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Gare au vieux Tony

Malgré sa brioche et ses 42 ans, l’Américain Tony Thompson, adversaire de Carlos Takam ce vendredi à Levallois-Perret, est un des meilleurs poids lourds mondiaux.  

tony thompson

Toujours le mot pour rire. Même à l’heure de tendre les veines au contrôle antidopage, après sa victoire par KO face à David Price, en février 2013. « Tout ce qu’ils vont trouver, c’est du jus de donut et du poulet grillé ! Regardez mon ventre, vous croyez sérieusement que j’ai pris quelque chose ? » A 42 ans, le vieux Tony n’a plus le « six pack » de ses beaux jours, mais il a gardé un humour d’enfant. Mardi, lors de la conférence de presse, il est arrivé avec le sourire, rivalisant d’autodérision. « Dangereusement sympathique », pour reprendre l’expression d’un confrère.

Ne pas se fier à ses poignées d’amour et son air débonnaire. Classé numéro 10 par le Ring Magazine, Tony Thompson, deux fois challenger mondial, est une référence chez les poids lourds. Un gaucher longiligne (1m96), rompu au niveau mondial. Depuis la rouste administré par Wladimir Klitschko il y a deux ans (KO technique, 6e rd), la deuxième, Thompson s’est fait une spécialité de boxer à l’étranger. Par deux fois, il a mis KO David Price, grand espoir britannique, dans son fief de Liverpool. En mars dernier, il dominait le Cubain Odlanier Solis, champion olympique à Athènes. « Aux Etats-Unis, les gens savent à quel point je suis dangereux, ils ne prennent pas le risque de mettre leur jeunes avec un gars comme moi. Bien sur, si j’avais le choix, je boxerais chez moi, mais je suis un professionnel, je suis prêt à faire le job n’importe où. »

Professionnel, Thompson l’est pourtant devenu sur le tard, à 27 ans, après seulement 15 combats amateurs. Extrêmement rare à ce niveau. « Avant de démarrer la boxe ? Je cassais des bouches dans la rue (rires)… J’en ai cassé un paquet quand j’étais jeune. A un moment, je me suis dit que ce serait bien d’être payé pour. J’ai juste eu à user le don que Dieu m’a fait. Le don, c’était ça (il brandit son poing). »

Takam Thompson

Par la force des choses, Tony Thompson est devenu un « gatekeeper », un gardien du temple. Comprenez : le vieux bougre n’a plus le niveau mondial, mais il est de ceux qu’il faut battre pour y parvenir. Il en refuse l’étiquette, pourtant, et clame à qui veut l’entendre qu’il veut une troisième chance face à Klitschko. Pas un promoteur n’y risquerait pourtant un copec. Déjà vu. Déjà donné. Alors, à 42 ans, « old Tony » navigue entre son job dans la sécurité et sa passion. « La boxe, c’est une vie. C’est ma vie. Je mange, je dors, je respire boxe. Une fois, j’ai même frappé ma femme pendant mon sommeil. (S’adressant à elle) Pardon, ma puce ! Je pensais trop à ma boxe. »

Madame est assise dans l’assistance. C’est elle qui a géré les négociations, durant un mois, avec les promoteurs de Carlos Takam. « Je n’ai pas à boxer si je n’en ai pas envie, ma femme s’occupe bien de moi, rigole Thompson. Je ne sais pas encore combien de temps il me reste. Tant que mon corps peut tenir le coup. Ce sont les combats qui me le diront. » Ce vendredi, à Levallois-Perret, Carlos Takam peut apporter un début de réponse.

Jean-Charles Barès (@jcbares)

Mayweather – Alvarez : l’avis des experts

Floyd Mayweather et Saul Alvarez s’affrontent le 14 septembre à Las Vegas pour ce qui s’annonce comme un des plus grands chocs de ces dernières années. Si vous vous demandez sur qui miser votre argent, cet article est fait pour vous. 

Antoine Faure, blogueur Mayweather, victoire aux points

Plus serrée que ne le reflètent les scores, la victoire d’Alvarez contre Austin Trout (à revoir en résumé) a mis en lumière ses qualités et ses progrès (précision, sélection de frappes, jab et uppercut droit, jeu défensif et mouvements de la tête). Mais trois points d’interrogation demeurent en ce qui concerne son menton, ses transitions attaque/défense et surtout son endurance. Mayweather a montré contre Guerrero (vidéo) qu’il était au sommet de sa forme et de sa science défensive.

