FootballJohan Djourou: «Il est temps de relâcher un peu la pression»
À 34 ans, le Genevois Johan Djourou a décidé de mettre un terme à sa carrière de footballeur. Les projets bourgeonnent pour son début de retraite sportive.


Johan Djourou à une séance d’entraînement en Italie avant la Coupe du monde de football en Russie
AFPPartir d’Étoile-Carouge pour rejoindre Arsenal à 16 ans. S’imposer sous Arsène Wenger. Devenir un taulier de la défense de la Nati. Johan Djourou, né à Abidjan en 1987 peut se targuer d’avoir coché toutes les cases précédentes. Il a ensuite voyagé, en Allemagne, en Italie, en Turquie, avant deux piges à Sion et Xamax la saison dernière, et une dernière à Farum au Danemark. Il est temps maintenant de raccrocher les crampons et d’envisager la suite, qu’il a évoquée avec nous:
Pour annoncer votre départ, on vous voit où tout a commencé devant chez vous lorsque vous étiez enfant. C’est devant chez soi qu’on apprend le football?
Souvent, c’est soit chez soi avec un premier ballon, ou bien une bouteille en plastique qui sert de ballon. Soit devant chez soi si on dispose d’un parc comme j’en ai eu la chance. Ça dépend bien sûr de ce dont chacun dispose. Mais oui, je pense que c’est devant chez soi qu’on fait ses premiers pas avec le football.
Pourquoi avez-vous décidé de prendre votre retraite maintenant?
C’est quelque chose que tu ressens. J’ai toujours énormément de plaisir avec le football, mais mon attention se porte aussi sur d’autres choses. Je n’ai plus 18 ans, j’en ai 34 maintenant. J’ai beaucoup donné ces dernières années et aussi eu des pépins physiques. À chaque fois, j’avais une rage de revenir. Et je me suis prouvé à moi-même que je pouvais faire beaucoup de choses, même si parfois c’était compliqué. Tout ça demande beaucoup mentalement. Un moment donné, on se dit qu’il est temps de relâcher un peu la pression, même si le plaisir est toujours là et que je pense qu’il restera toujours.
Quels sont les projets que vous avez avec votre agence stax sport?
Il y en a beaucoup! Déjà le camp «Djourou Elite» qui va dans le sens du développement des jeunes. Pas simplement au niveau footballistique, mais aussi humain. C’est un aspect qui m’a beaucoup touché tout au long de ma carrière. Je veux essayer de rendre les choses équitables, que chacun ait sa chance et que chacun puisse progresser. La compréhension est importante aussi, notamment sur ce qu’implique être footballeur professionnel. C’est tout ce genre de chose que j’ai envie de transmettre. Il y a aussi le podcast «Face Au Miroir», qu’on a lancé il y a quelques mois. C’est vraiment quelque chose qui nous tient à cœur. Nous voulons aussi continuer à développer du contenu digital.
Quel est le moment qui vous a le plus marqué dans votre carrière?
C’est une question piège! Mais si je dois souligner un moment, je pense que ce serait celui où Arsène Wenger m’a donné ma chance. C’est un instant qui restera gravé pour moi, parce qu’à cette époque-là, j’avais 15 ans et demi, je venais de partir à Londres. Je me souviendrai toujours du moment où Wenger me dit que j’ai des grandes chances de faire une belle carrière en Angleterre. Pour moi, c’était un détonateur. Cela m’a donné encore plus confiance de me dire que j’étais sur la bonne voie notamment avec ce que j’avais fait jusque-là en Suisse. C’était la cerise sur le gâteau.
Et il y a aussi un pire souvenir j’imagine?
Je suis quelqu’un qui prend pas mal de distance par rapport à tout ce qui peut être négatif. J’essaye toujours de bien analyser les choses. Mais je pense que le pire souvenir, au niveau des émotions était un moment particulièrement cruel. Même si c’était un très bon match, je vais dire la rencontre Suisse-Argentine en quart de finale de la Coupe du monde 2014. Je n’ai pas envie de dire que c’était le pire moment, mais c’était tellement cruel et tellement fort en intensité que quand je repense à ce moment, c’est toujours difficile à avaler.
Quels sont vos plans pour ces prochains mois et vont-ils se passer en Suisse?
Oui, je vais rester en Suisse! Je vais tout de suite attraper la cravate et le blouson pour aller travailler avec l’agence. On a du pain sur la planche et c’est quelque chose que j’apprécie énormément. J’ai cette abnégation au travail qui fait que j’ai envie de me pousser dans cette voie, en continuant bien sûr à développer le côté foot, notamment dans la transmission aux plus jeunes.