Ce dimanche 10 mai 2015, l’AS Saint-Etienne reçoit l’OGC Nice au stade Geoffroy-Guichard. A cette occasion, les Verts de Christophe Galtier, plus que jamais en course pour une qualification en Coupe d’Europe, auront à cœur d’effacer leur contre-performance à Bastia. Le 24 janvier 1967, après plus d’un mois d’absence au stade Geoffroy-Guichard, les Stéphanois recevaient une équipe de Nice en proie au doute. Récit.

L’Officiel de l’ASSE.
Robert Herbin, formé au Cavigal de Nice comme le jeune Camérini, va regoûter aux joies du Championnat. Blessé lors du match contre Nantes (3-3) le 9 octobre 1966, il a passé avec succès le test contre Toulon (1-0) disputé à Marseille.

FranceFootball, 8 novembre 1966.
Au stade Vélodrome, Rachid Mekloufi a honoré de la plus belle des façons son Oscar offert par Byrrh. en inscrivant le seul but des Stéphanois contre Toulon. Bien évidemment, Jean Snella est satisfait de cette qualification mais doit déplorer quelques blessés. Robert Herbin qui effectuait à cette occasion sa grande rentrée après son opération à un genou, a reçu un coup juste au-dessus de la cicatrice.

L’Equipe, 14 janvier 1967.
N’Doumbé forfait
Le défenseur central Bernard Bosquier s’est donné une légère entorse à la cheville droite. Enfin, N’Doumbé, victime d’un claquage, est forfait pour la venue de Nice au stade Geoffroy-Guichard. Ces nombreux pépins ne semblent pourtant pas contrarier l’entraîneur stéphanois. Son équipe, en tête de la Division 1 avec 29 points, est invaincue à domicile depuis le début de la saison.

L’AS Saint-Etienne 1966-67 : debout (de g. à d.) : Jacquet, Bosquier, Sbaiz, Bernard, Polny, Gonzales . Accroupis : Fefeu, Herbin, Revelli, Mekloufi, N’Doumbé.
Bosquier-Herbin en défense centrale
Le vendredi, à l’issue de l’ultime entraînement, Snella arbore un large sourire. Jean-Michel Larqué, son jeune inter droit, qui souffrait d’une tendinite contre Toulon, est apte pour affronter les Aiglons niçois. Son forfait aurait contraint Snella à positionner Herbin au poste de numéro 8. L’entraîneur stéphanois veut associer Bosquier à Herbin en défense, ce qui constituerait l’une des plus belles charnières centrales de ce Championnat. « Nos joueurs ont besoin de se sentir chaudement appuyés par nos spectateurs, de communier avec eux au cours de leurs efforts, explique Snella. Cette saison, nos supporters ont été parfaits et je crois qu’ils ont été récompensés puisque notre équipe a toujours bien joué à Saint-Etienne et n’y a pas encore connu la défaite. »

Le match contre Toulon (1-0) en Coupe de France a laissé des traces. Bernard Bosquier, le défenseur stéphanois a été touché à une cheville Sa participation pour le match conte Nice est compromise.
Nice, l’hôte de Saint-Etienne, a soufflé le chaud et le froid lors de la première moitié de Championnat. Après avoir occupé la dernière place avec Nîmes en début de saison, l’équipe de Cesar Gonzales, surnommé « Pancho », a aligné une série de dix victoires consécutives, faisant d’elle l’une des prétendantes au podium. Mais depuis le 11 décembre, la belle mécanique s’est déréglée. Avant la trêve, la défaite à Paris contre le Stade où évolue Georges Carnus (0-2) a été ressentie comme un coup d’arrêt. Bruno Rodzik, l’ex-Rémois promu capitaine depuis le 9 octobre, connaît sa première défaite depuis qu’il porte le brassard. Pour ne rien arranger, les Aiglons ont été éliminés de la Coupe de France par Monaco, l’avant-dernier de D1. Jean Snella, fidèle à ses principes, ne veut pas tomber dans un excès d’optimisme et prévient ses joueurs : « Méfiez-vous. Souvent, une équipe accablée en Coupe puise dans son malheur une énergie inattendue lors du match suivant. »

Jean-Pierre Serra, Rafael Santos, André Cristol, Yvon Giner, Horacio Barrinuevo, Charly Loubet.
Avec 21 points à son actif, Nice compte 9 victoires pour autant de défaites. 6e attaque du Championnat avec 35 buts marqués, ses meilleurs buteurs se nomment Jean-Pierre Serra (10) et Charly Loubet (8), les deux ailiers. Pour tenter de surprendre Pierre Bernard, le gardien de l’ASSE, l’entraîneur niçois a décidé de titulariser Lions et Roger Jouve alors que l’Argentin Santos, remis d’une jaunisse, effectue sa rentrée. Enfin, Bruno Rodzik, à nouveau blessé, cède sa place d’arrière gauche à Albert.

