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Coulisses de festivals

"Il y a une grosse logistique derrière ce projet", Séverine Beaudot, coordinatrice de l’événement en France.

« Il y a une grosse logistique derrière ce projet », Séverine Beaudot, coordinatrice de l’événement en France.

Quand l’automne s’installe, que les feuilles colorées tombent des arbres, les fans de sports outdoors ont tendance à s’affoler. Déjà parce que c’est signe que la neige n’est plus très loin mais aussi parce que c’est la période où les festivals de films de sports sortent de leur hibernation. Escalade, ski, alpinisme, base jump, VTT, il y en a pour tous les goûts et partout. « Le début de saison approche, les gens commencent à penser à la neige et à la montagne, constate Thibaud Duchosal, organisateur du Winter Film Festival à Bourg St Maurice. Les équipes filment pendant la saison d’hiver et s’occupent de la post-production l’été. Les films sont donc prêts pour l’automne ».

Derrière ces moments riches en divertissements se cache souvent une logistique importante et bien rodée. C’est le cas de l’European Outdoor Film Festival (E.O.F.T), sponsorisé par Mammut et Gore Tex, qui fête sa quinzième tournée dans 14 pays européens : « En France, il y a une grosse logistique sur ce projet qui nous mobilise à l’année, explique Séverine Beaudot, coordinatrice de l’événement dans l’hexagone. Je suis en charge de la production du festival dans les pays francophones (France, Suisse, Belgique). Je gère les côtés technique et logistique, la réservation des salles de cinéma, les relations presse, les sportifs présents et tous les autres problèmes qui peuvent survenir. C’est assez intense comme travail. »

Le succès du festival (surtout en Allemagne où le public dépasse parfois les 10 000 spectateurs) passe par la sélection des films proposés. « Nous avons un mini jury en interne qui gère les sélections, détaille Séverine Beaudot. Comme le festival est européen, c’est essentiel de proposer des films internationaux. Notre chef sillonne les plus grands festivals du monde à la recherche de films qui correspondent à nos critères. Nous accordons beaucoup d’importance aux qualités des images, des textes mais aussi aux personnages. Nous souhaitons avant tout de belles histoires humaines. Quand les spectateurs sortent de la soirée nous avons envie qu’ils soient inspirés et motivés à relever des défis dans la nature.»

Pour Thibaud Duchosal, qui présente la première édition de son festival, les enjeux sont différents et les moyens mis en œuvre aussi. « Même si c’est un petit événement, l’organisation nous prend du temps. Nous sommes deux bénévoles à travailler dessus sans sponsors, ce qui rend les choses beaucoup plus compliquées. Pour la sélection, ce sont en général les producteurs qui envoient leur film. Dans notre cas, comme l’idée du festival a été tardive, j’ai moi-même contacté les producteurs. Ce qui ne nous empêche pas de diffuser tous types de glisse (ski, snowboard, télémark) dans tous les coins du monde (Iran, Kyrgystan, Islande, Groenland, Spitzberg, Japon). En tout, il y aura une trentaine de film et plus de 7 heures d’images ».

Des moyens aux antipodes, des films différents mais une volonté commune à tous les festivals : l’envie que les spectateurs passent un bon moment et se remplissent la tête de belles images et d’aventures exceptionnelles.

Méryll Boulangeat

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Lisez aussi : Sportifs et gluten free , Le sommeil des marins , Fitness du futur

" Une trentaine de film et plus de 7 heures d'images sur deux jours", Thibaud Duchosal, organisateur du Winter Film Festival

« Une trentaine de film et plus de 7 heures d’images sur deux jours », Thibaud Duchosal, organisateur du Winter Film Festival.

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Pourquoi ces sportifs ont-ils adopté le sans gluten ?

« La rice-party avant l’effort va-t-elle remplacer la traditionnelle pasta-party ? ». Marion Rouxel, diététicienne sportive pour la marque de produits énergétiques, Overstim’s se pose la question. De plus en plus de sportifs se tournent vers ce type d’alimentation. Simple effet de mode ou réel impact sur les performances sportives ? Rencontre avec des sportifs qui se sont convertis au régime sans gluten.

La championne olympique de VTT, Julie Bresset, a adoptée une alimentation sans gluten il y a un an et demi.

La championne olympique de VTT, Julie Bresset, a adopté une alimentation sans gluten il y a un an et demi.

Julie Bresset a tout gagné en VTT. Championne du monde et championne olympique, elle s’est tournée vers le sans gluten il y a un an et demi. Et ne lui parlez pas de régime : « J’enlèverais le mot régime. Pour moi c’est une alimentation sans gluten ». Même son de cloche pour Sébastien Chaigneau, spécialiste de l’Ultra-Trail, « je n’aime pas ce mot car le sans gluten ne doit pas se pratiquer dans l’optique d’une perte de poids ».Les deux champions se sont convertis au sans gluten suite à des avis médicaux et des problèmes gastriques. La période de test passée et les premiers effets positifs ressentis, ils ont fini par adopter définitivement ce changement dans leur alimentation quotidienne. « Quand tu as moins de douleur au ventre sur ton VTT, c’est quand même plus agréable », témoigne Julie Bresset. Un constat qui n’étonne pas Madame Rouxel, diététicienne, « les cyclistes sont couchés sur leur vélo, l’estomac et le côlon sont comprimés. Les sports à percussion comme la course à pied, qui souffrent des vibrations à chaque foulée, sont aussi concernés par ce qui touche le système digestif ». Outre un certain confort retrouvé dans la pratique sportive, les avis sont partagés quant à l’impact sur leur performance. Pour celui qui a déjà deux podiums à son actif sur l’UTMB (Ultra Trail du Mont-Blanc), pas de doutes : « Je constate un gain de mes fréquences cardiaques (minimum et maximum). De ce fait, mes performances et ma récupération s’améliorent ». Pour Julie Bresset, c’est un peu différent, « côté performance, si tu n’est pas sensible au gluten, ça n’a aucun impact. Novak Djokovic a fait le buzz en communiquant sur son alimentation sans gluten, mais n’oublions pas qu’il a la maladie coeliaque (autrement dit une intolérance au gluten, ndlr). Pour lui, ce n’est pas un choix mais une nécessitée. Nous sommes tous différents. Il ne faut pas en faire tout un plat et savoir écouter son corps ! ».

