
L'affaire n'est pas conclue, mais Bruno Racine est confiant : avant 2013, le président de la Bibliothèque nationale de France (BNF) pense pouvoir réunir la somme destinée à l'acquisition du fonds d'archives de Michel Foucault. Pas moins de 37 000 feuillets, soit la quasi-totalité des documents de travail du philosophe, mort en 1984. Ses notes de lecture, les textes de ses conférences et les trente-neuf carnets dans lesquels il jetait ses idées de livres, d'articles ou de cours. Son prix ? 3,8 millions d'euros. Soit bien au-delà de ce qu'une institution, fût-elle prestigieuse, peut prélever dans sa propre escarcelle.
C'est donc à des mécènes que la BNF demande de l'aide pour acheter ces archives. Des objets de valeur, suffisamment en tout cas pour avoir été classés "trésor national" depuis le 22 mars 2012. Cette mesure interdit leur sortie du territoire pendant trente mois, à charge pour les institutions de se démener pour réunir l'argent nécessaire. Voilà qui est en passe d'être fait. S'agit-il d'une bonne affaire ? C'est une autre question. Ou plutôt, l'une des nombreuses questions que soulève cette transaction, symptomatique d'une petite révolution. Car la commercialisation d'archives à des prix élevés est un phénomène récent. Et son développement, qui pourrait faire naître un marché là où il n'en existait guère, une nouveauté propre à bouleverser les habitudes.
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