Natation de nuit

Après les finales de natation le matin aux Jeux de Pékin en 2008, voici les finales de nuit aux Jeux de Rio en 2016.

Photo L'Equipe

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Le programme des JO de Rio se dessine petit à petit et la natation risque une nouvelle fois de jouer la girouette pour la chaîne de télé américaine NBC. Souvenez-vous, en 2008 à Pékin pour satisfaire NBC et diffuser en direct et en prime time les finales, celles-ci avaient carrément été déplacées le matin. Le programme des nageurs avait ainsi été totalement chamboulé pour que les téléspectateurs américains suivent le feuilleton « Michael Phelps à la poursuite de Mark Spitz », génèrent des audiences records et des recettes publicitaires tout aussi importantes pour le diffuseur américain.

A l’époque la décision de CIO (en accord avec la Fédération internationale de natation) de modifier radicalement le programme des nageurs (toutes les compétitions sauf exceptions rarissimes se déroulent sur le modèle séries le matin – demi-finales et finales l’après midi ou en début de soirée) avait provoqué la colère de certains champions comme le Néerlandais Pieter van den Hoogenband, double champion olympique du 100m, qui n’avait pas hésité à parler de « journée noire pour le sport« . « C’est la preuve que NBC dirige le sport mondial, avait-il ajouté. Nous sommes les pantins d’un show américain« . De son côté, Philippe Lucas, qui entraînait encore Laure Manaudou, constatait: « C’est du business, on ne s’intéresse plus à la performance« .  Mais, ajoutait-il, « il faut savoir s’adapter« . Et c’est bien ce que les nageurs ont fait, à commencer par Michael Phelps qui s’en est allé décrocher huit médailles d’or olympiques -une de plus que Spitz- au grand bonheur de NBC.

Début des séries à 13h et des finales à 22h!

Huit ans plus tard, rebelote. Toujours pour satisfaire le tout puissant NBC, les organisateurs de Jeux de Rio ont dévoilé un programme de natation pour le moins original: séries entre 13h et 16h, session de demi-finales et finales entre 22h et minuit (heure locale)!

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« C’est scandaleux, s’est offusqué Jon Rudd, le patron de la natation anglaise. C’est un manque de respect pour les athlètes, pour la natation et pour ce que représente les JO. Le CIO dit que cela vient de la FINA, la FINA dit que c’est le CIO qui décide et les deux pensent que cela ne posera pas de problème aux nageurs mais c’est faux. »

Des finales qui s’achèvent à minuit, cela veut dire des médaillés qui vont se coucher vers 4h du matin après le « warm down » (nage après les épreuves pour éliminer les toxines), le contrôle anti-dopage, les conférences de presse et autres obligations, sans compter le dîner et le temps pour évacuer stress et pression. Pour des athlètes qui nagent plusieurs épreuves et donc quasiment tous les jours durant une semaine, le rythme risque d’être compliqué à tenir et ce, même si le lendemain les épreuves ne débutent qu’à 13 heures.

Pour les téléspectateurs français, c’est tout vu! Que les finales soient finalement replacées à 20 heures locales (comme c’était le cas à Londres en 2012) ou qu’elles restent à 22 heures, ce sera de toute manière en pleine nuit pour nous! Début à 1 heure du matin ou à 3 heures, finalement, sur son canapé, ça ne change pas grand chose…

Manaudou, de un à trois

De un à trois. En décrochant deux titres mondiaux individuels lors des Championnats du monde petit bassin à Doha, Florent Manaudou a multiplié par trois le nombre de titres obtenus jusque là par des nageurs français. On parle là uniquement des garçons (Camille Muffat sur 200m et Alexiane Castel sur 200m dos ont été sacrées championnes du monde petit bassin en 2010). Et il a fallu attendre 21 ans pour en arriver là!

Une de l'Equipe le 6 décembre 1993

Une de l’Equipe le 6 décembre 1993

L’unique champion du monde tricolore jusque là, Franck Esposito, a en effet été sacré en 1993 à Palma de Majorque, à l’occasion de la toute première édition des Mondiaux en petit bassin. A cette époque, le petit bain ressemblait à un joyeux fouillis que la Fédération Internationale a essayé d’organiser de manière à exister tout au long de l’année. Car pendant longtemps, la natation a été un sport d’été, point.

Suivant l’exemple de l’indoor en athlétisme, des compétitions en petit bassin ont été créées dans les années 80 durant l’hiver et ces meetings historiques comme Paris ou Bonn ont fini par former un petit circuit hivernal en janvier-février. La FINA a alors décidé de récupérer le tout et de le structurer. Elle a tout d’abord reconnu officiellement les records du monde en petit bassin qui, auparavant, n’avait droit qu’au label « meilleure performance mondiale ». Un circuit de meetings de Coupe du monde sera créé et entre les deux, des Mondiaux seront ajoutés au programme tous les deux ans.