Un effet de mode ?

L’écoute de son corps et de ses sensations est une des qualités premières chez les sportifs de haut niveau qui ont parfois tendance à se perdre au milieu des nombreuses préconisations qu’ils reçoivent. Médecins, diététiciens, kinés, les sportifs sont de mieux en mieux entourés et conseillés. L’alimentation devient un des facteurs de la performance et comme l’explique Marion Rouxel, le fait de « cadrer son alimentation par des interdits alimentaires peut donner l’impression de mieux maîtriser son corps, ce qui est rassurant pour un sportif. A haut niveau, il peut facilement y avoir un effet boule de neige.»

Sébastien Chaigneau, l'ultra traiteur aux deux podiums en coupe du monde carbure lui aussi au sans gluten

Sébastien Chaigneau, l’ultra trailer aux deux podiums sur l’UTMB carbure lui aussi au sans gluten.

Un risque de désocialisation ?

Un mode de vie qui n’est pas toujours facile à assumer pour les sportifs de haut niveau qui passent beaucoup de temps en déplacement, loin de leur cocon familial. « Au début on a tendance à penser que l’on va s’exclure de toute vie sociale, mais ce n’est pas du tout le cas, confie Chaigneau. Il faut juste continuer à sortir normalement en s’adaptant à la situation. En France ce n’est pas toujours simple mais dans certains pays, c’est un jeu d’enfants. Aux Etats-Unis, il y a des magasins bio, sans gluten, sans lactose et végétariens aussi importants que les grandes enseignes chez nous. Au Japon, c’est super simple puisqu’ils mangent beaucoup de produits sans gluten. Sinon, je prends l’option de cuisiner moi-même.» Julie Bresset, elle aussi, fait preuve d’anticipation pour concilier sa vie de sportive baroudeuse et son régime alimentaire particulier : « Mon équipe est au courant et le staff gère pour qu’il y ait du riz. Généralement il y a tout ce qu’il faut dans la « caisse » nourriture de mon team ». Alors que de nombreux sportifs se convertissent à ce type d’alimentation, les marques proposent des produits énergétiques sans gluten. « Nous avons aujourd’hui la gamme la plus large du marché avec plus de 400 références, souligne Marion Rouxel, diététicienne de la marque Overstim’s. Et nous continuons d’innover pour s’adapter aux besoins des sportifs en lançant chaque année une dizaine de nouveautés.»

L’alimentation est un des facteurs de réussite qui propulsent les sportifs au rang de champions. Certains d’entre eux voient dans une alimentation pauvre en gluten une des clés de la réussite et ressentent de réels bienfaits dans leur nouveau fonctionnement. Mais ce n’est pas encore la recette magique qui transformera les athlètes de demain en champions olympiques !

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Méryll Boulangeat @Meryll_B

Plus d’articles sur l’alimentation des sportifs ici : Manger, un plaisir de sportifs ou À chaque sport ses habitudes alimentaires

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TDF : « Moi, masseur ! Mais pas seulement »

Pendant le Tour de France, Le sport entre les lignes vous fait découvrir les coulisses d’une équipe de cyclisme (Cofidis) en rencontrant plusieurs de ses protagonistes. Cet épisode vous emmène à la rencontre d’un des masseurs de l’équipe : Christophe Hajaer. Présent depuis une vingtaine d’années dans le milieu du cyclisme professionnel, il est assistant sportif chez Cofidis depuis 2003. Titulaire d’une formation massage, confort et bien-être, de nombreux cyclistes professionnels sont déjà passés entre ses mains.

« Sur le Tour de France, l’équipe compte cinq masseurs. Chacun d’entre nous à deux cyclistes attitrés. On s’occupe d’eux pendant toute la grande boucle. Pour un massage il faut compter une heure. Cela peut même aller jusqu’à une heure et demi pendant les journées de repos. Selon l’état de fatigue, les cyclistes sont massés de la tête aux pieds. Bien sur, la priorité ce sont les jambes. Mais les coureurs sont aussi demandeurs au niveau du bas du dos, des paumes des mains et des pieds. Les échauffements aux pieds sont nombreux et même si ils prennent parfois le temps de s’arroser les extrémités du corps pendant la course, il y a de réels besoins le soir à ce niveau-là. Il y a deux types de massages : les toniques et les relaxants. Sur la grande boucle, c’est la récupération qui est privilégiée. Ce sont donc des massages de confort. Plus long que les massages énergisants, il faut trouver la bonne tension pour que les muscles se relâchent.

Homme de l'ombre d'une équipe, le masseur est un maillon important de la chaîne. Ici, Christophe Hajaer masse Christophe Laporte pour le team Cofidis.

Homme de l’ombre d’une équipe, le masseur est un maillon important de la chaîne. Ici, Christophe Hajaer masse Christophe Laporte pour le team Cofidis. CP/DR

« Certains s’endorment sur la table de massage »

Dans ces moments-là, tous les coureurs ne réagissent pas de la même manière. Certains s’endorment alors que d’autres discutent. On parle beaucoup sur la table de massage. D’abord de l’étape et puis d’autre chose. Cela fait partie de mon travail de les faire déconnecter en parlant de la famille, de voitures ou de tout autre chose. Il y a une relation particulière qui s’installe. Je deviens leur confident. Une relation de confiance se crée et on échange sur des sujets qui ne sortent pas de la chambre. C’est important pour moi et je pense que ça l’est pour eux. Avec certains, nous continuons à nous voir et à prendre des nouvelles en dehors du vélo.

Un rôle logistique important

Masseurs, nous avons aussi un rôle logistique au sein de l’équipe. A tour de rôle, nous arrivons les premiers à l’hôtel pour organiser l’arrivée des coureurs et du staff sur place. Nous préparons les chambres, installons les valises, faisons les lessives, allons aux courses pour préparer les ravitaillements et les musettes du lendemain. Quand nous ne sommes pas « d’astreinte hôtel », nous suivons la course depuis le bus des coureurs pour les réceptionner dès l’arrivée et leur donner les boissons de récup. Il nous arrive aussi d’être placés à des endroits stratégiques de la course pour ravitailler les cyclistes et leur donner leurs musettes. Musettes que nous avons soigneusement préparées la veille avec des pâtisseries, des gels énergétiques, des encas salés. Si il fait très chaud, au-delà de 27°C, nous avons des petites astuces pour rafraichir les coureurs : nous coupons des bas de collant féminin que nous fermons avec un nœud avant de le remplir de glaçons.

