Nome supérieur du Laurier rose

Le nome supérieur du Laurier rose (nˁrt ḫntt) est l'un des 42 nomes (division administrative) de l'Égypte antique. C'est l'un des vingt-deux nomes de la Haute-Égypte et il porte le numéro vingt.
Géographie
[modifier | modifier le code]Ce nome faisait près de 31 km de long selon la liste des nomes de Sésostris Ier[note 1].
Ce nome était l'un des nomes les plus densément peuplés de l'Égypte[1]. Le nome était situé entièrement sur la rive occidentale, en face du nome du Couteau (22e)[2].
Histoire
[modifier | modifier le code]Le nome est habité depuis les temps les plus ancien comme le montrent les sites d'Abousir el-Meleq (en), Harageh et Kôm Médinet Ghourob où se trouvent des cimetières de la période prédynastique[3].
La capitale du nome, Héracléopolis Magna, est habitée depuis au moins la période thinite, comme le montre la nécropole de Sidmant qui abrite des tombes des IIe et IIIe dynasties[4]. Sous l'Ancien Empire, les hauts fonctionnaires ouvrent une seconde nécropole pendant les Ve et VIe dynasties à Dishasha (en), bien que la nécropole de Sidmant est à nouveau utilisée pendant la VIe dynastie[4].
L'histoire du nome semble sortir de l'ombre de ces périodes anciennes pendant la Première Période intermédiaire car elle est alors la capitale des IXe et Xe dynasties[5],[note 2]. Ce royaume héracléopolitain sera cependant défait par les rois thébains de la XIe dynastie.
Au cours du Moyen Empire et plus précisément au cours du règne de Sésostris II, le centre de l'attention royale est placé au nord du nome, près de la frontière avec la région du Fayoum : en effet, le roi avait fait construire à El-Lahoun un complexe pyramidale ainsi qu'une ville de pyramide toute proche, Kahoun, qui sera désertée au cours de la XIIIe dynastie[6]. La ville d'Héracléopolis Magna ne fut pas pour autant délaissée car les rois de la XIIe dynastie y construire un temple dédié à Hérishef, le grand dieu local[7].
La ville d'Héracléopolis Magna semble avoir eu un nouvel essor au cours des XVIIIe et XIXe dynasties comme le montre la nécropole de Sidmant et le temple d'Hérishef de la XIIe dynastie reconstruit une première fois pendant la XVIIIe dynastie puis à nouveau à la dynastie suivante sous Ramsès II[8]. De plus, au nord du nome, à Kôm Médinet Ghourob, une importante demeure royale datée d'Amenhotep III s'y trouvait ; elle sera utilisée jusqu'à la XIXe dynastie[9].
Au cours de la Troisième Période intermédiaire, la ville d'Héracléopolis Magna joua un rôle important : centre de regroupement de tribus libyennes de Mâchaouach à la fin de la XXe dynastie et au cours de la XXIe dynastie[5], la ville devient, pour son rôle de verrou stratégique le long de la vallée du Nil et en tant que carrefour des flux caravaniers et fluviaux, la résidence du « général d'Héracléopolis » dès le règne de Sheshonq Ier de la XXIIe dynastie avec la nomination de son fils Nimlot[10]. Ceci continua avec le fils d'Osorkon II, nommé lui aussi Nimlot[11] ; au cours du règne d'Osorkon II, Nimlot étant nommé grand prêtre d'Amon à Thèbes, c'est son fils Takélot (futur Takélot II) qui prend sa place, suivi de son frère Djedptahiouefânkh quand Takélot est nommé grand prêtre d'Amon à la mort de Nimlot[12]. Le poste restera dans la descendance de Djedptahiouefânkh comme le montre la stèle de son arrière-arrière-petit-fils Pasenhor. Cependant, à la fin des XXIIe et XXIIIe dynasties, alors que le pays est dévisé est de nombreuses entités plus oou moins indépendante, la région d'Héracléopolis Magna est dominé par un roi local nommé Peftjaouaouibastet, qui, après s'être allié au dernier roi thébain Roudamon, s'allia avec le conquérant nubien de ce dernier, Piânkhy, et combattit l'alliance du Nord menée par Tefnakht de Saïs[13]. La ville garda de l'importance jusqu'au début de la XXVIe dynastie : en effet, la ville représenta une prise importante de Psammétique Ier dans le cadre de la reconquête du pays[14] ; peu après, il s'agit du général d'Héracléopolis Samtoutefnakht qui accompagna avec une importante flotte la fille de Psammétique Ier, Nitocris Ire, pour prendre le poste de divine adoratrice d'Amon à Thèbes[15].