Même en super-welters où Mayweather n’est pas à son meilleur, son timing et son déplacement devraient faire la différence. Canelo peut tenter un quitte ou double en jouant d’entrée sur l’agressivité, le pressing corps/face et les combinaisons, mais sauf à s’imposer rapidement – scénario improbable – il risquerait une deuxième partie de combat pénible à chercher son second souffle contre un Floyd installé tactiquement et mortel en direct du droit, crochet droit pour contrer le jab et crochet gauche en esquivant l’échange.

C’est un peu tôt pour Canelo : Mayweather via une décision unanime, pas trop sévère pour la future superstar mexicaine… il faut soigner le produit et rendre une revanche attractive.

Thomas Desson, BeIN Sport – Mayweather, victoire aux points

The ONE, a-t-on été plus excité pour un combat depuis le De la Hoya-Mayweather de 2007 ? moi pas !

Soyons honnête le Mayweather – Guerrero de mai dernier était une purge intersidérale. Et là on y voit rouge, Canelo, c’est d’la bombe bébé ! Je pense qu offensivement Mayweather n a pas eu jusque-là un adversaire d’un tel calibre, peut être Cotto en mai 2012 et encore… Le buzz médiatique de Golden Boy et les conférences de presse à travers le Mexique et les US m’ont impressionné. Tout le monde veut voir tomber Floyd mais c’est justement la qu’il se sublime. Il va vaciller, il va être touché mais il va encore se sortir de mauvaises passes pour s’imposer à la décision avec deux ou trois rounds d’avance.

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Michel Beuville, Netboxe.com – Alvarez, victoire aux points

Avec « Canelo », Floyd Mayweather va avoir affaire à un boxeur en pleine force de l’âge, ce qui ne lui est pas arrivé depuis longtemps. Alvarez est plus lourd, son style rouleau compresseur risque d’être difficile à endiguer pour un Mayweather qui n’a plus ses jambes de 20 ans. Enfin Canelo frappe et encaisse, Mayweather a 36 ans et il ne boxe plus que sur deux ou trois coups, difficile de l’imaginer arrêter le jeunot.

Lucie Bertaud, Kombat Sport – Mayweather, victoire aux points

Alvarez a la fraîcheur, l’envie et la fougue de la jeunesse, il est plutôt rapide sur ses combinaisons, et son jab est très efficace. Le problème c’est que Mayweather a non seulement la maturité (et donc « l’intelligence du ring »), mais aussi une boxe peu académique : il absorbe ou annule les attaques de ses adversaires grâce à sa défense atypique. Dans ce cadre il pourrait bien faire perdre patience à Canelo (à l’instar de Victor Ortiz qui n’a finalement jamais trouvé de solution alors qu’il avait pourtant de grandes qualités – voir ici).

Autre point important, Canelo Alvarez est très bon sur toute la première partie du combat, puis il s’épuise à partir du 6e ou 7e round (face à Trout la décision n’était pas si nette, bien au contraire)… Au contraire, Mayweather monte en puissance petit à petit, il pourrait donc aisément atomiser Alvarez au moment où celui-ci sera sur le déclin physique.

Enfin, Alvarez est en train de se sevrer pour perdre du poids (le combat est prévu à 152 livres, 2 livres en dessous de sa limite habituelle)… Donc 2 solutions : soit il va être affamé physiquement et psychologiquement, et donc très agressif, ou bien son physique sera amoindri, et il sera plus lent car il pèsera facilement 5kg de plus qu’à la pesée au moment du combat… On a vu par le passé que faire des régimes drastiques n’était pas forcément une solution (exemple : face à Pacquiao en 2008, Oscar De La Hoya avait peut être un peu trop forcé sur le régime)

Mayweather vs Guerrero

Jean-Charles Barès, rédacteur du blog – Mayweather, victoire aux points

Alvarez a la jeunesse, la fougue, la dimension physique… Mais il lui manque l’expérience. A 23 ans, malgré ses 43 combats, il n’a affronté que très peu d’adversaires de valeur et sa carrière a été soigneusement construite.

A son crédit, Alvarez a la capacité de varier rapidement les angles d’attaque et les surfaces (corps, visage) sur un même enchaînement. C’est à mon sens la seule solution pour déborder la défense de Floyd Mayweather qui reste un génie dans ce domaine. Mais une telle stratégie implique une grande dépense d’énergie et de s’exposer aux contres. Pas sûr qu’il ait la dimension tactique pour l’appliquer.

Enfin, s’il a montré d’énormes progrès dans sa défense (esquives, mobilité  du buste) et sa capacité à boxer en contre lors de son dernier combat contre Austin Trout, Alvarez reste en dessous de son aîné dans de nombreux secteurs : déplacement, précision, vitesse.