Au service d’une équipe

Être masseur sur le Tour de France, s’est avant tout être au service d’une équipe et des cyclistes. Si nous avons passé une mauvaise journée, que tout ne c’est pas passé comme prévu, les coureurs ne doivent pas le ressentir. Il faut que tout soit optimisé pour que leur récupération soit la meilleure possible. Il faut avoir de l’expérience, tout anticiper, être prêt à toute demande de dernière minute. Pour nous aussi la fatigue va commencer à se faire sentir. Tout va très vite, ce sont des journées à 100 à l’heure. On récupère dès qu’on le peut. Épuisant, mais passionnant ! »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Si vous avez aimé, Le sport entre les lignes vous conseille : Deux types de blessures chez les cyclistes« La vie continue, le tour continue » et tous les articles sur le Tour de France

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TDF : « Deux types de blessures chez les cyclistes »

Pendant le Tour de France, Le sport entre les lignes vous fait découvrir les coulisses d’une équipe de cyclisme (Cofidis) en rencontrant plusieurs de ses protagonistes. Cet épisode vous emmène à la rencontre du médecin de l’équipe, Jacky Maillot. Présent depuis une quinzaine d’années dans le monde du cyclisme professionnel, le docteur a rejoint l’équipe Cofidis il y a sept ans.

Jacky Maillot, médecin de l'équipe Cofidis pendant le Tour de France

Jacky Maillot, médecin de l’équipe Cofidis pendant le Tour de France

« Mon travail de médecin au sein de l’équipe se décompose en plusieurs temps. En début de saison, j’effectue une batterie de tests médicaux : échocardiographie, tests à l’effort, bilan général… Il y a ensuite un suivi classique tout au long de l’année. Je me déplace sur les compétitions les plus importantes comme le Tour de France. Je suis en déplacement entre 110 et 120 jours par an. Le reste du temps, je le passe dans un cabinet libéral.

Sur le Tour mon emploi du temps très chargé. Ma journée commence en même temps que celle des coureurs. Je fais un petit tour des chambres pour voir si tout le monde a bien dormi, si il n’y a pas de pépins particuliers. Avant le petit déjeuner, les cyclistes passent à la pesée et la prise de tension. Quand c’est nécessaire, je refais le tour des chambres pour faire les pansements, les soins thérapeutiques, les soins en cryothérapie et autres. Faute de temps, tout ça se termine souvent dans le bus.

Une fois la compétition lancée ma place est très variable. Soit je suis dans le bus qui file directement à l’arrivée pour attendre les coureurs et les accompagner au contrôle anti-dopage. Soit je suis avec le directeur sportif, dans la voiture. C’est le cas si il y a des chutes, des coureurs inquiets à rassurer ou des cyclistes blessés à surveiller. C’est important qu’ils sachent que je suis là si ils ont des doutes sur les douleurs qu’ils ressentent. Parfois ils viennent jusqu’à la voiture pour poser des questions. Ils veulent savoir si telle ou telle douleur est normale. L’étape achevée, tout le monde remonte dans le bus direction l’hôtel. Le moment pour moi de veiller à la bonne récupération de chacun pour faire le plein d’énergie le plus vite possible en vue du lendemain. Au menu, boissons spécifiques à base, entre autre, de sels minéraux, bottes de pressothérapie et cryothérapie. Le timing est serré, les journées hyper chargées.

Le sommeil : base de la récupération

Arrivés à l’hôtel, je refais le tour des chambres pour faire le bilan de l’état de fatigue et des bobos. Je suis en étroite collaboration avec les kinés, les masseurs et l’ostéo pour déterminer les soins nécessaires (physio, ultrasons…). Après le diner, je retourne une dernière fois dans les toutes les chambres pour voir si il n’y a pas de soucis et si tout le monde trouve le sommeil. C’est hyper important, c’est la base de la récupération. J’y accorde beaucoup d’attention. Avec le stress que procure le Tour, les enjeux et la fatigue cumulés ce n’est pas évident pour eux de trouver le sommeil. J’utilise une médecine douce à base de plantes pour faciliter l’endormissement.

Deux types de blessures

Chez les cyclistes, il y a deux types de blessures. Celles qui surviennent suite à des chutes et les blessures chroniques que l’on peut anticiper. Ce sont les chutes qui font le plus de dégâts. On observe des traumatismes articulaires et des contusions osseuses, principalement situés au niveau des coudes, des épaules, des genoux et des hanches. A cela s’ajoutent des lésions dermo-cutanées diffuses et profondes qui sont généralement très douloureuses.

D’un autre côté, les cyclistes sont sujets aux tendinites. Nous prenons des précautions en début de saison pour anticiper ce type de pathologie. Nous travaillons sur la posture pendant les stages de début d’année pour corriger les troubles dus à la position du cycliste. On adapte le vélo, on règle les cales. Des petits détails que l’on vérifie régulièrement. L’autre traumatisme fréquent chez les coureurs se situe au niveau du périnée. Les frottements sont très importants dans cette zone et malgré l’utilisation de bons cuissards, les lésions cutanées peuvent être importantes.

Mon travail de médecin sur le Tour n’est pas de tout repos. Les journées sont chargées mais mon rôle me plait. Difficile de faire ce métier sans être passionné et pratiquant de cyclisme. Je suis les deux à la fois, ça tombe bien ! »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

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TDF : « La vie continue, le Tour continue »

Pendant le Tour de France, Le sport entre les lignes vous fait découvrir les coulisses d’une équipe de cyclisme (Cofidis) en rencontrant plusieurs de ses protagonistes. Pour commencer, rencontre avec Julien Simon, coureur cycliste Français, qui participe à sa quatrième grande boucle.

