Saint-Etienne victime d’un Nîmes déterminé

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Dimanche dernier :
Contre Copenhague, les Verts se qualifient sans gloire

 

A Saint-Etienne, la semaine a bien débuté. Mercredi 1er octobre, conformément aux souhaits du président Roger Rocher, son club a franchi le premier tour de la Coupe des Clubs Champions en s’imposant devant le BK Copenhague (3-1). Deux jours plus tard, le tirage au sort lui a désigné comme adversaires les Glasgow Rangers. Mais avant de préparer la double confrontation contre les Ecossais, Herbin et ses joueurs vont devoir se concentrer sur le déplacement à Nîmes et oublier le mot « Rangers  » durant quelques jours s’ils ne veulent pas connaître la même mésaventure que la saison passée. En effet, quand le tirage au sort leur avait désigné le Bayern Munich en demi-finale de la Coupe des Clubs Champions, ils n’avaient apporté qu’une faible considération à leur déplacement à Metz. Le 22 mars 1975, Larqué et ses coéquipiers avaient été balayés 3 à 0. « A Nîmes, je compte bien sur un jeu sérieux et un sens plus développé du démarquage, dit Herbin. Je pense que nos joueurs vont retrouver leurs meilleurs automatismes et une plus grande concentration. »

Larqué décline la sélection

Vendredi 3 octobre. Herbin a programmé un entraînement allégé à ses joueurs. La répétition des matches oblige l’entraîneur stéphanois à doser ses séances afin de ménager les organismes. L’après-midi, il a convié les douze hommes retenus pour le déplacement à Nîmes à revoir quelques séquences du match nul concédé contre Nice (1-1).

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Contre Nice, Saint-Eienne n’a pas perdu (1-1) mais Herbin souhaite revenir avec ses joueurs sur le déroulement de cette rencontre.

Dans le Gard, Robert Herbin avait l’intention de reconduire l’équipe qui s’est qualifiée contre Copenhague. Le genou de Jean-Michel Larqué l’oblige à modifier une nouvelle fois ses plans. Toujours en délicatesse avec son genou récalcitrant, le capitaine stéphanois a préféré renoncer à cette rencontre et prendre congé de son équipe pendant une quinzaine de jours. Cette décision courageuse et plutôt sage le prive également de la rencontre internationale qui doit opposer la France à la RDA à Leipzig. Il veut profiter de cette trêve pour se soigner et revenir en pleine forme pour la réception de Nantes le 17 octobre. Ce forfait profite à Christian Synaeghel qui retrouve logiquement une place dans le onze stéphanois. Sa bonne prestation en Division 3 contre Orléans (2-0) a convaincu Herbin de le rappeler.

L'Equipe, 2 octobre 1975.

L’Equipe, 2 octobre 1975.

 

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 Nîmes en bref

Les rencontres entre Nîmes et Saint-Etienne sont toujours disputées, voire âpres. Ce 4 octobre, au stade Jean-Bouin, il ne devrait pas en être autrement. La situation alarmante des « Crocodiles » ne leur laisse guère de latitude. Pour eux, une défaite pourrait prendre une dimension dramatique. Après le match nul obtenu à Lens (1-1), ils restent sur deux échecs consécutifs : le premier à domicile contre Reims (0-3), le deuxième à Metz (4-3). L’état d’urgence dans lequel se trouve son club a contraint Kader Firoud, l’entraîneur gardois -et ancien joueur de Saint-Etienne d’après-guerre-, à repousser son intervention chirurgicale qui l’aurait privé de banc contre les Verts.

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Kader Firoud, l’entraîneur nîmois, en grande discussion avec Pierre Garonnaire, le recruteur des Verts.

Nîmes est orphelin de Mézy

Depuis le départ à Lille de Michel Mézy, l’enfant chéri du Gard, Nîmes Olympique est orphelin de son patron au milieu de terrain. « Je comprends fort bien le choix de mon joueur, déclare Paul Calabro, le président nîmois. Nîmes-Olympique était prêt à faire un effort pour garder cet international, mais il lui était impossible de s’aligner sur les offres faites par d’autres clubs. »

A l’intersaison, Nîmes a également vu une autre de ses pièces maîtresses voguer vers d’autres cieux. Son capitaine Henri Augé a fait le court trajet de Nîmes à Montpellier. Faute de moyens, Kader Firoud a puisé dans son centre de formation pour remplacer ces deux joueurs. Il n’a d’autre choix que de s’accommoder de la situation : « Par la force des choses, nous allons jouer sur la carte jeunesse. Cela ne me déplaît pas du tout. On va continuer de tenter d’imposer notre style avec les moyens du bord. Michel Mézy était un créateur de jeu, nous n’en avons plus au club. »

Dans ces conditions, il paraît bien difficile à l’entraîneur nîmois de renouveler l’excellent parcours de la saison passée. 4e du dernier Championnat, les Nîmois ont échoué au pied du podium. Devancés par Lyon pour un point, ils ont laissé échapper une qualification pour la Coupe UEFA qui leur tendait les bras.

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Luizinho absent, Félix partant

Contre Saint-Etienne, le Brésilien Luizinho, meilleur buteur du club gardois avec 2 buts, est hors de combat. En délicatesse avec ses adducteurs, il est parti à Paris pour consulter un spécialiste. Le poste d’ailier droit sera occupé par Denis Mathieu, à l’origine des trois buts nîmois en Lorraine. Au centre de l’attaque, Firoud ne pourra plus compter sur François Félix. Ce dernier a racheté son contrat et devrait s’engager rapidement avec le club de Bastia. Pour le remplacer, l’entraîneur gardois a décidé de faire confiance à Gilbert Marguerite. Arrivé en début de saison, ce jeune Martiniquais de 21 ans au gabarit imposant a déjà séduit avec l’équipe de Division 3.

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Le jeune Martiniquais Gilbert Marguerite est promu au poste d’avant-centre du Nîmes Olympique.

Daniel Sanlaville

Fin décembre 1972, avant de quitter Saint-Etienne pour Nîmes, Daniel Sanlaville avait lancé à ses amis Larqué et Bereta : « Le 7 janvier, lorsque vous viendrez jouer à Nîmes, ce sera peut-être moi qui serai chargé de vous surveiller et je vous promets que vous ne brillerez pas. » Il n’en a pas moins offert le Champagne à tous ses camarades. Les finances de Nîmes Olympique n’ayant pas permis le transfert du Stéphanois, le club du président Rocher avait consenti à un prêt jusqu’à la fin de la saison.

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Daniel Sanlaville, joueur de Saint-Etienne de 1971 à 1973.

Formé au FC Grenoble par Albert Batteux, c’est ce dernier, alors entraîneur des Verts, qui l’avait fait signer à l’ASSE en 1971. Considéré comme un grand espoir, doté d’une grosse frappe de balle, il prend souvent place sur le banc. Son départ de Saint-Etienne semble inéluctable. Robert Herbin ne s’y oppose pas. Mais avant de quitter l’ASSE, à ceux qui s’étonnent de voir partir ce joueur pétri de qualités, Herbin déclare : « Il mérite mieux que de n’avoir à jouer qu’un rôle de remplaçant auquel il risque d’être voué chez nous toute la saison. Où le placer, en effet, dans notre formation ? Avec Piazza, Merchadier et Lopez, nous sommes pourvus en arrières centraux.

Je ne peux pas me priver de Bereta et Larqué au milieu de terrain. Pour ces postes, je dispose encore d’Aimé Jacquet ainsi que du jeune Synaeghel. Je crois qu’il faut nous résoudre, dans son propre intérêt, à nous séparer de Sanlaville. D’ailleurs, ce sera toujours ma politique, car j’estime que l’on n’a pas le droit de contrarier la carrière des joueurs en le laissant la plupart du temps sur la touche. »

FranceFootball, 25 septembre 1973.

FranceFootball, 25 septembre 1973.

Daniel Sanlaville, avec son jeu sobre et rigoureux est un footballeur apprécié de Kader Firoud. Trop méconnu, il reste un joueur indispensable aux yeux de son entraîneur.

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Le compte-rendu du quotidien L’Equipe

L'Equipe, 6 septembre 1975.

L’Equipe, 6 septembre 1975.

 

« Il y a des défaites qui appellent des victoires »

Au stade Jean-Bouin, les Stéphanois, décidément en petite forme, se sont inclinés 2 à 0. Avec trois points pris sur les douze possibles, ils avancent à un rythme de relégable. 6e avec 11 points, Herbin et son équipe en comptent désormais 8 de retard sur le leader niçois. « Le Championnat est long », tentent de se rassurer les Stéphanois. Robert Herbin, s’il ne peut se satisfaire d’une défaite, y a vu des signes encourageants : « Il y a des défaites qui appellent des victoires. Celle-ci en est une. » Une fois encore, l’absence de Jean-Michel Larqué s’est cruellement fait sentir. Sans son capitaine, l’équipe vacille et perd de son assurance.

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Les Verts se sont inclinés à Nîmes (2-0). Malgré la défaite, Robert Herbin y a vu des signes encourageants.

Hervé Revelli blessé

A Nîmes, l’attaque stéphanoise est restée muette. La blessure d’Hervé Revelli, touché dans un choc avec René Girard, laisse planer une nouvelle incertitude. Sorti à la 27e minute, il souffre d’une entorse de la cheville. Sa participation pour la réception de Nantes reste en suspens. Pour lui, le déclic passera par la Coupe d’Europe :

« Si nous nous qualifions, nous serons libérés et réaliserons un bon Championnat, c’est certain. »

Kader Firoud soulagé

Dans le vestiaire nîmois, Kader Firoud est aux anges après la victoire de ses joueurs : « Je savais qu’ils se réhabiliteraient, dit-il soulagé. J’espère que le public a pardonné à nos jeunes-, car s’ils commettent parfois des erreurs, ils se battent toujours avec la plus grande volonté. La preuve… » Il va pouvoir rentrer en clinique l’esprit tranquille :

« Je ne suis pas mécontent d’avoir fait retarder mon opération de quelques jours car des matches comme celui-là remontent le moral de n’importe quel homme… »

Daniel Charles-Alfred, ancienne gloire nîmois de 1958 à 1968, est heureux pour son protégé Marguerite. « Je suis content pour mon jeune compatriote que j’ai été chercher en Martinique il y a quelques mois et qui était encore un joueur de Division d’Honneur à Vauclin dans le sud de l’île, la saison écoulée.  » Kader Firoud ne dit autre chose : « Vous verrez que notre jeune Martiniquais Gilbert Marguerite fera son chemin. La façon dont il a secoué la défense stéphanoise est tout à son honneur. »

Comme l’an passé, les Stéphanois se sont inclinés après avoir pris connaissance de leur adversaire européen. En attendant d’affronter les Glasgow Rangers, il y aura un match à disputer contre Nantes. Ce sera l’occasion pour le public du stade Geoffroy-Guichard de découvrir Yves Triantafilos sous le maillot nantais…

Thierry CLEMENCEAU

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 La fiche technique

Spectateurs : 10 009. Recette : 216 707 F. Arbitre: M. Konrath. But.- : Girard (56e), Dellamore (82e).
Nîmes : Landi – Boissier, Mith, Sanlaville, Kabile – Schilcher (Moretti, 78e), Girard, Boyron – Mathieu, Marguerite, Dellamore. Entr. : Firoud.
Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Bathenay, Santini, Synaeghel – Rocheteau, H. Revelli (Repellini, 27e), P. Revelli. Entr.: Herbin.

