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Code de l'environnement (France)

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Code de l'environnement
Description de cette image, également commentée ci-après
Code de l'environnement,
en version informatique, sur légifrance
et en version papier aux éditions Dalloz (2021).
Présentation
Pays Drapeau de la France France
Type Code
Branche Droit de l'environnement
Adoption et entrée en vigueur
Promulgation Ordonnance no 2000-914 du 18 septembre 2000 relative à la partie Législative du code de l'environnement.
Modifications Très nombreuses

Lire en ligne

Lire sur Légifrance

En droit français, le code de l'environnement regroupe et organise dans un code officiel en vigueur, les textes législatifs et réglementaires relatifs au droit de l'environnement. Il rassemble des textes d'origines diverses portant sur le sujet : législation française antérieure, droit européen et droit international.

Sa partie législative a été codifiée à partir de l'ordonnance de septembre 2000 et sa partie réglementaire progressivement par la suite, à partir d'août 2005.

L'idée de la codification du droit de l'environnement apparait dès 1976 dans le discours prononcé par le garde des sceaux Jean Lecanuet, à La Roche-sur-Yon le . Celui-ci déclare : « Je crois nécessaire, pour faciliter l'action des praticiens, de faire procéder à la rédaction d'un code de l'environnement »[1].

En 1980, l'universitaire Jean Lamarque[qui 1] publie une compilation du droit de l'environnement, dans la collection des « Petits codes » aux éditions Dalloz, en faisant le choix de la plus large transversalité possible[2].

En 1989, plusieurs textes sur la protection de la nature sont codifiés dans le code rural, au côté des dispositions sur la chasse et la pêche. Il convient de noter, qu'à cette période, le gouvernement Michel Rocard s'est lancé dans une entreprise de codification systématique du droit français[1].

La rédaction d'un Code de l'environnement est inscrite, pour la première fois, dans l'agenda de travail du ministre chargé de l'environnement, Brice Lalonde, en 1988, et un rapport de recherche concernant la faisabilité de ce code est rendu en 1991, par la Société française de droit de l'environnement[qui 2], plus précisément sous la plume de Michel Prieur. En 1992, Ségolène Royal charge le professeur Gilles Martin[qui 3] de dresser un plan du futur code. Ce plan est rendu le , puis la Commission supérieure de codification[qui 4] est saisie. Celle-ci remet en 1996 un avant-projet de loi visant à corriger les incohérences entre différents textes avant la codification[2].

Entre-temps, un premier projet de loi de ratification du Code de l'environnement est déposé au parlement en 1994 par le Gouvernement Balladur, mais il est retiré rapidement[1].

Puis, Michel Barnier, devenu ministre de l'environnement, porte l'idée d'élargir le projet de loi, centré sur les risques, à l'ensemble des questions de l'environnement. C'est donc dans l'objectif de codifier le droit de l'environnement en France que la loi Barnier de intègre au droit interne une série de principes généraux[2] issus du droit européen et de plusieurs conventions internationales signées par la France.

À partir de , le nouveau président de la république Jacques Chirac et son gouvernement souhaitent que la codification soit l'occasion de simplifier les règles environnementales (en fait les réduire)[3]. L'idée, jusque-là acquise, de codification à droit-constant, est donc remise en question.

La ratification du Code de l'environnement est présentée, une nouvelle fois, au parlement, le , et retirée de la même façon qu'en 1994[1]. Finalement, en raison d'un encombrement parlementaire (allégué par le gouvernement), c'est par ordonnance que la partie législative du tout nouveau code de l'environnement est publiée le . Le Livre VII concernant la protection de l'Antarctique est ajouté le . Cette partie législative rassemble des dispositions issues de 39 lois préalablement dispersées[4].

Le est publiée la partie réglementaire du Livre VII sur l'Antarctique[5], suivie le de la même année, par les parties réglementaire livres Ier, III, IV[6]. Le , un nouveau décret[7] rassemble plus de 70 décrets pour rédiger la partie réglementaire des livres II et VI et enfin le livre V se voit doté d'une partie réglementaire le [8]. Le dernier décret ajoute ainsi 3000 articles au code[9].