Julien Simon Photo @Facebook

Julien Simon
Photo @Facebook

« Attaquer les Pyrénées et les étapes de montagnes, ça va faire du bien même si ça va être difficile. Ca va faire du bien pour diminuer la nervosité qui règne dans le peloton. Tous les ans il y a beaucoup de chutes sur la première semaine. Les équipes veulent placer leurs leaders et leurs sprinters. Les étapes de début de Tour proposent des parcours moins vallonnés, plus rapides. Les risques de bordures sont fréquents, il y a énormément de monde sur les bas-côtés. Et puis il y a des coureurs qui font n’importe quoi. Parfois je me demande si ils ont une famille tellement ils prennent de risques. Alors, je m’oblige à penser à autre chose, sinon je ne pourrais pas avancer. Il nous arrive de raser des spectateurs, des enfants. Dans mes souvenirs, cette année reste celle où il y a eu le plus de dégâts. Dans mon équipe (Cofidis), nous ne sommes que deux sur les sept coureurs à ne pas avoir chuté. Après une journée difficile, comme lorsque mes coéquipiers sont tombés, il faut se soutenir. On essaie de remonter le moral à ceux qui ont mal. La vie continue et surtout le Tour continue. Le soir, au repas, ou dans le bus, on blague, on rigole, on dédramatise la situation. C’est important qu’il y ait une bonne dynamique dans le groupe. Trois semaines, c’est long. C’est essentiel que l’entente soit bonne. Même si nous nous entendons tous bien, des affinités se créent avec certains coureurs plus qu’avec d’autres. Même si il y en a, rares sont ceux avec qui je reste en contact une fois la saison terminée. C’est pour cela que c’est important, pendant le Tour, de partager sa chambre avec quelqu’un qu’on apprécie. Qu’on puisse parler d’autre chose que du vélo.

Julien Simon, team Cofidis

Julien Simon, team Cofidis

« Se réserver des moments à soit »

Pendant ces trois semaines de vie commune au sein d’une équipe, il faut se réserver des petits moments à soit. Le bus est le lieu le plus propice. Nous y passons en moyenne une heure tous les matins pour nous rendre au départ de l’étape et autant le soir pour rejoindre l’hôtel. Dans ces moments-là, je me mets dans ma bulle. J’essaie de regarder un film ou une série. Dans le bus, nous avons tous nos écouteurs sur les oreilles ! On décompresse.

Maintenant, direction les Pyrénées ! Il paraît qu’il va faire chaud. Moi, je n’ai pas regardé la météo. De toute façon pour lutter contre la chaleur, pas de recette miracle. Il faut éviter de s’exposer avant le départ et rechercher les zones d’ombres, boire beaucoup et s’alimenter régulièrement. Si je commence à me sentir mal et à avoir des maux de tête, je vais chercher un Efferalgan dans la voiture ! La meilleure technique reste encore de s’asperger d’eau la nuque et le front. Si il fait vraiment très chaud, le staff prépare des petits sacs remplis de glaçons dans nos musettes pour nous rafraichir.

Autour de nous, il y a une grosse équipe logistique. Le directeur de l’équipe, les directeurs sportifs, les mécaniciens, un ostéo, des kinés et des masseurs, le chauffeur de bus, une attachée de presse dédiée au Tour de France, un cuisinier et quelqu’un qui s’occupe de la communication digitale de l’équipe. Sans tout ce staff, ce serait impossible de faire le Tour de France.»

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Retrouvez d’autres articles sur le Tour de France ici !

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Objectif Finisher

Plus de 1 000 participants attendus pour la MB Race, "la course de VTT la plus difficile au monde."  CP/Hugo PAGET

Plus de 1 000 participants attendus pour la MB Race, « la course de VTT la plus difficile au monde. »
CP/Hugo PAGET

« Je ne me suis jamais senti aussi vivant. Je vais devenir un finisher. Je vois l’arche d’arrivée, le speaker dit mon nom, mes potes sautent et gesticulent. Je suis dans un état second, une sorte de plénitude. Je touche le bonheur du doigt ». Ces mots sont ceux du coureur cycliste, Fred Azzolin après avoir bouclé la MB Race, l’an dernier. Avec 140 kilomètres de course et 7000 mètres de dénivelé dans le massif du Mont-Blanc, l’organisation a bien choisi son slogan : « la compétition de VTT la plus difficile au monde ». L’an dernier, seul 5% des participants ont franchi la ligne d’arrivée. Ce week-end, sous une chaleur qui s’annonce caniculaire, le défi sera de taille pour les 1 000 participants qui prendront le départ. L’enjeu : devenir un finisher. Arriver au bout coûte que coûte. Surpasser ses crampes, ses douleurs, ses doutes, ses baisses de moral. Apprendre à se connaître, à gérer son corps, ses émotions. C’est ce qui motive Danièle Troesch, cycliste professionnelle, adepte des compétitions longue durée. Elle est la seule femme à être arrivée à bout des 140 kilomètres lors de la dernière édition. « J’adore l’idée de passer des heures sur mon vélo. C’est avant tout un défi personnel, confie la Française. Avant de partir, je me demande toujours si je vais être capable d’arriver au bout, de pédaler pendant une douzaine d’heures. Mais je suis très têtue et quand je me fixe un objectif, je fais tout pour y arriver. »

La MB Race traverse le massif des Mont-Blanc CP/Pascal Strigler

La MB Race traverse le massif du Mont-Blanc
CP/Pascal Strigler

Danièle Troesh est la seule femme a voir franchi l'arrivée lors de la dernière édition CP/Hugo PAGET

Danièle Troesh est la seule femme a voir franchi l’arrivée lors de la dernière édition
CP/Hugo PAGET

Au fil des heures et des tours de pédales, les douleurs physiques apparaissent. « Tout le corps fait mal. Les jambes, les bras qui tirent dans les descentes et le dos qui est secoué. » Pour oublier les douleurs qui se font de plus en plus insistantes, Danièle Troesch a une technique : « Je focalise mon attention sur autre chose. C’est facile sur la MB Race car le paysage est magnifique. Je regarde les montagnes, le Mont-Blanc. Je me recentre sur ce qui se passe autour de moi, ce que la montagne a à m’offrir. Je me donne aussi des petits objectifs comme le prochain col ou le prochain plat sans penser à tout le chemin qu’il reste à parcourir. »

Pour Philippe Gandeboeuf, qui prendra le départ pour la troisième année, pédaler sur de longues distances permet de prendre le temps de penser, de faire ressurgir quelques souvenirs enfouis. « Il y a toujours plein de choses qui remontent, parfois j’ai même les larmes aux yeux. Et puis vient le moment où je me pose cette question : mais qu’est-ce-que je fais là ? Pourquoi je pédale ? » La réponse apparaît comme une évidence : « Je veux aller jusqu’au bout. Alors j’enclenche le mode « robot ». Je continue de pédaler, sans réfléchir. J’avance. »