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L'Equipe, 6 septembre 1975.

L’Equipe, 6 septembre 1975.

 

Pendant ce temps-là…

♦ A Poissy, les jeunes Stéphanois se sont imposés 2 à 0 grâce à des buts signés Schaer (39e) et Boury (66e). Dans le groupe Centre de la Division 3, les protégés de Robert Philippe occupent la 7e place.

♦ Le jeune arrière droit messin Patrick Battiston, 18 ans, mène de front sa carrière de footballeur et ses études. Il prend des cours par correspondance avec pour objectif de décrocher au mois de mai son baccalauréat.

♦ Chez les Juniors français, une promotion chasse l’autre. Pour affronter la Yougoslavie, Jacky Braun, l’entraîneur des jeunes Bleus, a convoqué un seul Stéphanois : Félix Lacuesta.

♦ Lors de son premier entraînement sous le maillot nantais, Yves Triantafilos a fait la connaissance avec le jeune Oscar Muller. Ils ont évoqué Ramon, le père du jeune Nantais avec qui « Tintin » a joué pendant deux saison à Boulogne-sur-Mer de 1969 à 1971.

L'Equipe, 7 octobre 1975.

L’Equipe, 7 octobre 1975.

♦ Aux Pays-Bas, le PSV Eindhoven s’est facilement imposé 6 à 0 devant la lanterne rouge Excelsior. Les Glasgow Rangers, sont un peu à l’image de Saint-Etienne. Malgré leur place de leader, ils sont loin de leur meilleur niveau. Cela ne les a pas empêché de s’imposer devant Aberdeen 1 à 0. Le Dynamo Kiev, en s’imposant 3 à 2 face au Locomotiv Moscou, poursuit tranquillement sa route vers un nouveau titre. Enfin, en Allemagne de l’Ouest, le Bayern Munich s’est incliné à Kaiserlautern 1 à 2 et occupe la quatrième place de la Bundesliga à deux points du leader Brunswick.

Th.C.

 

La semaine prochaine :
 Gérard Janvion, premiers pas en Bleu

♦ ♦ ♦

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Contre Copenhague, les Verts se qualifient sans gloire

COPE

Jeudi dernier :
Saint-Etienne résiste au leader niçois

Yves Triantafilos n’est plus un joueur de l’AS Saint-Etienne. Remplaçant contre le BK Copenhague (2-0), il ne figurait pas sur la feuille de match contre Nice (1-1). La séparation entre l’attaquant et son club formateur semblait inéluctable. Le 24 septembre, le Stéphanois a donné son accord pour rejoindre le FC Nantes. Sa grande silhouette avec le maillot vert sur les épaules appartient désormais au passé.

L'Equipe, 25 septembre 1975.

L’Equipe, 25 septembre 1975.

Pour lui, l’aventure européenne s’arrête là… sans avoir réellement débuté. L’homme de Split et de Chorzów n’assistera pas au match retour contre Copenhague.

Victorieux à l’aller à Copenhague (2-0), les Verts doivent terminer le travail. Avec deux buts d’avance, les hommes de Robert Herbin ne devraient pas trembler face aux modestes amateurs danois. Même si la Coupe d’Europe réserve toujours quelques renversements de situation, l’expérience acquise au fil des ans devrait les mettre à l’abri de ce genre de mésaventure.

Après le match nul contre Nice en Championnat, les joueurs se sont retrouvés au stade Geoffroy-Guichard le vendredi 26 septembre pour une séance de soins. Le samedi, Robert Herbin avait accordé un jour de repos à l’ensemble de son effectif pour recharger les batteries et préparer au mieux la rencontre face aux Danois.

Le genou de Larqué

Le dimanche matin, lors de la première séance d’entraînement, tous les regards étaient tournés vers Jean-Michel Larqué. Grimaçant le jeudi soir face au leader niçois, le capitaine stéphanois a rassuré son entraîneur. Son genou récalcitrant ne semble plus le faire souffrir. Blessé lors du match à domicile contre Lens le 22 août (2-0), Larqué espère bien tenir sa place pour le premier match européen de la saison à domicile : « Je n’ai plus de douleur au genou mais simplement une petite appréhension qu’il me faudra surmonter. » Des paroles qui ont rassuré son entraîneur. Pour Herbin : « Ce n’est pas en le laissant au repos qu’il retrouvera sa belle condition du début de saison. »

1ER OCT 75 C

© Dessin de Robert Déro. Collection particulière

Sarramagna le malchanceux

Le départ de Triantafilos ne laisse guère entrevoir de surprise concernant les attaquants qui seront alignés ce mercredi. Herbin n’en fait d’ailleurs pas mystère. Dominique Rocheteau sera associé aux frères Revelli. L’entraîneur stéphanois croise les doigts pour qu’aucun de ses joueurs ne se blesse. Triantafilos exilé à Nantes, il ne pourra compter avant longtemps sur Christian Sarramagna. Alors que le docteur Poty lui avait prescrit un repos complet, l’ailier gauche des Verts a dû se résoudre à passer sur le billard du docteur Trillat à Lyon. Ce mercredi 1er octobre, c’est devant son poste de télévision qu’il regardera le match contre Copenhague.

Christian Sarramagna est contraint à repasser sur la table d'opération. L'ailier gauche stéphanois joue de malchance depuis trois saisons.

Christian Sarramagna est contraint à repasser sur la table d’opération. L’ailier gauche stéphanois joue de malchance depuis trois saisons.

Herbin préfère la pluie au vent

Le mardi matin, le vent souffle fort sur Saint-Etienne. « Le vent est le pire ennemi du footballeur, dit Herbin. Je préfèrerais de beaucoup une bonne pluie pour l’arrêter et le remplacer. » En attendant que son voeu soit exaucé, les joueurs s’entraînent une dernière fois sur le terrain annexe du stade Geoffroy-Guichard. Ivan Curkovic doit bien se demander si son entraîneur blaguait ou pas. Tireur attitré du gardien yougoslave, ce dernier est toujours admiratif de son entraîneur :  « Notre entraîneur est toujours dans le vent, dit-il. Ses tirs bien ajustés font encore très mal. »

Tandis que ses coéquipiers se livrent sans retenue, Hervé Revelli est victime d’une béquille à la cuisse gauche bien involontaire de la part de Jean-Michel Larqué. L’avant-centre des Verts, la mine déconfite, évoque sa mésaventure : « En voulant renvoyer la balle de la tête, je me suis heurté violemment à Jean-Michel Larqué qui avait un genou en avant. » Une version que confirme le capitaine stéphanois :  « Hervé s’est élancé, j’ai voulu le contrer et mon genou malade a percuté contre sa cuisse. Il ne manquait plus que cela… »

Les attaquants ne sont plus pléthore à l’ASSE et Herbin le sait mieux que quiconque. Sarra sur le flanc, le jeune Jean-Marc Schaer retenu avec l’équipe de France Amateurs, en cas de forfait du cadet des Revelli, c’est Christian Synaeghel qui évoluerait à l’aile gauche. Au jeu des chaises musicales, Patrick Revelli, victime d’un coup au genou droit contre Nice, occuperait par conséquent le poste d’avant-centre.

L’après-midi est consacré à la séance vidéo. Pour éviter tout relâchement, Herbin a souhaité revoir avec ses joueurs les images du match aller. « Il s’agit, dit-il, d’une équipe de footballeurs qui vaut beaucoup mieux que ce qu’elle a montré au Danemark. »

Une première à domicile

Forts de leurs deux buts d’avance, pour la première fois de leur histoire, les Stéphanois  sont confrontés à une situation toute nouvelle : ils débuteront une rencontre avec un avantage de deux buts acquis sur terrain adverse. « Pour nous, dit Roby, comme c’est la première fois que nous revenons avec une victoire en terre étrangère, le problème d’un excès de confiance va se poser. Une fois de plus, c’est par notre détermination et par notre intelligence que nous parviendrons à confirmer notre succès à Copenhague et à décrocher notre place en huitièmes de finale. »

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Jean-Michel Larqué, en inscrivant le deuxième but de son équipe, avait assuré le succès des Stéphanois.

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 Le BK Copenhague

La délégation danoise composée de quinze joueurs a quitté Copenhague le mardi 30 septembre. C’est sous une pluie battante qu’ils franchissent les portes de l’hôtel Astoria à Saint-Etienne.

Niels Soerensen et ses coéquipiers sont déterminés à jouer le coup à fond. Ils n’ont plus rien à perdre et s’ils doivent quitter la compétition, ce sera avec les honneurs. « En Coupe d’Europe, on peut tout redouter d’un adversaire, prévient Robert Herbin. Nous l’avons démontré la saison dernière. Avec trois buts de retard sur Split, nous avons obtenu notre qualification pour les quarts de finale. Les Danois seront animés du même état d’esprit. »

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Dans sa jeune carrière d’entraîneur, Robert Herbin a déjà connu quelques renversements de situation en Coupe d’Europe. Avec deux buts d’avance acquis au match aller, il prépare la rencontre sereinement.

Pierre Garonnaire, après ses deux voyages à Copenhague, avait mis ses joueurs en garde. Il avait notamment été impressionné par l’attaquant Bjarne Petersen. Lors de ce match retour, les défenseurs stéphanois n’auront pas le loisir de faire la connaissance avec l’autre pointure du club danois qui leur fait tant défaut depuis quelques matches : Karl Age Skouborg. « C’est le seul attaquant de pointe de classe que nous possédons depuis le départ d’Holmstroem », regrette Mario Astori. Contre Saint-Etienne, à l’exception de Krogdahl -remplacé par Krol-, l’entraîneur italien du B.K. a reconduit l’équipe qui vient d’atomiser Alborg (6-2) en Championnat du Danemark. Son meilleur buteur Bjarne Petersen a confirmé les dires de « Garo » en inscrivant trois nouveaux buts.

