Le débrief de France - Canada

Notre chat avec Renaud Bourel est maintenant terminé. Merci à tous de nous avoir suivi. Très bon après-midi à vous et à très bientôt !

En tout cas, il faudra trouver un moyen pour que l'équipe de France redevienne compétitive et performante lors des tournées et du Tournoi des Six nations, au risque de susciter un certain désamour chez ses fans. On voit qu'aujourd'hui le Stade de France n'est pas toujours plein pour les matches des Bleus. L'amorce de meilleurs résultats ferait sans doute revenir plus de monde au stade.

Pas vraiment. Un laps de temps trop long entre deux matches peut conduire à perdre le rythme de la compétition. Cela réclame une organisation différente. Ce n'est ni un avantage ni un inconvénient pour l'un comme pour l'autre.

Si la France sort en quarts de finale, le résultat serait catastrophique. Ce serait un échec majeur, compte tenu du réservoir de joueurs, des prétentions affichées et du fait que cette même équipe était finaliste en 2011. Je me répète : une élimination en quarts conduirait nécessairement à une refonte globale de l'organisation du rugby français.

Effectivement, au regard des résultats récents entre ces trois nations, l'équipe de France n'arrive pas favorite. La logique voudrait que l'Argentine soit un adversaire plus accessible, même si les Français ont bien souvent martyrisé les All Blacks en Coupe du monde.

Les amateurs de rugby vivent sur l'image d'Epinal du ''French Flair''. Ils sont forcément grognons, par rapport au jeu proposé par cette équipe de France depuis quatre ans, pas franchement sexy. La spirale des mauvais résultats de l'ère Saint-André n'incite pas vraiment à la clémence. Cela place d'ailleurs l'équipe de France sous une très forte pression. Car, en cas de mauvais résultats, il y aurait des conséquences à tirer sur la structure globale du rugby français. Celui-ci n'arriverait même plus à être compétitif tous les quatre ans.

L'équipe d'Irlande est servie par un système de sélection qui avantage son homogénéité. La grande majorité de ses joueurs est répartie sur trois provinces (Munster, Leinster, Ulster). Ils ne disputent que la Coupe d'Europe et les matches internationaux. Cela leur donne un avantage certain sur les autres équipes de l'hémisphère Nord. Ils sont beaucoup plus réguliers que nous.

Selon moi, toutes les équipes sont aussi bien préparées physiquement les unes que les autres. Je crois qu'au contraire la différence se fera techniquement et sur la qualité des organisations tactiques.

Est-ce que les All Blacks arrêteraient de faire des passes, à cause de deux ballons tombés dans un match ? Les Français ont un point fort : leur paquet d'avants, leur conquête et la qualité de leur jeu collectif à ce niveau-là. Je crois, au contraire, qu'il faut qu'ils continuent d'insister sur ces secteurs toujours difficiles à défendre pour l'adversaire. Idem pour la mêlée, qui est un point fort de l'équipe de France. Grâce à elle, elle récupère des pénalités donc des points à marquer. Elle use l'adversaire, ce qui est forcément intéressant.

Les chances sont réelles. L'Irlande est une belle équipe mais largement à la portée des Bleus. Encore une fois, l'équipe de France ne produit pas un rugby spectaculaire. Par conséquent, on ne l'estime pas à sa juste valeur. Pour battre l'Irlande, elle devra se débarrasser de ses sautes de concentration, entrevues face à la Roumanie et au Canada, de son indiscipline, et parfaitement verrouiller sa défense. Je ne doute pas de la faculté des Français à faire déjouer l'équipe d'Irlande, à la priver de ballons et, au final, de l'emporter.

Elle n'a pas atteint ses limites, c'est une certitude. Personne ne doute qu'il y a de très bons joueurs dans cette équipe de France. Néanmoins, les résultats des quatre dernières années n'incitent pas à la confiance. Il n'y a pas de victoire-référence. Cette équipe est en train de se créer une dynamique de succès qu'elle n'avait jamais connue (cinq victoires d'affilée). Elle a maintenant besoin d'une victoire fondatrice, que l'Irlande pourrait incarner. Je suis persuadé que n'importe quelle nation de haut niveau peut être championne du monde avec un rugby de ''cancre'', comprenez un rugby restrictif, qui ne plaira pas aux romantiques. Mais qui s'en souviendra, s'ils gagnent à la fin ?

C'est effectivement beaucoup trop et on a pu s'apercevoir que c'était immédiatement sanctionné face à des équipes de moindre calibre. Il faudra être plus efficace, surtout face à l'Irlande.

Philippe Saint-André a mis en place un jeu d'affrontement dont le principe est d'aller défier physiquement la défense, de l'agresser, mais surtout de conserver le ballon. C'est pour ça qu'il a choisi deux joueurs au profil idoine (Wesley Fofana et Mathieu Bastareaud) pour pratiquer ce rugby. Par ailleurs, même si le sélectionneur n'a pas retenu de grands passeurs au centre, les consignes et le système les conduisent à pratiquer ce jeu-là.

Philippe Saint-André, depuis le début de la préparation, a choisi de s'appuyer sur la charnière du RC Toulon et sur la complicité entre Michalak et Tillous-Borde. Or, aujourd'hui, Michalak est intouchable. La logique du sélectionneur est donc de l'aligner avec le demi de mêlée qu'il connaît le mieux. Néanmoins, je pense que les lignes peuvent bouger sur ce poste-là, au regard effectivement des performances de Parra et de Tillous-Borde. Mais il faut rester prudent. Il est toujours plus facile d'entrer dans un match. Il ne faut pas non plus écarter la concurrence de Rory Kockott, qui est un véritable puncheur, un buteur et qui apparaît plus précieux pour finir les matches.

Damien Chouly a la lourde responsabilité de capitaine de touche et ce, depuis plusieurs saisons. On a vu son efficacité hier puisque l'équipe de France a gagné tous ses ballons (14 sur 14). Aujourd'hui, il est difficile pour l'encadrement français de se passer de ce joueur, quand on connaît la complexité de ce secteur. Cela condamne malheureusement Bernard Le Roux, dont l'énorme activité reste remarquable.

Aujourd'hui, le jeu de ligne français apparaît comme le chantier qui reste à régler. Effectivement, alors que la Coupe du monde est lancée depuis trois matches, ça peut sembler inquiétant. Je pense qu'il faut faire son deuil du rêve de voir l'équipe de France jouer comme les All Blacks. Sa force, c'est un très gros pack - quasiment imbattable sur sa conquête, qui doit encore progresser sur sa discipline - c'est un buteur à 100%, comme hier soir. Et, après, elle fera la différence sur sa faculté à jouer trois ou quatre coups à la perfection.

Il y a quand même eu quelques progrès sur la discipline hier soir, par rapport aux deux premiers matches. En termes de justesse technique, c'est vrai que le niveau de l'équipe de France n'est pas satisfaisant. Face à des adversaires de calibres beaucoup plus gros, il faudra montrer autre chose et être plus efficace.

Bienvenue sur notre site ! Notre débrief de France - Canada commence, en compagnie de Renaud Bourel, qui est en direct avec nous depuis Milton Keynes.