En 2016, la Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ajoute de nouveaux principes au Code de l'environnement. La version papier (certes annotée et commentée) du code de l'environnement compte 3500 articles, à cette date.

Principes et objectifs

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Objectifs de la codification

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Selon Michel Prieur, l'idée initiale de la codification est de donner une légitimité au droit de l'environnement et de « faire reconnaître l'environnement comme valeur commune ». De plus, le code doit faciliter l'accès au droit.

Le Conseil constitutionnel considère que l'objectif de « renforcer la légitimité des décisions publiques dans le domaine de l'environnement et d'améliorer leur qualité » n'est pas atteint, 20 ans après sa publication[10].

Principes du droit de l'environnement inscrits dans le livre I

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La Loi Barnier de transcrit en droit français quatre principes du droit de l'environnement[11] :

Ces quatre principes était déjà présents dans l'acte unique européen de 1987 et repris dans la Déclaration de Rio de 1992.

Puis, le , est ajouté le :

  • principe de libre accès à l'information environnementale, en application de la Convention d'Aarhus de 1998 que la France a ratifiée en 2002[12].

Enfin, comme on l'a vu plus haut, la Loi Biodiversité de 2016 ajoute de nouveaux principes au Code de l'environnement : principe de non-régression du droit de l'environnement, principe selon lequel tout les usages peuvent participer à la biodiversité, en particulier les activités agricoles et forestières. Elle consacre également un principe selon lequel toute personne doit pouvoir " formuler ces observations, qui sont prises en considération".

La juriste Chantal Cans[qui 5] qualifie de « fantaisistes, inutiles et parfaitement déclaratoire » les nouveaux principes ajoutés par la loi de 2016.

Objectifs du code inscrits dans le livre I

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L'alinéa III de l'article L.110-1 défini 5 "engagements" du code, à savoir : la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation de la biodiversité, la cohésion sociale, le bonheur et la transition vers une économie circulaire.

Le code est composé d'une partie législative et d'une partie réglementaire. Chacune comporte sept livres divisés en titres, chapitres, sections, sous-sections et paragraphes :

  1. Dispositions communes ;
  2. Milieux physiques ;
  3. Espaces naturels ;
  4. Patrimoine naturel, faune et flore ;
  5. Prévention des pollutions, des risques, et des nuisances ;
  6. Dispositions applicables en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Wallis-et-Futuna, dans les Terres australes et antarctiques françaises et à Mayotte ;
  7. Protection de l'environnement en Antarctique.
lire un n° d'article
L, R ou D centaine dizaine unité - numéro
partie législative, réglementaire ou décret Livre Titre Chapitre article

Livre I : Dispositions communes

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affiche annonçant la tenue d'une enquête publique dans le cadre d'un projet touchant l'environnement, plateau de Saclay, France.
  • Titre I : Principes généraux

Ce titre rappelle les principes généraux du droit de l'environnement et définit 5 objectifs du code. Il défini succinctement les agenda 21.

  • Titre II : Information et participation des citoyens

Ce titre explicite la participation du public aux décisions concernant l'environnement, les missions de la commission nationale du débat public sur des sujets ayant rapport avec environnement, les caractéristiques de l'évaluation environnementale et les conditions de l'autorisation environnementale. Il rend obligatoire la réalisation d'études d'impact pour les projets « susceptibles d'avoir des incidences notables sur l'environnement ou la santé humaine ».

  • Titre III : Institutions
  • Titre IV : Associations de protection de l'environnement et collectivités territoriales
  • Titre V : Dispositions financières

Ce livre concerne les milieux physiques:

  • Titre I : Eau et milieux aquatiques et marins. Il définit, notamment, la nomenclature IOTA.
  • Titre II : Air et atmosphère
Toutes les aires protégées ne sont pas rangées dans le Livre III. Par exemple, la Forêt de Fontainebleau, plus ancienne de ces aires protégées, est un site classé (Livre II. titre IV) et une réserves de biosphère (livre III titre III), mais c'est aussi un site Natura 2000 (Livre IV titre I) et une Forêt de protection (codifiée dans le Code forestier).

