Objectif Glasgow 76 – Saint-Etienne-Eindhoven : A 90 minutes du bonheur

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Dernier blog : Sainté-Eindhoven : le droit d’y croire

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Ce mercredi soir, l’AS Saint-Etienne s’est imposée 1 à 0 contre le PSV Eindhoven grâce à un coup franc de l’omniprésent Jean-Michel Larqué dès la 15e minute. Les 40 000 supporters fous de joie se sont alors levés comme un seul homme. Ils ont cru que ce but allait sûrement en appeler d’autres. Jusqu’à la fin de la rencontre, ils ont poussé, hurlé, chanté mais le score, lui, n’a plus évolué.

Une du quotidien L'Equipe, 1er avril 1976.

Une du quotidien L’Equipe, 1er avril 1976.

Ce succès laisse toutefois un goût d’inachevé pour Robert Herbin et ses joueurs. ils n’ont pas réussi à se mettre à l’abri avant le match retour. Le public connaisseur du stade Geoffroy-Guichard ne s’y est pas trompé. Au terme des quatre-vingt-dix premières minutes, les joueurs ont quitté la pelouse dans un silence qui en dit long. Malgré une débauche d’énergie incroyable, ils sont conscients que leur victoire n’en est pas tout à fait une. Exaspéré par la situation, Oswaldo Piazza, de colère, lâche un cinglant : « On dirait que personne n’aime Saint-Etienne ! »

Le contraste avec les Hollandais est alors saisissant. Ces derniers, à l’image de leur entraîneur, rayonnent en pensant déjà au match retour à Eindhoven. Comme si cette défaite par le plus petit des scores les satisfaisait pleinement. Ivan Curkovic qui possède une grande expérience des matches européens, aime à répéter : « En Coupe d’Europe, c’est presque inévitablement la meilleure équipe qui se qualifie, quel que soit l’ordre des matches. » Le 15 avril, ses coéquipiers espèrent donner raison à leur gardien yougoslave.

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Le compte-rendu du quotidien L’Equipe

L'Equipe, 1er avril 1976.

L’Equipe, 1er avril 1976.

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larque (jean michel) revelli (herve)

A la 16e minute de jeu, Dominique Rocheteau obtient un coup-franc. Jean-Michel Larqué frappe fort à ras-de-terre et trompe Van Beveren.

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SAINT-ETIENNE-PSV EINDHOVEN : 1-0

Spectateurs : 38 676. Recette : 1 458 266 F. Arbitre : M. Delcourt (BEL). But.- Larqué (16e).

SAINT-ETIENNE : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Bathenay Larqué, Synaeghel – Rocheteau, H. Revelli, P. Revelli. Entr. : Herbin.
PSV EINDHOVEN : Van Beveren – Poortvliet, Krijgh, Van Kraay, Deykers – Stevens, W. Van de Kerkhof, Van der Kuylen – R. Van de Kerkhof, Dalqvist, Edstroem. Entr. : Rijvers.

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curkovic (ivan)

Contre le PSV Eindhoven, Ivan Curkovic a gardé sa cage inviolée et préservé les chances de Saint-Etienne avant le match retour.

« Pas grand-chose à reprocher à mes joueurs »

Robert Herbin veut montrer l’exemple. Pour cela, il ne laisse ressortir aucun sentiment de joie et encore moins d’abattement. « Le match a tenu ses promesses. Je suis simplement déçu par le score proprement dit, explique l’entraîneur stéphanois. Je n’ai pas grand-chose à reprocher à mes joueurs qui ont accompli à mes yeux une de leurs meilleures premières mi-temps en coupe d’Europe. Je regrette donc tout simplement que nous n’ayons pas pu concrétiser davantage notre domination au cours de cette période. Saint-Etienne, demi-finaliste de la Coupe d’Europe pour la deuxième saison consécutivement, ce n’est pas le fait du hasard. N’avoir concédé qu’une seule défaite sur ses sept derniers matches européens est assez éloquent pour prétendre aujourd’hui pour prétendre aujourd’hui que ce club a ouvert la voie du succès à tout le football français. »

« Rien n’est fini, je puis vous l’assurer, et je préfère même une victoire par 1 à 0 plutôt qu’une victoire par 3 à 1 ! »