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Absent au match aller, contre Copenhague, Dominique Rocheteau dispute son premier match européen de sa jeune carrière.

Absent au match aller, contre Copenhague, Dominique Rocheteau dispute son premier match européen de sa jeune carrière.

 Premier match européen pour Rocheteau

Dominique Rocheteau poursuit son ascension fulgurante. Depuis son match contre Leeds, le jeune Charentais n’en finit pas d’étonner. Titulaire depuis le début de la saison, néo-international, il s’apprête à disputer contre Copenhague son premier match de Coupe d’Europe.  « Jouer la Coupe d’Europe pour mes débuts professionnels, dit l’ailier droit des Verts, c’est une remarquable rampe de lancement. Je cravacherai donc pour ne point décevoir le fidèle public du stade Geoffroy-Guichard.

« Si j’ai l’occasion de planter un but, je serai le plus heureux des hommes. »

L'Equipe, 1er octobre 1975.

L’Equipe, 1er octobre 1975.

Le B.J. en lever de rideau

Ce mercredi 2 octobre, au stade Geoffroy-Guichard, un lever de rideau oppose la réserve stéphanoise emmenée par Lacuesta, Larios et autre Vézir au Bataillon de Joinville (BJ). Les spectateurs peuvent apprécier de jeunes talents tels que Gemmrich, Ehrlacher, Simon ou encore Zaremba. La rencontre se termine sans vainqueur (2-2) mais l’assistance a pu voir tout de même quatre buts. L’Argentin Mastroiani (75e) et Larios (80e) sont les buteurs pour les jeunes Verts.

Christian Lopez, à l’instar de beaucoup de footballeurs, a effectué son service militaire au BJ. Avant la rencontre, il a pu revoir avec plaisir l’adjudant-chef Brilley qu’il a côtoyé quand il effectuait son service militaire. Grand seigneur, le défenseur stéphanois lui a fait la promesse de lui offrir son maillot à la fin du match.

Abbes, Hauss, Leduc présents

Comme à chaque grand-messe au stade Geoffroy-Guichard, plusieurs personnalités du milieu du football sont présentes. L’habitué Claude Abbes est bien sûr fidèle au poste. Deux des prétendants à la succession de Stefan Kovacs chez les Bleus, René Hauss et Lucien Leduc, ont également pris place dans l’enceinte stéphanoise. Comme au match aller, M. Clerfeuille, l’ancien président de Nantes, représente le Groupement.

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Echange de la traditionnelle poignée de mains entre les deux capitaines avant le début de la rencontre sous les yeux du trio arbitral dirigé par l’Espagnol Sanchez-Ibanez.

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 Le résumé en vidéo

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Dominique Rocheteau, à qui tout semble réussir en ce début de saison, a inscrit le premier but des Verts dès la 6e. Ici, il tente une tête plongeante sans succès.

Une du quotidien L'Equipe, 2 octobre 1975.

Une du quotidien L’Equipe, 2 octobre 1975.

 

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 La fiche technique

Spectateurs : 17 051. Recette : 476 178 F. Arbitre: M. Sanchez-Ibanez (Esp). Buts.- Saint-Etienne : Rocheteau (6e), P. Revelli (31e), Lindby (85e, c.s.c.) ; Copenhague : Petersen (48e).
Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Larqué, Bathenay (Repellini, 55e), Santini – Rocheteau, H. Revelli (Merchadier, 81e), P. Revelli. Entr. : Herbin.
BK Copenhague : Qvist – Hojgaard, Lindby, A. Soerensen, Krol – Myssing, Skjolden (Larsen, 87e), N. Soerensen – Rossel (Friis, 70e), Petersen, Andreassen. Entr. : Astori.

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Hervé Revelli, bien incertain, a tenu sa place face à Copenhague. Comme à son habitude, il a beaucoup tenté.

L'Equipe, 2 octobre 1975.

L’Equipe, 2 octobre 1975.

Saint-Etienne s’est imposé 3 à 1 contre le BK Copenhague. Déjà vainqueurs au match aller (2-0), l’objectif fixé par le président Rocher est atteint. Pour son premier match en Coupe d’Europe, Dominique Rocheteau a une fois de plus régalé les 17 000 supporters présents.

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Le capitaine Jean-Michel Larqué, toujours en délicatesse avec son genou, tente une frappe lointaine.

 « Nous n’arrivons pas à nous libérer »

Dans le vestiaire stéphanois, les réactions divergent. Roger Rocher, bien que satisfait de la qualification de son club pour le tour suivant, apporte quelques critiques. « K.B. Copenhague a été bien meilleur aujourd’hui qu’il y a quinze jours. Il est quand même curieux de constater que nous n’arrivons pas à nous libérer. Le public a répondu plus qu’on l’espérait à notre appel et c’est un signe encourageant. »

De son côté, Jean-Michel Larqué préfère rendre hommage à son adversaire : « KB possède une très bonne équipe et il faut lui rendre l’hommage qu’elle mérite. » Le capitaine stéphanois tente un début d’explication à la prestation moyenne de son équipe : « Le premier but marqué par Rocheteau à la 6e minute est venu un peu trop tôt car il a accentué notre avantage, assuré notre qualification et nous a déconcentrés. » Patrick Revelli pestait contre la malchance dont il est victime : « La chance me tourne délibérément le dos. Le moment est venu de faire un pèlerinage à ND. de la Garde ! »

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A la 31e minute, Patrick Revelli met définitivement les Verts à l’abri en inscrivant le deuxième but des Stéphanois.

 « Un public chaleureux »

Dans le vestiaire d’à côté, Mario Astori n’est pas surpris du résultat. Il admet la supériorité de ses adversaires. « Nous avons perdu, mais c’est mieux, beaucoup mieux qu’à Copenhague. » L’ancien avant-centre de l’équipe d’Italie est beau perdant. Il a aussi apprécié « un public chaleureux comme ceux du pays… A Copenhague, c’est froid, très froid… » Parmi les joueurs stéphanois, il a été impressionné par Oswaldo Piazza : « C’est fort, c’est du solide. Rocheteau aussi, c’est du tout bon. Larqué a été moins bien qu’à Copenhague. Le numéro 3 Farison est à citer parmi les meilleurs. »

Roger Rocher avait fixé comme objectif à ses joueurs de passer au moins deux tours de Coupe d’Europe. Les Verts ont rempli la moitié du contrat présidentiel.

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L’Equipe, 3 octobre 1975.

Pour équilibrer les comptes de l’ASSE, Roger Rocher avait fixé comme objectif à ses joueurs de passer au moins deux tours de Coupe d’Europe. Les Verts ont rempli la moitié du contrat présidentiel. Ils ne vont pas attendre longtemps avant de connaître leur deuxième adversaire. Le PSV Eindhoven, Cologne, le Dynamo Kiev, le Real Madrid, Moenchengladbach ou encore Hajduk Split seront d’un autre calibre que les amateurs danois. S’ils veulent poursuivre l’aventure, ils devront assurément faire preuve d’une plus grande pugnacité.

Thierry CLEMENCEAU

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 Le tirage au sort

L'Equipe, 4 octobre 1975.

L’Equipe, 4 octobre 1975.

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Pendant ce temps-là…

♦  L’équipe réserve de l’ASSE (division 3) s’est imposée contre Orléans 2 à 0. Grâce à Boury (9e) et Schaer (40e, s.p.), les jeunes Stéphanois remportent leur premier match de la saison.

♦  A Thionville, l’équipe de France Amateurs des Rubio, Smerecki, Rouyer, Amisse a fait match nul contre son homologue autrichienne (1-1). Le but français a été inscrit par le Stéphanois Jean-Marc Schaer (24e). Depuis qu’il évolue avec les Bleus, le meilleur buteur de la saison passée en Division 3 a toujours inscrit un but, voire deux…

Th.C.

La semaine prochaine :
Saint-Etienne victime de Nîmois déterminés

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Plus de 97 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

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Objectif Glasgow 76 : Saint-Etienne résiste au leader niçois

OGCN

La semaine dernière
Les Verts évitent le piège lillois

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Au stade Henri-Jooris, Saint-Etienne a obtenu un match nul qui lui a permis de s’installer sur le podium de la Division 1. Nice, prochain adversaire des Stéphanois et leader incontesté de la Division 1, a décroché son quatrième bonus en six rencontres. Si l’on excepte sa victoire à Copenhague en Coupe d’Europe (2-0), Saint-Etienne reste sur une défaite à Marseille (4-2) et deux nuls contre le Paris-SG (1-1) et à Lille (0-0).

Le déplacement dans le Nord de l’Europe a laissé des traces dans les organismes. Après un week-end complet de repos, Robert Herbin a retrouvé ses joueurs le lundi 22 septembre pour deux entraînements. Footing et jeux avec ballons rythment la journée.

L'Equipe, 16 septembre 1975.

L’Equipe, 16 septembre 1975.

 

Herbin grippé

Le lendemain matin, c’est sous un soleil digne de la Côte d’Azur que les joueurs se retrouvent au stade Geoffroy-Guichard. La bonne humeur est palpable. Herbin est présent malgré une grippe tenace qui le handicape depuis plusieurs jours. « Je sais ce qu’il faudrait faire pour me débarrasser de ma toux. Je devrais m’arrêter de fumer, non la pipe, mais mon paquet de cigarettes quotidien. J’ai essayé en pure perte, mais il est possible qu’un nouvel effort sur moi-même sera concluant. » Est-ce le manque d’efficacité de ses joueurs depuis quelques matches, toujours est-il que l’entraîneur stéphanois a concocté à ses poulains une longue série de tirs après les avoir fait slalomer autour de piquets plantés pour l’occasion. Répartis en deux groupes de dix, le premier sous les ordres d’Herbin, le second avec Philippe, Curkovic et Dugalic, les deux gardiens yougoslaves, n’ont pas eu une minute de répit. La séance s’est clôturée par une série de reprises de volée.

Jean-Michel Larqué et Jacques Santini ne ménagent pas leur peine à l'entraînement.

Jean-Michel Larqué et Jacques Santini préparent le choc contre le leader niçois. Le capitaine stéphanois (au premier plan) n’est pas à cent pour cent de ses possibilités.

