L’envol de Bold Eagle

Puisque sur ce blog, on s’autorise à parler de toutes les disciplines, focus cette semaine sur le monde des courses de chevaux et sur l’un de ses champions, le trotteur Bold Eagle.

Dimanche, sur l’hippodrome de Vincennes, un sportif hors norme se produira. Un de ces champions qui marquent l’histoire de leur sport, un de ces sportifs qui génèrent chez leurs admirateurs une véritable fascination, un de ces sportifs dont en attend chacune des sorties avec l’impatience propre aux grands rendez-vous, certain de vivre un moment d’exception. Ce champion, c’est Bold Eagle, trotteur de 5 ans, fils d’un autre grand champion Ready Cash.

Quand, dans la dernière ligne droite, Bold Eagle place son accélération sur la cendrée de l’hippodrome, de nombreuses références sportives nous viennent à l’esprit. C’est Michael Jordan qui s’envole pour aller écraser un dunk, c’est Mohammed Ali qui arme son crochet, c’est Messi qui entame un slalom au coeur d’une défense, c’est encore Rodger Federer qui sort un passing au bout d’une course folle.

Capture d’écran 2016-02-09 à 23.18.54 Le 31 janvier, Bold Eagle a remporté le Prix d’Amérique Opodo, considéré comme le championnat du monde des trotteurs. Il y a ajouté le brillant en améliorant le record de l’épreuve. Ce jour-là, près de 40 000 personnes s’étaient pressées dans les tribunes de l’hippodrome. Beaucoup pour voir le phénomène, pour pouvoir un jour dire « j’y étais ».

Dimanche, le cheval de Pierre Pilarski, entraîné par Sébastien Guarato et drivé par Franck Nivard, partira à la conquête du Grand Prix de France. Face à lui, il retrouvera son dauphin du Prix d’Amérique, Timoko, tenant du titre, et l’un des plus beaux palmarès de ces dernières années. Une « revanche » comme la boxe, le tennis, le foot ou n’importe quel autre sport peuvent en proposer.

« C’est le Usain Bolt des courses, il dévore ses adversaires »

Au terme des 2100m de ce Grand Prix de France, Bold Eagle pourrait encore un peu plus marcher sur les traces de son père Ready Cash vainqueur de cette épreuve en 2011 et 2013 (également deux Prix d’Amérique, 2011 et 2012) et plus « riche » trotteur français de l’histoire avec plus de 4,2 millions d’euros de gains. Probablement une simple étape car le fils pourrait vite dépasser le père. Un succès dimanche lui ouvrirait la voie vers la Triple Couronne, avec la perspective du Grand Prix de Paris, le 28 février, toujours à Vincennes. Un défi de plus sur 4150m, à la hauteur du champion pour un exploit que le grand Bellino II est le dernier à avoir réussi en… 1976.

Quarante ans plus tard, Bold Eagle semble en mesure de lui succéder. « Ce cheval est en train de devenir une légende, confie Pierre Emmanuel Goetz, journaliste à Equidia et témoin privilégié de l’avènement de ce champion. C’est un phénomène. Les gens se déplacent même pour aller le voir dans ses écuries, dans l’Orne. Il a en outre un entourage qui communique beaucoup. Dans une période où les courses ont du mal à trouver leur public, il peut être le sauveur des courses car il déchaîne les passions. Pourtant, il n’est pas très grand, il n’a pas une amplitude record. Mais il a trois poumons. Sa pointe de vitesse est incroyable. Quand il démarre, il terrasse ses adversaires. Les autres ont beau être à pleine vitesse, quand Bold Eagle attaque, on a l’impression qu’ils sont statiques. Il les dévore. C’est complètement dingue, hallucinant. C’est vraiment un grand kiff de le voir car il ne déçoit jamais. Si on aime la performance sportive, quel que soit le sport, il faut aller voir ce cheval. Certains le comparent à Usain Bolt, c’est exactement ça. Il donne l’impression que tout est facile. »