Ce livre concerne les Espaces naturels :

Des agents de l’ONCFS (aujourd'hui OFB) contrôlant des chasseurs, dans l’Aude, en 2010.

Le livre IV traite de la protection et de la gestion de la faune et de la flore, y compris la chasse et la pêche en eau douce. Il reprend des dispositions précédemment contenues dans le code rural, notamment le livre II du code rural promulgué en 1989.

Le livre V (le plus volumineux) est codifié à droit constant, c'est-à-dire qu'il abroge et remplace tous les décrets, dont celui de sur les installations classées, et reprend l'intégralité de leur contenu.

Installation classée pour la protection de l'environnement (SEVESO 2), à Dunkerque.
Déchetterie de Magny-les-Hameaux.
Marée noire provoquée par le naufrage de l'Erika, sur la plage de Saint-Gildas.
  • Le titre V concerne les dispositions particulières à certains ouvrages ou installations, les études de dangers à mener et les textes sur le chargement/déchargement de matières dangereuses. Il concerne aussi la pollution et les déchets : c'est par exemple sur le fondement de l'article 541-2, qui stipule que celui qui pollue par des déchets « est tenue d'en assurer ou d'en faire assurer l'élimination », que la commune de Mesquer a fait condamner l'entreprise Total à lui rembourser une partie des frais de nettoyage de la pollution induite par la marée noire provoquée par le naufrage d'Erika en 1999[13], en .
  • Le titre VI vise à prévenir les risques naturels (dont inondations) au chapitre IV) et inclut les mesures de sauvegarde des populations concernées et les plans de prévention. La section I du chapitre 3 précise les règles de construction parasismique pour les zones à risque.
  • Le titre VII vise la prévention des nuisances sonores, avec une section 3 spécifique aux aménagements et infrastructures de transports terrestres. L'environnement aéroportuaire est aussi visé via des dispositions visant à protéger leurs riverains et le voisinage.
Deux enseignes en potence se masquant l'une l'autre, à Vézin-le-Coquet (France) illustrant la nécessité d'une coordination et d'une réglementation des enseignes.
Logo du traité sur l'Antarctique

Le livre VII transpose en droit français les dispositions du traité sur l'Antarctique.

Parties prenantes

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Le Conseil d'État émet les conditions d'application de certains articles.

Avis

Enquête publique

Groupement d'intérêt public

  • Des groupements peuvent être constitués pour créer, gérer ensemble des équipements, des personnels ou des services communs.

Droits reconnus à la partie civile :

Actions en justice :

  • Associations de protection de la nature et de l'environnement agréées au titre de l'article L.141-1,
  • Police de l'environnement en France.

Autres réglementations en relation

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Place dans la hiérarchie des normes

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Pyramide des normes

Le code de l'environnement et les lois des autres codes qui sont en rapport avec ce code doivent respecter :

Relations avec les autres codes

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Une quinzaine d'autres codes sont en relation avec le code de l'environnement, par exemple :

  • Code de l'urbanisme, en ce qu’il concerne le droit de l’utilisation des sols et ainsi la protection des espaces naturels. La loi littoral, la loi montagne, etc. sont ainsi en grande partie codifiées dans le code de l’urbanisme. Le lien entre urbanisme et environnement a été renforcé par les dispositions issues de la loi SRU.
  • Code de commerce : loi sur les nouvelles régulations économiques NRE, article L. 225-100 à 102 et suivant sur la prise en compte des conséquences environnementales de l’activité dans un rapport annuels aux actionnaires.
  • Code des douanes (taxe sur les activités polluantes),
  • Code rural et de la pêche maritime

Champ traité par le code

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Concernant le périmètre traité par le code de l'environnement, Chantal Cans estime que « Des pans entiers de ce qu’il convient de rattacher au Code de l’environnement restent exclus de son périmètre », citant pour exemple la thématique de la protection des sols ou des installations nucléaires[2].