L’Officiel de l’ASSE, 22 janvier 1967.
Au stade Geoffroy-Guichard, les Aiglons se déplacent avec l’idée de faire douter le leader stéphanois et effacer leur lourde défaite (1-5) de la saison précédente.

Musée des Verts
Ce dimanche 22 janvier, le beau soleil d’hiver accompagne les 13 120 supporters stéphanois, avides de football. Ces derniers n’ont plus vu leur équipe depuis le 18 décembre et la victoire contre Lille 4 à 1. A 15 h 30, heure initialement prévue pour le coup d’envoi, les guichets ne désemplissent pas. Pour ne pas flouer ceux qui sont encore en dehors de l’enceinte, le match est retardé d’une grosse demi-heure.

Jean Snella, l’entraîneur stéphanois, offre le ballon du match.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne vont pas le regretter. Compte tenu de l’état du terrain gras du stade Geoffroy-Guichard, Jean Snella, l’homme qui bichonne toujours ses ballons, a donné aux vingt-deux acteurs un ballon suédois, ramené lors de la Coupe du monde en 1966.

FranceFootball, 24 janvier 1967.
« Je sais ce que c’est qu’un mauvais match »
A la fin du match, la joie des Stéphanois contraste avec le dépit des Niçois. La mi-temps « historique » des Verts a vu l’infortuné Marcel Aubour ramasser six fois le ballon au fond de ses filets. Pareille mésaventure lui était déjà arrivé alors qu’il gardait les buts de l’Olympique Lyonnais. « Je sais ce que c’est qu’un mauvais match, compatit Pierre Bernard. Dans ce cas-là, les quatre-vingt-dix minutes semblent interminables. »
Robert Herbin, pour son grand retour devant son public, n’a pas souffert de son genou : « Je suis content que mon genou ait tenu malgré deux ou trois situations difficiles, content pour l’ensemble de l’équipe, et voyez-vous, contrairement à ce que l’on pourrait croire, lorsqu’elle marche de cette façon, je n’ai pas spécialement envie de revenir à l’attaque. »

Rachid Mekloufi, auteur d’un match exceptionnel contre Nice.
Mekloufi élogieux envers les jeunes Verts
Rachid Mekloufi, impliqué dans les sept buts de son équipe, n’en a pourtant inscrit aucun. Pour lui, ce n’est qu’un détail. Son équipe a gagné et cela suffit amplement à son bonheur. Cette victoire et le jeu pratiqué lui rappellent la saison 1956-57 et l’obtention du premier titre de Champion de France par l’ASSE. Néanmoins, il considère que l’AS Saint-Etienne 1967 est une équipe plus collective que les précédentes. D’ordinaire peu bavard, il a un petit mot pour chacun : « Voyez-vous, ce qu’il nous faut toujours, ce sont deux appuis : un homme en pivot, un autre qui s’engage autour du porteur du ballon. Mais pour que ça marche, il ne faut pas que les rôles soient distribués une fois pour toutes. C’est ce que j’aime bien en Revelli : il alterne très bien le rôle de pivot et le démarrage, ce qui ne l’empêche pas de marquer des buts. » S’il considère que Bereta est encore un peu timide sur son aile, en revanche, il ne tarit pas d’éloges pour Jean-Michel Larqué. Mekloufi, qui joue en quelque sorte un rôle de grand frère, dit du jeune Stéphanois : « Il a de grosses qualités mais il demeure encore un peu « étudiant ». Lorsqu’il aura professionnalisé son jeu, il pourra faire une très grande carrière car son calme est remarquable pour un garçon de âge. »
Pour conclure, il avoue modestement que Saint-Etienne avec ou sans Mekloufi « ça tournerait quand même très bien. » En attendant, ce Mekloufi-là semble bien indispensable à l’ASSE.
Thierry CLEMENCEAU
Déjà publié : le 6 avril 2014 :
Saint-Etienne-Nice : jour de retrouvailles
http://surlaroutedesverts.blogs.lequipe.fr/?p=805

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