CP/Hugo PAGET

CP/Hugo PAGET

Philippe Gandeboeuf n’a pas encore atteins les 140 kilomètres et vise, cette année encore, le pallier des 100 kilomètres (les cyclistes ont le choix entre 70, 100 ou 140 kilomètres, ndlr). Contrairement à son homologue féminine, il est sujet aux crampes. Pour le VTTistes français, c’est même devenu une phobie. « C’est vraiment ce qui me fait le plus peur dans ce type d’épreuve. Quand ça m’arrive, c’est souvent d’un seul coup. Pendant presque un quart d’heure, je ne peux plus bouger. Cette année, j’ai fait l’effort sur les étirements et je suis plus vigilant au niveau de l’alimentation. »

L’alimentation, une des clés du finisher. Danièle Troesch y accorde une importance considérable. « Dès le départ, même si la faim n’est pas présente, il faut s’alimenter et s’hydrater régulièrement. Souvent, il faut se forcer car je n’ai pas envie de manger. Mais à partir du moment où l’on ressent le besoin de boire ou de grignoter, c’est trop tard. Il faut être capable d’anticiper. »

Seul 5% des participants arrivent au bout des 140 kilomètres de course CP/Hugo PAGET

Seul 5% des participants arrivent au bout des 140 kilomètres de course
CP/Hugo PAGET

Cette année, pour ajouter du piquant à l’épreuve, de fortes chaleurs sont annoncées. « Il faudra faire avec, prévient le cycliste originaire de la région parisienne. J’aurais une gourde exclusivement réservée à me mouiller la tête.»

Cette année encore, chaperonnés par le toit de l’Europe, les cyclistes passeront leur journée sur leur VTT. Pour les finishers, l’émotion sera forte avant de retomber dans les jours qui suivent…Jusqu’à l’année suivante. « Après ce genre d’épreuve qui demande beaucoup d’investissement, j’ai toujours un petit coup de blues. » Des petits coups de blues passagers pour la championne de France de VTT marathon qui passe peu de temps loin de son VTT.

Méryll Boulangeat  @Meryll_B

Vous avez aimé ? Lisez : « Je me bats pour passer un centimètre de plus ici ou là » ; « Dans le peloton, j’ai appris des gros mots dans toutes les langues » et tous nos articles sur le vélo

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CP/Guillaume Borga

CP/Guillaume Borga

 

 

 

 

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Rois de l’évasion

Le Français Jacques Tuset et  le nageur Irlandais Ned Denison, simulent des évasions de prison à la nage dans le monde entier

Le Français Jacques Tuset et le nageur Irlandais Ned Denison, simulent des évasions de prison à la nage dans le monde entier                                                                                                                                                                                                   CP/MB

Jacques Tuset CP/MB

Jacques Tuset nage pour l’association  « France Choroïdérémie »
CP/MB

Le thermomètre affiche une eau à 16,4°C. Jacques Tuset, vêtu d’un simple maillot de bain, esquisse un sourire : « ça va, ce n’est pas très froid ». Alors que sur la plage du Cap d’Agde, les courageux baigneurs se font rares, Jacques, 52 ans, et son ami venu d’Ireland, Ned Denison, 56 ans, s’apprêtent à se jeter à l’eau. Tous deux, se sont lancés un défi plutôt fou : quitter, à la nage, toutes les prisons se trouvant sur une île, pour rejoindre le continent le plus proche. Jacques Tuset, en a déjà recensées quarante à travers le monde. Son aventure a débuté en 2006 depuis le Fort Boyard jusqu’à la Rochelle. De nombreuses traversées lui ont succédées. C’est d’ailleurs sur l’une d’elle, en Irlande (Spike Island), qu’il a rencontré Denison, un américain animé par la même passion de simuler des évasions. Aujourd’hui, les deux hommes se retrouvent, à travers le monde, pour ajouter, ensemble, de nouvelles prisons à leurs palmarès. Comme ici, au Cap d’Agde, où les deux nageurs ont quitté le Fort Brescou pour rejoindre « la plagette », après deux kilomètres et demi et trente cinq minutes de crawl. Une petite traversée pour ces habitués de longues distances en milieu naturel.

Le Fort Boyard, Cap d'Agde CP/MB

Le Fort Brescou, ancienne prison, le Cap d’Agde
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Jacques Tuset s’apprête à faire sa 13ème évasion, au fort Brescou, au Cap d’Agde                                                                      CP/MB

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Seul, à deux, entouré de 700 nageurs, ou au milieu d’une faune aquatique dense, Jacques enchaîne les prisons comme il enchaîne les mouvements de bras dans l’eau : avec passion. « Nager en milieu naturel me procure une sensation de liberté. Je ne pense pas à grand chose, je traverse des paysages agréables et magnifiques. » Sa plus longue traversée, 36 kilomètres, il l’a faite en Italie. « C’est comme si l’on faisait un marathon, explique ce père de deux enfants. Après trois heures, il y a un cap difficile à passer. Nous avons un bateau de sécurité qui assure un ravitaillement et contrôle que tout va bien. »

Les nageurs devant le Fort Brescou.  CP/MB

Les nageurs devant le Fort Brescou.
CP/MB

Pour arriver à bout de son défi, cet agent de la SNCF, originaire de Montpellier, s’entraîne quotidiennement en piscine. A cela, il ajoute une séance en mer par semaine, toute l’année, quelques soient les conditions. Jacques Tuset se prépare au froid : « La traversée d’Alcatraz (USA), je l’ai faite par une eau à 12°C. » Pour lutter contre les eaux à basse température, peu de recettes miracles, quelques petites astuces : « Il faut s’entraîner régulièrement dans des eaux froides. Le corps s’habitue. Je mets des bouchons dans les oreilles pour limiter les déperditions de chaleur. Je m’enduis de graisse pour boucher les pores et éviter les frottements de la peau qui provoquent des irritations. »

Le matériel indispensable : graisse, bonnet de bain, bouchons d'oreilles

Le matériel indispensable : graisse, bonnet de bain, lunettes, bouchons d’oreilles

Pour se protéger du froid et des frottements, les nageurs s'appliquent de la graisse sur la peau avant le départ