Les années à venir pourraient inscrire Bold Eagle dans la grande histoire des courses. Comme Ourasi, le crack absolu, vainqueur de quatre Prix d’Amérique (1986, 1987, 1988, 1990), de trois Prix de France (1986, 1987, 1988) et de multiples grandes épreuves. Le nouveau crack n’a qua 5 ans et le règlement l’autorise à courir en France jusqu’à 10 ans. Cinq ans pour écrire sa légende, cinq ans pour entrer dans la mémoire collective, cinq ans pour devenir un mythe.

Toutes les informations sur le Grand Prix de France ==> ICI
Vidéo sur Bold Eagle, Harmony Prod. ==> ICI

Pascal
@pgb51

Capture d’écran 2016-02-11 à 14.24.14Le Grand Prix de France est à suivre dimanche après-midi sur la chaîne de télévision Equidia. Une programmation spéciale à partir de 14 heures et une émission spéciale « Jour de Grand Prix de France » (15h15) animée par Kamel Boudra est également programmée sur Equidia Life. 

Bâtisseurs de rêves

Ils sont de ceux que l’on suit naturellement. Sans trop savoir pourquoi, juste parce que ce sont eux, parce qu’ils nous inspirent la plus totale confiance. Grâce à eux, de nombreux coureurs peuvent assouvir leur soif d’aventure. Organisateurs de raids ou de courses à travers le monde, ils réalisent nos rêves.

Quand on nous demande ce qui nous attire dans le métier de journaliste, « les rencontres » sont une des réponses les plus souvent avancées. Avoir couru autrefois, puis ensuite couvert pas mal de courses aventure à travers le monde (j’espère vite repasser dans la catégorie des coureurs si mon p’tit corps veut bien coopérer à nouveau), m’a permis de croiser la route de quelques personnes hors du commun. Cette new news du blog, j’ai envie de la consacrer aux organisateurs. Ils sont des centaines en France à mettre en oeuvre des épreuves pour notre plaisir, à sacrifier leurs loisirs pour le nôtre, à se débattre contre toutes ces démarches qui en décourageraient beaucoup. Des centaines à consacrer une partie de leur vie pour nous, coureurs. Certains même sont sortis de nos frontières et nous promettent l’aventure quelque part dans le monde. Pour illustrer mon propos, j’ai choisi de faire un focus sur Bruno Pomart, rencontré lors de La Saharienne.

2243Ancien membre du RAID où il a passé 12 ans de sa vie, Bruno, également ancien lutteur de haut niveau, a toujours été très actif dans le milieu associatif. En 1992, il lance l’association Raid Aventure Organisation, installée à Dreux (Eure et Loir) dans un domaine de 40 hectares et soutenue notamment par Serge Dassault ainsi que par la fondation Bettencourt. « Nous accueillons les enfants des quartiers mais pas seulement. Nous recevons aussi des enfants des milieux ruraux, des enfants malades et handicapés etc. Notre volonté est de mettre en place une mixité sociale, d’essayer de montrer comment devrait fonctionner la société. On a aussi le City Raid Andros lancé en 2001 dans 50 villes de France et qui rassemble chaque année 25 000 enfants. Ce sont des courses d’orientation en ville et l’objectif est de rapprocher les gosses des institutions. Si on veut que les gens respectent les institutions, ils doivent d’abord les connaître. C’est du concret. Dans l’opération Prox’Aventures, on s’installe dans des quartiers où plus personnes ne va. On se pose trois ou quatre jours avec des animations, un mur d’escalade etc. ça permet d’occuper le terrain, de lutter contre l’oisiveté. Nous n’avons pas la prétention de vouloir tout transformer. Nous n’avons pas de solution magique pour guérir les maux de la société. Peut-être que ce n’est qu’une goutte d’eau mais c’est important de le faire. »