Robert Herbin

 

Jean-Michel Larqué, l’auteur du but de l’espoir, paraît moins abattu que ses coéquipiers. Il pense que Saint-Etienne peut créer l’exploit en allant chercher sa qualification à Eindhoven. En bon capitaine, il voit même de bonnes raisons d’y croire : « En demi-finale de Coupe d’Europe, il ne faut pas s’attendre à une grosse différence. Regardez d’ailleurs du côté de Madrid. Ce 1-0 vaut davantage d’ailleurs qu’un 2 à 1. Il équivaut presque, à bien y réfléchir, à un 3-1. »

Hervé Revelli s'est bien battu dans des conditions peu évidentes.

Hervé Revelli s’est bien battu dans des conditions peu évidentes.

Les Bataves repartent au pays des tulipes avec un seul but de retard. Ils peuvent tirer une fière chandelle à leur gardien Van Beveren. Sans un réflexe étonnant de leur gardien de but, Patrick Revelli aurait alors creuser un écart plus confortable pour son équipe. « Ce but, j’y ai cru, dit Larqué. Je l’ai vu. Malheureusement, Patrick a trop bien frappé son ballon. Comme il fallait le faire, mais Dieu que c’est dommage qu’il n’ait pas mis un pointu. Maladroitement… »

« J’ai vu le trou »

Patrick Revelli a donc échoué là où Jean-Michel Larqué a trouvé la faille et fait soulever tout un stade. Très entouré dans le vestiaire, le capitaine stéphanois répète inlassablement comment il a réussi le coup parfait. « Hervé m’a dit : je passe le pied par-dessus le ballon sans le toucher. Nous avions vingt, trente fois répété à l’entraînement cette combinaison. J’ai vu le trou… et la balle au fond des filets. Ca partait bien… »

L'Equipe, 1er avril 1976.

L’Equipe, 1er avril 1976.

Christian Lopez a été plusieurs fois déterminant devant le Suédois Edstroem. Le libero stéphanois est confiant avant le match retour.  « L’essentiel était de ne pas encaisser de buts à domicile et nous y sommes parvenus. Un résultat nul suffit maintenant à notre qualification, difficile certes mais pas impossible. »

Les Hollandais sont confiants

Dans le vestiaire d’à-côté, si l’on se garde bien de dire que la route pour Glasgow est dégagée, on y pense fortement. A commencer par le président d’Eindhoven, M. Groeneweld : « Je ne crois pas verser dans un optimisme béat en affirmant que notre qualification est maintenant, sinon dans le sac, du moins au bout du tunnel. »

Un peu plus loin, Kees Rijvers ne cache pas lui aussi sa satisfaction du résultat. « Il y a parfois des défaites qui sont des victoires. Dire que je n’ai jamais tremblé au cours de cette première manche serait contraire à la vérité, et j’admets, par exemple, que le tir que Rocheteau a décoché au début de l’ultime quart d’heure aurait fort bien pu faire mouche. J’ai atteint mon objectif et je suis assez rassuré quant à la suite des évènements. »

Kees Rijvers est satisfait du résultat. Pour lui, son équipe est favorite pour le match retour.

Kees Rijvers est satisfait du résultat. Pour lui, son équipe est favorite pour le match retour.

Avant de quitter un lieu et une ville qui l’ont adulé durant plusieurs années, il tient à rendre un hommage appuyé aux Stéphanois dans leur ensemble : « J’ai trouvé l’ambiance stéphanoise formidable. On ne voit pas souvent un public porter aussi bien son équipe. Les supporters des Verts que je connais bien ont été remarquables en ce domaine. J’avais prévenu mes gars que l’atmosphère de tension qui régnerait dans le stade serait chaude et défavorable pour eux, mais j’avais également pris soin de leur recommander de ne pas s’en faire une… montagne. Nous avons passé aujourd’hui une soirée fort agréable. Le match a été bon et chaque équipe a eu sa mi-temps. La première pour Saint-Etienne et la seconde pour PSV. Quoi demander de plus ! »

