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Charles Floquet

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Charles Floquet
Portrait photographique de Marius Rouffiac.
Fonctions
Président du Conseil
-
Préfet de la Seine
Sénateur de la Troisième République
Député français
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Thomas Charles Floquet
Nationalité
Formation
École d'administration
Faculté de droit et des sciences économiques de Paris (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Mère
Marie Léocadie Etcheverry (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Membre de
Archives conservées par
Sépulture au Père-Lachaise.

Thomas Charles Floquet, né le à Saint-Jean-Pied-de-Port et mort le à Paris 7e, est un homme politique français.

Avocat au barreau de Paris, plusieurs fois député, préfet, sénateur, ministre et président du Conseil, le scandale de Panama dans lequel il est impliqué met un terme à sa carrière.

Fils de Pierre Charlemagne Floquet et Marie Léocadie Etcheverry, fille de Thomas Etcheverry, député-maire de Saint-Étienne-de-Baïgorry, et de Marthe Harismendy, Charles Floquet est, en 1848, élève de l'éphémère École d'administration[2].

Ennemi déclaré de l'Empire, républicain convaincu, il prend place au palais dans le groupe des opposants, avec Jules Ferry, Ferdinand Hérold, Anne-Charles Hérisson, Jean-Jules Clamageran, Dréo, Clément Laurier, Léon Gambetta. Militant aux côtés des républicains, il est impliqué, en 1863, dans le « procès des 13 » et condamné à une amende. Avec Garnier-Pagès, Lazare Carnot, treize républicains[a],[b] qui s’étaient réunis chez Garnier-Pagès peu avant des élections à Paris sont arrêtés pour réunion non autorisée et condamnés à 500 francs d’amende.

Il existe une controverse concernant un épisode se déroulant au palais de Justice en juin 1867, le jour de la visite de l'empereur Alexandre II de Russie à l’occasion de l'Exposition universelle. Certains affirment que Charles Floquet a prononcé « Vive la Pologne » et ajouté « monsieur », qui était une sorte d’injure, mais Charles Floquet déclare n’avoir dit que « Vive la Pologne ! » : c’est Maurice Joly, avocat de Paris, de sa voix de stentor, qui cria, quand le tsar se retourna : « Oui, vive la Pologne, monsieur ! », incident qui manque de brouiller la France avec le tsar[3],[4].

En 1869, il épouse Hortense Kestner, née le 31 mai 1840 à Thann, morte en 1913 à Rueil-Malmaison, fille de Charles Kestner, chimiste, industriel et homme politique. Il intervient dans de nombreux procès politiques, défendant notamment la famille de Victor Noir, partie civile, en 1870, dans le procès contre le prince Pierre Bonaparte. Nommé par le gouvernement de la Défense nationale, adjoint de la municipalité de Paris, dont Étienne Arago était maire, après la révolution du 4 septembre 1870, il est élu député par le département de la Seine le 8 février 1871 et vote contre l’acceptation des propositions de paix imposées par le gouvernement prussien, contre le transfert de la Chambre des députés à Versailles. Il démissionne, le pour se consacrer à la défense de la capitale. Lorsqu’éclate l’insurrection du 18 mars 1871, il tente, sans succès, des démarches de conciliation entre le gouvernement et les fédérés. Au mois de mai, délégué par la Ligue d'union républicaine auprès du congrès des municipalités convoqué à Bordeaux dans le but de tâcher d’arriver à mettre fin à la guerre civile, il est arrêté et détenu pendant vingt-sept jours.

Devenu conseiller municipal de Paris en 1872, puis président de ce même conseil en , il est réélu député de Paris en 1876. Il siège à l'extrême gauche et entreprend une campagne pour l'amnistie des condamnés de la Commune. Député de Paris, faisant partie des 363 députés opposés en mai 1877 au gouvernement de Broglie, il est réélu en , puis en 1881. Il devient alors vice-président de la Chambre. Nommé préfet de la Seine en , il abandonne son mandat de député, mais quitte la préfecture au mois d'août, le gouvernement refusant de créer une mairie de Paris.

Caricature de Charles Floquet par André Gill (1879), Les Hommes d'aujourd'hui, no 27.

Réélu aussitôt à Perpignan, Charles Floquet siège parmi les radicaux. Il se fait remarquer par ses propos demandant d'interdire à toutes les familles ayant régné sur la France de séjourner sur le territoire national en . Président de la Chambre en , le député de Perpignan joue un rôle d'arbitrage, sa candidature à la présidence étant envisagée. Il est réélu à la fin de l'année. Il conserve son siège aux élections de 1887. Lors du succès du boulangisme qui entraine la chute du cabinet Tirard, il est chargé de constituer un nouveau ministère. En , le nouveau président du Conseil a fort à faire avec le général Boulanger. Il s'oppose à ses propositions. Le 12 juillet, après un vif échange, les deux hommes s'affrontent en duel. Floquet, sexagénaire, provoque l'étonnement en blessant son adversaire[Comment ?]. Poursuivant sa lutte, il obtient notamment, le le rétablissement du scrutin d'arrondissement, moins favorable à ses adversaires : c'est la loi du 13 février 1889.