Capture d’écran 2016-02-04 à 21.40.40Egalement maire de Belflou, petite commune de 121 habitants dans l’Aude, où il organise le trail du Lauragais (15 mai), Bruno s’épanouit dans l’organisation. « Se dépasser, c’est très personnel, explique-t-il. Organiser c’est un grand kiff collectif. En 2001, on a eu l’idée d’un raid entièrement féminin. J’avais participé à trois Raid Gauloise (1989, 1990 et 1991) et les équipes étaient constituées de quatre mecs et d’une fille obligatoire. On s’est dit que ce serait bien de créer quelque chose uniquement pour les filles. Ce fut une véritable révélation. » Ainsi est né le Raid Amazones.

Capture d’écran 2016-02-04 à 21.57.03Nouveau défi l’an dernier. Avec ses fidèles amis, Georges Kumuchian, Pierre Costabadie et quelques autres, il emmène une soixantaine de filles disputer La Saharienne, à Dakhla, dans le sud Maroc. Une épreuve aujourd’hui déclinée dans des Sahariennes Series avec à chacune des étapes (Hossegor, Metz, Chantilly) les mêmes sourires, les mêmes joies. « C’est notre récompense, Voir les filles se dépasser, pleurer, se découvrir. Ces raids, ça nous fait grandir et ça nous aide ensuite dans la vie de tous les jours. » En novembre dernier, le DUST a également vu le jour, toujours au Maroc. La deuxième édition devrait se dérouler en Espagne (3x20km ou 3x30km ou 3×40 km).

Capture d’écran 2016-02-04 à 22.12.46Parmi ces belles rencontres, j’aurais aussi pu parler de Michael Lemmel et Mats Skott, les deux organisateurs de l’Otillo Race, cette somptueuse course de Swimrun dans l’archipel de Stockholm. Comment ne pas citer Patrick Bauer (photo ci-contre, photo MDS), à la tête du Marathon des Sables depuis trois décennies. Le Marathon des Sables n’aurait sans doute pas traversé le temps sans son fondateur Patrick Bauer. Une aventure née en janvier 1984. Après avoir traversé à pied le Sahara en autonomie totale pendant 12 jours, sur une distance de 350 km, Patrick, alors photographe de 28 ans, décide de partager cette aventure hors du temps. Ainsi est né cette idée folle du Marathon des Sables, 250 km en autosuffisance alimentaire dans le Sahara sud-marocain. Ils étaient 23 sur la première ligne de départ en 1985, ils seront près de 1500 en avril prochain pour la 31e édition.

Chaque matin, tous ces organisateurs encouragent, trouvent toujours le mot juste pour féliciter un participant ou réconforter celui qui a dû renoncer. Le discours est le même pour les membres de l’organisation. Toujours bienveillant, mais toujours l’œil sur le moindre détail pour offrir aux coureurs la plus intense des expériences. « Dans une telle épreuve les portes de l’esprit s’ouvrent et chacun découvre des secrets qu’il n’aurait pas imaginés et qui vont nourrir l’existence pour toujours », justifie Patrick Bauer. La générosité dans la démarche, mais aussi dans les faits. A travers l’association Solidarité Marathon des Sables, Patrick Bauer a soutenu de grands projets pour les enfants et les femmes de Ouarzazate. Un autre point commun avec Bruno Pomart. Sur la Saharienne 2015, 20 000 euros ont été reversés à des associations dont K d’Urgence, association présidée par Christine Kelly, marraine de l’épreuve 2015.

Parce que la passion est leur moteur, Bruno Pomart, Patrick Bauer et tous ces bâtisseurs de rêves sont souvent des « beaux » parleurs, dans le sens noble de l’expression. Des conteurs même. Toujours entourés de leurs fidèles, pour certains présents depuis de très nombreuses années. Garants de la mémoire et de l’esprit de l’épreuve, ils sont les chefs de clan. Certains osent même parler d’une famille.

