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Kaboré présente les héros

 

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Charles Kaboré rigole. Il parle de Souleymane Diawara qui «  m’a dit de donner le numéro de notre marabout.  » Il évoque le message de félicitation de Vitorino Hilton « mon papa Vito, un très bon mec. C’est mon gars comme Mandanda, Nkoulou…  » Kaboré se montre toujours aussi souriant, sympathique, disponible durant cette CAN. Nous nous sommes assis un long moment dans son hôtel après la victoire contre le Ghana. Nous lui avons demandé de nous présenter cette équipe surprenante qui venait de vaincre l’un des favoris de la compétition. Il s’est prêté au jeu avec son humour habituel. Vous regardez aujourd’hui d’un autre œil la finale. Il vous raconte ces héros qu’on n’attendait pas.

Daouda Diakité (gardien, 29 ans, Lierse, Belgique) : « Un gardien imprévisible. Il peut être un gardien de haut niveau et peut aussi faire des fautes inattendues (rire). Non, c’est un très grand mais il a besoin de confiance. On l’appelle, Djakounta, un surnom chinois, qui sous-entend qu’il est comme un chat et s’envole en lucarne !  »

Mohamed Koffi (26 ans, Petrojet, Egypte): « Le python. Il aime mettre tout le temps la tête. Il est pas bien grand mais il saute très très haut ! C’est le plus grand musulman de l’équipe. Il passe son temps à prier. Bon, il ne sait pas trop danser mais il danse quand même. Lui, il est vraiment dans tous les coups (rire)… »

Bakari Koné (24 ans, Lyon): « On l’appelle «  cash money.  » (Rire) Oh, là, il ne dépense rien, il cache l’argent ! Bako, c’est un grand défenseur et il le prouve à la CAN. Il mérite de jouer à Lyon, ils vont reconnaître sa valeur. Lyon a un grand sous la main. »

Paul Koulibaly (26 ans, Dynamo Bucarest, Roumanie) : «  Il est à l’aise, il aime prendre des risques et il s’en fout. S’il fait une connerie, c’est pas son problème, il positivise ! (rire). On l’appelle le Japonais noir en raison de son look. Il chante beaucoup et il le fait plutôt pas mal… Dans sa tête, rien ne le touche. Il a une confiance en lui incroyable. Pour lui, pas un défenseur n’est meilleur que lui ! »

Saidou Panandetiguiri (28 ans, Antwerp): «  C’est un vivant ! Ce gars, il court tout le temps, il n’arrête pas ! C’est un battant. Il a du parcourir 100 kilomètres ici ! Et c’est mon adversaire au billard, je le tue tout le temps ! Mais il est pas mal quand même… On l’appelle Adama Dembelé du nom d’un ancien joueur du Burkina qui liftait ses balles avec ses pieds. Mais lui, c’est au billard…  »

Djakaridja Koné (27 ans, Evian): « Djakis, le guerrier ! Il a mal au pubis, au genou, il a des cuisses énormes, ça pète tout le temps mais il est là ! Il ne lâche rien. Très très costaud. Il récupère beaucoup de balles. »

Florent Rouamba (26 ans, FC Sheriff, Moldavie): «  On l’appelle Fatimata beauté (il éclate de rire). Quand il fait ses tresses… C’est comme une fille, il fait très attention à son look ! Il joue en Moldavie mais physiquement il est prêt.  »

Jonathan Pitroipa (26 ans, Rennes):  « Il ne parle pas beaucoup mais c’est un phénomène, il est magnifique. Il détient la clé de notre jeu. Quand il décide d’accélérer, l’équipe accélère. Il donne le tempo. On est tous très heureux qu’il joue cette finale. »

Aristide Bancé (28 ans, Augsbourg, Allemagne): « C’est BIG Bancé (1, 92 m et 94 kgs) !  Costaud, le grand baobab vivant. Il est même trop costaud. Big, il ne rate pas ses penaltys. Il nous a mis une belle Panenka. Bon, s’il l’avait raté, il ne rentrait pas au pays… (rire) »

