoires enchevêtrées. Vahid Halilhodzic avait été viré de Côte d’Ivoire après l’élimination en quart de finale en Angola en 2010 contre… l’Algérie, sa formation actuelle. Il a une revanche à prendre contre les Eléphants. « C’est vraiment un tirage très difficile, admet coach Vahid. Retrouver la Côte d’Ivoire va être effectivement spécial… Etant pratiquement sûr qu’elle terminera première du groupe, il faut penser à la deuxième place, qualificative pour les quarts de finale et c’est en ce sens que le premier match face à la Tunisie sera important. Je pense même qu’il sera déterminant car le vainqueur aura de grandes chances de passer. » Le Togo n’est plus réapparu depuis son mitraillage à la CAN 2010 en Angola où elle était déjà dans le groupe de la Côte d’Ivoire. Adebayor est revenu et peut porter ses équipiers sur ses larges épaules. Pour Didier Six, c’est, en tout cas, un sacré baptême du feu. La Tunisie promène le profil type des armadas capables d’aller loin. Ces dernières années, les équipes localement structurées ont trusté les CAN (Tunisie, Egypte, Zambie) et en s’appuyant sur l’Espérance, les Aigles de Carthage ont un collectif performant. Sami Trabelsi, son sélectionneur, prévient : « Il faut admettre que nous avons hérité d’un groupe hyper difficile. Mais on ne va pas pleurnicher pour autant. Il faut bien s’y préparer afin de ne pas nourrir le moindre regret. Les derbys se suivent et se ressemblent. L’année dernière, au Gabon et en Guinée équatoriale, c’était le Maroc. Cette fois, ce sera l’Algérie. On va certainement assister à un derby serré et passionnant. Je souhaite que les deux pays voisins se qualifient ensemble pour les quarts de finale. Chaque adversaire a ses atouts, et il faudra rester concentré. Notre groupe est homogène et de qualité. Nous parviendrons à faire la différence et à aller loin dans la compétition. En fait, il ne faut rien exagérer ou se focaliser sur un adversaire quelconque. Certes, nos trois rivaux possèdent une solide tradition, et occupent une place privilégiée dans la hiérarchie africaine. Il s’agit de les respecter, sans les craindre. » Même la Côte d’Ivoire qui vient avec la ferme intention de vaincre enfin pour la dernière de sa génération dorée. Sabri Lamouchi, d’origine… tunisienne, débute donc avec du lourd. « C’est le groupe indiscutablement le plus difficile, dit-il. Tout le monde craignait de tomber avec nous, ce sont trois adversaires redoutables. La Côte d’Ivoire est favorite, elle l’était avant le tirage, elle l’est après. Elle devra le démontrer sur le terrain. » Sur son affrontement contre son pays d’orgine, il souligne : « Ce sera très difficile. Ce sera spécial évidemment, j’aurais préféré les rencontrer le plus tard possible dans la compétition. Je les connais bien sûr, un peu mieux que d’autres. » Je vous livre deux favoris tout en pensant que la Tunisie a de quoi créer la surprise.
Mes favoris : Côte d’Ivoire et Algérie.
HERVE PENOT (twitter : @hpenot_lequipe)