Pascal (@pgb51)

Saharienne 2016 en… Equateur

La deuxième édition de La Saharienne, aura lieu début novembre en… Equateur, du côté de la ville de Loja, au sud du pays, à 2000m d’altitude. Les organisateurs ont limité à 90 le nombre d’équipes au départ. Avec au programmes les traditionnelles épreuves de trail, VTT, canoë etc. L’Association « A chacun son Everest » présidée par Christine Janin, sera mise en avant.

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Les Drôles de Dames à la conquête du Marathon des Sables

Capture d’écran 2016-02-04 à 21.19.02Il y a quelques mois, je vous avais parlé dans ce blog, de trois drôles de dames bien décidées à participer au prochain Marathon des Sables (article ICI). J’avais aussi promis de suivre leur aventure. Virginie Sénéjoux, Annick Ballot et Véronique Bideau Million s’approchent désormais de l’échéance (8-18 avril). « On a attaqué la préparation spécifique, témoigne Annick. Véro prépare également les Championnats d’Europe de cross de la police et Virginie, qui s’est faite opérer d’un genou il y a quelques mois, a eu le feu vert de son kiné pour recommencer le fractionné. Nous sommes dans le vif du sujet avec davantage d’intensité et beaucoup de volume. Et dans notre tête, on est en plein dedans. Je participe à l’Ecotrail (80km) comme préparation mais l’esprit est déjà dans le désert. »

Capture d’écran 2016-02-04 à 21.21.36Comme beaucoup de participants, pas facile de se préparer pour les grosses chaleurs du Sahara en plein hiver en France. « C’est une question de motivation, poursuit Annick, récemment à l’arrivée d’un raid d’orientation (raid 28, 85km en 18h30) avec les Bananacube. Mais c’est sûr que c’est compliqué car avec le boulot, les entraînements se font le soir ou le matin et ça signifie donc à la frontale. »

Au-delà de l’entraînement et de la motivation, reste aussi à boucler le budget (10 000 euros environ d’inscription pour l’équipe). « On a de bonnes perfs, nous sommes citées dans la newsletter du MDS comme des concurrentes capables de bien figurer, et pourtant on a du mal à trouver des partenaires pour boucler ce budget, regrette Annick. Nous sommes avant tout des sportives et ça demande du temps d’aller démarcher. Néanmoins, on veut déjà remercier Mario Primeur et BLB, une entreprise de déménagement d’entreprises et l’entreprise Sport Kyokushin. Et bien sûr tous nos amis qui ont participé à la campagne de financement participatif sur sponsorise.me. »

Photos La Saharienne

« Marcher » aux puces

Il est temps de mettre en application les bonnes résolutions 2016 et de relancer ce blog, quelque peu mis en sommeil ces derniers mois. Et cette fois, je vais essayer de m’y tenir régulièrement. Coups de coeur, coups de gueule, on se dit tout… Même si les sports moins médiatisés restent l’essence de cet espace de discussion, on ne s’interdit rien… même à l’occase de parler foot, tennis ou rugby… Allez, c’est reparti avec cette réflexion que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer dans un récent numéro du magazine « Running pour Elles » (j’avoue, je recycle un peu…)

La technologie envahit peu à peu l’univers de la course à pied. Au point parfois d’oublier l’essence même du sport : le plaisir et ses propres sensations.

Capture d’écran 2016-01-28 à 19.32.07Il y a quelques mois, Lyon accueillait la 14e édition du salon Sport-Achat. Un salon réservé aux professionnels du sport où sont présentés de nombreuses nouveautés. L’occasion de constater qu’il existe encore en France de jeunes talents inventifs qui essaient de proposer de nouveaux concepts malgré le chemin de croix placé sur le chemin des jeunes entrepreneurs (ça c’est un autre sujet…). Dans ce salon étaient également organisées plusieurs conférences. L’une d’entre-elles traitait des tissus connectés. Les coureurs à pied pourraient être très vite concernés par cette nouveauté sur le point de pénétrer un marché running particulièrement friand des « gadgets » en tout genre (le domaine médical semble être le principal débouché de ces technologies).

