RAP -n° spécial 28 -2011 -Le Néolithique du Nord de la France dans son contexte européen.

77 DU NéOLITHIQUE RéCENT A L’âGE DU BRONZE DANS LE CENTRE NORD DE LA FRANCE : LES éTAPES DE L’éVOLUTION CHRONO-CULTURELLE

Laure SALANOVA , Paul BRUNET, Richard COTTIAUX, Tony HAMON, Fabien LANGRY-FRANÇOIS, Rémi MARTINEAU , Angélique POLLONI, Caroline RENARD & Maïténa SOHN

Introduction

Le travail réalisé depuis 2001 dans le cadre d’un Programme Collectif de Recherche du Ministère de la Culture a permis de recenser 2403 occupations attribuables à la fin du Néolithique dans le Centre nord de la France1. Cet inventaire a donné matière à plusieurs études collectives sur les séries ainsi qu’à de nombreux travaux universitaires (Langry-François 2002 et 2003, Maingaud 2003 et 2004, Martin

2005, Polllloni 2008, Renard, 2002, 2003 et 2010, Sohn

2001, 2002 et 2006a). Ces travaux, la recension des dates fiables et la réalisation de nouvelles datations offrent à présent une image plus cohérente du découpage chrono-culturel de la fin du Néolithique qui n’est plus uniquement caractérisé sur la base des assemblages céramiques. La nouvelle périodisation proposée scinde la période comprise entre 3600 et 1800 avant J.-C. en huit étapes : trois pour le Néolithique récent, trois pour le Néolithique final et deux pour la transition entre le Néolithique et l’âge du Bronze (fig. 1 et tab. I). Certaines de ces étapes, correspondant notamment à la première moitié du IIIe millénaire, manquent encore de précision. Outre les lacunes documentaires, l’aspect de la courbe de calibration n’autorise pas une résolution chronologique fine et peut expliquer dans certains cas les problèmes inhérents aux périodes de transition, entre le Néolithique moyen et le Néolithique récent d’une part et entre le Néolithique récent et le Néolithique final d’autre part. Néanmoins, le découpage chronologique se fonde également sur les traits de la culture matérielle. Au final, le mérite de cette périodisation est de synchroniser les principales étapes du Centre Nord de la France avec celles des régions voisines, afin de proposer une vision plus dynamique des phénomènes culturels qui ponctuent la fin du IVe et l’ensemble du IIIe millénaire en France septentrionale.

Le Néolithique récent (3600-3000 avant J.-C.)

L’étape 1 (3600-3350 avant J.-C.)

Le Néolithique récent est représenté par 621 occupations dans le Centre Nord de la France. Parmi celles-ci, moins d’une centaine peuvent être caractérisées plus finement sur le plan chrono-culturel. En effet, associé auparavant au seul bloc « Seine-Oise-Marne » , le Néolithique récent a récemment été scindé pour différencier en son sein des étapes et des faciès régionaux (Augereau et al. 2007). L’analyse croisée des différents types de vestiges et l’étude récente d’ensembles domestiques permettent à présent de distinguer trois étapes (Cottiaux & Salanova à paraître). La première étape est pour le moment identifiée dans de rares sites, majoritairement des sépultures collectives auxquelles s’adjoignent au moins un habitat et des indices de sites (fig. 2). L’articulation de cette étape avec la fin du Néolithique moyen est problématique. Certaines sépultures attribuées au Néolithique moyen livrent en effet des dates très récentes, comme à Changis-sur-Marne (fig. 1) (Pariat

2007). Ces tombes ne sont pas anecdotiques puisque, parmi les 25 sépultures du Néolithique moyen II qui ont livré une datation, 10 sont placées par le radiocarbone dans la tranche 3600-3300 avant J.-C., ce qui a suscité la création d’un Néolithique moyen III (Chambon et al. 2007). Inversement, des sépultures attribuées au Néolithique récent ont récemment fourni des dates très anciennes (3600-3500 avant J.-C.), comme l’hypogée II du Mont-Aimé à Val-des-Marais (Donat et al. à paraître). Le passage du Néolithique moyen au Néolithique récent est une question qui devra être rediscutée ultérieurement sur ces nouvelles bases. Les premières sépultures collectives du Bassin parisien suffisent-elles à marquer le seuil entre ces deux périodes ? à la différence des sépultures collectives qui ont livré du matériel provenant très certainement de plusieurs étapes chronologiques, mais difficilement dissociables, l’habitat du " Pré à Vaches" à Morains-