Pour se protéger du froid et des frottements, les nageurs s’appliquent de la graisse sur la peau avant le départ

Dans l’eau, cet homme de la mer s’est déjà trouvé nez à nez avec un requin, c’était dans le détroit de Gibraltar. « On s’est observé. On était aussi surpris l’un que l’autre. Et puis chacun a repris son chemin. Mais j’ai flippé quand même ! ». Requin mais aussi dauphins l’ont accompagné en chemin. Seul, au milieu de la mer, Jacques n’a peur que d’une chose : les méduses. « Il y en a de plus en plus. Je me suis déjà fait piquer plusieurs fois, je les déteste. Je les appelle les gardiennes de la prison. »

Demain, Jacques et son homologue Irlandais nageront à Marseille, pour la 17ème édition du Défi Monte Cristo. Le plus grand rassemblement de nage en eau libre de France, dont le départ est prévu depuis la prison du Château d’If, attend plus de 700 participants. Le lieu est célèbre suite à l’évasion d’Edmon Dantès, relatée dans le roman d’Alexandre Dumas, « Le comte de Monte Cristo ». Le défi marseillais reste « l’évasion » préférée de Mr Tuset : « Je refais rarement deux fois la même traversée. Mais celle-ci est mythique, je participe pour la huitième fois. Il y a un côté défi pour ceux qui s’y aventurent. Qui n’a jamais rêvé de s’évader comme Edmon Dantés ? Mais le Monte Cristo, c’est aussi le beau temps, un cadre magnifique et une superbe arrivée sur le Prado. Il y a une ambiance particulière que je ne retrouve que là-bas. Je suis pressé de faire découvrir la traversée à mon ami Irlandais qui y fera son baptême cette année ».

Armé de son seul maillot de bain, Jacques Tuset continue de nager, jusqu’à son rêve : 40 prisons, 40 évasions. A 52 ans, il n’est pas prêt de raccrocher le maillot !

Méryll Boulangeat @Meryll_B

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L’info en + : À travers son défi, Jacques Tuset, soutient l’association « France Choroïdérémie » qui lutte contre cette maladie rare qui occasionne une cécité progressive chez les personnes atteintes. « Les malades se retrouvent prisonniers de leurs vues. En nageant, j’espère sensibiliser les gens à faire des dons pour que la recherche avance. C’est une manière d’offrir aux enfants atteints une nouvelle liberté. Cette même liberté que les prisonniers ont du ressentir en s’échappant des prisons à la nage. »

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Biographies de sportifs

Les sportifs ont toujours fait couler beaucoup d’encre. De part leurs exploits mais pas seulement. À la fois populaires et exemplaires leurs vies inspirent le commun des mortels, toujours plus friant d’un fait divers ou d’une interview décalée que d’une simple discussion purement technico-tactique. Certaines biographies se vendent comme des petits pains. Dans les coulisses de ces pages noircies, des hommes de l’ombre s’appliquent à mettre en scène les souvenirs des plus grands sportifs de l’histoire. Selon Arnaud Ramsay*, journaliste, « il existe plusieurs types de biographies : Les autobiographies, qui sont les récits officiels des sportifs, généralement aidés par une autre personne et les biographies rédigées par un tiers, sans y avoir été autorisées par le sportif. Il s’agit alors d’une enquête ou d’un récit littéraire librement inspiré du personnage public. » Arnaud Ramsay a déjà officié dans les deux catégories. Porte plume de Youri Djorkaeff, Bixente Lizarazu ou encore Nicolas Anelka, il a aussi enquêté sur David Douillet ou Laurent Blanc. Dans ces derniers cas, son travail de biographe est purement journalistique. Pendant des mois, des années, il enquête sur une personnalité. « Le travail est long et fastidieux. Je liste entre 50 et 80 personnes de l’entourage de la personnalité sur laquelle je travaille et je les contacte un par un. » Certains répondent, d’autres pas. Ce sont souvent des livres révélations, des livres qui ne flattent pas l’égo des protagonistes…au contraire.

D’un autre côté, « être le « nègre » d’une personnalité demande aussi beaucoup de temps. Cela dépasse la simple interview et le cadre de la relation journaliste/sportif. Il faut réussir à instaurer une relation de confiance.» Une trentaine d’heure d’entretien, des rendez-vous, des déjeuners. Autant de moments nécessaires pour saisir les subtilités de chaque sportif. Comprendre leurs forces et leurs faiblesses, les humaniser. « Ce travail d’écriture est assez spécifique. C’est comme si on se dédoublait. Il faut se mettre au service de l’athlète, comprendre son raisonnement. Retranscrire son langage, sa personnalité. Trouver le bon équilibre pour garder une méthodologie dans l’écriture, tout en ne dénaturant pas son récit. » Le travail est colossal mais, selon le journaliste, passionnant : « Il y a un certain plaisir narcissique dans cette activité. C’est agréable de rencontrer, de discuter et de passer du temps avec eux. En tant que journaliste, nous avons de moins en moins le temps de rencontrer des sportifs. Là, au fil des entretiens, une vraie relation s’instaure. » Au fur et à mesure que les chapitres se construisent, les échanges par mails s’intensifient. Un vrai ping pong numérique avant que la célébrité ne valide le projet. Une fois publié, le sportif joue le premier rôle en terme de promotion de l’ouvrage.

Dans les deux cas, à travers les biographies, le grand public découvre l’intimité des sportifs de haut niveau. Des hauts, des bas, des pleurs, de la joie. Et si finalement ils n’étaient pas si différents les grands champions ?

Méryll Boulangeat @Meryll_B

*Propos recueillis lors de la conférence de presse Sportext d’Annecy

Si vous avez aimé, Le sport entre les lignes vous conseille : À chaque sport ses habitudes alimentaires et Rêves de marins, un article sur le sommeil des marins en mer

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Caroline Ciavaldini : “Partir à l’aventure, essayer quelque chose de nouveau”

The North Face

Caroline Ciavaldini – La Réunion CP/The North Face

Pendant dix ans Caroline Ciavaldini a fait partie des meilleures grimpeuses françaises. Avec plusieurs titres de championne du monde junior elle a même côtoyé les sommets au niveau international. Pourtant, depuis 3 ans, elle vit l’escalade autrement. Elle s’est tournée, avec son compagnon, James Pearson, dans la pratique de l’escalade outdoor : elle part à la recherche de rochers et de montagnes encore peu explorés dans le monde entier. Les voyages ont remplacés les parois artificielles. Une vie ponctuée de rencontres et d’aventures. Une vie qui en ferait rêver plus d’un. Une vie en partie possible grâce à ses sponsors (The North Face, La Sportiva, Altissimo, Edelrid). Au fil de cette interview, la jeune femme de 29 ans compare deux mondes propres à l’escalade : Celui de la compétition et celui des « trips grimpes ». Deux mondes totalement différents. Dans les deux cas, la préparation tient une place importante. Petite immersion dans le monde de l’escalade et toutes ses subtilités.