En 2016, le premier produit de ce genre devrait être un cuissard cycliste. Mais des tee-shirts bourrés de capteurs sont actuellement dans les laboratoires. Car il s’agit bien là de haute technologie. En plus des fabricants, le docteur Pierre Berger, du département recherche du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), intervenait dans cette table ronde de très haut niveau et donnait toute la dimension fascinante de ces recherches. Un exemple : des capteurs de quelques microns de diamètre peuvent ainsi être placés sur une abeille et envoyer un signal à un satellite afin de localiser cette abeille. Imaginez ce que l’on peut imaginer pour un coureur à pied ou un sportif.

La finalité reste de récolter un maximum d’informations. Il y a bien sûr les grands classiques comme la vitesse, la distance, l’altitude et tout ce que vos montres super sophistiquées vous fournissent déjà. Les tissus connectés iront beaucoup plus loin. Des recherches se font actuellement sur l’analyse de votre sueur. Une fois la goutte de sueur analysée par les capteurs incorporés à votre tee-shirt, les informations récoltées seront traitées par un algorithme hyper puissant et vous seront immédiatement communiquées sur votre montre. Si votre sueur révèle un manque d’hydratation par exemple, un signal vous alertera et vous suggèrera de boire davantage. Plus besoin non plus d’une ceinture pectorale pour vous donner votre rythme cardiaque. Le tee-shirt en tissu connecté se chargera de vous transmettre les infos. Très vite, il sera même capable d’interpréter votre stress, votre fatigue etc. Une véritable seconde peau connectée. Et voilà comment vous vous retrouverez à recharger votre tee-shirt en rentrant de votre footing. L’autonomie de ces nouveautés est d’ailleurs un des enjeux du développement de ces technologies, la miniaturisation des batteries et leur puissance posant encore un problème majeur.

Une course effrénée à la performance

Toute cette débauche d’électronique et de nanotechnologie peut tout de même amener à une certaine réflexion. Le coureur à pied est-il bête au point que l’on doive lui dire quand boire ? Alors que le message publicitaire de nombreux acteurs du secteur s’appuie sur les notions de bien-être et de sensations, dans le même temps, d’autres sociétés mettent à la disposition du pratiquant de quoi déléguer toute interprétation de ses propres sensations à une « machine ». Il sera en théorie bientôt inutile d’être à l’écoute de son corps puisque votre tee-shirt sera censé vous « mâcher » le travail. Tout cela pour bien évidemment améliorer votre performance.

On peut d’ailleurs pousser le raisonnement encore un peu plus loin et disserter sur cette notion de performance. La société actuelle nous pousse perpétuellement vers la recherche de la performance. A l’école, dans la séduction, dans la plupart des métiers et bien évidemment dans le sport, il faut être le meilleur. Comme le disait un skieur de vitesse dans un récent Intérieur Sport sur Canal + : « être deuxième, ce n’est qu’être le premier des perdants ». Quel que soit le domaine, la compétition est devenue une valeur incontournable, un passage obligatoire pour la réussite. La course à pied n’y échappe pas. On peut comprendre le champion qui court après les titres et qui a fait de sa pratique son gagne-pain. Mais quoi penser de celle ou de celui qui va vivre comme un échec le fait de ne pas avoir couru son semi-marathon en moins de 2h, 1h45 ou 1h30. Sur quoi reposent ces barrières ? Pourquoi terminer ce semi en 1h44h59’’ plutôt qu’en 1h45’01’’ peut complètement changer votre perception du moment que vous venez de vivre ? Que représentent ces deux secondes qui pour certains vont les faire passer de l’euphorie à la désillusion. Bien sûr, la compétition génère cette envie de faire toujours mieux. Bien sûr il est infiniment respectable de vouloir toujours faire mieux. Mais rarement les notions de plaisir et de sensation sont mises en avant. Il faut « perfer », il faut sprinter pour terminer 567e plutôt que 568e. La première question que l’on vous pose après une course est le plus souvent : « t’as fait combien ? », ou « tu es combientième ? » Peu vous demanderont : « tu t’es éclaté ? »

Un dopage technologique ?

