La typographie, entre universalisme et nationalités
1. H.-J. Martin, Histoire et pouvoirs de lâécrit, préf. P. Chaunu, Paris, Librairie académique Perrin, 1988, p. 179. 2. De LâApparition du livre à la récente Europe de Gutenberg : L. Febvre, H.-J. Martin,
LâApparition du livre, Paris, Albin Michel, 1958 ; 3e éd., ibid., 2000, avec une postface de Fr. Barbier, «Ãcrire LâApparition du livre » , p. 537-588. Fr. Barbier, LâEurope de Gutenberg,
Paris, Librairie Belin, 2006.
COMMUNICATION
ÃMIGRATION ET TRANSFERTS CULTURELS : LES TYPOGRAPHES ALLEMANDS ET LES DÃBUTS DE LâIMPRIMERIE EN FRANCE AU XVe SIÃCLE, PAR M. FRÃDÃRIC BARBIER
Au milieu du XVe siècle, la fin du Moyen Ãge et le passage à la période moderne sont marqués par deux événements majeurs : la chute de Constantinople et, pratiquement de manière concomitante, lâinvention de la typographie en caractères mobiles. Une génération environ plus tard, la découverte de lâAmérique constitue un troisième tournant vers la modernité. Or, même si Henri-Jean Martin intitule « Lâheure de lâAllemagne » le chapitre de son classique
Histoire et pouvoirs de lâécrit1 dans lequel il présente les débuts de la typographie en caractères mobiles, le sujet des « imprimeurs allemands » et de leur rôle à lâétranger, que lâon aurait pu croire largement traité étant donnée lâampleur de la bibliographie sur lâhistoire des origines et des premiers temps de lâimprimerie2, a été négligé, sinon oublié, par la recherche. Lâémigration allemande dans le domaine de la « librairie » au
XVe siècle constitue un phénomène qui concerne toute lâEurope, et dont la complexité interdit de le traiter dans une contribution nécessairement trop brève. Il sâagit, dâabord, dâhistoire des techniques et de lâinnovation, un secteur toujours marqué par un certain déficit dans lâhistoriographie française : malgré les recherches de Bertrand Gille et de François Caron (pour la période contemporaine), on ne peut que regretter lâabsence de travaux récents sur