Michel Prieur notait, en 2002, que la « grande absente » du code de l'environnement est la thématique de la forêt, dont la réglementation fait l'objet du code forestier or ce code existait déjà avant la création de celui de l'environnement. Il regrettait également le caractère trop restreint du titre sur le paysage[1].

Notes et références

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  1. Jean Lamarque est né en 1938. Il était spécialiste du droit de l'environnement, du droit fiscal et du droit administratif. Il a été professeur à l'université Paris II.
  2. La Société française de droit de l'environnement est une association née en 1974, qui regroupe des juristes de l'environnement. Elle édite notamment la revue juridique de l'environnement.(voir sur son site web)
  3. Gilles Martin est un Professeur émérite de l'Université de Nice - Sophia Antipolis et Professeur associé à l'Ecole de droit de Sciences-Po Paris, il est également avocat au Barreau de Nice. En 1992 il était président de la SFDE. Il a soutenu sa thèse en droit de l'environnement en 1976.
  4. en savoir plus sur la commission supérieur de codification sur info.gouv.fr
  5. Chantal Cans était une juriste spécialiste du droit de l'environnement. Elle a débuté sa carrière dans ce domaine en effectuant sa thèse sur le fonctionnement des associations de défense de la nature. Elle a ensuite avait été chef de la mission juridique du Ministère de l’environnement, puis dirigé le Bureau des réserves naturelles à partir de 1997. Elle est devenue maître de conférences en droit public à l’Université du Mans, en 2002. C'est elle qui commentait le code de l'environnement pour les éditions Dalloz, entre 2000 et 2020. Elle est née en 1952 et elle est morte le .

Références

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  1. a b c d et e Michel Prieur, « Pourquoi une codification ? », Revue juridique de l’environnement, no HS,‎ , p. 9-14 (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c et d Chantal Cans, « Heurs et malheurs de la codification française du droit de l’environnement : le(s) rôle(s) de la doctrine », Revue juridique de l’environnement, no HS16,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Pierre Lascoumes et Gilles Martin, « Des droits épars au code de l'environnement », Droit et société, nos 30-31,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Virginie et Jean-Charles Croquet, « Historique de l'élaboration du Code français de l'environnement », sur (Blog personnel), (consulté le )
  5. Décret n° 2005-403 du 28 avril 2005 relatif à la protection de l'environnement en Antarctique et modifiant le code de l'environnement
  6. Décret n° 2005-934 du 2 août 2005 et Décret n° 2005-935 du 2 août 2005 relatifs à la partie réglementaire du code de l'environnement
  7. Décret n° 2007-397 du 22 mars 2007 relatif à la partie réglementaire du code de l'environnement
  8. Décret n° 2007-1467 du 12 octobre 2007 relatif au livre V de la partie réglementaire du code de l'environnement et modifiant certaines autres dispositions de ce code
  9. Christophe De Bernardinis, « Nouvelle codification du droit de l'environnement : vers une nécessaire simplification ? »,
  10. Raphaël Brett, « De la non-démocratie environnementale : réflexion critique autour du droit de participer de l'article 7 de la Charte de l'environnement », sur conseil-constitutionnel.fr (consulté le )
  11. Chantal Cans, « Grande et petite histoire des principes généraux du droit de l'environnement dans la loi du 2 février 1995 », Revue juridique de l'Environnement, no 2,‎ année 1995, p. 195-217 (lire en ligne, consulté le )
  12. Claire Anxionnaz, « L’accès à l’information environnementale face à la protection des œuvres de l’esprit », sur actu-juridique.fr, (consulté le )
  13. Arrêt n° 1317 du 17 décembre 2008 Cour de cassation - Troisième chambre civile.

Articles connexes

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Liens externes

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