Toutes ces nouveautés technologiques participent à ce phénomène. Les chaussettes magiques de compression, les gels, les cardio, les montres aux multiples fonctions (elles donnent même l’heure), et bientôt les tee-shirt connectés sont supposés vous porter dans une autre dimension et vous rendre meilleur. L’idée de dopage technologique n’est pas très loin de cette évolution. En tout cas « philosophiquement ».

Cette forme de « dopage » (à vous de mettre ou non des guillemets) risque de bientôt rendre has been le dopage chimique. Au cours de la conférence de Lyon, un spectateur a eu la bonne idée d’interroger les intervenants sur la possibilité de placer une de leurs merveilles technologiques à l’intérieur du corps humain. Si les experts présents à Lyon se contentent de connecter les textiles, il est probable que d’autres aient déjà pensé à augmenter la performance sportive par ce biais. « L’homme qui valait trois milliards » sera peut-être bientôt sur une ligne de départ…

Pascal (@pgb51)

 

Belles gosses, et alors ?

Pas toujours facile de faire parler de sa discipline quand on est chargé de la communication dans une fédération ou une Ligue. Bien sûr au pays des Bisounours, de bons résultats devraient suffire. Mais voilà, désolé de casser si brutalement vos illusions, mais les Bisounours n’existent pas (oui je sais, c’est difficile à accepter). Fédérations, Ligues et acteurs du sport cherchent donc d’autres voies pour essayer de se faire une place dans les médias.

Il y a quelques mois, j’avais évoqué ici la série des José du Triathlon où la FFTRI faisait passer tous ses messages via des vidéos très décalées. Pour le plaisir, revoici deux épisodes de cette série dont je suis un inconditionnel.

Depuis quelques semaines, la Ligue féminine de Hand s’est elle aussi orientée vers une approche complètement décalée pour promouvoir sa soirée de remise des trophées des meilleures joueuses, le 27 août. Sur un modèle qui rappelle les fausses interviews de Raphaël Mezrahi, à la fin des années 90 (je vous parle d’un temps…), un faux journaliste s’entretient avec des joueuses de la Ligue. Il aborde par exemple le trophée de la « Belle Gosse ».

Mais voilà, dès que l’on ose sortir des chemins habituels, dès que l’on se risque à s’éloigner du bien-pensant, certains s’offusquent. Dans le cas du clip des « Belles gosses », ce sont plutôt « certaines ». La prolifération des réseaux sociaux, formidables exutoires de tous les frustrés de la Terre, n’arrange pas les choses. Quels que soient les domaines (le sport n’est pas le seul touché), la femme est un des sujets dont on n’a pas le droit de rire, sous peine de déclencher l’ire de quelques féministes. Riez d’un homme, vous ne serez jamais accusé de misandrie, riez d’une femme et vous voilà le (la) pire des misogynes. Ne vous risquez surtout pas non plus à dire d’une sportive qu’elle est jolie sous peine de vous retrouver attaqué de tous les côtés (n’essayez pas non plus de dire le contraire hein…). Pour en revenir aux clips de la Ligue féminine de hand, certain(e)s n’acceptent pas que ce n’est pas parce que l’on ne trouve pas quelque chose de drôle (on a le droit), que ça ne l’est pas pour d’autres. Et surtout que la majorité des gens (il y aura toujours des exceptions) sont suffisamment intelligents pour comprendre tout de suite que c’est du 2e voire du 3e degré. Je vais être le 10 000e (minimum) à citer la phrase de Pierre Desproges mais ça nous ramène à sa pensée « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui ».