Aimé Jacquet, venu en voisin de Lyon, n’a pas regretté de s’être déplacé jusqu’à Saint-Etienne. « J’ai eu l’impression qu’aucune des deux formations n’est allée au fond d’elle-même et notamment les hommes de Robert Herbin m’ont paru plus en retrait que d’habitude et se sont livrés moins que précédemment. »

« Je n’hésite pas à affirmer que les chances stéphanoises demeurent intactes. »

Aimé Jacquet

Matignon félicite les Verts

Au fil des minutes, les télégrammes commencent à affluer au siège du club. Sur celui de Jacques Chirac, Premier ministre et grand amateur de football, on peut lire : « Bravo pour votre magnifique victoire, l’équipe de Saint-Etienne a fait honneur au sport français. Je vous souhaite bonne chance pour le match retour. Meilleurs sentiments. »

La fête malgré tout

Les supporters des Verts ont fêté la victoire, la dernière à domicile de cette campagne européenne 1975-76. Mais contrairement à l’exploit contre Kiev, il n’ont pas joué les prolongations jusqu’au petit matin. Les klaxons ont bien retenti dans le centre-ville mais très vite, la cité stéphanoise a retrouvé son calme. Les cafetiers n’ont pas eu à faire la journée continue même si certains ont baissé leur rideau de fer plus tard que prévu. Au petit matin, l’un d’eux, qui avait proposé à ses fidèles clients de venir suivre la rencontre dans son établissement, déclarait amusé :

« S’ils avaient marqué deux buts de plus, les clients d’hier me vidaient la cave et me cassaient la barraque… Ouf ! »

Un cafetier de Saint-Etienne

L'Equipe, 2 avril 1976.

L’Equipe, 2 avril 1976.

Thierry CLEMENCEAU

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Pendant ce temps-là…

A Madrid, dans la deuxième demi-finale aller, le Real Madrid, privé de Pirri et Breitner, n’a pu faire mieux qu’un match nul (1-1) contre le Bayern Munich. Ce partage des points ouvre les portes de Glasgow aux Bavarois, derniers vainqueurs de l’épreuve.

Th.C.

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Le Chaudron se visite aussi

Le Musée des Verts a fêté son deuxième anniversaire. Vous pouvez visiter le stade Geoffroy-Guichard. Le billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » permettra aux supporters de visiter le stade et le musée le même jour ou de visiter le musée ultérieurement, votre ticket étant valable un an à compter de la date d’achat.

Pendant une heure, les supporters des Verts pourront découvrir les coulisses du Chaudron au cours d’une visite guidée exceptionnelle: salle de presse, vestiaire de l’ASSE, couloir d’accès au terrain avec la mythique inscription « Ici, c’est le Chaudron », bord de pelouse, salon des Présidents… Ils pénétreront ainsi dans les lieux habituellement réservés aux joueurs, staffs, dirigeants et officiels.

Rénové dans le cadre des quatre rencontres de l’Euro 2016 programmées à Saint-Etienne, le stade Geoffroy-Guichard appartient à la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole. Cette rénovation est l’œuvre des architectes de Chaix & Morel et Associés et une réalisation de la société Léon-Grosse. Geoffroy-Guichard est un stade mythique mais désormais également design et écologique.

TARIFS
Plein tarif :
15€.
Tarif réduit : 12€ (+ de 60 ans, -18 ans, étudiants, PMR, demandeurs d’emploi, CE de 20 personnes et plus, groupes de 10 personnes et plus).
Etablissements scolaires et clubs de football amateurs : 10€.
Pack « famille » (2 adultes + 2 enfants) : 42€.

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« C’est notre plus belle victoire… »

Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :

ASSE.fr

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Plus de 120 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

http://www.museedesverts.fr

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Dernier blog : Saint-Etienne-Eindhoven : Rijvers est de retour

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« On ne gagne pas deux fois le doublé Coupe-Championnat sans posséder une certaine classe. L’ASSE peut aussi gagner la Coupe d’Europe parce qu’elle est dans une phase ascendante. »

Johan Cruyff

 

A Saint-Etienne, c’est désormais devenu un rituel. La veille d’un grand rendez-vous européen, Robert Herbin éloigne ses joueurs de l’excitation qui accapare la ville de Saint-Etienne. En cette veille de demi-finale aller contre le PSV Eindhoven, il ne déroge pas à cette règle. C’est ainsi que le mardi soir, les joueurs retenus par l’entraîneur stéphanois ont quitté le stade Geoffroy-Guichard pour élire domicile au Novotel d’Andrézieux. Avant leur départ, un petit sondage auprès des héros de Kiev a révélé qu’en cas de qualification, ils souhaiteraient retrouver le Bayern Munich en finale. Les Stéphanois seraient-ils rancuniers ? Toujours est-il qu’un an plus tard, la demi-finale retour à Munich (0-3) ne semble pas encore totalement digérée.

