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La réhabilitation de la ZUP de Perseigne à Alençon. Participation, prise de pouvoir et urbanisation

[article]

Année 1989 44-45 pp. 40-48
Fait partie d'un numéro thématique : Pratiques et professions
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LA

RÉHABILITATION DE LA Z U P DE PERSEIGNE A ALENÇON

PARTICIPATION,

PRISE DE POUVOIR ET URBANISME

Tony Schuman

Le mouvement Moderne en architecture, au mépris des notions traditionnelles de l'urbanisme, a voulu créer de nouveaux quartiers isolés des centres historiques et découpés intérieurement en zones fonctionnelles. Malgré les bonnes intentions qui ont présidé à la genèse des grands ensembles — remplacement rapide du stock de logements détruits par la guerre grâce à une construc¬ tion industrialisée rationalisée non seulement par la technique et l'économie mais aussi par les théories de l'urbanisme contemporain — les habitants y souffrent d'un double isolement : isolement du grand ensemble par rapport à la ville et isolement des unités d'habitation par rapport à la rue et à son activité sociale. L'architecte belge Lucien Kroll a tenté d'insuffler une nouvelle vie au grand ensemble de logement social de Perseigne dans la ville d'Alençon en Normandie. L'en¬ treprise était ambitieuse autant en raison de la difficulté inhérente à la tâche que par la manière dont il l'a abordée. Engagé par la municipalité d'Alençon en 1978, Kroll fut chargé de redéfinir les espaces publics du quartier avec l'objectif de récupérer les tours et les barres dispersées selon un plan rigide pour en faire un environnement urbain vivable. Du fait qu'il envi¬ sageait la réhabilitation urbaine comme un moyen de revitalisation sociale de la population elle-même, le travail de Kroll constituait un important défi social. A travers cette expérience, il a étendu le concept et la pratique de la participation à la conception à plusieurs égards. En introduisant un vocabulaire architectural destiné à casser plutôt qu'à composer avec l'environ¬ nement existant, il a utilisé la forme architecturale ainsi que la participation comme un moyen d'encourager les habitants à contester leur vécu physique et social. Du fait que son travail prenait ouvertement en compte et affrontait les disparités du pouvoir politique et éco¬ nomique qui ont donné naissance à cette forme de logement et d'urbanisme à l'origine, il obligeait la pratique de la participation à se poser le problème sous-jacent de la prise de pouvoir des pauvres dans une société démocratique. La « Participation » est deve¬ nue ainsi le lien qui relie la dimension politique du

« pouvoir » et la dimension spatiale de la « ville » : la capacité des pauvres à modeler l'environnement urbain selon leurs besoins est la manifestation physique de leur prise de pouvoir.

A cet égard le travail de Kroll à Alençon se présente comme un modèle à imiter. Son engagement social représente un heureux contrepoint aux préoccupations étroitement esthétisantes et de formalisme historique qui dominent le discours architectural contemporain. En même temps, ce compte-rendu est aussi un aver¬ tissement. En mettant en place un large projet socio-politique pour son intervention en urbanisme, Kroll suscitait une contre-réaction qui ne tarda pas à venir. En mettant la conception architecturale au rang des travaux de transformation sociale, son entreprise a souligné l'ambiguïté de la forme physique dans son influence sur la conscience humaine. En somme, le projet d'Alençon a révélé l'extraordinaire enchaînement des forces qui lient les professionnels, les militants locaux, les hommes politiques et les techniciens, dont la collaboration est nécessaire pour améliorer le cadre physique et social de la vie quotidienne.

La participation

Chez les professionnels de la planification et de l'ur¬ banisme la participation consiste généralement en une méthodologie qui vise à déterminer les besoins des usagers par contact direct avec le client. Le but, en particulier dans le domaine de l'habitat, est d'obtenir une meilleure adéquation entre l'environnement construit et les habitudes culturelles des personnes de la communauté concernée. L'ambition de la partici¬ pation, cependant, se limite généralement à la concep¬ tion de l'environnement physique — le plan des struc¬ tures et des lieux. Le processus implique rarement une mise en cause des mécanismes de pouvoir, ce qui fait que la « participation » des pauvres est une procédure ponctuelle plutôt qu'un droit qui s'exercerait au quo¬ tidien. C'est pour cette raison que les travailleurs français ont été sceptiques quant à la démarche, doutant qu'il s'agisse d'autre chose que d'un programme de pacification sociale, ratifiant les inégalités du statu quo. Dans le domaine de la production, ces craintes remon¬ tent au moins à la tentative du général de Gaulle d'introduire le principe de « participation » pour essayer de sauver son gouvernement après le soulèvement étudiant et ouvrier de Mai 1968. Le texte d'une affiche sortie de l'école des Beaux-Arts pendant la grève reflétait l'attitude générale face aux propositions du gouvernement : « Je participe, tu participes, il participe, nous participons, vous participez... ils profitent. » 1

1. La forme de participation attaquée dans l'affiche se réfère à une proposition de De Gaulle d'associer les travailleurs à la gestion de l'entreprise française. Les travailleurs interprétèrent la proposition comme un subterfuge pour acheter la paix sociale en associant le travail au capital. Le problème se trouva lié au référendum de 1969 qui obtint une réponse négative et qui conduisit à la démission de De Gaulle.

Les Annales de la recherche urbaine, n° 44-45 0180-930-X/89/44-45/40/9 — © MELATT

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