Alors, vu que ce blog n’engage que moi, je dis bravo à la Ligue Féminine de Hand pour cette campagne. Et arrêtons de prêcher systématiquement le « politiquement correct » sous peine de rendre le monde infiniment chiant et sans relief.
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WOC2015 - LD France 1e - T.GUEORGIOU 01 ©WOC2015Un petit focus aussi sur l’équipe de France de course d’orientation particulièrement brillante lors des Championnats du monde disputés début août en Ecosse. J’en devine déjà certains en train de sourire à l’évocation de la course d’orientation. Que les plus sceptiques rangent leurs préjugés.

La Course d’orientation est un sport de haut niveau avec des athlètes qui s’entraînent plus de 25 heures par semaine. Récemment quelques orienteurs se sont même imposés dans des épreuves de trail de très bon niveau. Membre de l’équipe de France de course d’orientation championne du monde de relais en 2011, François Gonon a par exemple remporté fin juin le Kilomètre vertical de Chamonix en battant le record jusque-là détenu par un certain… Kilian Jornet.

WOC2015 - Relais France 3e - V.COUPAT-L.BASSET-F.TRANCHAND 02 ©FFCOEn plus de courir vite, les champions doivent quasi instantanément déterminer le meilleur itinéraire d’un point à un autre en tenant compte des dénivelés ou de la nature de la végétation rencontrée (la ligne droite est rarement le chemin le plus rapide…). Sprint, moyenne distance, longue distance et relais sont les quatre titres décernés dans les grands rendez-vous.

La course d’orientation de compétition n’a rien à voir avec une quelconque « chasse au trésor » où je ne sais quoi qui nous rappelle nos colonies de vacances. C’est du très grand sport. Et la France a la chance de compter en son sein l’un des plus grands champions de l’histoire de la discipline. A 36 ans, Thierry Gueorgiou a remporté sur l’épreuve longue distance de ces derniers Championnats du monde, son 13e titre mondial.  La France est également repartie d’Ecosse avec l’argent de Lucas Basset (champion du monde juniors 2011) sur le moyenne distance et le bronze du relais grâce à Vincent Coupat, Lucas Basset et Frédéric Tranchand.

Pascal (@pgb51)

La Bretagne ça vous gagne !

Le week-end dernier j’ai rencontré « l’esprit du sport ». Cet esprit que j’espère partager à travers ce blog, quelles que soient les disciplines. Cette rencontre a eu lieu à Dinard, en Ille-et-Vilaine, à l’occasion du concours de saut d’obstacles de l’Eté du Val Porée.

P1060588-1030x631

logojumping2015Ce concours, créé en 1912, beaucoup m’en avaient parlé, m’en avaient vanté le charme. Le week-end dernier, avec ma comparse Claire Griot, nous y commentions les épreuves pour Equidia Life. J’ai découvert beaucoup plus qu’un concours d’équitation.

Après une période de gloire marquée par l’organisation des Championnats d’Europe 1985 remportés par l’Allemand Paul Schockemöhle, et la venue de chevaux de légende comme Jappeloup, Milton, Flambeau C, etc. ce concours avait connu des heures plus difficiles. Depuis quelques années, dans l’esprit de Danièle Mars, très impliquée dans le monde de l’équitation avec le Haras des M et propriétaire de nombreux chevaux de sport dont Rochet M, dernier cheval français médaillé aux Jeux olympiques (bronze à 1996 sous la selle d’Alexandra Ledermann), germait la volonté de relancer ce concours. L’envie de lui redonner son lustre d’antan et d’en faire à nouveau un rendez-vous incontournable dans le calendrier surchargé du saut d’obstacles. Il y a trois ans, Madame Mars prit les affaires en main. Et quand cette femme de caractère impulse le mouvement, difficile de la freiner. Récupéré en 2013 au niveau trois étoiles, le concours gagna son label 4 étoiles l’an dernier avant de décrocher sa cinquième étoile, le maximum dans la hiérarchie des concours, pour cette édition 2015. Juste récompense.