 

Triantafilos sur le départ

L’après-midi est consacré à un léger galop suivi d’une ébauche de mise en place tactique défensive. Yves Triantafilos n’est plus sur le terrain. Mécontent de son temps de jeu depuis le début de la saison, pour la deuxième fois de la journée, il a rendez-vous dans le bureau de Roger Rocher. En présence de Charles Paret et Pierre Garonnaire, il étudie avec son président les conditions d’un futur transfert au FC Nantes.

L'Equipe, 24 septembre 1975.

L’Equipe, 24 septembre 1975.

 

« Seul Curkovic me cause des soucis… »

Jean-Michel Larqué se plaint toujours de son genou douloureux qu’il ménage tant bien que mal. Son absence pour le choc contre Nice constituerait un sérieux handicap. L’apport technique et psychologique du capitaine stéphanois tire souvent l’équipe vers le haut. « Ce match contre Nice, dit Larqué, revêt l’importance d’une rencontre de Coupe d’Europe, avec la seule différence qu’il n’y a pas de qualification au bout. Heureusement… » Cette incertitude est cependant vite dissipée par le docteur Poty qui le déclare bon pour le service. « Seul Curkovic me cause des soucis, dit-il en plaisantant, il perd ses cheveux… »

25 SEPT 75 C - Copie (3)

L’Equipe, 25 septembre 1975.

Depuis le 27 août et la victoire contre Bordeaux 5 à 2 (4e j.), l’attaque stéphanoise n’a guère été prolifique avec seulement trois buts inscrits dont deux au stade-Vélodrome. Malgré le manque d’efficacité de ses avants+, Herbin envisage de reconduire l’attaque qui a débuté le match à Lille. Hervé Revelli occupera le poste d’avant-centre. L’aîné des Revelli qui a porté le maillot niçois durant deux saisons (1972-1974) revient une dernière fois sur la dernière prestation de son équipe avant de parler du match à venir. « Les critiques dont nous avons été l’objet après notre match nul à Lille ont été sévères et injustifiées. Saint-Etienne n’a jamais flambé dans la capitale nordiste où l’on nous a toujours attendus comme au coin du bois. »

Hervé Revelli sous le maillot niçois avec Roger Jouve.

Hervé Revelli (ici avec Roger Jouve) a porté le maillot niçois de 1971 à 1973.

A l’instar de toute une région, il espère faire chuter son ancienne équipe pour la première fois de la saison et effacer les résultats médiocres, peu conformes avec les ambitions du club. « Nous aurons l’occasion de prouver que nos ambitions sont intactes et que, malgré nos résultats relativement moyens de ce début de saison, nous sommes décidés à nous battre pour conserver notre titre. »

Tabarly et les Verts à la foire de Saint-Etienne

Une fois n’est pas coutume, l’entraînement de l’après-midi a été écourté. Comme chaque année à la même époque, à Saint-Etienne, se tient la foire économique. Pour la première fois, le sport en général et le football en particulier y sont invités. L’ASSE y occupe une place privilégiée et dispose d’un vaste stand pour le plus grand bonheur des supporters qui peuvent admirer les trophées remportés par le club.

A 18 heures, joueurs et dirigeants franchissent les portes où des centaines de visiteurs les attendent. Avec ou sans leur célèbre maillot vert, la ferveur qui les entoure ne se dément pas. Après un bain de foule toujours agréable mais quelque peu harassant, le président Rocher, accompagné d’Ivan Curkovic, rejoint une autre personnalité du monde sportif français : Eric Tabarly. Spécialement venu à Saint-Etienne pour dédicacer son dernier livre, le skipper, qui vient de boucler son tour du monde, converse quelques instants avec les deux hommes. Au gardien stéphanois, il lance : « Même gosse, je préférais les sports en solitaire. » Curkovic boit ses paroles et lâche admiratif : « Quel grand bonhomme et quel exploit. Ce qu’il a fait, c’est extraordinaire. »

Mercredi 24 septembre. Christian Sarramagna est poursuivi par la poisse. Alors qu’il avait repris l’entraînement collectif, son genou gauche le fait à nouveau souffrir. Pour le docteur Poty, « le seul remède efficace est le repos complet. »

A l’issue du dernier entraînement, Robert Herbin a communiqué son onze de départ contre Nice. Jacques Santini a été préféré à Christian Synaeghel pour apporter une touche plus offensive à son équipe alors que l’attaque ne subit aucune modification.

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 L’anecdote

A l’instar des grands rendez-vous, les dirigeants stéphanois avaient opté pour une mise au vert. Pour cela, ils avaient choisi un hôtel qu’ils voulaient garder secret et se trouvant à une quinzaine de kilomètres de la ville. Or, le dimanche 21 septembre, Roger Rocher a appris que les Niçois n’avait pas réservé au Grand Hôtel situé dans le centre-ville, comme c’est souvent le cas pour les équipes adverses, mais au Novotel… où devaient loger son équipe. Fou de rage, le président de l’ASSE a décroché son téléphone et fustigé le directeur de l’établissement, coupable à ses yeux, d’avoir accepté la réservation niçoise. Finalement, les Stéphanois ont choisi un autre établissement à l’opposé de leurs invités d’un soir au sujet desquels, M. Rocher dit, sa colère passée : « Il est normal que nous laissions la place à nos visiteurs. »

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L'Equipe, 23 septembre 1975.

L’Equipe, 23 septembre 1975.

 

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 Nice en bref

En ce début de saison, Nice renverse tout sur son passage. En six rencontres, les « Rouge et Noir » ont inscrit vingt et un buts, soit une moyenne de 3,5 buts par match. Ils ont obtenu trois bonus consécutifs, ce qu’aucune équipe française n’avait encore réussi à faire. Meilleure attaque avec 21 buts inscrits mais aussi meilleure défense avec seulement 5 buts encaissés, les Stéphanois sont prévenus : s’ils ne veulent pas subir la loi de leur adversaire, ils vont devoir élever leur niveau de jeu.

K

K

Cette saison, l’équipe niçoise semble métamorphosée. Les dirigeants azuréens ont vu juste en recrutant deux joueurs de niveau international que sont Josip Katalinski et Jean-Marc Guillou.

Katalinski, patron de la défense

En défense, Josip Katalinski, élu meilleur joueur yougoslave en 1974 avec Sarajevo, apporte sa puissance athlétique. Gagneur dans l’âme, il insuffle à ses partenaires cette rage de vaincre à l’image de l’Argentin Oswaldo Piazza à Saint-Etienne. Souvent désireux de porter le danger vers l’avant, il aime donner un peu de frissons aux supporters niçois. Ses prises de risques ont déclenché quelques peurs à son entraîneur qui s’est vite empressé de corriger le tir : « Notre défense est moins vulnérable grâce à lui. Nous l’avons engagé comme libero. Pas comme avant-centre, je crois qu’il a compris… »

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Josip Katalinski, ici avec son compatriote Ivan Cukovic, insuffle à ses partenaires la rage de vaincre. l’OGC Nice a trouvé son patron en défense.

Guillou le patron

Jean-Marc Guillou a lui aussi été élu meilleur joueur français en 1974. Depuis son arrivée, l’ex-Angevin a transformé le jeu collectif de sa nouvelle équipe. Véritable leader, sa complémentarité avec Jean-Noël Huck et Roger Jouve en fait l’un sinon le meilleur milieu de terrain de France.

L’attaquant international français Marc Molitor abonde dans ce sens : « Sur le plan du jeu, leur arrivée a été ressentie comme un déclic. Avec Jean-Marc, je considère que le milieu de terrain niçois est le meilleur de France. C’est en tout cas un régal pour les attaquants de pointe de savoir qu’il est derrière nous pour nous épauler. Cela explique en grande partie la réussite que nous connaissons depuis le début de la saison. » Jean-Marc Guillou est en train de réussir avec Nice ce que Georges Bereta avait réussi la saison précédente avec Marseille. Il rassemble autour de lui par son calme et sa lucidité un ensemble ayant surtout besoin d’être rassuré.

L'international français Jean-Marc Guillou, transfuge d'Angers, a transformé le jeu des Aiglons depuis son arrivée à l'intersaison.

L’international français Jean-Marc Guillou, transfuge d’Angers, a transformé le jeu des Aiglons depuis son arrivée à l’intersaison.

« Nous avons retrouvé la joie de jouer »

Jean-Noël Huck se réjouit lui aussi de l’apport de son coéquipier : « J’ai compris qu’il était ridicule de faire de grands efforts souvent improductifs. Je fais confiance à Jean-Marc. Déjà à ses côtés en équipe de France, il m’avait fait réfléchir. Grâce à lui et à Katalinski, nous avons retrouvé la joie de jouer. » Vlatko Markovic, l’entraîneur de l’OGCN, ne tarit pas d’éloges sur ses deux nouveaux joueurs : « J’ai enfin les joueurs qu’il me faut pour appliquer mon système de jeu. »

Le 20 septembre dernier, lors de la dernière journée de Division 1, le quotidien L’Equipe a réalisé un petit sondage au stade du Ray. Sur un échantillon d’une centaine de personnes, 49 % pensent que Nice sera champion de France à la fin de la saison et 54 % voient un match nul de leur équipe à Saint-Etienne. Sur la Côte d’Azur, l’euphorie est totale.

En 1972 déjà…

Et si cette année 1975-76 était celle de l’avènement pour l’OGC Nice ? Le rythme que cette formation impose à ses rivales -dont Saint-Etienne fait bien évidemment partie- n’est pas sans rappeler celui de la saison 1971-1972. Alors entraînée par Jean Snella, l’entraîneur du premier titre stéphanois en 1957, Nice ne laissait que quelques miettes à ses adversaires. A la fin octobre, le club azuréen comptait même jusqu’à 7 points d’avance sur ses poursuivants… avant de s’écrouler puis d’abandonner le titre à Nantes. « Que nos sympathisants se rassurent, assure M. Marino, le directeur sportif de l’OGCN, ça ne se reproduira  certainement pas cette saison. »

 

Vlatko Markovic, l'entraîneur de l'OGC Nice, sait que la route qui mène au titre de champion de France sera longue. Cela ne l'empêche pas de savourer le bon début de saison de son équipe.

Vlatko Markovic, l’entraîneur de l’OGC Nice, sait que la route qui mène au titre de champion de France sera longue. Cela ne l’empêche pas de savourer le bon début de saison de son équipe.