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Caroline Ciavaldini – Kalymnos (Grèce) – CP/The North Face

En quoi le monde de la compétition est-il si différent de celui des voyages alors que le sport pratiqué est le même ?

Je dirais qu’il y a beaucoup plus que deux mondes. L’escalade est un terme bien vaste qui regroupe le bloc, les voies sportives, le trad, les grandes voies… L’effort peut durer de quelques secondes à plusieurs jours et peut s’effectuer en salles artificielles ou en parois rocheuses. Chacun choisit comment il veut pratiquer, ce qui donne de nombreuses directions possibles et des profils de grimpeurs très variés. Je pense que la discussion récurrente, et largement inutile à mon avis, est de déterminer ce qui “est le mieux”. Question à laquelle j’ai été confrontée lors d’interviews et qui me fait assez rire, quand elle ne m’exaspère pas !

Tu as pratiqué la compétition à haut niveau avant de te tourner vers une pratique plus professionnelle de l’escalade. Ces deux pratiques sont-elles si différentes ?

En France, la compétition est gérée par la FFME (Fédération de la Montagne et de l’Escalade). Les athlètes ont un entraîneur et un préparateur mental. Ils ont le temps de se consacrer entièrement à leur entraînement, tout en faisant des études. La plupart des compétiteurs ont « la tête dans le guidon ». Pour réussir, l’investissement mental doit être total. C’est un monde extrêmement difficile. Je dis souvent que c’est ce que j’ai fait de plus dur dans ma vie !

Financièrement parlant, il est extrêmement difficile de « vivre de la compétition », bien entendu tout dépend de ce que l’on considère « vivre ». Dans les meilleurs cas (athlètes en forte réussite et assez organisés pour s’entourer de sponsors), l’athlète en vit, mais sans vraiment pouvoir assurer son futur.

L’outdoor, au contraire, je le vis comme un métier. Le meilleur métier du monde, mais un métier quand même. Apres 10 ans de compétition, j’ai pris la décision de devenir une « grimpeuse pro ». C’est certes beaucoup d’escalade et de voyages mais aussi beaucoup d’heures passées devant mon ordinateur. L’idée est assez simple : Les sponsors ne sont pas des mécènes. Ils ne donnent que si ils reçoivent en échange. Alors mon « boulot » est de promouvoir mon image en y associant mes sponsors. Comment je promeus mon image ? Voilà la clef : Créer une aventure qui sera intéressante à raconter et réussir à la diffuser via différents supports : presse spécialisée, presse générale, sites web, vidéos, films, conférences, réseaux sociaux…

Derrière tous ces voyages il y a donc énormément de travail logistique ?

Oui. Si on devait découper mon emploi du temps, en voici les différentes étapes :

– Idée

– Création du projet, recherche de financements

– Entraînement spécifique pour le projet

– Réalisation du projet

– Retour d’expédition, récolte des photos, rush vidéos, écriture d’articles, montage du film

– Distribution et communication

Bien évidemment je ne fais pas tout toute seule. Mon mari, James Pearson, qui est aussi grimpeur, est mon partenaire. Nous sommes ensemble pour chaque voyage, chaque entraînement. Nous avons aussi constitué un réseau de partenaires et d’amis réalisateurs, photographes qui nous donnent un coup de main. Et notre manageur, Sandra Ducasse, présente à chaque étape, nous propose de nouvelles idées et nous aide pour les médias sociaux.

The North Face - La Reunion

Caroline Ciavaldini – La Réunion – CP/The North Face

Au niveau préparation sportive pure (physique et mental), quelles sont les différences ? Est-ce que tu t’entraînes toujours autant ?

J’avoue que non, je m’entraîne moins parce que je voyage beaucoup, j’ai donc moins de temps. Par contre, j’ai conservé quelques automatismes notamment au niveau de la préparation mentale. La dimension qui n’existait pas, quand je grimpais en salle, c’ est le danger. Je me retrouve à utiliser les mêmes méthodes pour gérer ces nouvelles situations de stress (peur pour sa vie) que celles que j’utilisais en compétition (peur de ne pas réussir). Quelque chose qui me vient à l’esprit, c’est une technique de respiration que j’utilise quand je suis dans un repos (une partie plus facile dans la voie). Je visualise un tube bleu dans ma colonne, qui se remplit et se vide à chaque respiration. J’avais appris ça lors d’une séance de yoga, il me semble que cela me permet de me relâcher mieux.

Quand je réalise que je suis stressée, j’essaie de regarder en moi pour comprendre ce qui me stresse et en quoi cela influence mon corps. Une respiration plus rapide, un coeur qui bat plus vite : En fait, c’est une bonne chose car plus d’oxygène pour mes muscles. Alors j’accepte le stress comme un élément positif, ce qui a pour effet de l’atténuer. Quand il s’agit de grimper à mon maximum, je réutilise tous mes petits « trucs » de compétitions.

J’en ai aussi acquis de nouveaux : J’ai appris à me préparer pour une expédition, à amasser de l’énergie pour arriver en pleine forme et à m’adapter à toutes sortes de situations, grimpe ou pas grimpe !

Combien de jours de déplacements et de pays visites-tu en moyenne chaque année ?

Beaucoup, je suis en déplacement environ neuf mois sur douze. Pour les pays, l’an passé par exemple, je suis allée en Angleterre, en Ecosse, au Pays de Galle, aux USA, aux Philippines, au Japon, en Italie et en Grèce. Mais je voyage avec mon mari, qui est aussi mon meilleur compagnon de grimpe. Tous ces voyages nous permettent de rendre visite à nos amis éparpillés à travers le monde, et de découvrir de nouvelles personnes extraordinaires !