P1060221-1030x549Il y a d’abord l’endroit. Un cadre unique où s’est installé le concours au début des années 80. A quelques foulées de la mer, du charme de la Baie du Prieuré, entre 12 000 et 15 000 spectateurs s’y sont massés chaque jour. Pourtant habitués à traverser la planète chaque semaine, les cavaliers qui découvraient l’endroit ont eux aussi été impressionnés. Certains, sans pudeur, ont confié leur sentiment d’être privilégiés de monter dans un tel cadre. Sans démagogie, juste une évidence face à tant d’élégance. Plusieurs n’hésitèrent d’ailleurs pas à partager des photos. Imaginez Messi, Cristiano Ronaldo et leurs copains stars du foot sortir leur portable pour prendre en photo le stade où ils vont jouer. Imaginez les avec les yeux grand ouverts.

Capture d’écran 2015-08-05 à 10.10.04Et puis il y avait cette fierté des Bretons à recevoir l’élite du saut d’obstacles, cette fierté et cette envie de les accueillir de la plus belle des façons, de leur montrer qu’en Bretagne, les choses ne sont pas tout à fait comme ailleurs. A l’image de Tony Cadet, mon consultant pour Equidia Life, cavalier international qui a su transcrire par les mots cet amour breton pour l’élevage, l’équitation et plus généralement pour le sport et les émotions qu’il génère quand tous les ingrédients qui font sa force sont réunis au même endroit, au même instant.

Capture d’écran 2015-08-05 à 10.11.52Dimanche, Bertram Allen, un gamin irlandais, a décidé de fêter ses 20 ans en remportant le Grand Prix de la Ville de Dinard devant le leader français Kevin Staut et un épatant Jérôme Hurel. Un grand spectacle rendu possible par le chef de piste Jean-François Morand, sans doute inspiré par ses mentors Loïc Hamon et Philippe Gayot. Véritable architecte des parcours, il a su utiliser toutes les subtilités d’une piste unique où rien n’est jamais plat, où l’évidence n’a jamais été conviée. Idéal pour ravir les cavaliers, heureux de sortir de leur habituelle routine sur des pistes en sable qui trop souvent se ressemblent.

P1060240-1030x856Premier organisateur de concours au monde avec cette année 11 épreuves labellisées 5 étoiles, la France montre tout au long de l’année son savoir faire. Avec La Baule, Chantilly et maintenant Dinard, la France dispose de concours sur herbe parmi les plus beaux du monde. Des concours qui s’inscrivent dans la grande histoire du saut d’obstacles où les pistes d’Aix-la-Chapelle (Allemagne) d’Hickstead (Angleterre) et quelques autres sacrent depuis des décennies les plus grands cavaliers et rendent immortels les plus grands chevaux.

Le comité d’organisation de Dinard a décidé de postuler à l’organisation des Championnats d’Europe 2019. Dans une discipline où certains érigent le business et l’affairisme en philosophie préférant remplir leur enceinte, le plus souvent artificielle, de pseudos VIP, starlettes et autres grosses fortunes en provenance des nouveaux pays riches plutôt que d’offrir le spectacle à de véritables passionnés, la désignation de Dinard constituerait une formidable bouffée d’air pur. Un air venu de la mer, rempli du souffle d’un sport où le pétrodollar a moins de valeur que la passion.

Merci à celles et ceux (Claire notamment) qui m’ont convaincu d’aller découvrir cet endroit avec Equidia, merci à ces organisateurs, merci à ces bénévoles, merci à ce public, merci à ces Bretons. Merci de m’avoir montré que « L’esprit du sport » était encore vivant. Le week-end dernier, il était breton, là-bas sur le Val Porée de Dinard.

Pascal (@pgb51)

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