La première édition se déroule donc à Palma de Majorque (Espagne) début décembre 1993 dans une « magnifique » piscine couverte bloc de béton posée en bord de mer. Le plateau ne réunit pas toutes les stars du moment (aucune des éditions suivantes n’y parviendra) mais il a belle allure avec des têtes d’affiche européennes, quelques stars américaines dont Janet Evans et les Chinoises qui en profiteront pour réaliser leur premier hold up avec dix victoires sur seize possibles assorties de onze records du monde! Les prémisses de leur domination en grand bassin lors des Mondiaux l’été suivant (douze titres féminins sur seize).

Franck Esposito s’y présente comme l’un des favoris sur 200m papillon. Les deux nageurs qui l’ont devancé aux JO 1992, l’Américain Stewart et le Néo-zélandais Loader, ne sont pas là. Pas plus que le Russe Pankratov qui l’a battu aux Championnats d’Europe 1993 et qui deviendra sa bête noire. L’occasion est donc belle pour l’Antibois.

Devancé à mi-course par l’Allemand Keller, Esposito profite de son point fort, le deuxième 100m, pour l’emporter avec une belle marge de 33 centièmes sur son second.

Franck Esposito devient ainsi le tout premier champion du monde français de natation. Il faudra attendre 1998 et Roxana Maracineanu (200m dos)  pour que la France connaisse son premier champion du monde en grand bassin, le plus prestigieux. Au cours de ces mêmes Mondiaux 98 à Perth (Australie), Esposito aurait dû lui aussi décrocher le titre mais il se fera souffler l’or sur le mur d’arrivée du 200m papillon par l’Ukrainien Silantiev. Et Palma restera à jamais le seul titre mondial de son large palmarès.

Rio a sa mascotte

A 620 jours de l’ouverture des Jeux Olympiques (5-21 août 2016), Rio a dévoilé ses mascottes. Un élément marketing capital pour un comité d’organisation. Le ROCOG l’a bien compris organisant un teasing sur plusieurs jours.

Les mascottes au Maracana (Photo Rio 2016)

Fu Niu Lele (Pékin 2008), Mandeville (Londres 2012), Misha (Moscou 1980), Wenlock (Londres 2012) et Athéna (Athènes 2004) devant le mythique stade Maracaña (Photo Rio 2016)

Jeudi dernier, cinq anciennes mascottes olympiques sont ainsi arrivées à Rio pour visiter les principaux sites touristiques de la ville. Misha (Moscou 1980), très en forme malgré son grand âge, Athéna (Athènes 2004), Fu Niu Lele (Pékin 2008) et Wenlock et Mandeville (Londres 2012) en costumes de gala, ont eu droit à un accueil de personnalités officielles avec tapis rouge à l’aéroport, séances photos, rencontres avec des enfants. Les mascottes se sont rendues au Maracaña, en haut du pain de sucre, etc…

Le tout jusqu’à ce lundi et le dévoilement de leur successeur.

Mascottes Rio 2016 (Photo Rio 2016)La mascotte des Jeux Olympiques de Rio ressemble donc à un gros chat jaune au visage sympathique quand son homologue des Jeux Paralympiques tient plus de l’arbre avec sa coiffure en feuilles. Elles n’ont pas encore de noms, le public est invité à voter   jusqu’au 14 décembre pour choisir entre Oba et Eba, Tiba Tuque et Esquindim, Vinicius et Tom (le choix du public s’est porté à une très large majorité sur Vinicius et Tom, pour Vinicus de Morales et Tom Jobim, deux légendaires musiciens brésiliens, rois de la bossa nova).

Le chemin a été long pour la création de ces deux symboles forts des Jeux de Rio. Le processus a été lancé en septembre 2012 avec un appel d’offres auprès de compagnies brésiliennes (uniquement) de design, publicité ou dessin d’animation. Le cahier des charges était très précis avec pas moins de dix-sept obligations comme: les mascottes doivent refléter la culture locale mais doivent également être comprises universellement; elles doivent représenter des valeurs tels le respect, l’amitié et le fair play; elles doivent toucher les enfants mais aussi les adultes.

Trois projets ont été retenus parmi les nombreuses réponses reçues et ont été passés au crible par un panel d’enfants de six à douze ans tant à Rio qu’à Sao Paulo. Les enfants ont été invités à donner leur avis sur ces peluches sans savoir qu’elles pourraient devenir les mascottes des JO. Grâce aux remarques de ces testeurs sans concession (« celle-là semble triste« , « lui a des cheveux sympas« , « celui-là a l’air coincé« ), des ajustements ont été fait et en août 2013, le choix final a été effectué par un jury composé de membres du CIO, des comités olympique et paralympiques brésilien, du comité d’organisation des JO 2016.

Depuis un an, le travail de marketing autour des mascottes a été développé. Les licences ont été attribuées pour que toutes sortes d’objets (peluches, tasses, coussins, T-shirts…) voient le jour à partir d’aujourd’hui. Un merchandising qui devrait rapporter plus d’un milliard d’euros! C’est dire l’enjeu autour de ces mascottes.

Il y a quatre ans, au moment de dévoiler sa propre mascotte, Londres espérait en vendre 5 millions. Pas sûr, avec sa tête de cyclope peu engageante, que l’objectif ait été atteint. De ce côté là, Oba (ou Tiba Tuque ou Vinicius), qui « combine l’agilité du chat, le déhanchement du singe et la grâce des oiseaux« , part déjà avec de bien meilleurs arguments.