Mais la Chambre, où les opposants hostiles au révisionnisme se regroupent autour des boulangistes et des conservateurs, vote le lendemain l'ajournement de la révision constitutionnelle, et le gouvernement Floquet doit démissionner.

Réélu député de Paris en , il retrouve la présidence de la Chambre à la fin de l'année et la conserve jusqu'en , date à laquelle il doit démissionner en raison de son implication dans le scandale de Panama qui dévoile qu'il a reçu 300 000 francs de pot-de-vin. Cette somme, correspondant aux fonds de publicité de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama, est distribuée à cinq journalistes[5],[6]. Aux élections législatives d'août-septembre 1893, il est battu à Paris par l'ouvrier socialiste Pascal Faberot.

Il termine sa carrière politique comme sénateur de la Seine, de 1894 à 1896. Il meurt des suites d’une congestion pulmonaire qu'il avait saisi six jours plus tôt, et dont n’avaient pu venir à bout les soins des docteurs Gilles de la Tourette, Milliard et Delbet, appelés à son chevet[7]. L'annonce de sa mort inspire à Arthur Ranc les paroles suivantes :

« Charles Floquet a su ce que c'était que l'ingratitude des partis. Ce citoyen probe, ce vaillant républicain, ne fut pas épargné par la calomnie et la basse injure. Ce fut pour lui une cruelle amertume. Il put voir alors s'étaler dans leur plein de férocité des pharisiens de la vertu et l'hypocrisie des cœurs lâches[8]. »

Postérité

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Plaque en mémoire de Charles Floquet apposée sur son domicile parisien au no 19 de la rue de Lille.

En communion avec ses idées politiques, Jules Dalou réalise un monument à sa mémoire au cimetière du Père-Lachaise (division 66) en 1899.

Les papiers personnels de Charles Floquet sont conservés aux Archives nationales, sur le site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 49AP : Inventaire du fonds 49AP.

La médaille de Floquet comme député de la Seine pendant la législature de 1881 est conservée au musée Carnavalet (ND 4404). Lors de son ouverture en 1907, une avenue contre-allée du Champ-de-Mars (7e arrondissement de Paris) est baptisée « avenue Charles-Floquet ».

Il existe de même une voie portant son nom à Biarritz et à Rueil-Malmaison.

Notes et références

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  1. Garnier-Pagès, Hippolyte Carnot, Ferdinand Hérold , Amaury Dréo, Charles Floquet, Jules Ferry, Anne-Charles Hérisson, Anthime Corbon, Paul Jozon, Jean-Jules Clamageran, Julien Melsheim, Jacques-Thomas Bory et Émile Durier ont été accusés du délit d'avoir fait partie d'une association non autorisée de plus de vingt personnes et implicitement d'avoir collaboré au manuel électoral qui venait d'être publié.
  2. Les défenseurs sont : Jules Favre, Marie, Jules Grévy, Ernest Picard, Henry Didier, Pierre-Antoine Berryer, Dufaure, Antoine Sénard, Ernest Desmarest, Emmanuel Arago, Michel Hébert, Théodore Bac.

Références

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  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-2eja30dzk-1y13dz25d10pa »
  2. (en) Howard Machin et Vincent Wright, « Les Élèves de l'École Nationale d'Administration de 1848-1849 », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 36, no octobre-décembre 4,‎ , p. 605-639 (DOI https://doi.org/10.3406/rhmc.1989.1516, lire en ligne).
  3. « Un mot historique », Le XIXe siècle, no 9471,‎ , p. 1 (ISSN 2390-5018, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. Adolphe Robert et Gaston Cougny (dir.), «Edgar Bourloton, 1889-1891», Dictionnaire des parlementaires français (1789-1889), 1960.
  5. Jean-Marie Mayeur, Nouvelle Histoire de la France contemporaine, t. 10 : Les Débuts de la Troisième République, 1871-1898, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 110), , 254 p. (ISBN 2-02-000670-7), ?.
  6. Jean-Yves Mollier, Le Scandale de Panama, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études historiques », , 564 p. (ISBN 2-213-02674-2), ?.
  7. « Mort de M. Moquet », Le Soir, vol. 29, no 9638,‎ , p. 1 (ISSN 1257-595X, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  8. « Les Derniers Moments », La Presse, vol. 68, no 1331,‎ (ISSN 2420-4218, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).

Bibliographie

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Liens externes

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