Mercredi 31 mars. Alain Merchadier n’a pas pris part avec ses coéquipiers dans le bus. Malchanceux après un choc avec Ivan Curkovic lors de l’entraînement matinal de la veille, il s’est fracturé le nez ce qui lui a valu la pause d’un masque protecteur. « La malchance me poursuit, lâche-t-il quelque peu dépité. Après un genou endommagé, un claquage à la cuisse, une fracture du sternum, une opération à la cheville, me voici avec le nez fracturé à la suite d’un choc avec Ivan. » Malgré cela, il a fait contre fortune bon cœur en venant encourager ses partenaires à l’hôtel.

A l’hôtel Astoria, la délégation hollandaise prend son petit déjeuner en toute décontraction. Kees Rijvers et ses joueurs ne semblent pas stressés par cette demi-finale aller. Pour eux, le séjour se déroule dans les meilleures conditions. Leurs requêtes ont été prises en considération. Devant des matelas considérés trop moëlleux, une planche a été mise sous chacun d’entre eux. Comme les Verts à Kiev, ils ont aussi emmenés une partie de leur nourriture. Au petit déjeuner, ils ont mangé des œufs qui ont fait le voyage depuis Eindhoven.

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Objectif Glasgow 76 – Saint-Etienne-Eindhoven : Rijvers est de retour

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Dernier blog : Sainté-Eindhoven : sur fond d’espionite

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De gauche à droite : La ligne d'attaque du PSV Eindhoven : Ralf Edstroem, Willy et René van de Kerkhof.

De gauche à droite : La ligne d’attaque du PSV Eindhoven : Ralf Edstroem, Willy et René van de Kerkhof.

Lundi 29 mars. Gérard Janvion est arrivé tôt ce lundi matin au stade Geoffroy-Guichard. En attendant ses partenaires d’entraînement, il s’installe dans la tribune centrale et profite des premiers rayons de soleil. Comme tous les autres Stéphanois, il est animé d’une rage de vaincre inébranlable. S’il n’aime pas les pronostics, pour une fois, il se livre en prédisant un score de « 2 à 0 » en faveur des Verts naturellement. Le Martiniquais, avec son calme qui peut être trompeur parfois, s’attend à disputer une partie âpre face au Suédois Ralf Edstroem. Les 2 et 17 mars, on lui prédisait l’enfer avec Oleg Blokhine, il en est sorti vainqueur, alors le Suédois ou un autre… « Je connais cet homme, dit-il, et cet homme me connaît. J’avais 19 ans quand je l’ai rencontré pour la première fois. Je m’en souviens comme si c’était hier. Cela s’est d’ailleurs passé à Aavidaberg, en Suède, où Saint-Etienne jouait un match comptant pour la Coupe d’été. J’étais attaquant et portais alors le numéro 9. C’est même moi qui ai inscrit le but de la victoire. »

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Dernier blog : Sainté-Eindhoven : à guichets fermés

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A Saint-Etienne, s’il en est un qui se voit déjà en finale, c’est bien Roger Rocher. De nature plutôt optimiste, le président stéphanois ne souhaite pas revivre la déception d’une élimination si près d’une finale européenne. « Contre Munich, c’était pour nous une sorte de sommet, dit-il. Maintenant, les gars sont motivés pour viser plus haut. Je n’ai jamais vu une équipe aussi soudée à huit jours d’un grand évènement. »

« J’attends vraiment un bon résultat, tout au moins de cette première manche. Et elle sera peut-être décisive. »

Roger Rocher

Comme des milliers de supporters qui n’ont pu obtenir de billets, le président stéphanois regrette de n’avoir pu contenter toutes les personnes qui se sont déplacées jusqu’au stade. « Nous regrettons beaucoup de n’avoir pu donner satisfaction à tous ceux qui voulaient venir nous encourager. Il est certain que nous aurions pu emplir un stade trois fois plus grand que le nôtre qui nous paraissait pourtant imposant avec ses 38 000 places. »

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Dernier blog : Sainté-Eindhoven : le PSV occupe les esprits

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Charles Paret, le secrétaire général de l'ASSE, ne compte plus ses heures avant la demi-finale aller contre Eindhoven.