 

Markovic ne veut pas revivre Split

Vlatko Markovic, l’entraineur yougoslave de l’OGCN, ne craint pas son adversaire. Ce qui ne l’empêche pas de vouer une certaine admiration pour le club stéphanois et son entraîneur :  « C’est une formidable organisation. Roby est un grand entraîneur et les joueurs pratiquent un football que j’estime plus vrai, en tous cas, plus équilibré. Saint-Etienne est pour moi la meilleure équipe de France et à l’étranger, elle a su donner  une bonne image du football dans notre pays. On m’a souvent dit qu’il fallait se montrer plus prudent à l’extérieur. J’estime que contre Saint-Etienne, ce serait une erreur car je me souviens parfaitement de la mésaventure survenue à l’équipe yougoslave de Split. Il y aura du spectacle à Saint-Etienne, mais une défaite ne serait pas catastrophique pour mon équipe. » Comme de nombreux entraîneurs, Markovic y va de son pronostic pour le poste du futur sélectionneur des Bleus. « Il est dommage que Kovacs s’en aille, car il faisait du bon travail en France. Il ne sera pas facile à remplacer. Pour moi, Robert Herbin peut être cet homme-là. »

Pour lui, la présence des caméras peut jouer en faveur de son club : « J’ai remarqué que les joueurs niçois étaient très attirés par les caméras et qu’il leur est arrivé de bien jouer chaque fois qu’elle était sur eux… »

25 SEPT 75 C

L’Equipe, 25 septembre 1975.

 

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25 SEPT 75 C - Copie (2)

L’Equipe, 25 septembre 1975.

 

Rocher fidèle à la couleur verte

La retransmission du match à la télévision pose quelques problèmes : la couleur des maillots. Pour que les spectateurs puissent regarder la rencontre sans confondre les maillots, le service des sports de TF1 a demandé à M. Rocher si son équipe pouvait jouer avec une autre couleur bien distincte à l’écran de celle des Niçois. Refus immédiat du président stéphanois :

« Le vert a toujours été notre couleur et nous n’avons aucune raison de ne pas lui demeurer fidèle. »

 

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Roger Rocher, ici avec Roger Loeuillet, président de Nice, sembe dubitatif. L’affluence au stade Geoffroy-Guichard n’est pas à la hauteur de l’évènement.

Lors du précédent exercice, les Niçois avaient attiré 14 125 spectateurs au stade Geoffroy-Guichard. Ce jeudi soir, la déception est palpable sur les visages des dirigeants stéphanois. Ils ne sont qu’un peu plus de 10 000 à avoir fait le déplacement pour ce premier tournant de la saison. « Attendons pour juger que l’expérience que nous faisons avec TF1 ait porté tous ses fruits » tente de convaincre Roger Rocher.

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Les Stéphanois, Ivan Curkovic en tête, sont concentrés à leur entrée sur le terrain. En cas de victoire sur le leader, ils se rapprocheraient de leur adversaire du soir.

Hidalgo, Sinibaldi, Mignot sont là…

Michel Hidalgo aurait pu regarder le match devant son petit écran. Il a choisi de se déplacer jusque dans la Loire. « J’aime toujours venir à Saint-Etienne car ici, on est assez régulièrement assuré d’assister à un spectacle de qualité », confie le probable remplaçant de Stefan Kovacs à la tête des Bleus. Paul Sinibaldi, ancien joueur du Stade de Reims, a pris place au côté du futur sélectionneur tricolore. Le stade Geoffroy-Guichard ne lui a jamais réussi quand il était joueur. Il n’est jamais reparti victorieux de Saint-Etienne. Pourtant, il n’a gardé aucune rancune vis-à-vis des Stéphanois : « Il faut oublier le passé. » Des onze hommes alignés par Herbin contre Nice, il ne cache pas une certaine admiration pour le gardien yougoslave des Verts à propos duquel il dit : « Curkovic aurait toujours été un grand champion, même s’il était né dix ans avant. Ce ne sont pas les hommes qui évoluent, c’est le mode de vie.  »

Programme du match. Collection personnelle de M. Philippe Gastal - Musée des Verts.

Programme du match. Collection personnelle de M. Philippe Gastal – Musée des Verts.

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 Le compte rendu du journal L’Equipe

L'Equipe, 26 septembre 1975.

L’Equipe, 26 septembre 1975.

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Ivan Curkovic fait admirer sa détente dans les airs et retarde ainsi l’ouverture du score par les Niçois.

50 matches sans défaite à domicile 

Ce jeudi soir, les Stéphanois n’ont pas réussi à faire tomber le leader niçois (1-1). Grâce à Dominique Rocheteau, auteur du but égalisateur, ils restent invaincus dans leur fief. Devant dix millions de téléspectateurs, le jeune international a permis à Saint-Etienne d’atteindre 50 matches consécutifs de Division 1 sans connaître la moindre défaite. Il faut remonter au 25 mars 1973 et la venue de Nantes pour retrouver trace du dernier club à s’être imposé au stade Geoffroy-Guichard (2-1).

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Grâce à son égalisation à la 65e minute, Dominique Rocheteau fait perdurer l’invincibilité des Stéphanois à domicile.

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Les 50 matches en quelques chiffres

40 comme le nombre de victoires.

10 comme le nombre de matches nuls.

1 comme  le nombre de joueurs à avoir disputé les 50 matches : Ivan Curkovic.

28 comme le nombre de matches gagnés consécutivement.

126 comme le nombre de buts inscrits.

40 comme le nombre de buts encaissés.

28 comme le nombre de buts inscrits par Hervé Revelli en 38 matches

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Daniel Sanchez tente de déborder l’expérimenté Gérard Farison. Le défenseur stéphanois stoppe une nouvelle offensive du jeune ailier niçois.

Dans le vestiaire stéphanois, on regrette les occasions manquées. Herbin parle d’un brin de réussite qui aurait bien arrangé son équipe. Pierre Garonnaire estime que l’ASSE aurait dû gagner 2 à 1 sans un Baratelli dont les plongeons ont crevé le petit écran : « Baratelli a fait un très grand match. Sans doute a-t-il été notre ennemi n° 1. » Sur la table de massage, Jean-Michel Larqué, malgré le nul, se veut optimiste : « Nous retrouvons notre fraîcheur athlétique. Notre équipe est en amélioration. Mon genou me donne les meilleures assurances. Le match nul est équitable, nous n’avons rien à regretter. »

 

A quelques mètres du capitaine stéphanois, Hervé Revelli compare le Nice qu’il a fréquenté en 1972 et celui qui caracole en tête du Championnat : « Le Nice que nous venons de rencontrer est plus calme dans la tempête et, surtout, il possède un milieu de terrain plus offensif où chacun s’engage à tour de rôle. Le Championnat démarre. Sur une compétition aussi longue, cinq points d’écart ne doivent pas entraîner des conclusions définitives. Surtout avec le bonus. Je me rappelle justement en 1972, être venu gagner à Saint-Etienne (1-0). C’était à la même époque. Vous savez ce qui s’est passé après… »

Nice était venu pour faire un résultat, il repart avec le sentiment du devoir accompli. Quant aux Stéphanois, ils poursuivent leur série d’invincibilité à domicile et se sont rassurés avant le match retour contre le BK Copenhague.

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L’anecdote

Robert Herbin n’a failli coucher que onze noms sur la feuille de match contre Nice. Alors qu’il se rendait au stade pour disputer la rencontre, Gérard Janvion, au volant de sa voiture, a accéléré à un feu orange ce qui lui a valu d’être arrêté par la police. Il n’a dû son salut qu’à un supporter qui s’est exclamé auprès de l’agent :

« Si vous voulez que Saint-Etienne batte Nice, il ne faut pas démoraliser l’un de ses meilleurs arrières. »

Le Martiniquais a échappé ainsi à la contravention mais n’a pu, en revanche, faire gagner son équipe.

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Entre les internationaux Christian Lopez et Jean-Noël Huck, il n’y a pas de vainqueur. Nice garde ses distances avec Saint-Etienne.

L'Equipe, 26 septembre 1975.

L’Equipe, 26 septembre 1975.

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LA FICHE TECHNIQUE

Spectateurs : 10 206. Recette : 222 043 F. Arbitre : M. Verbeke. Buts.- Saint-Etienne : Rocheteau (65e) ; Nice : Massa (46e).
Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Santini, Larqué, Bathenay – Rocheteau, H. Revelli, P. Revelli. Entr. : Herbin.
Nice : Baratelli – Ascéry (Grava, 80e), Katalinski, Adams, Zambelli – Huck, Guillou, Jouve – Sanchez, Musemic, Massa. Entr.: Markovic.

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 Thierry CLEMENCEAU

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Oswaldo Piazza est averti verbalement par M. Verbeke. Le défenseur argentin a passé une mauvaise soirée. La faute à l’attaquant niçois Musemic.

L'Equipe, 27 septembre 1975.

L’Equipe, 27 septembre 1975.

 

Pendant ce temps-là…

 

L'Equipe, 22 septembre 2015.

L’Equipe, 22 septembre 2015.

♦ André Fefeu, l’ex-Stéphanois, qui portait ces dernières saisons le maillot d’Auxerre, évolue désormais dans le club de Division d’Honneur de Sens.

♦ Dans le Championnat des Pays-Bas, le PSV Eindhoven, entraîné par Kees Rijvers, vainqueur une semaine plus tôt de l’Ajax d’Amsterdam, s’est incliné à Sparta (1-0). En Ecosse, les Glasgow Rangers ont conservé leur fauteuil de leader en partageant les points à Dundee (0-0).

♦ Les rumeurs vont bon train concernant la succession de Stefan Kovacs à la tête de l’équipe de France. Michel Hidalgo aurait, selon certaines sources, déjà l’assurance d’être nommé. Il serait secondé par Herbin, Peyroche et Batteux. Verdict le 4 octobre.

L'Equipe, 23 septembre 1975.

L’Equipe, 23 septembre 1975.

♦ Battue en finale des Jeux Méditerranéens par l’Algérie de Rachid Meklhoufi, l’équipe de France amateurs, dirigée par Henri Patrelle, s’apprête à disputer deux rencontres qualificatives pour les Jeux Olympiques qui se tiendront à Montréal en juillet 1976. Parmi les seize présélectionnés, figure le Stéphanois Jean-Marc Schaer.

♦ Le BK Copenhague, adversaire des Verts en Coupe d’Europe, semblait marquer le pas dans le Championnat danois. Alors que son attaque était muette depuis trois journées, le BK a inscrit quatre buts contre 1903 Copenhague et s’est imposé 4 à 3.

♦ En déplacement à Melun, l’équipe de Division 3 stéphanoise a obtenu un match nul (1-1, Schaer). Après trois journées, l’équipe entraînée par Robert Philippe court toujours après sa première victoire. « Il nous reste à travailler pour essayer de relancer l’équipe comme la saison passée, dit l’entraîneur stéphanois, mais tous devront mettre les bouchées doubles, car il nous faudra laisser une autre image de l’ASSE lors de nos prochaines sorties. »

Th.C.