The North Face - La Reunion

Caroline Ciavaldini -La Réunion – CP/The North Face

La compétition te manque-t-elle ?

L’an dernier j’ai gagné une compétition The North Face au Chili. J’ai adoré retrouver mes instincts, me mettre dans ces états où tu ne sais pas vraiment comment tu arrives à faire des mouvements qui t’échapperaient en temps normal. Cela dit je n’ai pas tellement besoin d’« entretenir » mon côté compétitif. Je me suis récemment rendue compte que même en extérieur, j’avais tendance à mieux grimper si il y a une autre fille forte à la falaise. Incroyable non ? Je suis compétitrice jusqu’au bout des doigts et cela dans toutes les situations. J’aime utiliser ce trait de mon caractère pour grimper mieux. Après il faut que je fasse des efforts pour maitriser cette tendance : C’est parfait si ça me fait grimper mieux mais je ne veux pas que d’autres personnes en souffrent. J’essaie d’intérioriser mon côté compétitif parce que certains caractères ne supportent pas la compétition. L’année dernière j’ai quand même fait deux compétitions. Le KCF, un festival organisé par The North Face. L’autre, c’était au Japon. J’avoue que c’était aussi une occasion idéale pour visiter ce pays. J’ai aimé participer, je suis parvenue en finale, mais après je n’ai pas vraiment pu rivaliser avec mes concurrentes.

Que t’apporte sportivement et physiquement un trip comme les Philippines, votre dernier gros projet en date ?

Les philippines, c’était une exploration : James et moi n’avions jamais entendu parlé de psicobloc (escalade sans corde sur des falaises au dessus de l’eau, ndlr) dans ce pays. Renseignements pris, personne n’avait jamais grimpé là-bas. C’était partir à l’aventure, essayer quelque chose de nouveau. Nous avons ouvert des voies de psycobloc sur l’île de Palawan : Sportivement, c’était un effort génial, de l’escalade au-dessus de l’eau. Comme personne n’y avait jamais grimpé auparavant, il fallait être vigilant. Des prises pouvaient casser. Il fallait réussir à trouver la limite entre être courageux et devenir idiot. Faire un plat dos de 20 m de haut serait une très, très mauvaise idée, surtout sur un petit archipel sans hôpitaux, ni hélicoptères.

Physiquement, nous avons choisi de combiner l’ouverture des voies à du kayak, pour une grimpe un peu plus « écologique », c’était épuisant. Entre la grimpe, le kayak, les nuits en camping sauvage sur des plages désertes, nous avons fini le trip dans un état de fatigue intense. Quand je suis rentrée en France, j’avais beaucoup régressé. Il y avait a nouveau du boulot avant de préparer le prochain voyage (en juin, Caroline et son compagnon partiront en Afrique du Sud, ndlr).

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

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Caroline Ciavaldini CP/The North Face

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Erwan Benech (Athlétisme) : Dans mon sac de sport #5

Vous avez découvert au fil du temps une série de photographies qui mettent en lumière les espoirs français de Rio sous un angle…différent ! C’est l’heure du cinquième épisode. Les sportifs se mettent à nu en nous dévoilant l’intérieur de leur sac de sport. Objet banal en soi, son contenu peut révéler bien des surprises sur son ou sa propriétaire, en fonction de sa discipline et de sa personnalité. Dans la construction de sa performance, l’athlète a un rituel de préparation qui lui est propre. Les objets, font partie intégrante de ce rituel. Des petits trésors, des petites histoires qui, pour la première fois, sont partagés.

Champion de France espoir sur la distance du 1 500 mètres, dimanche dernier, Erwan Benech a ajouté un quatrième titre tricolore a son palmarès. L’athlète, qui s’entraîne à l’INSEP, rêve ouvertement de Rio. Avec ce titre, il se rapproche un peu plus de son objectif. Aujourd’hui, il nous ouvre les portes de son intimité en dévoilant l’intérieur de son sac de sport où se cachent bien des surprises…

Dans le sac de sport d'Erwan Benech  : Tee-shirt, jogging, chronomètre, coupe-vent, armonica, lecteur mp3, tongs brésiliennes.                                        Crédit Photo/Emmelieke Odul

Dans le sac de sport d’Erwan Benech : Tee-shirt, jogging, chronomètre, coupe-vent, armonica, lecteur mp3, tongs brésiliennes. Crédit Photo/Emmelieke Odul

« Le contenu de mon sac de sport est assez simple. J’aime bien être assorti quand je vais courir. Je me sens bien et je trouve que c’est la classe. Mon sponsor m’envoie deux cartons de vêtements par an. Les couleurs changent en fonction des saisons. J’ai une fiche à remplir sur laquelle je note ce que je veux.

Dans ces fameux cartons, on retrouve les indispensables : tee-shirt, jogging et coupe-vent. J’utilise le coupe-vent pour les footings de récupération, après les grosses séances d’entraînement. Il m’aide à transpirer d’avantage pour évacuer l’acide lactique emmagasiné pendant l’effort. Il y a aussi des paires de basket et des pointes. Je reçois une douzaine de paire de baskets par an et trois à quatre paires de pointes.

Côté sportif mis à part, je suis un grand amateur de musique. Le contenu de mon sac peut difficilement me trahir. Je joue de la guitare mais ce n’est pas toujours pratique de l’emmener avec moi quand je voyage. Alors je compense en prenant mon armonica. La musique ne me quitte jamais. J’écoute beaucoup de jazz, même avant la compétition. Je n’aime pas la musique qui bouge, qui énerve. Je préfère des mélodies qui me calment et me permettent de rentrer dans ma bulle.

Un autre objet que je n’oublie jamais : mes tongs brésiliennes. Elles me rappellent mes origines puisque j’ai grandi au Brésil. Tous les ans j’en reçois une paire différente. Et ce depuis que je suis tout petit. Si je les oublie, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose. En plus de mon enfance, ces tongs font références aux Jeux Olympiques de Rio. C’est mon objectif sportif. Quand je sors de la balnéothérapie pour la récupération, je regarde mes tongs et je vois le logo brésilien. Alors je me rappelle pourquoi je m’entraîne si dur chaque jour. »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Photos : Emmelieke Odul

Retrouvez toute la série « Dans mon sac de sport » : Ici !

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