Charles Paret, le secrétaire général de l’ASSE, ne compte plus ses heures avant la demi-finale aller contre Eindhoven.

Jeudi 25 mars. Depuis quelques jours, un frémissement s’est de nouveau emparé de la ville de Saint-Etienne. A moins d’une semaine du match aller contre le PSV Eindhoven, il risque de se transformer en véritable fièvre verte. Au siège de l’ASSE, depuis le tirage au sort de la Coupe d’Europe des Clubs Champions à Zurich, Charles Paret ne compte plus les heures passées dans son bureau. Le secrétaire général de l’ASSE est sollicité de toutes parts. Quand il ne décroche pas au téléphone « Allô ! Le stade Geoffroy-Guichard… », il prend son stylo pour répondre aux multiples sollicitations qui arrivent un peu plus chaque jour sur son bureau. Certains jours, il se dit qu’il n’a jamais eu autant d’amis…

« Nous aurions rempli un stade de 100 000 places. »

Charles Paret

Depuis le match contre Chorzów au printemps 1975, l’engouement des Français pour les Verts n’est plus à prouver. Après l’exploit contre Kiev, ce sera la deuxième fois consécutive qu’un match à domicile se jouera à guichets fermés. Charles Paret aura donc dû attendre vingt-cinq ans pour voir cela. Pour lui, la semaine qui s’annonce risque d’être encore éreintante mais passionnante pour ce fidèle serviteur de l’ASSE.

La coupe d’Europe ne laisse personne indifférent. Et la renommée que les Verts sont en train de tailler dépassent les frontières nationales. Désormais, ils suscitent un gros intérêt sur le Vieux Continent. Au siège du club, la maîtrise de plusieurs langues est ardemment souhaitée. Les demandes d’accréditation affluent des quatre coins de l’Europe. 150 d’entre elles ont déjà été enregistrées parmi lesquelles celle du Telegraf d’Amsterdam. Le journaliste hollandais est déjà à pied d’œuvre. Accompagné d’un photographe, il espère relater chaque fait et geste des joueurs français jusqu’au 29 mars. La tribune de presse, pourtant agrandie pour la campagne européenne 75, ne devrait pas pouvoir accueillir tout le monde.

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Chez les Bleus…

Du côté de Saint-Germain, Michel Hidalgo affine sa première équipe de France. « Ce stage, explique Michel Hidalgo, a surtout pour but de créer avec un ensemble de nouveaux joueurs un climat de confiance et d’amitié indispensable aux bons résultats. L’exemple de Saint-Etienne est là pour prouver qu’on peut arriver à éliminer chez les joueurs les complexes et les sentiments d’infériorité pour trouver la stabilité et pouvoir ensuite travailler dans une certaine continuité. »

Platini est bien là…

Michel Platini, de retour de Roumanie, a rejoint la sélection aux alentours de 13 heures. Très heureux d’être du premier rassemblement version Hidalgo, le meneur de jeu nancéien se trouve pourtant face à un dilemme. S’il dispute le match contre la Tchécoslovaquie au Parc des Princes, il perdra son statut Amateur et ne pourra donc pas, en cas probable de qualification avec la sélection Amateurs, participer au Jeux Olympiques. Interrogé sur le sujet, le néo-international, un peu las par la répétition des matches depuis le mois d’août, est très clair : « C’est possible à condition que je rempile dans l’armée pour deux ou trois mois. Je conserverai ainsi mon statut amateur. Je suis saturé de football et ça fait plusieurs années que je n’ai pas pris de vacances. Depuis le début de la saison, j’en suis à 53 ou 54 matches officiels. Mais participer aux Jeux Olympiques, pour un sportif, c’est quelque chose de très important. Quelque chose qu’on ne refuse pas. »