La semaine prochaine :
Les Verts se qualifient sans gloire contre Copenhague

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Plus de 96 500 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

http://www.museedesverts.fr/

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Objectif Glasgow 76 : Saint-Etienne évite le piège lillois

 

LOSC

Mercredi dernier :
A Copenhague, les Verts ont tué le suspense

Ce jeudi 18 septembre, les vainqueurs de Copenhague ont rendez-vous à 9 heures au stade Geoffroy-Guichard pour le traditionnel décrassage de lendemain de match. Rentrés du Danemark à 1 h 30, la nuit a été courte pour les Stéphanois. Dans la grisaille, Herbin participe avec ses joueurs à un petit galop d’entraînement.

Dominique Rocheteau et Christian Sarramagna, absents au Danemark, sont également présents. « Ma contracture au mollet n’est plus qu’un mauvais souvenir » lance le premier alors que le second ajoute : « Mon genou ne me fait plus souffrir. J’ai frappé dans la balle sans aucune gêne. » Voilà deux bonnes nouvelles pour l’entraîneur stéphanois qui pourrait décider d’emmener ses deux ailiers dès le prochain déplacement à Lille.

Hervé Revelli, qui avait disputé la veille son vingt-troisième match de Coupe d’Europe -un record en France- est le dernier à quitter le stade. Travailleur inlassable, il n’est jamais pressé de déserter un lieu qu’il affectionne tout particulièrement.

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Dominique Rocheteau ne ressent plus la contracture au mollet qui l’a privé du déplacement à Copenhague. Il est prêt pour le déplacement à Lille.

La victoire contre le BK a fait du bien au moral des Stéphanois. Tout n’a pas été parfait à l’Idrottsparkstadion mais les motifs de satisfaction sont nombreux. Herbin a apprécié la rigueur défensive dont ont fait preuve ses défenseurs. « Notre défense s’est reprise devant le Paris-SG et le KB, dit-il. Le fait de n’avoir concédé aucun but à Copenhague sur terrain adverse me paraît encourageant car c’est à l’extérieur qu’il faut être vigilant et strict. En Coupe d’Europe, on ne peut se permettre le moindre moment d’inattention. Il faut rester concentré, déterminé et avide de buts jusqu’au bout. »

Herbin se méfie des Lillois

A peine ont-ils eu le temps de reprendre leurs habitudes que les Stéphanois ont déjà rebouclé leurs valises. Après le Nord de l’Europe, les voici dans le Nord de la France. La proximité des rencontres risque de peser lourd dans les jambes. Herbin compte sur le bienfait psychologique d’une victoire en Coupe d’Europe pour effacer la fatigue cumulée depuis plusieurs semaines. Au stade Henri-Jooris, les Verts y ont souvent laissé des plumes ces dernières années. Ce samedi, Herbin rappellera à ses joueurs, si besoin en est, que la saison précédente, ils s’étaient inclinés 2 à 0 sur ce même terrain. « Nous serons prudents samedi à Lille, prévient-il. A Copenhague, nous avons retrouvé le climat de confiance, mais les Lillois nous attendent au coin du bois. »

COPENHAGUE-ST ETIENNE (0-2)

Herbin confronté à un problème de riche

A Saint-Etienne, l’abondance de biens commence à poser quelques soucis à l’entraineur. Les retours conjugués de Rocheteau et Sarramagna, s’ils constituent une bonne nouvelle, compliquent un peu plus le choix d’Herbin au moment de convoquer les douze hommes appelés à s’envoler pour le Nord. Rocheteau ne se ressent plus de sa tendinite contractée à Marseille et Sarramagna, avec son pied gauche « magique » a fait admirer la qualité de ses centres à l’entraînement.

Aucun des onze joueurs à Copenhague n’a démérité mais, au-delà du match à Lille, Roby se projette déjà dans le choc contre Nice. Dominique Rocheteau rétabli, nul doute qu’il va retrouver son poste d’ailier droit. Son pendant à gauche ne devrait pas être Sarramagna mais Patrick Revelli qui a retrouvé grâce aux yeux d’Herbin. Les velléités de départ du cadet des Revelli ne sont désormais plus qu’un mauvais souvenir. Sa bonne prestation au Danemark assortie d’un but lui assure une place de titulaire pour ce déplacement périlleux à Lille. Herbin compte sur sa pointe de vitesse pour créer le danger et déstabiliser la défense nordiste. Le rôle de douzième homme devrait se jouer entre le revenant Merchadier, Repellini et Sarramagna.

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Yves Triantafilos, remplaçant à Copenhague, n’est pas du déplacement à Lille. Officiellement blessé, un départ de Saint-Etienne est évoqué.

Si Patrick Revelli a retrouvé une place de titulaire, en revanche, Yves Triantafilos, remplaçant en Coupe d’Europe, ne semble plus avoir la confiance de son entraîneur. Son absence pour ce déplacement n’est pourtant pas dû à un choix tactique comme cela avait été le cas à Copenhague mais à une déchirure dorsale contractée à l’entraînement…

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LILLE EN BREF

Au Lille Olympique Sporting Club, cette saison 1975-76 est placée sous le signe de l’ambition. Champion de Division 2 en 1974, l’objectif premier des dirigeants lillois était un bon maintien pour leur grand retour parmi l’élite. Fort d’un recrutement réussi avec les arrivées du défenseur nantais Bernard Gardon, du Yougoslave Karasi, puis un peu plus tard du Troyen et ex-Stéphanois Patrick Parizon, Le LOSC a franchi cette première étape avec succès. L’équipe de Georges Peyroche a terminé à la 13e place avec 39 points.

MAGAZINE LILLE

Georges Peyroche en grande discussion avec l’entraîneur lillois Langrand dans le stade Henri-Jooris.

Un recrutement solide

Un an plus tard, le club nordiste vise la première moitié du tableau de Division 1 sans pour autant prétendre se classer dans le top 5. Pour parvenir à ses fins, le club nordiste a recruté deux joueurs expérimentés pour renforcer son milieu de terrain : Michel Mézy (Nîmes) et Serge Besnard (Red Star). « Je pense qu’avec l’apport de Mézy et Besnard, dont l’expérience devrait être bénéfique à l’équipe, dit Peyroche, nous devrions faire mieux que l’an passé. Cette, année, il n’est pas question pour nous de rivaliser avec les « grands ». Mon ambition est de donner un style de jeu à l’équipe. »

MAGAZINE LILLE

En cette fin septembre, les Verts disputent leur dernier match dans le stade municipal Henri-Jooris à Lille.

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Georges Peyroche, l’enfant de Roche-la-Molière

Georges Peyroche, l’entraîneur du LOSC, est un enfant de Roche-la-Molière et fils d’une famille nombreuse de mineurs installée dans ce bassin houiller de la Loire, à quelques kilomètres de Saint-Etienne. « C’est là, dit-il avec humilité, que j’ai senti naître tout de suite l’amour de l’entraînement et du jeu. J’habitais Roche-la-Molière mais le stade se trouvait à Beaulieu à 4 ou 5 km. Je faisais le parcours à pied quatre fois par jour pour frapper dans un ballon. » A l’âge de 14 ans, il quitte l’école pour travailler à la mine. Il y restera deux ans. « Au fond des puits, j’ai appris l’essentiel, à l’école du travail et de l’apprentissage de la souffrance. »

A 15 ans, il dispute son premier match de CFA contre Menton. Il inscrit l’un des deux buts de son équipe. Il n’en faut pas plus pour que le grand club voisin de Saint-Etienne le remarque. Chalvidan et Setboum, les deux entraineurs de ses débuts, le poussent alors à franchir le pas. A l’ASSE, ses coéquipiers s’appellent Ferrier, les frères Tylinski, Goujon ou encore Oleksiak. Il découvre aussi un entraîneur à qui il doit beaucoup aujourd’hui.  « Jean Snella m’a appris d’abord et avant tout, qu’un entraîneur devait être toujours à la disposition des gens qui veulent travailler. Il m’a révélé cette vérité que le football professionnel, c’est surtout un travail inlassable et répété, un entraînement permanent, biquotidien si possible, ce qui ne veut pas dire qu’on doit mourir à la tâche. »

ST ETIENNE 1957

L’équipe stéphanoise championne de France de Division 1 pour la première fois de son histoire en 1957.

En 1956, il devient Champion de France amateurs avant de devenir, à 20 ans, Champion de France professionnel. Jean Snella, selon les besoins du moment, en fait un joueur polyvalent. Hormis le poste spécifique de gardien de but, il s’adapte à presque tous sans difficulté. A son grand désarroi d’ailleurs. En 1961, il obtient la promesse de Roger Rocher de ne plus jouer défenseur. Il souhaite se fixer définitivement à un poste de demi. Mais à l’automne 1961, Henri Guérin, l’entraîneur de l’époque, lui demande de dépanner en défense. Peyroche refuse. Son contrat est suspendu et il est transféré, contre son gré, à Strasbourg. Ce départ est un crève-cÅ“ur pour celui qui est marié à une Stéphanoise et dont toutes les attaches sont à Saint-Etienne.

LILLE-LIMOGES (4-1)

Georges Peyroche (à droite) dans le vestiaire lillois lors de son premier passage dans le Nord (1965-67). Il est assis à côté de deux autres anciens Stéphaonois : André Guy et François Heutte).

En 1973, le LOSC a fait appel à lui pour faire remonter le club en Division 1. Six ans après son départ du LOSC où il a été joueur (1965-67), il revient cette fois en tant qu’entraîneur. Un an plus tard, le club nordiste retrouve l’élite. « Entraîneur au LOSC ou entraîneur de Promotion d’Honneur, c’est la même chose, concède-t-il. L’essentiel pour moi, c’est de vivre dans un stade, de travailler comme je l’entends et comme j’aime travailler, d’éviter les tricheries et les tricheurs. Le reste m’est bien égal… »

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Trois entraînements quotidiens

En juillet 1974, pour préparer le retour du club nordiste parmi l’élite, Georges Peyroche avait emmené ses joueurs pour une mise au vert en Allemagne. Cette saison, il a choisi la Suisse. Durant le stage, il n’a pas ménagé ses troupes, allant même jusqu’à leur imposer trois entraînements quotidiens : « Allez, plus vite, on se replace, on accélère, encore, encore, encore, dix secondes encore, bien joué ça. » Avec Peyroche, aucun relâchement n’est permis. La victoire contre la Chaux-de-Fonds (3-1), avec deux buts du meilleur buteur lillois de la saison passée Christian Coste, finit par redonner le sourire à l’entraineur nordiste.

