Zagallo : « La France a été meilleure »
Le sélectionneur brésilien a été félicité par Aimé Jacquet

LE vieil homme ne méritait pas ça. Mario Zagallo rêvait d´un cinquième titre de champion du monde. Hier, son rêve s´est écroulé. Battu, abattu, Zagallo est ému lorsqu´il voit Aimé Jacquet venir lui rendre un vibrant hommage peu après minuit, avant même que le sélectionneur brésilien analyse la finale. « C´est le plus grand entraîneur du monde, lance le sélectionneur des Bleus. Il me faudrait deux vies entières pour espérer égaler son palmarès (NDLR : Mario Zagallo a remporté quatre titres de champion du monde, deux en tant que joueur en 1958 et 1962, un en tant qu´entraîneur en 1970 et un comme coordinateur technique en 1994) . Je l´ai admiré en tant que joueur, puis entraîneur. Je souhaite qu´il ne m´en veuille pas de l´avoir battu. »
Jacquet serre Zagallo dans ses bras, l´embrasse et regagne les vestiaires français. « Je remercie Aimé, répond Zagallo. Je voulais rentrer chez moi après avoir défilé sur les Champs-Elysées en passant par l´Arc de Triomphe. Mais l´Arc du Triomphe est à vous. » Passé ce moment d´émotion, il est temps pour le coach brésilien de tenter d´expliquer l´impuissance du Brésil. « La France a été meilleure, surtout en première mi-temps, reconnaît Zagallo. Cette première période, j´avais vraiment hâte qu´elle se termine pour pouvoir recadrer mon équipe. Nous avons pris deux buts sur coups de pied arrêtés sur lesquels Zinedine Zidane a eu énormément de réussite, mais la France a su provoquer cette réussite. »
Mais pour Mario Zagallo, c´est la blessure de Ronaldo, parti en urgence passer des examens à la Clinique des Lilas quelques heures avant la rencontre - officiellement pour un malaise -, avant de rejoindre ses coéquipiers au Stade de France qui explique aussi en partie la déroute des Brésiliens. « Ce qui s´est passé avec Ronaldo a été un véritable traumatisme pour l´équipe. Cela a grandement nui à la concentration des joueurs quand ils ont su que Ronaldo ne serait peut-être pas des leurs. Il n´était pas en mesure de jouer et cela nous a porté un énorme coup au moral. Psychologiquement, les joueurs étaient atteints et je pense que même sur le terrain, ils pensaient à Ronaldo. »
L´attaquant des Brésiliens a été si transparent qu´il a posé un cas de conscience à son entraîneur. « Oui, je me suis demandé toute la rencontre si je ne devais pas le rappeler sur la touche », poursuit Zagallo. Il n´en dira pas plus car l´intervention d´un journaliste brésilien provoque un incident rare en conférence de presse. « Justement, pourquoi ne l´avez vous pas sorti ? », lui lance un confrère en le coupant sur un ton agressif. C´est la parole de trop pour le sélectionneur de la Seleçao qui vient de vivre l´une des journées les plus tristes de sa carrière. Ivre de colère, Zagallo pointe son interlocuteur du doigt. « J´ai fait ce que j´avais à faire. » « Ce n´est pas une réponse », renchérit le journaliste. « Baissez le ton, vous n´avez aucune éducation, tonne Zagallo. Prenez exemple sur la presse française. La Coupe du monde, c´est le haut niveau pour tout le monde... »
Et il part sans décolérer. C´était vraiment une sale soirée pour Zagallo.