« Savez-vous que nous n’avons touché aucune prime pour nos victoires ? Notre seule prime, c’est d’aller à Montréal. Et pour tous, elle suffit. »

Michel Platini

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Vendredi 26 mars. Ce vendredi matin, au stade Geoffroy-Guichard, les 3 000 derniers billets pour la demi-finale contre Eindhoven sont mis en vente. Les premiers arrivants ont débarqué sur le parking la veille au soir. Elles se comptent par dizaines pour ne pas dire plus. Les plaques d’immatriculation des voitures ne trompent pas. On est venu de très loin pour s’arracher les précieux sésames. Certaines voitures sont immatriculées de Dunkerque, d’autres de Mimisan, Metz ou Perpignan pour ne citer qu’elles. Pour cette demi-finale aller, l’AS Saint-Etienne sera soutenue par toute la France.

Rue de la Tour, des barrières métalliques ont été dressées. Pas moins de quinze agents de police assurent la sécurité, si besoin est. Au fil des heures, les supporters se sont rangés en file indienne. Tout se déroule dans le calme absolu. A 9 heures, sous le panneau « Ville de Saint-Etienne » pas moins de 300 personnes trépignent en attendant d’atteindre le guichet tant convoité. Tous espèrent repartir avec le précieux billet. Si pour certains, c’est la délivrance, en revanche pour d’autres, c’est la déception. A 10 heures, plus une place assise n’est à vendre. Les plus chanceux auront encore la possibilité d’acquérir moyennant 20 F des places en Populaires debout.

A l'approche du match contre Eindhoven, Roger Rocher semble relativement confiant.

A l’approche du match contre Eindhoven, Roger Rocher semble relativement confiant.

Côté terrain, Robert Herbin a renouvelé l’opération « huis clos » qui avait si bien fonctionné contre les Ukrainiens quinze jours plus tôt. L’accès aux entraînements est donc fermé au public pour permettre aux joueurs de se préparer en toute tranquillité. Seuls les dirigeants de l’ASSE et les journalistes accrédités peuvent accéder au terrain d’entraînement. Malgré ce « décret », les inconditionnels des Verts n’hésitent pas monter sur le mur pourtant ficelé de barbelés pour voir leurs protégés répéter leurs gammes.

Sur la touche, Roger Rocher, la pipe vissée au coin de la bouche, suit la séance avec attention. Le président de l’ASSE semble plutôt détendu. Homme de caractère, il est aussi un vainqueur dans l’âme. Contrairement à la campagne européenne de la précédente saison, il croit en une qualification de ses joueurs. « Contre Munich, c’était pour nous une sorte de sommet, dit-il. Maintenant, les gars sont motivés pour viser plus haut. Je n’ai jamais vu une équipe aussi soudée à huit jours d’un grand évènement. J’attends vraiment un bon résultat, tout au moins de cette première manche. Et elle sera peut-être décisive. »

Le Dr Poty s’occupe de tout

Christian Sarramagna fait admirer son adresse sur les reprises de volée. Pourtant, au milieu de la séance, le docteur Poty, présent sur le bord du terrain, change de visage. Christian Synaeghel loupe le ballon et se tord la cheville. Heureusement pour le « Chti », la douleur disparaît rapidement. Le docteur Poty peut pousser un « Ouf ! » de soulagement. Depuis le début de la saison, il est sur le qui-vive en permanence : les joueurs le sollicitent très souvent pour des problèmes multiples et variés. Ils peuvent être d’ordre musculaire ou bien psychologique. A ceux qui ne dorment pas avant ou après un match, il prescrit des somnifères, souvent à dose homéopathique. « C’est souvent trop dangereux, reconnaît-il. L’avenir d’un homme est plus important que celui de la Coupe d’Europe. Il faut entre nous une grande confiance. Le médecin doit aussi faire partie de l’équipe. »

Pierre Poty, ici à côté de Robert Herbin, est bien pl

Pierre Poty, ici à côté de Robert Herbin, occupe de multiples casquettes au sein de l’effectif professionnel.