Le début de Championnat est cahin-caha. Après trois résultats nuls lors des trois premières journées, Gardon et ses hommes ont sombré à Metz (5-2). La défense lilloise a pris l’eau de toute part. Les onze buts encaissés font grincer quelques dents.

Peyroche est en colère

La victoire dans le derby du Nord vient atténuer la colère de l’entraîneur lillois. Mais elle est de courte durée. Une semaine plus tard, les Dogues s’inclinent chez la lanterne rouge Avignon (1-0). Le doute est à nouveau dans les têtes. Cette nouvelle déconvenue n’a été appréciée ni des dirigeants ni des supporters. Georges Peyroche comptait sur ce déplacement pour préparer au mieux la venue des Champions de France. Vexé, ses joueurs entendent parler du pays.

00-Georges PEYROCHE Panini Lille 1976

Collection Panini

« Nous ne battrons peut-être pas Saint-Etienne…»

Il a un double casse-tête à résoudre : rendre sa défense plus imperméable et son attaque plus performante. Pour remédier à la maladresse de ses attaquants, il n’hésite pas à leur donner du rab lors des entraînements. Durant quatre jours, il leur impose un rythme de travail qu’ils ne sont visiblement pas prêts d’oublier. Au rythme de deux séances quotidiennes, ils « bombardent » le gardien Jean-Noël Dusé à raison de cent vingts tirs chacun. Le pauvre gardien nordiste finit même par en avoir des ampoules aux mains. « Nous ne battrons peut-être pas Saint-Etienne… mais nous ne laisserons pas échapper beaucoup d’occasions de tirer en direction de Curkovic », avouent-ils en chÅ“ur.

Sans Mézy ni Besnard

La réception des Stéphanois ne s’annonce pas sous les meilleures auspices pour les Lillois. Peyroche va devoir composer sans ses deux recrues estivales. Michel Mézy, sous le coup d’une suspension avec sursis avant son arrivée dans le Nord, a de nouveau été averti contre Lens. Pour avoir eu des mots avec le Lensois Bousdira lors du derby du Nord, le bouillant provençal a écopé d’un nouveau carton jaune qui lui vaut d’être suspendu automatiquement. Quant à Serge Besnard, victime d’une élongation, il est condamné à regarder lui aussi le match des tribunes qui ne devraient pas compter plus de 15 000 spectateurs.

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20 SEPT 75 C

L’Equipe, 20 septembre1975.

 

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 L’anecdote

Le samedi 20 septembre au matin, les Stéphanois décollent de Saint-Etienne-Bouthéon. A leur arrivée à l’aéroport de Lille-Lesquin, un véhicule affrété par leur hôtel les attend. A la grande surprise du staff stéphanois, celui-ci ne compte seulement que six places. Ils se disent alors que le chauffeur a certainement cru qu’il venait chercher une équipe de basket ! Quelques minutes plus tard, l’incident, somme toute mineur, est réparé et les Stéphanois peuvent rejoindre leur hôtel.

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Dusé ne jouera pas en vert

Depuis plusieurs saisons maintenant, Jean-Noël Dusé portait un maillot vert, qui disait-il, le protégeait des blessures. Contre Saint-Etienne, il étrennera un superbe maillot jaune. Non pas qu’il ait remisé son maillot vert au placard mais il  vient tout simplement de s’en séparer pour l’offrir à un jeune gardien de Marcq-en-Baroeul, blessé lors d’une rencontre de Championnat.

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 Le compte-rendu du quotidien L’Equipe

LILLE ASSE 22 SEPT 75

L’Equipe, 22 septembre 1975.

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Patrick Revelli a beaucoup tenté face aux défenseurs lillois. Malgré ses nombreux débordements il n’a pas réussi à faire la différence.

Pour leur dernier match au stade Henri-Jooris, les Stéphanois ont obtenu un match nul (0-0) mais ce point pris en terre nordiste ne peut les satisfaire complètement. Nice et Lyon, leurs adversaires directs pour les premières places au classement, se sont imposés et ont, par la même occasion, décroché le bonus offensif. Pour l’une de leur dernière sortie dans leur vieux stade, les supporters lillois sont repartis avec un sentiment de frustration. L’extrême prudence des deux équipes, pour des raisons très différentes, a débouché sur un match fermé. Robert Herbin, surpris par la tactique ultra défensive de son adversaire, n’en veut pas à son ex-coéquipier sous le maillot vert et copain du Bataillon de Joinville. Pour lui, si le spectacle n’a pas été à la hauteur, c’est en partie à cause de l’arbitrage. « M. Didier, rouspète Herbin, en arrêtant souvent nos actions par une multitude de coup-francs incompréhensibles, n’a pas facilité notre tâche. Dans ces conditions, un nul me paraît constituer un résultat satisfaisant. »

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Dominique Rocheteau, ici aux prises avec Bernard Gardon, effectuait sa rentrée à Lille. Cela n’a pas suffi aux Stéphanois pour l’emporter.

Georges Peyroche n’a guère aimé lui aussi les décisions de l’homme en noir. Mais il n’a pas tout à fait la même analyse qu’Herbin : « Ses décisions à contre-sens nous ont privés de la victoire. Saint-Etienne n’était pas très saignant aujourd’hui. »

Jean-Michel Larqué n’a disputé qu’une seule mi-temps. Son genou le fait toujours souffrir et en prévision des échéances importantes à venir, il n’a voulu prendre aucun risque. Son absence en deuxième mi-temps s’est une nouvelle fois fait cruellement sentir. Herbin croise les doigts pour qu’il soit bien présent pour le choc à venir contre Nice.

Thierry CLEMENCEAU

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Rentré à la mi-temps, Christian Synaeghel, originaire du Nord, s’est démené sans compter pour tenter de mener les Verts à la victoire. En vain…

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 La fiche technique

Spectateurs : 12 683. Recette : 342 743,65 F. Arbitre: M. Didier.
Lille : Dusé – Deneullin – Prieto, Gardon, Gauthier – Gianquinto, Deschodt (Iché, 65e), De Martigny – Parizon, Coste Karasi. Entr. : Peyroche.
Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Bathenay, Larqué (Synaeghel, 46e), Santini – Rocheteau, H. Revelli, P. Revelli. Entr.: Herbin.

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Pendant ce temps-là…

 

L'Equipe, 22 septembre 1975.

L’Equipe, 22 septembre 1975.

La semaine prochaine :
Saint-Etienne résiste au leader niçois

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Plus de 96 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

http://www.museedesverts.fr/

AfficheOK

Objectif Glasgow 76 : A Copenhague, les Verts tuent le suspense (2/2)

 

Télécopie pleine page

 Lundi dernier :
Les Verts débutent leur campagne à Copenhague

Le mardi 16 septembre au matin, la délégation stéphanoise se retrouve à l’aéroport de Saint-Etienne-Bouthéon. Pour les seize joueurs retenus pour ce match aller de la Coupe des Clubs Champions contre Copenhague, l’aventure européenne commence ici. Roger Rocher arrive aux alentours de 8 heures. Il tient dans ses mains une dizaine d’exemplaires du quotidien L’Equipe. D’ordinaire, il se déplace seul, surtout à l’étranger. Mais ce matin-là, il est accompagné de son épouse. Et pour cause : le jour du match contre le BK Copenhague, Madame Rocher fêtera son anniversaire. Bien entendu, pour le président des Verts, il n’était pas question de laisser son épouse seule à Saint-Etienne. Avant de franchir les portes d’embarquement, il déclare très sérieusement : « Nous prendrons BK de Copenhague autant au sérieux que le Bayern de Munich. »

Le 16 septembre au matin, la délégation stéphanoise a rendez-vous à l’aéroport de Saint-Etienne-Bouthéon. Pour Herbin et ses joueurs, l’aventure européenne débute à Copenhague.

Poker pour les uns, lecture pour les autres

Dans l’avion, chacun s’occupe du mieux qu’il le peut. Yves Triantafilos, arrivé juste avant la fermeture des portes, se délasse en lisant une revue consacrée aux chevaux alors que Larqué, Santini, les frères Revelli et M. Filhol, le masseur attitré des Verts, disputent une partie de poker. Quant à Robert Herbin, il ne veut penser qu’au match à venir : « Nous ne sommes pas vulnérables sur le plan physique et il suffirait d’un excellent résultat pour ramener la sérénité et la confiance. J’espère et je crois que le voyage à Copenhague nous en donnera l’occasion et la possibilité. »

Clerfeuille accompagne les Stéphanois

En Coupe d’Europe, à chaque match d’une équipe française, un représentant du Groupement est présent. A Copenhague, Jean Clerfeuille a été désigné pour accompagner la délégation stéphanoise. Il a remplacé au pied levé Antoine Federicci, retenu à Ajaccio par un deuil. L’ancien président du FC Nantes ne garde pas de bons souvenirs du Danemark puisque deux ans auparavant, l’équipe qu’il présidait avait été éliminée par le modeste club de Vejle. Il espère que les Stéphanois connaîtront un meilleur sort pour leur entrée dans la compétition.

Herbin se sent fiévreux

Au terme d’un vol sans encombre, les Stéphanois posent le pied sur le sol danois à 10 h 20. Il sont agréablement surpris par la chaleur sur le tarmac et cette douceur les change quelque peu de la pluie qui s’était abattue sur Saint-Etienne depuis quelques jours. Robert Herbin, comme souvent à l’approche des grands rendez-vous, se sent fiévreux. Est-ce l’atmosphère de la Coupe d’Europe qui le met dans un tel état ? Toujours est-il que le docteur Poty doit déjà sévir pour remettre l’entraîneur stéphanois sur pied.

A l’approche du premier match de Coupe d’Europe de la saison, la fièvre semble gagner Robert Herbin.

Un peu plus tard, la délégation stéphanoise prend possession de l’hôtel Scandinavia, située à Helsingor, tout près du château de Kronborg, célèbre pour un de ses châtelains et non des moindres, Hamlet. Sur place, ils sont accueillis par Mario Astori, l’entraîneur du BK Copenhague. Ce geste d’attention quelque peu inhabituel, ravit autant qu’il surprend le président Rocher : « C’est la première fois que nous avons des relations aussi amicales avec un adversaire européen. »

Premier entraînement, première surprise

En fin d’après-midi, le bus des Verts parcourt les quarante kilomètres qui séparent leur lieu de retraite au stade de l’Idraetsparken. Larqué et ses joueurs ont hâte de s’imprégner des lieux. A leur arrivée, Pierre Garonnaire, à qui rien n’échappe, s’aperçoit, grâce aux anciennes lignes encore visibles, que le terrain a changé de dimension. Il a été élargi de sept mètres et mesure désormais 72 mètres. Ces modifications ne perturbent aucunement les joueurs  qui effectuent  quelques assouplissements avant de s’adonner à quelques frappes au but.