Divinités locales
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La divinité principale du nome était Hérishef, grand dieu d'Héracléopolis Magna[16], où il y possédait un énorme temple d'époque ramesside[17],[18]. Un second dieu était véréné à Héracléopolis Magna, à savoir le dieu primordial Nehebkaou[19].
À Kôm Médinet Ghourob, un temple d'époque ramesside dédié à Amon-Rê et Thoutmôsis III s'y trouvait ; ce culte particulier envers ce roi était probablement dû au fait que Thoutmôsis III était à l'origine de ce lieu[9]. Sobek semble également avoir été très vénéré dans cette ville[3].
Lieux principaux
[modifier | modifier le code]- Héracléopolis Magna
- El-Lahoun
- Harageh (nécropole)
- Abousir el-Meleq (en)
- Kôm Médinet Ghourob
- Per-Sékhemkhéperrê (en)
- Per-Ihy
- Tilothis (en)
- Poinamys
- Natawy
- Bousiris (en)
- Korphotoi
- Psychis
- Tanchais
- Tinteris
- Coma
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- ↑ Selon cette liste des nomes de Sésostris Ier, le nome mesurait 3 iterou, un iterou faisant environ 10,5 km.
- ↑ Il est possible que la Xe dynastie ait plutôt eu comme capitale Memphis après que la lignée héracléopolitaine a conquis l'ancienne et très prestigieuse capitale royale ; c'est en effet ce que suppose l'égyptologue Arkadiy F. Demidchik qui distingue les deux dynasties par ce transfert de capitale (Demidchik 2016, p. 109).
Références
[modifier | modifier le code]- ↑ Montet 1961, p. 193-194.
- ↑ Montet 1961, p. 201 & 205.
- Aufrère et Golvin 1997, p. 181.
- Aufrère et Golvin 1997, p. 209.
- Aufrère et Golvin 1997, p. 206.
- ↑ Aufrère et Golvin 1997, p. 184-187.
- ↑ Aufrère et Golvin 1997, p. 207.
- ↑ Aufrère et Golvin 1997, p. 207-209.
- Aufrère et Golvin 1997, p. 180.
- ↑ Payraudeau 2020, p. 98.
- ↑ Payraudeau 2020, p. 122.
- ↑ Payraudeau 2020, p. 126.
- ↑ Payraudeau 2020, p. 177-180.
- ↑ Payraudeau 2020, p. 231.
- ↑ Payraudeau 2020, p. 231-232.
- ↑ Wilkinson 2017, p. 193.
- ↑ Snape 2014, p. 167.
- ↑ Wilkinson 2000, p. 138.
- ↑ Wilkinson 2017, p. 224-225.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre Montet, Géographie de l'Égypte ancienne : La Haute-Égypte, t. 2, Paris, Librairie C. Klincksieck, ;
- (en) Richard H. Wilkinson, The Complete Gods and Goddesses of Ancient Egypt, Londres, Thames & Hudson, , 256 p. (ISBN 978-0-500-28424-7) ;
- (en) Richard H. Wilkinson, The Complete Temples of Ancient Egypt, Londres, Thames & Hudson Ltd, , 256 p. (ISBN 978-0500051009) ;
- (en) Steven Snape, The Complete Cities of Ancient Egypt, New York, Thames & Hudson, , 240 p. (ISBN 978-0-500-05179-5) ;
- Michel Dessoudeix, Chronique de l'Égypte ancienne : Les pharaons, leur règne, leurs contemporains, Arles, Actes Sud, , 780 p. (ISBN 978-2-7427-7612-2) ;
- Sydney Aufrère et Jean-Claude Golvin, L'Égypte restituée : Sites, temples et pyramides de Moyenne et Basse-Égypte, t. 3, Paris, Éditions Errance, , 363 p. (ISBN 978-2-87772-148-6) ;
- Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la Vallée du Nil : Les époques tardives, t. 3, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 624 p. (ISBN 978-2130591368) ;
- (en) Arkadiy F. Demidchik, « The Sixth Heracleopolitan King Merikare Khety », Journal of Egyptian History, no 9, , p. 97-120 (lire en ligne).