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Les Verts au pays des Lions Indomptables – Yaoundé
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Ce mercredi 14 janvier 1976, Dominique Rocheteau fête ses 21 ans. Comme la tradition l’exige à l’ASSE, après l’entraînement, le Charentais offre le Champagne à ses coéquipiers. Mais à Saint-Etienne, ce-jour-là, les regards se tournent du côté de la Suisse.
A Zurich plus précisément. L’hôtel Atlantis qui domine la ville, est le théâtre du football européen. Dans ce lieu situé à flanc de colline, se déroule cinq fois par an le tirage au sort des Coupes d’Europe.
Arnaud et Fiéloux, les envoyés spéciaux
Les Stéphanois connaissent bien les lieux. Et pour cause. Depuis plusieurs années, M. Arnaud, accompagné de Me Fiéloux, a fait le déplacement pour connaître le futur adversaire de l’ASSE. Les deux hommes espèrent que le tirage au sort sera clément. « Benfica ou Kiev nous conviendrait assez bien ! » lâchent-ils en choeur. Le plus redouté n’est pas le Bayern Munich, mais son grand rival en Bundesliga, le Borussia Moenchengladbach.
Au printemps 1975, le club du président Rocher avait été éliminé en demi-finale par les Bavarois. Pour la deuxième année consécutive, il se retrouve qualifié pour les quarts de finale. Il faut remonter à la saison 1962-63 pour voir un club français atteindre ce niveau de la compétition. Cette année-là, le sort avait opposé le Stade de Reims à Feyenoord. La présence des Verts pour la deuxième année consécutive à un tel niveau de la compétition constitue un véritable exploit.
A midi, le Dr Franchi, président de l’UEFA, entre dans le grand salon de l’hôtel Atlantis. Les choses sérieuses peuvent commencer.
M. Schnidlin effectue le tirage au sort de la Coupe UEFA. S’ensuit celui de la Coupe des Vainqueurs de Coupe par le Français Jacques Georges. Il ne reste que la Coupe des Clubs Champions. M. Bangerter plonge sa main et sort le premier des huit noms :
– « Benfica ».
– » Pourvu que ce soit Saint-Etienne ! » murmure M. Arnaud.
Son souhait tombe à plat. Les Portugais héritent du Bayern Munich.
– « M…. ! » chuchote-t-il déçu.
M. Bangerter brasse à nouveau les boules :
– « Dynamo Kiev »
– « Saint-Etienne ! » implore le dirigeant français.
– « Saint-Etienne ! » Cette fois, son voeu est exaucé.
– « Formidable ! s’exclame M. Arnaud. C’est ce que nous souhaitions et, de plus, nous jouerons chez nous le match retour. »
Les deux autres rencontres opposeront Hajduk Split au PSV Eindhoven et Moenchengladbach au Real Madrid.
Me Fiéloux est lui aussi satisfait. « Je vous l’avais dit avant le tirage. Nous désirions rencontrer soit Benfica, soit Dynamo Kiev. Le sort nous a exaucés. Kiev est une excellente équipe qui s’est refaite. Blokhine, le Ballon d’Or de FranceFootball est, à lui seul, une attraction. »
La solution Odessa
Le tirage au sort effectué, les deux Stéphanois prennent contact avec M. Ryashentsev, le représentant du Dynamo Kiev et membre de la Fédération soviétique. Une fois les présentations d’usage effectuées, ce dernier prévient d’emblée ses interlocuteurs stéphanois : « Le 3 mars, nous ne pourrons peut-être pas jouer à Kiev, car il risque de faire froid et de neiger. »
Me Fiéloux lui rétorque immédiatement : « Mais à Saint-Etienne, nous sommes dans la même situation. L’an dernier, au mois d’avril, contre le Bayern, nous avons dû jouer sur la neige. »
Interloqué, le représentant russe lui répond : « D’accord pour le 3 à Kiev et le 17 mars à Saint-Etienne. »
Un quatrième homme entre alors dans la danse. M. Duraincie, représentant officieux du Dynamo Kiev. Polyglotte, ce dernier confirme les dires de M. Ryashentsev : « Les conditions climatiques, c’est vrai, risquent d’être délicates à Kiev début mars. Dans ce cas, il faudrait peut-être envisager de jouer à Odessa. »
Une agitation digne d’un conseil des ministres
A Saint-Etienne, sur les coups de midi, tous les habitants ont l’oreille collée à leur poste de radio. Dans le grand salon du stade Geoffroy-Guichard, l’agitation est digne d’une grande soirée européenne. Roger Rocher, Robert Herbin et Jean-Michel Larqué attendent ce tirage avec une certaine anxiété. Les journalistes, reporters et cameramen ont envahi les lieux pour recueillir toutes les réactions ou capter la moindre image.