Entre la pesée et le soir du combat, Alvarez récupère jusqu’à huit kilos avec la réhydratation, quand Mayweather dépasse rarement les deux kilos. La puissance de frappe sera son atout principal. S’il s’impose, ce sera sur un coup, mais je n’y crois pas.

Karim Ben-Ismaïl, L’Equipe Magazine – c’est du 70-30

Floyd Mayweather est complet et futé. Il a, disons, 70% de chances de l’emporter.

OK, Saul Alvarez a 23 ans et la puissance d’un moteur V6. Mais la mobilité, la vitesse et l’expérience de l’Américain devraient l’emporter sur la force et la fougue du Mexicain. D’accord, Alvarez compte 43 combats mais face à qui ? Unidimensionnel, il n’a pas la capacité d’adaptation de Mayweather qui, lui, disputera son 3e combat en super-welters et a pu prendre ses marques. Alvarez va devoir descendre à 152 livres et ses efforts pour être au poids peuvent peser en fin de combat. Il a quand même 30% de chances de gagner car en plus d’être un puncheur explosif, « Canelo » aura près de dix kilos de plus sur le ring. Il enchaîne bien et si Mayweather prend son crochet gauche, même en fin de course… C’est le charme de la boxe : sur un coup tout peut arriver. De quoi avoir envie de se réveiller à l’aube, dimanche. Pour voir, pour savoir.

Et vous, qu’en pensez-vous ? 

Pour le plaisir

Il y a cinq ans, Hadillah Mohoumadi a pensé raccrocher les gants. Aujourd’hui, l’actuel champion de France, vainqueur samedi dernier en Pologne, a trouvé son équilibre entre son sport et une vie professionnelle accomplie. « Tant que j’y prends plaisir… »

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Il a le regard froid, impassible. Un petit sourire orne le coin de ses lèvres. Les yeux dans les yeux, à quelques centimètres, Hadillah Mohoumadi toise son adversaire. Pas un mot, pas un geste d’intimidation, à mille lieues des clichés de l’exercice. « Je ne pars jamais au combat dans l’esprit de nuire ou de détruire. J’y vais pour me faire plaisir avant tout. »

Quand on l’appelle pour boxer en Pologne, une semaine avant le combat, Hadillah Mohoumadi n’hésite pas longtemps. « J’étais préparé, j’avais besoin de boxer. » Qu’importe si l’adversaire, Pawel Glazewski, vedette locale, évolue dans une catégorie supérieure. « Pour moi, il était prenable. Il a deux bras, deux jambes, comme moi. »

A 33 ans, Hadillah Mohoumadi n’en est pas à son premier voyage. Les trois défaites inscrites à son palmarès ont toutes été concédées à l’étranger. Au Monténégro, il y a un an, le français a subi un « hold-up » face à Nikola Sjeklocla. Il en parle avec un détachement rare. Pas vraiment le coeur à se plaindre. « Je vais dire un truc un peu dégueulasse, mais c’est la boxe ! Quand on va à l’extérieur, sur des gros événements, on est quasiment seul… Je ne vais pas dire que je comprends car on ne peut pas comprendre. On l’accepte plus ou moins. »

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Passé pro sur le tard, à 28 ans, après dix ans d’amateurisme sans grands résultats notoires, Mohoumadi sait qu’une carrière passera par des prises de risques. De retour du Monténégro, on lui propose d’affronter James DeGale, champion olympique à Pékin, pour le titre européen. « On m’a prévenu trois semaines avant ! Mon coach n’était pas forcément partant. Moi, je voulais le faire. »

Faire-valoir désigné, Hadillah Mohoumadi va vendre chèrement sa peau. « J’ai réussi à le faire douter, il ne s’y attendait pas. Il s’est dit : « le français, il va venir, il va faire trois rounds avec moi et puis après on le sort … » Le scénario sera tout autre : pendant douze reprises, Mohoumadi repousse DeGale dans les cordes. Le britannique en ressort le visage marqué.

A la cloche finale, comble du ridicule, un des juges ne lui accordera qu’un seul et unique round. Dans sa voix, pourtant, aucune amertume. « Ça a été le meilleur combat que j’ai pu faire, là où j’ai dû donner le plus de moi-même. »

Avant son passage en pro, il y a cinq ans, Mohoumadi avait pensé à dire stop. « J’étais lassé. J’ai fait plusieurs fois les championnats d’Ile-de-France, les France… Sans grand retour. Entre ma vie perso, professionnelle, (il est directeur d’un centre de loisirs), je me suis dit : « ça m’apportera pas grand-chose de plus »

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Et puis, une rencontre avec Antoine Farrugia, son entraîneur. « Il a su me donner de l’équilibre et de l’amour. J’avais un bien immobilier dans le 77. Je l’ai vendu, j’ai demandé une mutation, j’ai tout quitté pour le suivre dans les Yvelines. Ça été 4 ans sans relâche. Pas de vacances, quasiment tous les jours, on suit son rythme. »

Il n’y a rien de flamboyant chez Hadillah Mohoumadi. Ce n’est pas lui faire insulte de le dire. De la puissance, beaucoup de travail, du dévouement, les mêmes vertus qui ont porté un boxeur comme Jean-Marc Mormeck au sommet. Mais c’était une autre époque.

La semaine dernière, en Pologne, Hadillah Mohoumadi n’a rien laissé dans les mains des juges. Après sept rounds de forcing, Pawel Glazewski, ouvert à l’arcade, cédait sur une énième droite sous les sifflets du public.

Dans l’anonymat d’une discipline tombée en désuétude, ils sont quelques-uns à continuer le combat. En silence, sans illusions mais avec passion. « Je ne vis pas à travers la boxe, j’ai une vie à côté, un boulot qui me plait. Boxer en  pro, c’est un aboutissement pour moi. J’aime cette adrénaline avant le combat, sentir la pression… Tant que j’aurai ce plaisir, je continuerai. »

Et peut-être qu’au bout il n’y aura rien. Rien, si ce n’est la satisfaction d’être allé au bout de son sport. Pour le plaisir.

Jean-Charles Barès (@jcbares)

Photos : Olivier Prieur

Gatti parmi les grands

Décédé dans des circonstances troubles en 2009, Arturo Gatti a été intronisé membre du « Hall of Fame ». Une élection qui récompense un boxeur aux aptitudes limitées, mais au courage hors normes.

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Sans peur de faire honte à sa mémoire, Arturo Gatti n’était pas un grand. Un bon boxeur, sans conteste, mais à mille lieues du talent d’un Robinson ou Leonard. Son entrée au « Hall of Fame », le temple de la boxe, n’a donc pas fait l’unanimité, de nombreux spécialistes ayant voté contre.

Difficile de leur en vouloir si l’on s’en tient à des critères purement pugilistiques. Malgré ses deux titres de champion du monde, Arturo Gatti n’a jamais été le meilleur de sa catégorie. Les rares fois où il a croisé la route de l’élite (Mayweather, De La Hoya), il a perdu avant la limite. Dans sa grande mansuétude, Floyd Mayweather disait de lui qu’il était un boxeur de classe C.

Les 9 défaites inscrites au palmarès de Gatti n’incitent pas, il est vrai, à un enthousiasme démesuré. Mais la grandeur de Gatti n’est pas à chercher dans les chiffres. Ce ne sont pas ses titres qui l’ont porté ici, mais bien son courage hors normes. S’il n’était pas le plus talentueux, loin de là, Arturo Gatti était bien le boxeur le plus excitant de sa génération.

Toucher sans être touché ? Inutile de se mentir, son crédo était tout autre. Arturo Gatti ne berçait pas dans l’escrime. Il n’avait pas peur de prendre un coup, voire deux, pour en donner un. Ses détracteurs diront que c’était un simple, prêt à partir à la guerre menton au vent, négligeant les règles les plus élémentaires du « protect yourself at all times ». C’est refuser de voir ce qu’il représentait.

Arturo Gatti était la quintessence du combattant. Brave, beaucoup trop pour son propre bien. Prêt à souffrir, au-delà de ce qu’il est humainement possible. Et les gens l’aimaient pour ça. Gatti faisait lever les foules.

Son ancien manager, Pat Lynch, livre une anecdote qui résume à elle seule le personnage. En 1998, Gatti est sévèrement coupé à l’œil face à Angel Manfredy, forçant l’arbitre à stopper le combat. Devant le sang qui s’écoule, Lynch s’exclame. « Arturo, cette coupure va jusqu’à l’os ! » Sous le coup de la déception, Gatti lui répond sèchement. « Et alors ? Ça ne peut pas aller plus loin, non ? »

Gatti laisse dans les mémoires une trilogie épique avec Micky Ward. Le 9e round de leur premier combat restera comme l’un des plus beaux de ce siècle. Dans un déchaînement de violence inouï, Gatti, envoyé au tapis sur un crochet au corps dès les premiers instants, parvient à se relever, survivre, et même à répondre à l’avalanche de coups qui s’abat sur lui (la vidéo ici).

Autre combat mémorable, sa victoire contre Wilson Rodriguez en 1996. Après un voyage au tapis au 2e round, Gatti a l’œil droit enflé, quasiment fermé. Son visage est déjà marqué par les coups et l’issue semble déjà écrite. Gatti sait qu’il n’a plus beaucoup de temps, et tente le tout pour le tout. Il s’impose par KO au 6e round, dans un des plus grands comebacks de l’histoire (vidéo).

Dans sa carrière, Arturo Gatti a pris part à 4 « combats de l’année », honneur décerné par le Ring Magazine. Plus de 20 fois, ses combats ont été diffusés sur la chaîne HBO. Peu importe l’adversaire, avec Gatti, il se passait toujours quelque chose. L’élection au Hall of Fame n’est pas un concours de popularité, mais elle consacre ceux qui ont fait l’histoire de ce sport. Arturo Gatti en fait partie. Sans aucun conteste.

Jean-Charles Barès (@jcbares)

Mayweather, la force tranquille

Après un an loin des rings, Floyd Mayweather Jr a facilement disposé de Robert Guerrero samedi soir au MGM Grand de Las Vegas.

Mayweather Guerrero

« Easy work, easy money ! » Floyd Mayweather a tenu ses promesses d’avant-combat, l’américain n’a jamais eu à forcer son talent face à un adversaire combatif mais largement inférieur.

On en ricanait presque quand Guerrero a commencé à défier publiquement Mayweather l’an dernier. Pour le vendre au public, les grands communicants américains avaient monté de toutes pièces une belle et grande opposition manichéenne : le bon Guerrero, père de famille, fervent chrétien face au méchant Mayweather qui bat sa femme et compte ses millions à la télé…

Mais au fond, la rhétorique ou le niveau de l’adversaire importent peu, le simple fait de voir Mayweather l’œuvre suffit à créer l’évènement. A 36 ans, le champion du monde des welters est peut être un des derniers monstres sacrés de ce sport.

Après un an loin des rings, Mayweather a rapidement dissipé les doutes. On l’avait vu malmené lors de son dernier combat contre Miguel Cotto. Certains avaient cru voir les prémices de son déclin. Il n’en a rien été. Le médaillé de bronze d’Atlanta n’a jamais montré de signes de « ring rust », si ce n’est peut-être pendant les 2 premiers rounds où il a cherché son rythme.

Rarement, son jeu de jambes n’avait été aussi efficace. Esquives, coup d’œil, précision, Mayweather fait étalage de toute sa classe. Une à une, les droites percent la garde friable de Guerrero, qui s’escrime vainement dans les accrochages.

Les rounds défilent et l’intrigue se répète. La frustration se lit sur le visage d’un Guerrero combattif, qui encaisse sans broncher les frappes de « Money ». Un bon boxeur opposé à un boxeur d’exception, cela donne un combat à sens unique.

Au 11e round, Mayweather délaisse son jeu d’esquives, pour s’offrir enfin un face à face, et là aussi, il prend le meilleur sur Guerrero. Sûr de sa victoire, l’américain contrôle tranquillement les derniers assauts de son challenger. Des sifflets injustes se font entendre dans les tribunes. Pas assez pour entacher sa victoire.

A l’issue des 12 rounds, les trois juges rendent une carte de 117-111, soit 9 reprises à 3 pour Mayweather. Des adversaires plus réputés ont perdu sur un écart supérieur, Juan Manuel Marquez et Shane Mosley notamment. Reste que Mayweather n’a jamais vraiment semblé en danger dans ce combat.

Sa défense aura été la clé du combat. Guerrero n’a réussi que 113 coups, dont 32 jabs et seulement 81 coups puissants sur 290 quand Mayweather, lui, a placé 60% de ses coups puissants (153/254). Le retour de son père, Floyd Sr, dans son coin, après des années de querelle familiale, n’y est certainement pas étranger.

Il reste à Mayweather 5 combats dans le contrat qu’il a signé avec la chaîne américaine Showtime, le prochain étant prévu le 14 septembre. Les prétendants à sa mesure ne sont pas légion, hormis peut-être le jeune mexicain Saul Alvarez qui jouit d’une immense popularité dans son pays. S’il venait à se concrétiser, ce combat pourrait briser le record de pay-per-view, détenu par le duel entre Mayweather et De La Hoya de 2007, avec 2.450.000 achats.

Les années passent et Mayweather aurait intérêt à accepter ce combat rapidement, plutôt que de laisser son cadet engranger trop d’expérience. Tôt ou tard, l’usure physique prend le pas sur le talent. Larry Holmes, champion incontesté des poids lourds, a connu sa première défaite en 1985. A seulement quelques jours de son 36e anniversaire.

Jean-Charles Barès (@jcbares)