 

Rio, demandez le programme!

logo JO Rio 2016A moins de deux ans de la cérémonie d’ouverture, les Jeux Olympiques de Rio entrent dans le concret. Après avoir dévoilé récemment le logo, voilà qu’un premier programme et surtout les prix des billets ont été publiés!

Rien de vraiment révolutionnaire au niveau du programme (qui doit encore être validé par les Fédérations Internationales), mais il faudra bien entendu tenir compte du décalage horaire de 5 heures entre Paris et Rio, ce qui placera la plupart des épreuves en soirée, voire en pleine nuit pour les finales de natation et d’athlétisme!

Ceux qui auront la chance de se rendre sur place peuvent déjà avoir une idée du budget à prévoir pour les billets. Le comité d’organisation vient d’annoncer que plus de la moitié des 7,5 millions de billets mis en vente, le seraient à moins de 70 reals brésilien (23 euros) et que les billets les moins chers coûteraient 40 reals (13 euros). A ce prix là, il sera possible d’assister notamment à l’arrivée du marathon au Maracaña ou aux éliminatoires du canoë sprint du côté de Copacabana. Le but, selon les organisateurs, est de permettre au plus grand nombre possible de Brésiliens de participer à la fête olympique.

Mais si certains tickets sont abordables, d’autres restent très chers. Sans surprise, les places les plus onéreuses concerneront la cérémonie d’ouverture avec des prix s’échelonnant de 65 à 1500 euros! Au palmarès des places les plus chères viennent ensuite les finales d’athlétisme, de basket et de volley dont les prix varient entre 115 et 393 euros selon la catégorie.

A l’autre bout de l’échelle, on trouve par exemple l’escrime avec ses places entre 33 et 60 euros (pour les finales).

La prochaine étape pour les candidats à l’achat de billets se situera en novembre avec l’inscription sur un site web dédié où il faudra préciser les sports désirés. Une première vague d’attribution de billets aura lieu dès mars 2015 pour les résidents brésiliens. Pour les autres, patience, le processus sera dévoilé plus tard avec sans doute deux périodes d’attribution: avant mi 2015 et en janvier 2016.

Prix des places  pour les JO 2016 (finales uniquement, en euros)

  • Athlétisme: 115 à 393 euros
  • Basket: 115 à 393
  • Cyclisme sur piste: 100 à 175
  • Equitation saut obstacles: 100 à 175
  • Escrime: 33 à 60
  • Football: 125 à 295
  • Gymnastique: 85 à 295
  • Judo: 72 à 230
  • Natation: 85 à 295
  • Rugby: 46 à 100
  • Tennis: 72 à 230
  • Volley: 115 à 393
  • Cérémonie ouverture: 65 à 1500

Londres, deux ans plus tard

parc olympique, Londres (Photo L'Equipe)Deux ans jour pour jour après l’ouverture des Jeux Olympiques de Londres, les autorités britanniques ont publié un bilan tout à fait positif des retombées de l’événement pour la capitale et le pays tout entier. Un bilan tellement encourageant qu’il a été répercuté et commenté par le comité international olympique, telle une page de pub pour les futurs candidats à l’organisation des JO, surtout en ces temps de crise.

Il est vrai que les chiffres sont impressionnants:

  • En deux ans, l’économie britannique a profité d’un coup de fouet dans les secteurs du commerce et de l’industrie supérieur à 14 milliards de livres (près de 18 milliards d’euros), alors que l’objectif était de 11 milliards de livres en quatre ans!
  • Le nombre de visiteurs étrangers en Grande-Bretagne a augmenté de 6% depuis les Jeux pour s’établir à 33 millions en 2013.
  • village olympique, Londres (Photo L'Equipe)2800 logements ont été créés avec la reconversion du village des athlètes en habitations résidentielles, ce qui a eu pour effet de redynamiser l’est de Londres.

 

 

  • Plus d’un million de visiteurs se sont rendus dans le parc olympique depuis les travaux et la réouverture en parc Elizabeth II, mêlant installations sportives et lieux de détente.

De quoi satisfaire le président du comité international olympique qui a, depuis son élection, toujours mis en avant la notion d’héritage olympique. « Veiller à ce que les JO laissent un héritage positif à une ville et un pays hôte revêt une importance cruciale pour le CIO, a rappelé Thomas Bach. C’est pourquoi je suis ravi de constater que nos partenaires britanniques sont parvenus à optimiser l’héritage des Jeux de Londres 2012. Les chiffres mentionnés dans le rapport (publié par le gouvernement britannique) témoignent des avantages tangibles que les Jeux Olympiques peuvent offrir au-delà des seize jours de compétition. »

Un message pour les organisateurs des Jeux 2016 à Rio et pour les Brésiliens qui ont manifesté en nombre avant la Coupe du monde de football pour dénoncer les sommes astronomiques consacrées à l’organisation de l’événement et des futurs JO?