Synaeghel la surprise

Après le match nul contre le Paris-SG (1-1), Herbin semblait satisfait de la prestation de ses joueurs. Cela ne l’a pas empêché d’apporter une modification au onze qui débutera contre le BK Copenhague. Si la défense et le milieu de terrain sont restés inchangés, c’est en attaque qu’Herbin a créé la surprise. Christian Synaeghel, promis à une place de remplaçant, a récupéré le numéro 11 habituellement porté par Yves Triantafilos. L’entraîneur stéphanois a décidé de renforcer son milieu de terrain au profit d’un attaquant. Il délaisse son traditionnel 4-3-3 au profit d’un 4-4-2.

MAGAZINE ST ETIENNE

Pour ce match aller de la Coupe des Clubs Champions contre Copenhague, Robert Herbin a changé de tactique et préféré Christian Synaeghel à Yves Triantafilos pour renforcer son milieu de terrain.

Herbin justifie son choix

Les frères Revelli, dont la complicité sur le terrain avec Triantafilos n’a jamais été une franche réussite, seront donc seuls sur le front de l’attaque. Herbin justifie son choix : « Je pense que nous devrons essayer d’opposer à la force danoise, vivacité, mobilité et ruse. Synaeghel possède ces qualités-là et, de surcroît, il déploie une activité inlassable susceptible de contrarier les montées fréquentes de l’arrière droit danois. Ensuite, d’ouvrir la porte aux débordements de Farison, enfin de permettre à Jean-Michel Larqué un soutien plus proche et plus utile des Revelli. » Déjà remplaçant lors du déplacement à Marseille, Triantafilos fait une nouvelle fois les frais des choix tactiques du coach stéphanois.

L'Equipe, 17 septembre 1975.

© Dessin de Robert Déro. Collection particulière

 

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Des amateurs au grand coeur

Au BK Copenhague, une victoire contre Saint-Etienne, demi-finaliste de la dernière Coupe des Clubs Champions, serait considérée comme un exploit. Contrairement aux Français, les Danois ne vivent pas du football. Ils s’entraînent quatre fois par semaine après leur travail à 17 h 30. Mario Astori, l’entraîneur italien du BK, s’en accommode du mieux qu’il peut : « D’un professionnel, on peut tout exiger sur les horaires, le nombre des exercices à accomplir à l’entraînement, c’est son métier. Le professionnel doit être à l’heure, l’amateur doit être heureux. Ils jouent pour leur plaisir. Pas de salaires, pas de primes de match. Il arrive parfois que le club leur offre un voyage à l’étranger avec leurs épouses en guise de récompense. »

L'Equipe, 17 septembre 1975.

L’Equipe, 17 septembre 1975.

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Les retrouvailles avec M. Pellen 

Le mercredi 17 septembre, l’emploi du temps des Verts ne leur laisse guère de temps libre. A 11 heures, ils se retrouvent pour la pause déjeuner. A peine le temps de digérer leur repas qu’ils ont rendez-vous à l’ambassade de France au Danemark. M. Rocher, pipe vissée à la bouche, s’est mis sur son 31. Il arbore un complet gris vert à rayures blanches. « C’est le costume de Coupe d’Europe », se justifie-t-il en souriant.

Coïncidence ou pas, l’ambassadeur français n’est pas un inconnu des Stéphanois. M. Pellen, lyonnais d’origine et supporter de l’OL, promet que le soir-même, il sera le premier supporter des Verts. Ce n’est pas la première fois que Rocher et son équipe rencontrent l’ambassadeur français. En janvier 1972 , à l’occasion de leur tournée en Afrique noire qui les avait menés au Sénégal et au Mali, M. Pellen avait reçu à l’ambassade de Bamako la délégation stéphanoise dont le porte-drapeau était bien entendu Salif Keita.

Après cette réception officielle, le bus ramène tout son petit monde à Helsingor. A 15 h 45, les joueurs ont droit à une petite collation avant de prendre la route vers le stade à 17 h 30.

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Programme du match. Collection personnelle de Philippe Gastal. Musée des Verts.

La petite sirène n’en revient pas

Les joueurs stéphanois ne sont pas seuls à Copenhague. Nombreux sont les supporters français qui ont répondu présents pour ce premier match européen de la saison. Deux charters de cent-soixante personnes chacun ont atterri à Copenhague. A titre de comparaison, le 2 octobre 1974, ils n’étaient que 70 à avoir fait le déplacement à Lisbonne pour voir les Verts obtenir le nul contre le Sporting (1-1).

De nombreux supporters vêtus de vert ont également effectué plus de 2 000 kilomètres en voiture pour venir encourager leur équipe favorite. Très remarquée également dans les rues de la ville, une 504 immatriculée 42 sur laquelle était accrochée une énorme panthère noire, l’emblème de l’ASSE. Autre scène cocasse, la petite sirène, le temps d’une photo-souvenir, a été drapée de vert par les nombreux Stéphanois présents dans la capitale danoise.

L'Equipe, 17 septembre 1975.

L’Equipe, 17 septembre 1975.

COPENHAGUE-ST ETIENNE (0-2)

Avant la rencontre, les deux capitaines s’échangent les fanions officiels sous les yeux de l’arbitre finlandais.

L'Equipe, 18 septembre 1975.

L’Equipe, 18 septembre 1975.

COPENHAGUE-ST ETIENNE (0-2)

A la 71e minute, Jean-Michel Larqué inscrit le deuxième buts des Verts et met son équipe à l’abri d’un retour du BK Copenhague.

Les Stéphanois s’imposent donc 2 à 0 et assurent l’essentiel : gagner à l’extérieur sans encaisser le moindre but. Roger Rocher ne cache pas son soulagement. A Saint-Etienne, la coupe d’Europe occupe désormais une place importante dans la vie du club. Le président stéphanois ne cache pas qu’il a budgétisé deux tours européens pour que son club présente des comptes équilibrés. « L’essentiel est de se qualifier, dit-il. Nous avons budgétisé deux tours. On peut espérer que nos prévisions seront respectées. La Coupe d’Europe motive nos joueurs et relance chaque fois notre équipe. »

COPENHAGUE-ST ETIENNE (0-2)

Ivan Curkovic s’était préparé au défi physique imposé par les Danois. Face à Petersen, il n’a pas tremblé.

Curkovic impressionné par Copenhague

A la fin du match, Robert Herbin est satisfait du comportement de ses joueurs : « Nous avons joué sérieusement et nous nous sommes seulement déconcentrés en fin de match. Il faut quand même prendre le match retour au sérieux. » Du côté des joueurs, tous abondent dans le même sens, à commencer par Hervé Revelli, dont l’expérience est toujours très utile : « Je crois qu’on a retrouvé 80 % du vrai Saint-Etienne. »

COPENHAGUE-ST ETIENNE (0-2)

A la 52e minute, Patrick Revelli ouvre la marque pour les Stéphanois. Son frère Patrick (ici avec Synaeghel) exulte.

Ivan Curkovic, toujours aussi lucide, y va de son analyse personnelle : « L’essentiel est d’avoir joué de belle manière un match sérieux, ce dont nous avions perdu l’habitude. Nos trois derniers matches de Championnat n’étaient pas bons, il faut bien l’avouer. Je crois que ce soir, il s’est produit un déclic important dans notre équipe. Je vais vous surprendre mais il y a longtemps que je n’ai pas joué contre une telle équipe. C’est une équipe pure. Personne ne triche, personne ne cherche à gagner ou à perdre du temps. En Coupe d’Europe, l’argent a beaucoup d’importance. Pour les Danois, le problème ne se pose pas. »

COPENHAGUE-ST ETIENNE (0-2)

Après la victoire des Verts, la joie se lit sur les visages stéphanois à commencer par celui d’Hervé Revelli.

« On a retrouvé le vrai Saint-Etienne »

Auteur du premier but des siens, Patrick Revelli savoure ce retour en grâce : « Sur un plan personnel, je suis très heureux de cette victoire. Je tiens à remercier Robert Herbin de m’avoir fait confiance. Et j’admets que ma mise à l’écart en début de saison présentait un caractère normal compte tenu de ma condition du moment. Je crois aussi que l’on a retrouvé le vrai Saint-Etienne, celui de la Coupe d’Europe 1975. »

Thierry CLEMENCEAU

COPENHAGUE-ST ETIENNE (0-2)

Après la rencontre, Jean-Michel Larqué, buteurà la 71e minute, répond aux sollicitations des journalistes français.

 

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 La fiche technique

Spectateurs : 7 500. Arbitre : M. Mattson (FIN). Buts.- Patrick Revelli (52e), Larqué (71e).
BK Copenhague : Qvist – Hojgard, A Sorensen, Lynby, Krogdahl – Myssing, N. Sorensen, Roessel – Andreasen (A. Petersen, 68e), B. Petersen, Skjolden. Entr. : Astori.
Saint-Etienne : Curkovic -Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Santini, Bathenay, Larqué – P. Revelli, H. Revelli, Synaeghel. Entr.: Herbin.

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Une du quotidien L'Equipe, 18 septembre 1975.

Une du quotidien L’Equipe, 18 septembre 1975.

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 La vidéo

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Pendant ce temps-là…

♦ Jean-Michel Larqué n’a toujours pas trouvé d’accord avec Saint-Etienne pour prolonger son contrat. Visiblement, Roger Rocher n’est pas pressé de parapher un nouveau contrat à son capitaine : « Larqué est encore sous contrat avec le club. La question sera revue. Je ne veux rien précipiter. Je ferai mon possible pour qu’on se mette d’accord. Mais si on n’y arrive pas, on va en faire une affaire d’état qui n’existe pas. Pour l’instant, le club est en règle avec Larqué. » Don’t act.

♦ A Saint-Etienne, il y a deux Revelli : Hervé et Patrick. Ils pourraient bientôt être rejoints par deux Sarramagna. Si Christian est déjà bien en place, son frère cadet (17 ans) effectue un stage à l’ASSE. Alors que Christian est gaucher, Pierre Garonnaire espère que le pied droit du plus jeune des Sarramagna vaudra le pied gauche de son aîné.

Dès samedi prochain :
Saint-Etienne évite le piège lillois

 

AfficheOK

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