Son rôle ne s’arrête pas à guérir les mauvaises blessures. C’est également lui qui s’occupe de la diététique. Il établit ainsi les menus d’avant et d’après-match pour chaque joueur. Enfin, pour permettre une meilleure récupération, il a concocté une tisane directement importée de Scandinavie, notamment chez les coureurs de fond. Les mauvaises langues parlent de drogue, ce à quoi il répond sans détour : « Je laisse dire. C’est un peu de vitamines, de sels minéraux et beaucoup de glucose. »

Hervé Revelli méfiant

A l'instar de ses coéquipiers, Hervé Revelli ne connaît pas grand-chose du PSV Eindhoven.

A l’instar de ses coéquipiers, Hervé Revelli ne connaît pas grand-chose du PSV Eindhoven.

Le PSV Eindhoven intrigue. Les joueurs stéphanois connaissent peu ou rien de cette équipe entraînée par Kees Rijvers. Les bribes rapportées ici ou là ne suffisent pas à se faire une idée précise de leur jeu. Hervé Revelli s’attend à deux matches très serrés. Entre les champions de France et des Pays-Bas, il sait que cela se jouera à des détails. « Ce sera dur. Le PSV est le représentant du football hollandais et le successeur de l’Ajax d’Amsterdam. Le PSV a éliminé Chorzów et Split, comme l’ASSE l’an dernier. Il a écarté les Yougoslaves en demi-finales en l’emportant 3 à 0 à domicile après avoir perdu 2 à 0 à l’extérieur, comme l’ASSE contre Kiev ! »

Contrairement au quart de finale, les Verts n’auront pas la chance de disputer leur deuxième match à domicile. L’aîné des Revelli le sait bien et c’est pourquoi il veut que son équipe se mette à l’abri dès le match aller. « Le mieux pour nous mercredi soir, dit-il, serait de marquer assez rapidement deux buts aux Hollandais. Ils seraient obligés de se découvrir un peu et de nous permettre alors de creuser un écart plus important nécessaire d’ailleurs avant le match retour. »

Hervé Revelli et ses coéquipiers n’ont plus pour très longtemps à attendre. Ce samedi, une délégation composée de Pierre Garonnaire, Robert Herbin, Jean-Claude Schamberger, Jean-Michel Larqué et Ivan Curkovic se déplacent à Eindhoven pour y superviser le PSV.

Thierry CLEMENCEAU

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Pendant ce temps-là…

La famille Soler est inconditionnelle des Verts. Jean-Louis, directeur sportif du club de Poissy et frère de Gérard, le nouvel international français, a obtenu l’autorisation de son épouse pour aller supporter Saint-Etienne à… Eindhoven.

L'Equipe, 26 mars 1976.

L’Equipe, 26 mars 1976.

Th.C.

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Le Chaudron se visite aussi

Le Musée des Verts a fêté son deuxième anniversaire. Vous pouvez visiter le stade Geoffroy-Guichard. Le billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » permettra aux supporters de visiter le stade et le musée le même jour ou de visiter le musée ultérieurement, votre ticket étant valable un an à compter de la date d’achat.

Pendant une heure, les supporters des Verts pourront découvrir les coulisses du Chaudron au cours d’une visite guidée exceptionnelle: salle de presse, vestiaire de l’ASSE, couloir d’accès au terrain avec la mythique inscription « Ici, c’est le Chaudron », bord de pelouse, salon des Présidents… Ils pénétreront ainsi dans les lieux habituellement réservés aux joueurs, staffs, dirigeants et officiels.

Rénové dans le cadre des quatre rencontres de l’Euro 2016 programmées à Saint-Etienne, le stade Geoffroy-Guichard appartient à la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole. Cette rénovation est l’œuvre des architectes de Chaix & Morel et Associés et une réalisation de la société Léon-Grosse. Geoffroy-Guichard est un stade mythique mais désormais également design et écologique.

TARIFS
Plein tarif :
15€.
Tarif réduit : 12€ (+ de 60 ans, -18 ans, étudiants, PMR, demandeurs d’emploi, CE de 20 personnes et plus, groupes de 10 personnes et plus).
Etablissements scolaires et clubs de football amateurs : 10€.
Pack « famille » (2 adultes + 2 enfants) : 42€.

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« C’est notre plus belle victoire… »

Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :

ASSE.fr

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Plus de 113 200 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

http://www.museedesverts.fr

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