Le président, quelque peu tendu, profite de l’occasion pour régler ses comptes avec le Groupement. « On nous reproche, en somme, ainsi de figurer dans les huit meilleures équipes d’Europe et l’on semble avoir considéré notre performance de la saison dernière comme un accident qui ne pouvait pas se reproduire ! On nous conseille de nous mettre d’accord avec nos adversaires car, jusqu’à ce jour, seul Nîmes que nous devions rencontrer le 16 mars à Saint-Etienne, soit la veille de notre match retour, a accepté de reporter le match en avril. Gouverner, c’est prévoir. »
« J’en avais le pressentiment »
L’annonce du Dynamo Kiev comme adversaire des Verts étonne à peine. Ni désappointement ni satisfaction ne transpirent sur les visages. Herbin avait même prédit le nom des Soviétiques : « J’en avais le pressentiment lorsque l’équipe de Kiev vint jouer en France. J’avais vu en elle un futur adversaire. Nous avons d’ailleurs fait filmer le match que les champions d’URSS ont joué à Paris. Dynamo est une équipe de grande valeur. Nous ne nous laisserons pas impressionner par la réputation de l’adversaire. J’ai déjà vu Kiev récemment à Paris. Et comme les Ukrainiens vont encore jouer deux matches à Nantes et à Cologne, nous aurons l’occasion d’étudier leur jeu. »

Les 3 et 17 mars, les Stéphanois vont croiser sur leur route un certain Oleg Blokhine, le Ballon d’or 75 de FranceFootball.
Roger Rocher n’avait pas vraiment de préférence avant ce tirage au sort. S’il a esquissé une petite grimace à l’énoncé de « Kiev », il s’est vite ressaisi pour livrer ses premières impressions : « Nous n’avions pas encore affronté le football russe. Ce sera une excellente occasion de progresser encore. Notre tâche sera très difficile mais à Saint-Etienne, tout est possible… Y compris un record de recette. Les « espions » vont bientôt se mettre en route et nous serons prêts le jour « J », n’ayez crainte. En attendant, allons manger en rêvant de notre possible qualification et du réputé caviar que nous pourrons déguster à Kiev… »
Enfin, Jean-Michel Larqué se fait une joie de croiser sur sa route un monstre du football européen. En effet, Oleg Blokhine vient d’être élu Ballon d’Or européen de l’hebdomadaire FranceFootball. Cela ne semble pas l’impressionner outre mesure : « Il paraît que c’est un redoutable ailier gauche. Mais nous avons dans notre équipe un joueur parfaitement apte à le marquer en la personne de Gérard Janvion qui avait neutralisé en Coupe d’Europe le Yougoslave Surjak, autre attaquant de grande classe. »
« Nous serons au rendez-vous »
Pierre Garonnaire n’était pas à Zurich pour le tirage au sort. Au même moment, il se trouvait dans le Sud de la France à la découverte d’une nouvelle pépite susceptible de rejoindre l’ASSE.
Mais l’éminence grise stéphanoise était des déplacements au Parc des Princes et à Niort pour voir évoluer les Soviétiques. « J’ai vu jouer Dynamo à Paris et à Niort. Il possède des joueurs de très grande classe: Blokhine, Onitchenko, Konkov et un sensationnel milieu de terrain. Nous les avons filmés, nous ne serons donc pas pris au dépourvu. Nous serons au rendez-vous à Nantes et à Cologne pour les espionner. »
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Pendant ce temps-là…
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Le Chaudron se visite aussi
Pendant les vacances de Noël, le Musée des Verts vous accueille tous les jours. Seuls les 25 décembre et 1er janvier seront fermés au grand public. Visite du Père Noël, nouvelle exposition temporaire, billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » … : à vos agendas !
Le Musée des Verts a fêté ce week-end son deuxième anniversaire. Depuis ce samedi, vous pouvez visiter le stade Geoffroy-Guichard. Le billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » permettra aux supporters de visiter le stade et le musée le même jour ou de visiter le musée ultérieurement, votre ticket étant valable un an à compter de la date d’achat.
Pendant une heure, les supporters des Verts pourront découvrir les coulisses du Chaudron au cours d’une visite guidée exceptionnelle: salle de presse, vestiaire de l’ASSE, couloir d’accès au terrain avec la mythique inscription « Ici, c’est le Chaudron », bord de pelouse, salon des Présidents… Ils pénétreront ainsi dans les lieux habituellement réservés aux joueurs, staffs, dirigeants et officiels.
Rénové dans le cadre des quatre rencontres de l’Euro 2016 programmées à Saint-Etienne, le stade Geoffroy-Guichard appartient à la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole. Cette rénovation est l’œuvre des architectes de Chaix & Morel et Associés et une réalisation de la société Léon-Grosse. Geoffroy-Guichard est un stade mythique mais désormais également design et écologique.
TARIFS
Plein tarif : 15€.
Tarif réduit : 12€ (+ de 60 ans, -18 ans, étudiants, PMR, demandeurs d’emploi, CE de 20 personnes et plus, groupes de 10 personnes et plus).
Etablissements scolaires et clubs de football amateurs : 10€.
Pack « famille » (2 adultes + 2 enfants) : 42€.
« C’est notre plus belle victoire… »
Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :