Julien Marie-Sainte a été mis KO au 3e round lors du championnat d’Europe des poids moyens, samedi à Aulnay-sous-Bois. La liste des échecs sportifs français s’allonge.
Assise au deuxième rang, la mère de Julien Marie-Sainte ne tient pas en place. Il est loin le jour où, à ses six ans, elle inscrivait son bagarreur de fils dans une salle de boxe. Dans l’assemblée, des amis, des partenaires d’entraînement, ont fait le déplacement depuis Cherbourg, où Julien a fait ses débuts en amateur. « On s’est croisé deux heures avant le combat, raconte Antoine. Je ne l’avais jamais vu comme ça, il avait le masque ! »
Visage fermé, Julien Marie-Sainte marche vers l’estrade. On le sent tendu, crispé par l’enjeu. A peine remue-t-il les lèvres pour fredonner la Marseillaise. Le protocole touche à sa fin, l’entraîneur Nasser Lalaoui étreint son élève. « Ce soir, c’est ton soir, donc fais ça bien ! » L’arbitre transmet ses dernières consignes. D’un geste du gant, Marie-Sainte caresse le visage de son adversaire, les deux hommes se sourient. Dernières politesses avant d’en venir aux mains.
Dès l’entame, Marie-Sainte subit. L’ukrainien avance, et déclenche des séries à mi-distance en variant corps et visage. Incapable de répliquer, le français se retrouve acculé contre les cordes qui lui lacèrent le dos. Le scénario catastrophe prend forme sous les yeux d’un public inquiet. Au cours d’un échange, Marie-Sainte est ouvert à la paupière, le sang coule sur son visage. « J’étais aveuglé d’un œil, confie-t-il après coup. Je ne voyais plus que du rouge. »
Devant l’ampleur de la coupure, Marie-Sainte est condamné à chercher le KO. « Essaye de le descendre, sans prendre de risques, lui intime Nasser Lalaoui dans son coin. » Les mots ne suffiront pas pour inverser la tendance. Marie-Sainte est baladé aux quatre coins du ring, étouffé par le pressing de son adversaire. Les impacts se font de plus en plus nets, et le français cherche son souffle. En toute fin de round, heurté par une droite, il chancelle et manque d’aller au tapis.
Avant même l’appel du 3e round, Bursak est déjà débout, quand Marie-Sainte grapille quelques secondes de répit supplémentaire. Débordé dans les cordes, le français pose finalement un genou à terre. L’arbitre met fin au combat. Les larmes aux yeux, il fait signe au public, s’excuse auprès de ses supporters venus le réconforter au pied du ring. « Je suis vraiment déçu. Deux mois de travail… Je n’ai même pas pu montrer quoi que ce soit. Je suis tombé sur plus fort que moi. J’ai loupé une marche, mais il va falloir se relever, et y retourner. »
La salle Pierre Scohy se vide. Dépité, Nasser Lalaoui empile les chaises vides, et signe les chèques des officiels. N’Dam, Vitu, Boudla, la liste des échecs sportifs s’allonge. A l’heure actuelle, aucun représentant français ne détient de titre majeur et les espoirs sont peu nombreux. Année après année, la France s’enfonce, jusqu’à devenir un réservoir de faire-valoir pour les champions étrangers.
Jean-Charles Barès, à Aulnay-sous-Bois (Twitter @jcbares)
Photo : Stéphane Lefeuvre