Prejuce Nakoulma (25 ans, Gornik Zabrze, Pologne) : « C’est un très bon joueur qui ne parle pas beaucoup. Je dis aux équipes de L1 de le regarder de près. Il peut faire fureur en France. Il peut faire la différence à tout moment. Il est allé à Lorient faire un essai mais ça n’a pas marché. En L1, il a largement sa place.  »

Henri Traoré (29 ans, Ashante Gold, Ghana) : «  Le faroteur ! C’est Lassissi Saliou, l’ancien grand joueur ivoirien qui était spécialisé là-dedans. Il jette l’argent (rire) ! Et il a marqué son penalty contre son gardien en club car il joue au Ghana. Il va être adulé là-bas… »

Charles Kaboré (24 ans, Marseille) : «  Un mec tranquille. Moi j’ai pas de problème avec quelqu’un. Je joue en dix ici, je donne, je récupère, je distille. Ce n’est pas le même Kaboré qu’à Marseille  (rire). »

HERVE PENOT (@hpenot_lequipe)

 

 

Alain Traoré, version Hearns

 

 

 

 

 

En boxe, il trouverait illico un surnom de découpeur de viande. On l’imaginerait en puncheur pur, cognant sec, sorte de Thomas Hearns du ballon. Ses coups de patte, acérés, cliniques, torturent comme des coups de poing. Alain Traoré s’est mué en roi du KO à Rennes où ses deux crochets ont visé juste, pile poil à la pointe du menton. On lui parle de don naturel, il rigole. « Honnêtement, je n’arrive pas à expliquer d’où ça vient ! » Alain « boom boom » Traoré réfléchit, farfouille dans sa mémoire, exhume des vieux souvenirs. Mais revient sans indice. Il ne trouve pas dans les rues de Bobo Dioulasso trace de cette frappe magique. En Afrique, ils sont d’ailleurs rares les gamins biberonnés sur des terrains de fortune à disposer d’un tel label qualité. Avec des cages bricolées, quasiment jamais de filet, personne ne s’aventure à taper puissamment pour éviter d’aller récupérer le ballon trop loin… « En plus, comme j’étais meilleur que les autres, ils voulaient que je sois gardien ou arrière. Mais de loin, j’ai quand même travaillé ma précision. »

 

En intégrant Planète champion, le centre de formation local, il a bûché sa technique, à travers des spécifiques, bien moins ses coups francs. « C’est en grandissant que j’ai vu tout ça à la télé ». Traoré trouverait même réducteur cette manière de le présenter. Il frappe, oui, mais pas seulement. Il a des cartes plus exquises à présenter. « On parle beaucoup de ces coups de pied mais ce n’est pas ma qualité première. J’ai surtout une bonne vision, un gros volume de jeu et une très bonne technique. »  Il répète comme pour mieux convaincre : « Ce n’est pas ma qualité numéro 1. »  Mais c’est celle dont tout le monde parle. Le gamin débarqué un 2 janvier (2006) dans le froid auxerrois, transi – « c’était la première fois que j’avais un tel temps » - grimpe crescendo les barreaux de la reconnaissance. « Dès le deuxième entraînement à Lorient, je me suis dit que c’était un endroit pour moi. C’est un bon club avec un bon coach qui a un style de jeu. Je ne pouvais pas trouver mieux ».  Un objectif majeur s’avance prochainement : tamponner le visa du Burkina pour l’Afrique du Sud en janvier prochain. « On a perdu le match aller en Centrafrique (1-0) mais je suis confiant. On a dominé et on va profiter du retour chez nous, dans notre stade pour nous qualifier. » Et il ne se privera évidemment pas de sécher ses adversaires sur une frappe hors de la surface, sa spéciale…

HERVE PENOT (Twitter: hpenot_lequipe)